Rendez-vous avec X - L'Affaire Pilecki

C'est une BD qui va traiter des camps de concentration et notamment celui d'Auschwitz lors de la Seconde Guerre Mondiale où les nazis ont pratiqué l'extermination sur les populations juives principalement. J'espère que cette dernière phrase ne tombera pas sous les coups du wokisme. Une actrice américaine Whoopy Goldberg en a fait les frais dernièrement.

Le point de vue sera un peu différent de ce que j'ai pu lire même si les faits tragiques restent les mêmes. Il s'agit de Witold Pilecki qui faisait partie de l'armée secrète polonaise et qui s'est fait interner volontairement dans le camp de concentration d'Auschwitz afin d'y organiser une résistance. Ce qu'il va découvrir à l'intérieur va être terrible. Il tentera de s'évader et de faire connaître la vérité au monde entier mais sans succès pour une raison que l'on ignore.

Par la suite, il n'aura pas eu vraiment de chance. Après avoir vécu les atrocités nazies, il sera confronté à la cruauté soviétique. Il dira d'ailleurs qu'Auschwitz avait été « un jeu d'enfant » en comparaison de ce qu'il a vécu dans les geôles staliniennes. Les rouges qui ont mis la main sur la Pologne à la fin de la Seconde Guerre Mondiale voyaient d'un très mauvais oeil les résistants polonais et ils les ont massacré à coup de procès truqué.

Bon, la récente attaque d'une maternité en Ukraine par l'armée russe à coup de missile balistique n'a toujours pas arrangé leur image car ils démentent en accusant l'adversaire de falcification. Comment peut-on être de si mauvaise foi et si inique devant un tel crime de guerre?! Certes, ceci est un autre débat.

C'est une BD qui constitue un témoignage de plus sur ce qui s'est passé durant cet épisode capital de la Seconde Guerre Mondiale. Les camps de concentration ont été une horreur. C'est dommage que certains gouvernements ont fermé les yeux et ont appliqué les mêmes méthodes pour détruire leurs soi-disant opposants.

En tous les cas, un épisode sur le courage d'un homme qui a essayé de lutter contre l'oppression.

J'ai eu un peu de mal avec les illustrations. Pour les gros plans, pas de problème, mais les scènes plus lointaines, les plans larges, les scènes d'action... cela ne m'a pas convaincu.
Pour le scénario, c'est la mise en image du résistant Polonais qui voulait témoigner au plus tôt que les camps de concentration allemands, s'ils servaient la machine de guerre nazie, avaient bien d'autres buts qui évolueraient avec l'avancée de la seconde guerre mondiale.
Cela finit sur une phrase du héros (Pilecki) qui dénonce le goulag soviétique et affirme que les camps de ces derniers étaient pires que ceux des nazis.
J'éviterai donc tout commentaire, c'est un débat historique qui mérite plus que deux trois phrases dans une critique de livre, mais je crois quand même pouvoir dire que sur le sujet des camps nazis, à part l'inévitable "si c'est un homme", pour l'insurrection du ghetto de Varsovie, je conseillerais plutôt "Au nom de tous les miens".
Après ces deux titres, tout est écrit.

L'histoire est poignante et se lit aisément. J'ai cependant eu du mal à y croire complètement. C'est un peu trop beau pour être totalement vrai. Enfin, trop beau, ce n'est pas le mot qui convient car tout se passe sur fond d'horreur. On est à Auschwitz . Les faits sont historique mais il y a peu de témoins et le principal intéressé a été exécuté par le régime polonais en 1948.

Cette BD part du cas peu connu de Witold Pilecki, un officier polonais, qui après l'invasion allemande de 1939 devient un des dirigeants de l'Armée Secrète polonaise à l'intérieur du pays. Pour suivre ce qu'il arrive à ses amis de la résistance transférés dans un camp juste construit par les Allemands à Oswiecim, germanisé en Auschwitz, et tenter d'y monter un réseau de résistance, il décide de se faire emprisonner là-bas. Il y découvre l'horreur concentrationnaire, le sadisme des kapos, les privations de nourriture, le travail forcé, le sort des juifs, les chambres à gaz… Il parvient malgré tout à monter un petit réseau et attend vainement pour lancer la révolte une insurrection polonaise qui ne viendra pas. Il finit par s'échapper.

Le scénario est simple : la description de ce que fut Auschwitz, vu par un prisonnier politique. Une horreur inimaginable, ponctuée de décisions arbitraires et d'une logique bureaucratique absurde. Sur ce plan, l'album tient la route. le dessin sobre et la colorisation sombre concourent au résultat.

Pilecki a été un peu oublié par l'histoire, alors que son histoire et sa démarche ressemblent beaucoup à celle de Jan Karski, bien plus connu. Reste que ni l'un, ni l'autre, n'auront pu peser sur les décisions alliées pour tenter de sauver les prisonniers des camps.

Une histoire formidablement bien racontée, le récit est prenant. Ça ne m'aurait pas déplu que ce soit étalé en deux tomes : le quotidien à Auschwitz est si bien décrit !
Côté graphisme j'ai un peu tiqué au début, l'impression d'avoir sous les yeux un simple croquis fait à la va vite et colorisé ensuite me gêner, mais cette impression s'est estompé au fil de page. Et petit bémol de taille : le héros explique qu'il se débrouillé pour manger plus que les rations et je peux comprendre la nécessité de le représente en homme fort mais de là à lui dessiné des abdos... après plus d'un an à Auschwitz c'est carrément impossible qu'il soit musclé. Pour le réalisme historique on tombe à côté sur ce point.
Au final les planches sont très belles, le choix des couleurs pour représenté les ambiances et les états d'esprit à été fait avec finesse.
Un petit chef d'oeuvre sur un grand héros méconnu de la Pologne.