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EAN : 9782302017238
146 pages
Soleil (28/09/2011)
3.9/5   129 notes
Résumé :
Dessinateur de publicité et professeur de dessin, Andreas est homosexuel. Pas une "grande folle" travestie mais un homosexuel discret, joyeux et romantique, dans le Berlin des années 30. Mais la peste brune envahit peu à peu les rues, la cité, les institutions. Des lois sont promulguées. Andreas fait l'expérience de la violence, physique ou morale. On l'envoie en prison du fait de sa préférence sexuelle, puis dans un camp de concentration. Survivant aux mauvais trai... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (35) Voir plus Ajouter une critique
3,9

sur 129 notes
Marseille, de nos jours. Trois lycéens ont un devoir d'histoire à rendre sur les camps de concentration. Tandis que l'un propose d'aller sur internet, Alex, lui, a une meilleure idée : rendre visite à son arrière-grand-père, Andreas, qui y a survécu. Et ce, même s'il ne connaît pas beaucoup son passé. le jeune homme prévient aussitôt ses amis : le vieil homme est froid et acariâtre. Et de ce fait, l'accueil est plutôt glacial. Mais dès que les trois lycéens commencent à lui poser des questions, le passé ressurgit...
Berlin, décembre 1932. Dessinateur publicitaire dans une grande entreprise, Andreas est un jeune homme à qui tout sourit. Son patron vante son travail et il est entouré d'une joyeuse bande d'amis, tous homosexuels, avec qui il aime échanger autour d'un bon verre. Outre les blagues et les conquêtes de chacun, il y est aussi question de politique, notamment de la montée en puissance du parti nazi d'Hitler et du sort réservé aux Juifs. Aucune crainte à avoir : aucun d'eux n'est Juif. Lorsqu'un ami communiste s'inquiète du sort qui pourrait être réservé aux homosexuels, là encore, Andreas et ses amis ne semblent pas s'en effrayer car Röhm, à la tête des SA, n'est-il pas lui aussi homo ? Une mise en garde que cette bande d'amis aurait dû prendre au sérieux...

Certes, il y a eu la Shoah, mais quid du sort des invertis, autrement dit les homosexuels, dans les livres d'histoire ? Des homosexuels considérés pendant des années comme des criminels, des malades qu'il fallait soigner, et qui se sont retrouvés eux aussi persécutés, enfermés dans des camps de concentration et exécutés, et cela même avant les Juifs. Des camps qu'ils avaient, pour certains, construits. Dans cet album, Michel Dufranne nous offre un pan de l'histoire méconnu et passionnant. L'on suit Andreas, insouciant et plein de vie, depuis ses années brunes et festives à aujourd'hui en passant par ses années noires où il fut enfermé et torturé et ses années de larmes. Aujourd'hui devenu un vieil homme aigri et amer, il porte toujours en lui les souffrances et les stigmates de ces années. Un récit poignant, révoltant et riche, traité avec une grande justesse. Graphiquement, le trait élégant et réaliste de Milorad Vicanović-Maza sied parfaitement à ces ambiances, festives au début puis beaucoup plus sombres. Les couleurs éclatantes du présent s'éclipsent pour laisser place à un lavis monochrome, seul le rose du triangle jaillissant.

À noter qu'il aura fallu attendre 1994 en Allemagne pour que l'article qui pénalisait l'homosexualité soit aboli (1982 pour la France).
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Un groupe de lycéens doit rendre un devoir sur les camps de concentration. L'un d'eux décide d'interroger son arrière-grand-père, rescapé de la Shoah. Il s'appelle Andreas Müller : c'est un vieil homme dur, maniaque et un peu agressif. Il accepte toutefois de raconter son histoire. Il ouvre son récit sur le réveillon de l'année 1932 qu'il a fêté avec ses amis. de beaux Allemands, comme lui. Heureux et insouciants, comme lui. Homosexuels, comme lui. En 1933, les élections propulsent le NSDAP à la tête du pays et un Autrichien du nom d'Adolph Hitler devient chancelier de la république de Weimar. Mais les jeunes homosexuels n'ont pas peur : Röhm, à la tête des SA, n'est-il pas un homosexuel déclaré ? Et Andreas n'a-t-il pas un jeune amant membre du NSDAP ? « Tu ne résistes vraiment pas au charme de l'uniforme ?! / Que veux-tu, on ne change pas ses fantasmes si facilement. » (p. 33) Tristement ironique, n'est-ce pas ?

Alors oui, c'est vrai que les lois se durcissent, mais ça ne concerne que les Juifs. Andreas et ses amis sont Allemands, de bons Allemands : qu'auraient-ils à craindre de leur pays ? « Personnellement, les Juifs, je ne les aime pas. Cette discrimination, c'est peut-être un bien pour la nation, peut-être pas. Mais quoi qu'il en soit, je ne me battrai pas pour eux. Trop d'Allemands, de vrais Allemands, souffrent et ces injustices-là doivent être réparées. » (p. 37) Homosexuels et Juifs dans le même panier ? Certainement pas ! Et pourtant, le Code pénal allemand n'est toujours pas amendé et le paragraphe 175 est toujours en vigueur. Cet article de loi considère l'homosexualité comme un crime. Andreas et ses amis sentent le vent tourner et certains envisagent de quitter Berlin, voire de quitter l'Allemagne. Hélas, il y a toujours des optimistes qui refusent de croire à la dérive du régime et Andreas est de ceux-là.

Romantique et souvent amoureux, Andreas ne peut concevoir qu'il est un criminel. le régime se charge de lui prouver le contraire, et ce bien avant le début de la Seconde Guerre mondiale puisqu'Andreas est arrêté et envoyé dans les premiers camps de concentration en 1937. le chapitre consacré à la période de la guerre est très court. Sur ce sujet, tout a déjà été dit et il est impossible de dire si les Juifs ont souffert davantage que les homosexuels. Ils ont tous souffert, c'est tout et c'est trop. La montée de la haine prend toute la place et on sait bien ce qui a suivi. Hélas, l'après-guerre ne met aucun terme aux souffrances des prisonniers homosexuels. « Vous comprendrez que l'indemnisation est prévue pour les vraies victimes. Pas pour les criminels relevant du droit commun !! » (p. 126)

Une fois cette lecture achevée, des questions subsistent : peut-on faire de l'emprisonnement des homosexuels le sujet d'un devoir scolaire ? Trois ou quatre générations plus tard, les jeunes sont-ils armés pour appréhender ce sujet qui semble se perdre dans la mémoire collective ? « Et qu'on ne me parle plus de souvenirs ou d'hommages. Nous sommes déjà rangés parmi les oubliés de l'histoire. » (p. 139) Enfin, faut-il souscrire sans réserve au devoir de mémoire ou respecter le droit à l'oubli des victimes ? Hélas (oui, c'est le troisième…), quand je vois que casser du pédé reste un sport en vogue en 2013, je me dis que l'on peut vraiment s'interroger sur la prétendue portée des leçons du passé ? Certains ont la mémoire courte, à moins que ce soit la haine de se souvenir qui les habite.

Outre la sublime gravité de son sujet, ce roman graphique est un bel objet, imprimé sur un papier épais et noble. Les dessins sont très fins et les pages foisonnent de détails architecturaux et corporels. Tout le récit d'Andreas est représenté en couleur sépia qui se dégrade peu à peu vers le gris. Ce sépia est le même que celui des vieilles photos, mais ce souvenir, malgré les années, ne prendra jamais de patine douce et nostalgique, il restera à l'état d'horreur brute. Certaines pleines pages ont la force terrible des images d'archives. Et des années brunes aux années noires, la seule touche de couleur est un triangle d'un odieux rose.

Vous l'aurez compris, cette histoire m'a vraiment émue, mais aussi révoltée. Un grand bravo aux éditions Quadrants qui ont publié un très beau livre.
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Trois adolescents ont un devoir d'histoire à faire sur les camps de concentration pendant la Seconde Guerre mondiale. Un sujet des plus rasoirs à leur goût et dont ils se seraient bien passé. Mais puisqu'ils ont tout de même envie de briller et d'être les meilleurs, ils ont tout à coup une idée de génie : plutôt que d'aller pomper tout et n'importe quoi sur Wikipédia (comme tous leurs autres camarades), ils vont allé interrogé l'arrière-grand-père de l'un d'entre eux qui se trouve être un rescapé des camps.
Seulement cette super idée ne va pas être de tout repos, car ce vieil homme acariâtre n'a jamais parlé de son expérience dans les camps.

Lorsque les adolescents commencent à le questionner, Andreas Müller replonge dans ses souvenirs de jeune homme à Berlin… Il se revoit dans un premier temps, complètement insouciant, ne pensant qu'à ses fêtes, ses amis et ses amants. Mais le régime nazi fini par montrer ses dents et dans la série de promulgation des lois discriminatoires, le tour des homosexuels - déjà considérés comme des pestiférés par la Weimar (depuis 1794 en fait!) - arrive très vite. Et Andreas Müller est incarcéré, (brièvement) relâché puis déporté.

En dehors du sujet, assez peu traité dans la littérature concentrationnaire, ce qui m'a attiré, c'est le graphisme très précis, presque vinage de cette bande dessinée. Les pages de souvenirs sont organisées en fonctions de couleurs, pour faire écho à la couleur des triangles des déportés (rose dans le cas de ce personnage principal). C'est un lieu commun, et presque une citation de dire que le régime nazi et la Gestapo ont fait preuve de sadisme et de cruauté, mais à chaque fois, ça choque tout de même les lecteurs du 21ème siècle que nous sommes, élevés à la tolérance et aux luttes anti discriminations en tout genre. Ce que j'ai trouvé révoltant dans cette histoire, c'est le rejet et la violence envers ces personnes, avec une loi qui les désigne comme des criminels et ne les reconnaît pas comme victime après la guerre. Pire encore, j'ignorais qu'il avait fallu attendre 1982 pour que l'article qui pénalisait 'homosexualité (en France) soit abrogé ! Certes, il aura fallu 12ans de plus à l'Allemagne, mais ça n'est pas réconfortant. Et ces images qui montrent des manifestations d'anciens "triangles roses" huée par la populace qui hurle au scandale car "ces gens-là" salissent la mémoire de leurs proches qui sont morts dans dans les camps "et eux ils c'était pas des sales pédés !".

Et on pourrait rajouter à la chronologie : en 2013, la France envient la risée de l'Europe avec ses Manifs pour Tous. …

Donc, on peut se demander maintenant : quand finira-t-on enfin de se mêlé des "moeurs" des gens et de jouer les Sainte-Mère Morale contre des pratiques qui étaient acceptées sans problème dans l'Antiquité ????
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Pour un exposé sur les camps de concentration, un groupe de jeunes va voir le grand père de l'un d'entre eux. On se demande pourquoi, étant Allemand, le grand père a pu être envoyé là-bas. Au moment de parler des camps, il se souvient avec douleur de sa jeunesse et de ce qui l'a entraîné dans ces lieux d'horreur.
On a peu entendu parler de l'homosexualité pendant la seconde guerre mondiale, et à quel point les homosexuels avaient été traqués, au même titre que les juifs ou les tziganes. Cette bd replace bien le contexte et nous apporte en plus, à nous français, une vision de la guerre du côté des allemands. Comme quoi ces gens normaux, dont certains homosexuels, ont voté Hitler sans savoir que ce régime allait les conduire à la mort.
Bd noire, écrite dans un langage familier, elle est une bonne approche pour la jeunesse de la question de l'homosexualité en général. Pour se souvenir, et pour transmettre.
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Une BD nécessaire. Une lecture éprouvante sur un sujet difficile. L'enfermement en camp de travail de milliers de gais et lesbiennes, sous prétexte du paragraphe 175. de milliers de vies brisées... Inhumain. Insoutenable. J'ai mal à mon humanité chaque fois que je lis sur ce sujet... Mais je ne peux m'en empêcher, parce que j'ai envie de me souvenir pour toujours à quel point l'Homme a pu se déshumaniser en cette période sombre de l'histoire. Une BD pour se rappeler où il ne faut plus jamais aller. Les dessins sont percutants, sobres... Et j'ai aimé le fait que les auteurs n'ont pris que quelques pages pour nous montrer l'horreur des camps... S'attardant surtout sur le avant et le après. Une lecture éprouvante, mais nécessaire.
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critiques presse (5)
Auracan
28 octobre 2011
Exception faite de certains traitements caricaturaux [...], on suit son parcours, de l’insouciance de la jeunesse dans les années 30 jusqu’au retour à la vie civile au sortir de la guerre en passant par l’ignominie de la vie des camps. L’album traite aussi de la différence de perception des homosexuels hommes-femmes. [...] Côté graphisme, le dessinateur réaliste classique oppose l’insouciance en couleurs des ados à la bichromie des souvenirs de l’horreur du vieil homme, bichromie qui s’assombrit avec l’horreur subie sans tomber dans le spectacle scabreux.
Lire la critique sur le site : Auracan
BDGest
19 octobre 2011
Triangle Rose propose un récit passionnant et terrifiant au ton le plus juste. À lire.
Lire la critique sur le site : BDGest
Actualitte
17 octobre 2011
Le premier mérite de ce livre est de remettre en mémoire l'acharnement des nazis contre les Allemands considérés comme traîtres à la patrie de par leur orientation politique ou sexuelle, avec cette sinistre méticulosité administrative symbolisée par le fameux triangle rose portée par les détenus dans le camp !
Lire la critique sur le site : Actualitte
BoDoi
13 octobre 2011
Bravo donc aux auteurs et aux éditions Quadrants d’avoir accompli ce devoir de mémoire, avec un récit accessible au plus grand nombre, porté par un dessin aux tons sépias, dont on mettra les maladresses sur le compte d’un trop-plein de sincérité.
Lire la critique sur le site : BoDoi
Sceneario
27 septembre 2011
Une BD qui rend hommage à une catégorie de personnes qui elles aussi ont dû subir la barbarie des nazis. Une catégorie de personnes qui pour autant n’a pas ensuite reçu autant de compréhension et de soutien que d’autres de la part du grand public. Heureusement, certains sujets sont de moins en moins tabou dans notre société moderne et de communication.
Lire la critique sur le site : Sceneario
Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
« Personnellement, les Juifs, je ne les aime pas. Cette discrimination, c’est peut-être un bien pour la nation, peut-être pas. Mais quoi qu’il en soit, je ne me battrai pas pour eux. Trop d’Allemands, de vrais Allemands, souffrent et ces injustices-là doivent être réparées. » (p. 37)
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Ton père disait toujours que notre terre porte plus d'imbéciles que de gens honnêtes... et il avait raison.
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Tu ne pourras jamais faire croire que la renaissance d'une nation nécessite la stigmatisation d'une partie de sa population.
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« Et qu’on ne me parle plus de souvenirs ou d’hommages. Nous sommes déjà rangés parmi les oubliés de l’histoire. » (p. 139)
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Je déteste le mot homophobie. Ce n'est pas une phobie, vous n'avez pas peur, vous êtes juste des connards (Morgan Freeman).
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Le 31 mai 2021, Michel Dufranne, dans le cadre du 6-8 (RTBF) nous présente LE SANG DE LA CITÉ premier roman de Guillaume Chamanadjian, publié aux éditions Aux forges de Vulcain, première partie de la trilogie Capitale du sud - et première entrée dans le cycle de la Tour de garde, co-conçue avec Claire Duvivier, autre de UN LONG VOYAGE.
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Dabs toutes les bonnes librairies.
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