Une sixième enquête pour Tracy Crosswhite et une évolution dans la vie des personnages. Tracy poursuit sa grossesse, sans incidents particuliers, sans ostentation non plus : enceinte de seize semaines, elle porte des vêtements amples, elle ne veut surtout pas se retrouver cantonnée à des emplois de bureau. Cependant, elle veut cet enfant, elle sait qu'elle n'en aura sans doute pas d'autres, et s'interroge avec les rares personnes qui sont dans la confidence sur la maternité et sur la place d'une mère dans la police, interrogations qui rejoignent celles de ses collègues qui traversent ou ont traversé des moments difficiles. L'épouse d'un policier va lui demander si sa journée s'est bien passée, le policier s'enquerra-t-il de ce qu'a fait sa femme ? Pas forcément.
Tracy est pourtant très rapidement sur une enquête - ou presque : une jeune femme Kavita Mukherjee a disparu. Certains estiment pourtant qu'il est trop tôt pour s'inquiéter - légalement. Il n'en est pas de même pour Aditi, sa meilleure amie, à qui elle n'a pas donné signe de vie depuis leur dispute. En effet, s'est mariée en Inde, mariage arrangé par ses parents, elle s'apprête à partir à Londres, où son mari est ingénieur, renonçant ainsi à leur rêve commun de devenir pédiatre.
Nous sommes en Amérique, cette Amérique de toutes les diversités, cette Amérique qui veut encore croire que l'on peut y accomplir ses rêves, alors que cela fait bien longtemps que ce n'est plus le cas - si tant est que cela le fut véritablement un jour, et non un rêve en lui-même. La mère de Kavita, son frère, son père dans une moindre mesure ne voient pas la chance qu'ils ont d'avoir une fille qui veut devenir médecin, et qui est bien forcée de se débrouiller par elle-même quand ses parents lui coupent les vivres "pour son bien". Quel mal y a-t-il à devenir médecin ? s'interroge Tracy. le mal quand pour ses parents, la seule réussite possible pour une fille est de se marier, d'avoir des enfants, de prendre soin d'eux, de son mari, et de sa belle-famille. Ses aspirations ? Lesquelles pourrait-elle bien avoir ?
Le roman nous plonge au coeur de la communauté indienne, mais aussi dans celle des jeunes étudiantes désargentées, qui ont besoin d'argent et sont presque prêtes non pas à tout, mais à quelques arrangements avec la morale pour en avoir. Tracy est quant à elle beaucoup trop lucide pour colorer de rose des histoires qui sont avant tout un commerce, une domination.
J'en oublierai presque la seconde enquête - la première en fait, dans l'ordre chronologique : une mère de famille, militante anti-drogue, est assassinée devant chez elle. il n'est pas besoin d'être très fin pour y voir un message des dealers qui n'ont pas l'intention de quitter le quartier conquis. Les policiers ne négligent rien pour trouver le coupable. Certes, ils n'ont guère de doute sur l'auteur ou plutôt le commanditaire du meurtre. Reste à trouver les preuves suffisantes pour le faire arrêter, inculper, et là, c'est bien plus difficile. On peut compter sur la technologie, les analyses scientifiques. On peut aussi compter sur la loi du silence, et sur certaines entraves aussi. Lutter contre le trafic de drogue est tout sauf simple, les "bonnes intentions" ne suffisent pas, même si certains croient encore que légaliser les drogues dites "douces" empêcherait totalement le trafic de drogues : on passerait tout simplement à d'autres drogues.
Autant je n'avais pas vraiment aimé le premier tome, autant je reconnais que les enquêtes de Tracy Crosswhite gagne en puissance au fur et à mesure de leur parution.
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