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Alain Duhamel (Autre)
EAN : 9791032905371
288 pages
Éditions de l'Observatoire (13/01/2021)
2.98/5   26 notes
Résumé :
«Jadis, les rois de France étaient souvent affublés d'un surnom. Tantôt flatteurs, Philippe le Bel ou Louis XV le Bien-Aimé, tantôt moins agréables, Louis le Bègue ou Charles le Chauve. Il est tentant d'accoler aux présidents si monarchiques de la Ve République un tel surnom. Le général de Gaulle n'aura pas dédaigné de se voir honorer d'un Charles le Grand?; François Mitterrand aurait pu prétendre à François le Hutin à l'instar de Louis X ou encore Nicolas Sarkozy à... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Passionnant cet ouvrage du grand journaliste politique Alain Duhamel (rien à voir avec Olivier Duhamel, visé par le livre de Camille Kouchner), toujours aussi en verve et portant bien ses quatre-vingts ans et qui revient ici sur le parcours unique de notre Président.
Le titre est à la hauteur du personnage, inclassable selon l'auteur. le Hardi, à l'image du roi Philippe le Hardi (le second fils de Saint Louis). Tous deux vont bénéficier de circonstances exceptionnelles. Selon Alain Duhamel le président élu en 2017 constituerait une sorte de "prototype", tant il est disruptif et avantagé par la chute des partis traditionnels.

Le parallèle qu'établit l'auteur avec Napoléon Bonaparte m'a un peu gênée parfois, image de "bonapartiste" pour caractériser l'audace, l'autorité et le désir de "bousculer" en vue d'obtenir des réformes.

Si on le compare avec ses prédécesseurs, c'est certainement Valéry Giscard d'Estaing qui vient en premier pour le nombre de similitudes: le côté "intellectuellement brillant", l'arrogance qu'on peut leur reprocher, l'appartenance au corps de l'Inspection des Finances, la fibre européenne, la logique libérale, l'absence de psychologie?

Le livre montre très bien comment le Président Macron incarne une rupture, un mécanisme érigé sur la destruction d'un modèle, sans qu'aucun autre nouveau modèle n'ait pu encore être construit. Il n'est représentant d'aucun courant politique, fait sans précédent.

Alain Duhamel insiste sur son côté autoritaire (d'où le côté bonapartiste) mais qui ne se teinte pas selon lui de charisme.
Il est le seul président jusqu'à présent n'ayant jamais été un Homme Politique, ce qui renforce son côté "inclassable" et de "prototype".

Peut-être à cause de cela ses petites phrases assassines resteront longtemps dans les annales, des phrases qui peuvent blesser (exemple la remarque sur les ouvrières illettrées..)

Un des points forts de ce livre, outre l'éclairage passionnant sur ce parcours unique, est de montrer comment le Président peut susciter des sentiments contradictoires: on l'adore ou on le déteste, comme l'ont montré les épisodes avec les Gilets Jaunes.
Aux dires de l'auteur, il représente "une machine à déclencher les passions"... Sans doute tout cela vient aussi de cette forte personnalité disruptive et d'une grande ambition.

Le livre est très intéressant et malgré son côté concis, il a le mérite de fournir une bonne synthèse de la vie politique de ces dernières années et d'apporter un éclairage intéressant sur un personnage hors du commun, capable de déclencher tant de passions...
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A plus de 80 ans, Alain Duhamel (aucun lien de parenté avec le politologue) n'a plus rien à prouver, ni obtenir ni à craindre de personne.

Lui qui, journaliste, a rencontré tous les présidents de la Vème République. Avec cet essai d'une étincelante virtuosité, il continue son analyse – ou plutôt sa dissection – de l'épuisement du système politique français en brossant un portrait au scalpel d'Emmanuel Macron, élu – comme le déclare lui-même l'intéressé – « par effraction ».

La trajectoire aussi iconoclaste qu'inattendue d'un jeune homme sans parti, sans moyens financiers, sans expérience, sans attache partisane mais pas sans talent. Ainsi l'auteur souligne de nombreuses analogies avec la fulgurance de Bonaparte et quelques discrètes allusions avec le parcours réformateur du Général de gaulle. Mais surtout pour mettre en lumière, avec une certaine admiration, la singularité du personnage auquel il associe la hardiesse.

Nul ne sait aujourd'hui comment va se poursuivre l'aventure car les événements et les ressorts du personnage principal de cette réflexion restent de l'ordre du mystère. Les réformes inscrites dans le programme du candidat élu en 2017, quoique menées à la schlague, n'ont pas encore abouti – en particulier celle des retraites, de l'instillation d'un degré de scrutin proportionnel – et vont continuer à susciter de nouvelles violentes oppositions. Car réformer, c'est déranger, innover c'est bousculer.

Le macronisme réforme, innove et n'a pas peur de transgresser. Il est donc, par nature, par constitution la cible idéale des tireurs à vue de la presse, des médias et surtout des réseaux sociaux chargés de l'émotion brute et non de la réflexion. L'inexpérience – mais ça se soigne - du chef de l'Etat, ses provocations verbales, la crise sanitaire et sociale qui vient de nous tomber dessus ne font rien pour lui faciliter la tâche, d'autant plus dans un vieux pays de râleurs invétérés, pessimistes à l'extrême et totalement allergiques à tout compromis ou à toute forme de négociation. A la fin de l'année 1976, Alain Peyrefitte publiait déjà un ouvrage intitulé « le Mal français » se demandant « pourquoi ce peuple vif, généreux, doué, fournit-il si souvent le spectacle de ses divisions et de son impuissance ». Malgré un score d'un million d'exemplaires vendus, le syndrome de la division et de l'échec perdure …

Comme le souligne Alain Duhamel, fin analyste de notre vie politique chaotique, la partie n'est pas jouée. le chapitre sur l'énergie déployée par le Président au niveau international et plus spécialement au sein de l'Union Européenne est éclairant, même si ce domaine ne rencontre pas l'intérêt qu'il mérite auprès de futurs électeurs. La galerie des portraits des compétiteurs du combat de 2022 est savoureuse.

Alain Duhamel propose des pistes pour canaliser la démocratie d'opinion comme la tentation d'autocratie douce : un brin de proportionnelle, la suppression du poste de Premier ministre mais un Président privé du pouvoir de dissolution …

La hardiesse d'un jeune président qui apprend son métier sur le tas – et apprend vite – suffira-t-elle ? Dans tous les cas, le style d'Alain Duhamel, digne des ciselures d'un Benvenuto Cellini, est un régal de lecture.
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Analyse du parcours d'Emmanuel Macron alias le Hardi, intégrée dans la Ve République et plus largement dans L Histoire française.
Rupture, ambition, autorité, incarnation sont quatre composantes du bonapartisme que l'on retrouve chez Emmanuel Macron (le premier chapitre est consacré à cette filiation).
Emmanuel Macron incarne volontairement et malgré lui une rupture. Son parcours ne ressemble à aucun autre des présidents de la Vème République. Brillant, intelligent, presque trop, la France n'aimant pas les trop grandes réussites, expert en économie, il n'a aucune expérience politique, aucun sens de la psychologie politique, une communication souvent désastreuse. Il clive, pire, il suscite la haine d'une partie de la population. Alain Duhamel tente d'expliquer pourquoi. Il est disruptif, dérangeant, clivant.
Il devient en outre de plus en plus difficile de gouverner quand la démocratie de représentation perd en légitimité face à la démocratie d'opinion incarnée par l'immédiateté et l'émotion des réseaux sociaux et des chaines d'information continues. le caractère autoritaire voire autoritariste d'Emmanuel Macron personnalise davantage encore cette confrontation. La crise sanitaire l'expose sans cesse.
La France ajoute à ces difficultés un rapport particulier à l'Etat fait de défiance et d'exigences extrêmes ainsi qu'une exigence d'égalitarisme plus grande qu'ailleurs
Dernière partie moins intéressante sur les très nombreux prétendants de 2022.
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Depuis 1980, avec une régularité de métronome, l'auteur publie un livre tous les deux ans. La quasi-totalité des personnalités politiques de la Ve république a fait l'objet de sa curiosité et de ses écrits. Il les fréquente, dialogue et sympathise avec elles. Alain Duhamel est la figure emblématique du journalisme de connivence. le Michel Drucker des affaires publiques.
Dans son avant-dernier ouvrage, il disait ne pas bien connaître Emmanuel Macron, nouveau venu dans le paysage. Trois ans plus tard il comble son retard et lui consacre un ouvrage entier, sous un titre sous lequel transparaît la bienveillance qu'il réservait naguère à Valéry Giscard d'Estaing.
Duhamel nous prodigue un intéressant cours magistral sur le bonapartisme et ses incarnations successives depuis deux siècles, certaines tombées dans l'oubli (Boulanger, Tardieu, la Rocque), d'autres plus proches de nous (De Gaulle, Sarkozy, Valls). Il nous explique comment Macron s'inscrit dans cette filiation. Il retrace l'incroyable concours de circonstances qui a permis son élection. Il explique les difficultés rencontrées dans la confrontation entre le Président et un régime qui est devenu une démocratie d'opinion, voire d'émotion. Il livre ses réflexions sur les déchirements des Français. Il décrit un spectacle politique marqué par le déclin des partis et l'ascension des populismes. Il fait des propositions plutôt convenues, voire dérisoires sur la rénovation de la vie publique (scrutin proportionnel, suppression du premier ministre…). Il dresse un portrait à la guimauve des concurrents potentiels pour la présidentielle de 2022, sans la moindre cruauté, même à l'égard de la pauvre Ségolène Royal et du ridicule François Hollande.
Duhamel est bienveillant. Il admire l'énergie réformatrice de Macron et critique vaguement ses difficultés de communication. En revanche, il ne dit pas un mot sur certains défis majeurs : la question de la dette, la progression de l'islamisme ou les inquiétantes ambitions de la Chine. Mais il s'émerveille devant l'ambition européenne du Président, sans relever la faiblesse de ses résultats concrets. Car, par réflexe plus que par réflexion, Alain Duhamel vénère toujours l'Europe. À l'heure où il écrivait, le désastre des vaccins n'avait pas encore émergé.
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Alain Duhamel propose une analyse de la personnalité politique d'Emmanuel Macron, en replaçant son mandat présidentiel dans l'histoire de France. En replongeant dans la densité de notre histoire politique et en analysant les éléments caractéristiques de notre société, la présidence d'Emmanuel Macron paraît ainsi moins insolite qu'à première vue. Homme politique d'action, il s'inscrit dans la lignée des hommes politiques bonapartistes, notamment par l'ampleur de ses ambitions et sa pratique centralisée du pouvoir.

On ne peut que louer la capacité de Alain Duhamel à restituer des décennies d'observations de la vie politique sous la Vème, son témoignage est précieux et permet de prendre du recul sur le mode de gouvernance actuel. On déplorera cependant la partialité de la description du président, Alain Duhamel qualifiant Emmanuel Macron d'élément "brillant" face à un "pays malade de défiance", sans prendre la peine de justifier ces qualificatifs.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Mais c’est avant tout un prototype, un inclassable, une construction originale. Un inédit. Il n’a pas de modèle ni a fortiori d’équivalent. Il a avoué lui-même qu’il n’était pas socialiste, même s’il a fait ses premiers pas sous la houlette de François le Débonnaire et au sein du gouvernement de Manuel Valls le clémenciste. Alors, social-démocrate ? Sa politique économique est plutôt libérale à la française, c’est-à-dire mercantiliste et dirigiste. Colbertienne. Culturellement, c’est encore un libéral, mais au sens anglo-saxon cette fois, un homme de libertés et de tolérance. Mais de libertés et de tolérance contrariées par une pente institutionnelle et personnelle très dominatrice, avec ce que cela suppose d’autorité, de fermeté, voire d’autoritarisme. Et puis, on y reviendra largement, ne perçoit-on pas dans son personnage un fond très bonapartiste, avec ce que cela implique de charisme et d’hubris, de concentration du pouvoir et de vastes ambitions, de démocratie plébiscitaire mais aussi de personnalisation, de modernité, de fringale de la réforme, de goût pour la rupture et de technique d’une mise en scène théâtrale ? Idéologiquement, au total, un habit d’Arlequin ou un étrange camaïeu. Il s’est proclamé lui-même « disruptif ». Il l’est. Il est l’homme des ruptures et des décompositions, plus habile à défaire qu’à rebâtir.
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Combien de mandats présidentiels ont été aussi mouvementés, voire éruptifs, que celui d’Emmanuel Macron ? Le deuxième mandat du général de Gaulle, celui de Mai 68, assurément ; le premier mandat de François Mitterrand, celui de la « grande alternance », à coup sûr ; peut-être le quinquennat de Nicolas Sarkozy mais c’est tout : trois sur onze. La présidence d’Emmanuel Macron s’inscrit donc dans le cercle étroit des mandats de crise. Les circonstances y sont pour beaucoup avec les gilets jaunes et surtout avec le Covid. Il n’empêche : la personnalité de salpêtre du plus jeune président de la République jamais élu en France a pesé lourd durant ces cinq années. En publiant ce livre qui lui est consacré, je l’avais titré « Emmanuel le Hardi ». Tout compte fait, je ne m’en repens pas.
L’audace est la première caractéristique d’Emmanuel Macron, celle qui le singularise le mieux, davantage que l’intelligence, la quasi-totalité de ses prédécesseurs en étant largement pourvus, ou davantage même que l’autorité, presque aussi largement partagée. La hardiesse, en revanche, est l’essence même de sa personnalité et pas seulement de sa personnalité politique. Elle ne va pas sans arrogance, sans imprudence, sans maladresse, sans précipitation. Elle frôle fréquemment la témérité mais elle lui permet la surprise, la rupture, la nouveauté, le mouvement. Ambition, jeunesse, volonté de marquer, d’innover, de s’imposer, de se différencier l’alimentent puissamment. Il faut une bonne dose d’orgueil et de combativité mais cela l’expose aussi aux dérapages, aux polémiques, par-dessus tout à une propension à creuser les clivages et à ne pas craindre les fractures si, croit-il, elles permettent d’avancer plus vite.
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Il y a chez Emmanuel Macron un cousinage évident avec le giscardisme et des traces de gaullisme gaullien, un appétit, presque une fringale de cette « destruction créatrice » qui semble sortir tout droit de la « théorie de l’évolution économique » de Schumpeter. Il y a aussi, c’est l’une des thèses de ce livre, un parfum entêtant de bonapartisme. Non pas qu’il s’agisse en quoi que ce soit de rivaliser avec le plus grand homme (et le plus contesté) de l’Histoire de France. Mais parce que, comme le Premier consul en 1799, il possède un charisme juvénile, une audace particulière, la passion des réformes, un goût affiché de l’autorité, la volonté de personnifier sans partage le pouvoir, le plaisir aussi manifeste qu’imprudent de se mettre en scène, une grande indifférence aux cahots qu’il provoque, la conviction enfin de porter un projet. Stratégie de l’offensive, du défi, donc du péril.
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Ce monde nouveau qui fait si peur à la moitié de la population, c'est le sien, technique, numérique, européen, mondial. Emmanuel Macron est le premier président numérique. La France, on le sait bien, n'aime pas, n'a jamais aimé ses élites.
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Depuis deux siècles, un fleuve souterrain traverse la France politique. Il se nomme le bonapartisme. Non pas qu’il s’agisse du culte ou de la nostalgie d’une dynastie. Personne ne rêve de porter sur le trône le prince Napoléon.(...)
En revanche, le bonapartisme est bien vivant dans une littérature immense, inépuisable, toujours renouvelée avec des bataillons et des régiments de lecteurs. Mais surtout, et c’est là le point, dans un tempérament national, un instinct populaire, un sentiment, une frustration, un espoir, celui d’une autorité légitime, démocratique cela va de soi mais ferme : celui d’un homme providentiel, au moins le temps de son irruption, d’un dirigeant charismatique, inattendu, atypique, romanesque. D’un pouvoir capable de rêver et de faire rêver, de marquer et de peser, de surprendre et de choquer. (...) Quelqu’un qui redonne de la chair et de l’ambition à la politique, qui incarne, qui bouscule, qui peut séduire ou décevoir, gagner ou perdre. Mais rompre, oser, choisir.
Depuis le consulat, des hommes de cette trempe, audacieux, déterminés, non conformistes, hétérodoxes, faits pour les diagonales insolites plutôt que pour les avenues rectilignes, tantôt fêtés, tantôt rejetées, tantôt célébrés, plus souvent démythifiés, la France en a connu une dizaine, parfois venus de la gauche, généralement ancrés à droite, aimant commander mais s’inclinant devant le suffrage universel. Ce sont eux qui incarnent, en le sachant ou sans le savoir, les éternelles résurgences du bonapartisme. Ils n’en portent pas les couleurs mais ils en font revivre le tempérament et, au moins un temps, la popularité ambiguë. Leurs points communs sont l’autorité et la hardiesse, des chemins de traverse qui frôlent les crevasses et les précipices. (...) Séduisants et dangereux, conquérants et téméraires.
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