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EAN : 9782874896118
101 pages
Weyrich (09/04/2021)
4.21/5   12 notes
Résumé :
Une voix d'enfant, une voix de femme. Deux histoires de métamorphose. Irrémédiablement accrochées l'une à l'autre, elles résonnent comme des contes et des chansons d'adolescence.
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
« Je veux des images de contes de fées et la cruauté des faits. Je veux que tout ça s'emmêle, avec justesse et respect. Je veux que chaque mot soit poésie ».

Eh bien, oui, le pari est réussi : les contes de fées sont là pour raconter l'histoire de la petite fille mal aimée par sa mère, histoire cruelle. Ceci pour la première partie du livre. Et la poésie est là, c'est indéniable. C'est cela qui m'a un peu gênée (et pourtant j'aime Bobin, poétique et profond). Mais ici, est-ce la simplicité extrême de la syntaxe, est-ce le vocabulaire poétique omniprésent, est-ce quelquefois l'hermétisme de certaines expressions ? Je ressens un agacement continuel. Et pourtant, j'aime les tournures poétiques, je l'ai dit.

La seconde partie du livre raconte l'histoire de la femme mal aimée par son mari. Alcoolisme, drogue, fuite dans le travail et dans le sport, et pourtant les enfants.
Justesse, parfois impudeur, respect.

Cette auteure belge est à lire par les amoureux de poésie, où l'émotion affleure continuellement.
C'était mon cas, j'aime bien, même si je ne suis pas parvenue à m'attacher à la petite fille, à la femme.
Je termine par un extrait que j'ai apprécié particulièrement :
« Je regarde par la fenêtre, c'est beau. La rivière s'écoule en vaguelettes, les oiseaux font des dessins dans le ciel, le soleil et les arbres tracent des ombres et des lumières dans la prairie. La lune vient d'apparaître à la cime du bouleau. J'écris. Pas seulement pour tuer l'attente. Je suis en vie. Ici. Maintenant ».
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Je remercie la Masse critique de Baéblio ainsi que les éditions Weyrich pour ma sélection. "Larmes de crocodile" de Fidéline Dujeu est un roman en deux parties bien distinctes aux apparences de confessions. Des confessions néanmoins très intimes et personnelles, écrites parfois à vif, où les larmes (de joie, de tristesse, de rage, de souffrances en tous genres et j'en passe) s'expriment. Les ressentis exprimés ne font pas dans la dentelle et ce n'est que noirceur dans ce récit, alors qu'il y est pourtant question à maintes reprises de naissance(s) ou encore de vie de famille à différents stades ... et des difficultés qui vont avec dont la coexistence travail-foyer.
Une réflexion sur les problématiques de la filiation et de la vie de couple bien actuels.
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Dans ce livre , il y a deux récits et un point commun : les larmes.

Le premier nous conte l'histoire d'une enfant-fille qui va devenir au fil du texte enfant-femme en cherchant l'amour de sa mère. Celle-ci ne semble pas pouvoir y répondre. Elle paraît dépassée. Les étapes de l'évolution sont mises en corrélation avec des contes traditionnels connus (Blanche-Neige, Cendrillon, etc.). L'enfant-fille en versera des litres de larmes pour attirer l'attention de sa mère et au final s'en libérer.

Le deuxième est plutôt poétique. "Siamois", c'est l'histoire un couple qui s'aime depuis l'âge de 16 ans, qui au bout de 30 ans s'essouffle après avoir connu des petits et des grands bonheurs, des souffrances, des trahisons. C'est le point de vue de la femme que nous suivons. Les souvenirs qu'elle fait défiler, avant de prendre la décision : rester ou partir.
Les phrases sont courtes, vives, explosives. Et toujours des larmes.

Ces 2 êtres en métamorphose vont-elles devenir de jolis papillons ?

Fiction ou réalité ? Je ne saurais le dire. Toutefois, ces textes sont universels .

Deux manières de raconter deux histoires : celle de l'enfant-fille en utilisant les contes et celle de la femme "siamoise" tout en poésie, mais dans un style très vif fait de phrases courtes. On y retrouve aussi des extraits de chansons évoquées par la femme. Ces extraits font écho à ce qu'elle vit.

J'ai préféré le second texte au premier sans doute parce que je préfère la poésie aux contes. Et puis le style me parlait plus. J'aime ces phrases courtes et rythmées qui en disent long en peu de mots.



Merci à Babelio pour l'opération de Masse critique, et aux Editions Weyrich de m'avoir envoyé une fois encore un livre fort bien écrit. Je ne suis jamais déçue de cette maison d'édition !
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L'enfant-fille grandit, et ces larmes-là, de crocodile, de bête esseulée, farouche, ne sont que le début.
Le rejet de la mère, comme inévitable. Puisqu'il faut grandir, cesser de pleurer pour attirer son attention. On tentera d'autres choses. D'autres folies. Maman, dis-moi que tu m'aimes, et les larmes alors viennent à la place des mots qu'on ne sait plus dire.

Découpé en conte de fées. Défaits. Défaite. Cette premiere partie est généreuse, elle donne à voir des blessures profondes. Des guerres qu'on ne gagne pas. Qu'on ne perd pas non plus. L'enfance.

Et puis la femme.
Blessée. Inassouvie.
La femme noyée. Ensanglotée. Ses chagrins n'y suffiraient pas. Alors on ouvre la plaie, en grand, à deux mains, à vif, qu'elle saigne, qu'elle pleure.
Il y a eu les enfants à consoler.
Le mari dont on essaie de se consoler.
Comment lui dire tu m'as déçue. Comment lui dire : Je me suis déçue d'accepter que tu me déçoives.

Alors on ne dit plus. On écrit. A même la plaie. A même les sanglots longs, mal retenus, débridés parfois, rarement.
On te le dit, enfant.
Ne pleure pas.
Ce n'est pas grave.
Ne pas pleurer c'est être courageux.

Oubliez ça.
Pleurez.
De crocodiles ou pas. Qu'elles viennent ces larmes salvatrices. Qu'elles nettoient de tout ce qui n'a pas trouvé sa place.

Décidément, cette maison d'éditions belge confirme son statut de coup de coeur

La plume de Fidéline Dujeu est poétique. Impudique. Dans le sens qui ne craint pas d'aborder ce qui fracture. C'est musical, douloureux, tendre. Délicat aussi.

Le livre s'ouvre sur une citation de Christian Bobin. Citation que j'emploie régulièrement : Il faut que la vie nous arrache le coeur ou ce n'est pas la vie.

Fidéline, j'ignore si vous connaissez celle-ci : j'attends d'un poème qu'il me tranche la gorge et me ressuscite. du même poète Bobin dont je raffole.

Vous m'avez tranché la gorge.
Puis ressuscitée.
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Ce sont deux textes courts qui font écho que l'on retrouve dans ce livre, Deux histoires de transformation, d'une relation fusionnelle, de la nécessité d'un arrachement, d'une séparation pour avancer.

Voici ce que le premier m'inspire :

Pleurs,
Peur

Mots - lire
Lire - Libre - Ecrire

CONTES

Fille aimée
Fille mal-aimée

Cendrillon : malédiction : souillon
Blanche Neige : pilule - liberté - miroir- beauté

PEURS

Peur : éphémère , princesse ou crapaud ?
Peur : enfant de sa mère , dans son coeur
Peur : du noir par opposition à la lumière

VIOLENCE

Violence du miroir,
Beauté, jalousie
Compétition mère - fille

Folie ou liberté ?

Beauté des filles entraîne folie des mères
Folie de liberté, envie, jalousie

Beauté : corset, cheveux

Souffrir pour être belle
Souffrir pour aimer
Aimer et souffrir

Attendre :

- le mari ?
- l'amour ?

Le temps qui passe :

- violence des images, du miroir
- Flétrir, vieillir

Force, mal , douleur
Force, bien, douceur

Violence du silence

Se perdre
Se retrouver

Fée ou sorcière ?

De la fusion à la séparation entre la fille et la mère, tantôt la fée bienveillante, tantôt rivale, sorcière hantée par la jalousie. Dualité, amour et violence, le tout en relation avec les contes de fée. Une écriture poétique.

Siamoise est le second texte, il parle lui aussi d'une séparation nécessaire.

Une relation fusionnelle, un amour inconditionnel.

Seize ans d'amour, de souvenirs, de fusion mais aussi assez paradoxalement d'enfermement, de solitudes, de déchirures. Des pleurs, des larmes, la cruauté des faits.

" Je tu nous. Je tue nous"

L'écriture salvatrice, tout d'abord en cachette puis sur la grosse machine à écrire, assumer, le montrer, le crier pour se libérer. Gagner la liberté par la créativité.

Mettre de l'ordre dans l'espace, dans sa vie, dans sa tête. Vieillir, l'accepter et voir l'autre qui ne change pas ! le temps passe, la famille est là, quatre enfants ce n'est pas rien , ceux qui manquent, les amis, la famille et pourtant la solitude.

L'arrachement est inéluctable, la séparation douloureuse mais nécessaire pour s'affirmer, pour vivre et toujours les larmes.

J'ai terminé le récit une boule dans la gorge prise par l'émotion. Des frissons, la chair de poule pour un récit que l'on sent personnel mais qui devient universel par le choix des mots au scalpel. Une écriture poétique, épurée.

Au delà de la souffrance, de l'errance, c'est la libération, la vie qui reprend sa place, l'amour.


Ma note : 9.5/10
Lien : https://nathavh49.blogspot.c..
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critiques presse (1)
LeSoir
30 juin 2021
C’est l’histoire d’une femme qui raconte comment elle s’est libérée de sa mère et de son mari. Et comment elle s’est reconstruite. Fidéline Dujeu fait résonner ces métamorphoses comme des poésies ou comme des contes.
Lire la critique sur le site : LeSoir
Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
Je sais de toi la beauté et la fragilité. Je sais l'exacte distance entre tes deux yeux, leur couleur, ta cicatrice dans le dos, la force de tes épaules. Je sais le sombre qui cule dans tes veines et le désir qui te brule les ailes? JE sais tes mâchoires serrées et tes gestes incontrôlés. Je sais ton abandon, ton sommeil profond, ta respiration lente parfois, devant la mer. Je sais ton amour bancal, je sais ton manque d'amour. Je sais le goût de ta peau.
Je le saurai toujours.
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Il faudrait écrire de nouveaux contes dans lesquels les femmes cessent de craindre les morsures de leur mère et de leurs sœurs, se débarrassent de leurs haillons, envoient valser les pots de graines et de cendres mêlée, dansent à pieds nus dans la rue, et vont leur vie.
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Le visage de la mère est changeant. L'enfant ne la reconnaît pas toujours. Mauvais enfant qui ne reconnaît pas sa mère. La nuit la transforme. D'ange du soir, elle devient sorcière du matin. J'aime les sorcières, pense-t-il, ce n'est pas grave. Non, non. Baiser du soir, baiser papillon. Baiser du matin, morsure d'araignée. Elle n'est pas du matin. C'est tout. Qu'on la laisse tranquille. L'enfant ne laisse jamais la mère en paix, il veut des preuves tout le temps. Il veut des baisers papillons. Laisse-moi mais laisse-moi donc, crie la mère dans la tête de l'enfant; et il ne veut pas l'entendre. L'enfant dévore la mère. Cannibale. Il n'est jamais rassasié.
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« Fais et défais, tout ça n’a aucun sens, ce qui compte, c’est l’homme que tu attends. Ce que tu fais de ta vie, tes œuvres, c’est un leurre, un moyen de tromper l’ennemi » p48
« Bien sûr, l’ouvrage est important, mais ce que nous attendons est tellement plus grand. » p 49
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Je n’étais pas en danger, il ne pleuvait pas des bombes dans ma rue, mes enfants n’allaient pas être enrôlés de force dans une armée ou vendus comme esclaves, nous ne mourions pas de faim, nous ne creusions pas nos tombes. Je me suis pourtant enfuie.
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