Roman gothique au caractère fantastique légèrement différent de sa production habituelle,
le Château d'Eppstein d'
Alexandre Dumas (et
Paul Meurice principalement, même s'il est rarement cité) explore des thèmes aussi variés que les revenants, le romantisme allemand, la vengeance ou la force de l'éducation comme moyen de s'extraire de sa condition.
La légende dit que les comtesses d'Eppstein mortes au soir de Noël dans la chambre rouge ne sont pas tout à fait mortes et reviennent parfois parmi les vivants.... Et ce n'est pas le calme des lieux qui empêchera la haine et le mal de bouleverser les destins... Mais les fantômes peuvent aussi se montrer attentionnés et c'est auprès du spectre de sa mère que l'on assiste à l'évolution d'Everard, le héros, jeune homme solitaire et sauvage destiné à devenir comte d'Eppstein, mais qui ne rêve que de vivre auprès de la belle Rosamonde.
Le contexte politique de la Révolution Française est étouffé au profit des histoires d'amour et de désespoir de plusieurs générations d'aristocrates allemands dont le magnifique château enfoui dans la végétation d'une des plus belles régions de la lande de Hesse abrite aussi la plus glaçante des légendes.
Roman feuilleton aux chapitre courts pleins de suspens, récit enchâssé très immersif, la construction narrative, en mêlant l'auteur lui-même à la trame romanesque, efface les limites entre fiction et réalité et plonge efficacement le lecteur en plein drame familial.
Le Château d'Eppstein mêle l'amour, la grandeur de la nature et la puissance des éléments à des matériaux d'ordre spirituels et religieux propres à faire frissonner ou à élever l'esprit. Ode au romantisme et à la transmission, c'est aussi un livre profondément humain, emprunt de compassion et d'intelligence qui fourmille de références littéraires.
Une histoire de Dumas un peu moins connue que les autres – peut-être parce qu'elle est privée du souffle de l'aventure qui a rendu l'écrivain si populaire (ou peut-être parce qu'elle a principalement été écrite par Meurice ??) –, mais que j'ai trouvé pour ma part passionnante et qui m'a rappelé la beauté des "Mystères d'Udolphe" ou de "
Pauline" à travers ses descriptions mélancoliques des forêts prodondes.
Après Poe, cette nouvelle expérience de lecture montre une fois de plus que le retour au gothique classique se révèle toujours enrichissant.