Les louves de Machecoul

La particularité de ce roman, paru en 1857, est de mettre en scène des évènements qui se sont déroulés à peine 25 ans avant qu'Alexandre Dumas ne s'en fasse l'historien et le conteur. Parmi les romans historiques de l'auteur c'est un de ceux, avec Monte-Cristo, dont la publication est très proche, chronologiquement, des évènements qui les ont inspirés.
L'histoire se passe en 1831-1832, en Vendée, dans le cadre de la folle équipée de la duchesse de Berry. Epouse du second fils de Charles X et mère du duc de Chambord, prétendant légitime au trône occupé par Louis-Philippe, Marie-Caroline de Bourbon-Siciles, duchesse de Berry, envisage re réveiller en Vendée les sentiments royalistes de 1793 pour mettre son fils à la tête du royaume.
Celles qu'on appelle les « Louves de Machecoul » sont deux soeurs jumelles, Bertha et Mary, filles d'un combattant royaliste de 1793, le marquis de Souday. Leur vie est chamboulée le jour où la duchesse de Berry croise leur chemin, avec dans son sillage le beau Michel de la Logerie. Les deux jeunes filles bien entendu, tombent sous le charme du jeune homme, mais c'est Mary qui l'emporte. Les deux jeunes sont éperdument amoureux l'un de l'autre, mais la duchesse, sur un malentendu, se met dans la tête de marier Michel et Bertha. Entretemps la révolution éclate et comme on dit aujourd'hui, fait pschitt ! Mary s'efface. Plus tard elle retrouve son amoureux, et la duchesse essaye de réparer son erreur. Mais il est trop tard, l'histoire est en marche. Michel est arrêté, Bertha arrive trop tard pour le sauver. La duchesse est arrêtée à son tour. Fin de l'équipée. Dix ans plus tard, Michel (qui s'en est sorti on ne sait comment) et Mary sont mariés et assistent aux derniers moments de Bertha, retirée dans un couvent. Dans un dernier aveu, elle confie n'avoir jamais cessé d'aimer Michel.
Romantique en diable, cette histoire, n'est-ce pas ? Et encore, Dumas (et son collaborateur Cherville) aurait pu en faire beaucoup plus. Ç'aurait pu être un grand roman si seulement la fin n'était pas tronquée (la faute au roman-feuilleton, certainement, et à ses règles socio-économiques impitoyables). On laisse Michel condamné à mort et on le retrouve dix ans plus tard marié et heureux. de la même façon, les auteurs auraient bu broder sur la destinée extraordinaire de la duchesse de Berry, véritable pasionaria royaliste : enfermée dans la citadelle de Blaye dans le plus grand secret, elle y accouche d'une petite fille, Rosalie qui vivra à peine six mois. Obligée de dire qui est le père, elle avoue s'être mariée quelque temps avant en Italie avec un certain Hector Lucchesi, mais sur la paternité de l'enfant, les doutes ne sont pas levés.
Oui il y avait de quoi faire là un grand roman du style de la « San Felice » où les personnages historiques sont de vrais personnages de roman. Mais ne boudons pas notre plaisir. La patte d'Alexandre le Grand est toujours là : sur un thème que l'on a déjà croisé chez lui (les jumeaux) il bâtit une intrigue amoureuse puissante, les deux soeurs aimant le même homme, sur fond d'insurrection, avec traîtrises, coups de théâtre, quiproquos tragiques, chevauchées, scènes épiques et intimes, du grand Dumas, quoi. Ajoutez à cela la verve inépuisable de l'auteur, et vous aurez un solide roman dumasien, avec ce petit bémol concernant cette ellipse à l'épilogue, mais constituant tel quel un très bon moment de détente.
Un roman assez méconnu qu'il serait bon de redécouvrir.

Après une rapide évocation des guerres civiles de Vendée de 1793-94, l'action se déroule entre 1831 et 1832. Filles jumelles et bâtardes d'un ancien combattant royaliste de 1793, le marquis de Souday, Mary et Bertha, auxquelles on prête, bien à tort, une sulfureuse réputation, sont cruellement surnommées les louves de Machecoul.
Loin de ces médisances, elles vivent sereinement leur solitude jusqu'au jour où le sort place sur le chemin deux nouveaux personnages : le baron Michel de Logerie, fils d'un bourgeois enrichi par l'Empire, et Marie-Caroline de Bourbon, duchesse de Berry, qui veut offrir le trône de France à son fils, en réveillant l'esprit royaliste vendéen. Dès leur première rencontre, les jeunes filles d'éprennent de Michel, qui pour sa part, tombe sous le charme de la douce Mary et s'engage, par amour pour elle, aux côtés de la duchesse...
C'est un roman méconnu d'Alexandre Dumas. Une oeuvre riche, dense et palpitante, empreinte d'une vie étourdissante et d'un puissant souffle romanesque.
Pour tout dire, ça galope à en perdre haleine. On est toujours épaté par le formidable abattage de Dumas. Savoir ainsi captiver son lecteur est du grand art. Il raconte ses propres histoires à partir de l'Histoire. Et même s'il malmène parfois cette dernière, il est pardonné. Dumas ravaude, détaille, s'épanche, pousse l'intrigue au gré de son humeur.
Et cette virtuosité, cette écriture sans cesse renouvelée, c'est remarquable.
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Du bon Dumas avec toujours ces amours impossibles sur fonds historique qui accentue le tragique des destins individuels. Et qui sait transformer un fait historique bouffon en une épopée qui transcende ses participants. Et comme en plus cela se passe dans des endroits que je connais très bien cela accentue le réalisme de ce très bon feuilleton.