[ Incipit ]
Lui : Tu n'as rien vu à Hiroshima. Rien.
Elle : J'ai tout vu. Tout. Ainsi l'hôpital, je l'ai vu. J'en suis sure. L'hôpital existe à Hiroshima. Comment aurais-je pu éviter de le voir ?
Lui : Tu n'as pas vu d'hôpital à Hiroshima. Tu n'as rien vu à Hiroshima.
Elle : Quatre fois au musée...
Lui : Quel musée à Hiroshima ?
Elle : Quatre fois au musée à Hiroshima. J'ai vu les gens se promener. Les gens se promènent, pensifs, à travers les photographies, les reconstitutions, faute d'autre chose, à travers les photographies, les photographies, les reconstitutions, faute d'autre chose, les explications, faute d'autre chose.
Quatre fois au musée à Hiroshima.
J'ai regardé les gens. J'ai regardé moi-même pensivement, le fer. Le fer brûlé. Le fer brisé, le fer devenu vulnérable comme la chair.
Lui : Tu n'as rien vu à Hiroshima. Rien.
Elle : J'ai tout vu. Tout... Ainsi l'hôpital je l'ai vu. J'en suis sûre. L'hôpital existe à Hiroshima. Comment aurais-je pu éviter de le voir ?
Lui : Tu n'as pas vu d'hôpital à Hiroshima. Tu n'as rien vu à Hiroshima...
Elle : Je n'ai rien inventé.
Lui : Tu as tout inventé.
Elle : Rien. De même que dans l'amour cette illusion existe, cette illusion de pouvoir ne jamais oublier, de même j'ai eu l'illusion devant Hiroshima que jamais je n'oublierai. De même que dans l'amour.
Je te rencontre. Je me souviens de toi. Tu me tues. Tu me fais du bien.
"Il faut éviter de penser à ces difficultés que présente le monde, quelques fois. Sans ça, il deviendrait tout à fait irrespirable."
Je me souviens.
Je vois l'encre.
Je vois le jour.
Je vois ma vie. Ta mort.
Ma vie qui continue. Ta mort qui continue.
Je commence à t’oublier. Je tremble d’avoir oublié tant d’amour.
Tu me donnes beaucoup l'envie de t'aimer.
Comme toi, j'ai désiré avoir une inconsolable mémoire, une mémoire d'ombres et de pierre.
Je te rencontre.
Je me souviens de toi.
Qui est tu ?
Tu me tues.
Tu me fais du bien. Comment me serais je doutée que cette ville était faite à la taille de l´amour ?
Comment me serais je doutée que tu étais fait à la taille de mon corps même ?
Tu me plais. Quel événement. Tu me plais. Quelle lenteur tout à coup.
Quelle douceur.
Tu ne peux pas savoir.
Tu me tues.
Tu me fais du bien.
Tu me tues.
Tu me fais du bien.
J´ai le temps.
Je t´en prie.
Dévore-moi.
Déforme-moi jusqu'à la laideur....
Il faut éviter de penser à ces difficultés que présente le monde, quelquefois. Sans ça, il deviendrait tout à fait irrespirable.