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4,29

sur 227 notes
Aujourd'hui il sera question d'une oeuvre dont l'action se passe en Egypte.

Ah, l'Egypte et ses pharaons, sa civilisation millénaire, ses monuments grandioses, ses felouques sur le Nil au coucher du soleil, la Vallée des Rois, la malédiction de Toutankhamon, les temples d'Assouan, de Louxor, de Philae, le Caire et ses 10 millions d'habitants..... STOOOOOOOOOOOOOOOP! coupez, c'est pas la bonne bobine, ça c'est le commentaire sur mes vacances avec "suivez le troupeau.com" en 1982, j'étais partie une semaine avec Gérard et Dédé, enfin bon on a tous chopé la tourista et....

Je reviens au Quatuor d'Alexandrie, qui se compose de 4 parties et dont les personnages font de la musique de chambre. Enfin pas vraiment, il y a un narrateur anglais un peu paumé, une femme fatale juive hystérique et nymphomane, un chrétien copte riche et neurasthénique, et un médecin homosexuel et mystique. C'est classique et ordonné comme un quatuor de Bach, c'est lent comme le cours du Nil, c'est lumineux comme le soleil de midi sur Chéops, c'est poignant comme le chant du muezzin à l'aube, c'est poisseux comme les marais du delta.

Si vous trouvez qu'il y a des longueurs dans Victor Hugo, si Stendhal vous agace et que Dostoïevski, ça va si on saute la moitié des pages NE LISEZ PAS LE QUATUOR. Sinon, tentez l'expérience, par petites doses ou en perfusion, et immergez- vous dans ce bain de vapeur suffocant.
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Un chef d'oeuvre absolu, mon livre favori. Partant d'une idée étonnante (illustrer très indirectement la théorie de l'espace-temps d'Einstein en racontant quatre fois la même histoire, pour illustrer les trois dimensions de l'espace et celle du temps), Lawrence Durell déroule un univers d'une infinie complexité psychologique. Il ne faut pas se laisser décourager par le premier tome, le plus difficile d'accès (Justine, écrit sans ordre chronologique), mais une fois que l'on est saisi par la musique particulière du style de l'auteur, on ne peut plus s'en détacher. Chaque tome enrichit l'histoire et en fait découvrir de nouvelles facettes. A lire absolument.
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Justine
Balthazar
Mountolive
Clea
 
Ce cycle est composé de 4 romans, mais ils sont censés constituer un tout, et en réalité cela n'a pas grand sens de les lire séparément. Résumer ce merveilleux récit semble impossible, c'est une tâche vouée d'avance à l'échec, car il est d'une richesse et d'une complexité qui échappent à toute réduction sommaire.

Son auteur se réclamait de l'influence des Hauts de Hurlevent ainsi que des Mille et une nuit. Sa définition du Quatuor est la suivante "C'est une sorte de poème en prose adressée à l'une des grandes capitales du coeur, la Capitale de la Mémoire."

Disons que les personnages évoluent pour presque totalité à Alexandrie juste avant la deuxième guerre mondiale, et pendant cette guerre en ce qui concerne Clea. Ils sont de diverses nationalités, égyptienne, britannique, française, grecque...Cosmopolites comme la ville d'Alexandrie, tortueux et pittoresques comme ses ruelles, en recherche d'eux même dans une ville qui brûle de tout l'éclat d'un sombre joyaux avant les soubresauts de l'histoire qui vont complètement bouleverser son existence. Durrell évoque une ville qui n'existe plus telle qu'il l'a décrite, si d'ailleurs elle avait jamais existé sous cette forme ailleurs que dans sa tête.

Des amours se nouent : L. G. Darley (les mêmes initiales que Durrrell lui-même) jeune écrivain irlandais, narrateur des 3 de récits sur 4 aime à la fois ou successivement la tendre, l'émouvante Melissa, la fascinante et vénéneuse Justine et la lumineuse et rayonnante Clea. Mais ces femmes ont leurs secrets, et toute une vie qui échappe à Darley. Qui aime qui ? Qui trahit qui ? Les pistes se brouillent et les intrigues se multiplient. Sans parler des tous les autres personnages, qui nous découvrons pour quelques pages ou plus: Nessim, Leila, Capodistria, Pursewarden... Ils sont innombrables et tous ont leur petite flamme magique. Et puis il y a les intrigues politiques, la diplomation internationale, les ambitions personnelles dans ce monde qui se précipite vers la deuxième guerre mondiale.

Le style de Durrell est flambant et baroque, d'une beauté, d'une richesse, d'une luxuriance éblouissantes. La structure du récit est d'une extrême audace et d'une grande complexité, puisque les 3 premiers romans évoquent plus ou moins les mêmes événements, mais avec des points de vue, des éléments qui font que leur sens est complètement différent. Quelle est la bonne vision? Chaque lecteur se constitue finalement la sienne.

La richesse des sens répond en quelque sorte à la richesse des mots et des images poétiques pour un voyage magique et différent pour chaque lecteur.

Certains critiques ont été réservés devant ce cycle romanesque, qui est disons trop : trop flamboyant, trop démesuré, trop exotique, trop mélodramatique. ...Certes. Il existe des livres plus harmonieux, à la beauté plus classique, et je reconnais que je trouve Clea décevante après les 3 autres romans. Mais lorsque'on aime un livre pas malgré mais à cause de ses défauts, c'est un amour pour la vie qui ne vous quittera plus et qui vaut mieux que toutes les savantes analyses pour déterminer la valeur littéraire d'un ouvrage.

Je ne peux que vous inciter à faire ce voyage magique à Alexandrie, mais prenez garde comme moi vous risquez de ne plus revenir.
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Le Quatuor d'Alexandrie, célèbre tétralogie de Lawrence Durrell a été défini par son auteur comme "une enquête sur l'amour moderne", mais a souvent été considéré par ses lecteurs davantage comme une évocation d'une ville - la gréco-arabe, multiethnique Alexandrie de son titre. Des variations presque infinies de l'amour sont certainement explorées dans ses pages, et la présence d'Alexandrie imprègne certainement l'oeuvre. L'oeuvre elle-même est plus grande que ses thèmes et jette un charme qui n'est ni précisément émotionnel ni spécifiquement topographique.

Il n'est en fait ni spécifique ni précis sur quoi que ce soit. C'était un roman expérimental de son époque, peut-être lié au travail de l'ami de Durrell, Henry Miller, peut-être à Ulysse. Il était basé sur l'idée que les gens et les événements semblent différents lorsqu'ils sont considérés sous des angles et des périodes différents, et qu'ils peuvent être mieux enregistrés, comme Durrell lui-même l'a dit, de manière stéréoscopique. Les quatre volumes concernent les mêmes personnages, mais chacun des narrateurs raconte les histoires complexes de son propre point de vue, et ils écrivent à des moments différents. C'est un dispositif, selon Durrell, équivalant à un nouveau concept de réalité, reflétant les idées de Freud et d'Einstein et une convergence de la métaphysique occidentale et orientale.
S'il y a des parties de l'ouvrage que peu de lecteurs, je suppose, parcourront sans sauter, il y a de nombreux passages d'une si grande inspiration que les atteindre donne l'impression de sortir d'une mer agitée dans des eaux méditerranéennes d'un bleu merveilleusement clair.

Le caractère levantin particulier d'Alexandrie, tel qu'il existait à l'époque de Durrell, est invoqué avec insistance dans ces pages, plus particulièrement à travers le plus grand des poètes alexandrins, Constantin Cavafy - décédé en 1933, mais dont la présence à la dérive dans les livres est presque aussi obsédante que la présence de la ville elle-même.
C'est Cavafy qui écrivait d'Alexandrie « Il n'y a pas de terre nouvelle, mon ami, pas de mer nouvelle ; car la ville te suivra, / Dans les mêmes rues tu erreras sans fin… » L'un des narrateurs de cet ouvrage va encore plus loin : « L'homme n'est qu'un prolongement de l'esprit du lieu », dit Nessim dans Justine.
On apprend vite la géographie du lieu, de la belle rue Fuad aux ruelles maillées arabes, de l'élégance de L'Etoile ou du Cecil Hotel aux cafés à haschisch des bidonvilles ou aux abords sablonneux du désert occidental. On voit l'intérieur des demeures de riches cosmopolites et diplomates, on visite des chambres mansardées étouffantes, des bordels et des pavillons de plaisance en bord de mer.

Lecteur, attention ! Les chocs sont toujours autour du coin poussiéreux.
Les quatre livres de la tétralogie parurent à l'origine séparément - Justine en 1957, Balthazar et Mountolive en 1958, Cléa en 1960. Ils furent immédiatement reconnus comme des oeuvres remarquables, mais le verdict sur l'ensemble, toujours respectueux, fut mitigé. Les critiques français l'adorent. Les Américains l'ont avalé. Les critiques anglais n'étaient pas si sûrs. Durrell, un expatrié de longue date, n'a jamais été un admirateur de la culture anglaise, et sa prose élaborée n'a pas beaucoup plu à des littérateurs plus austères tels qu'Angus Wilson, qui l'a qualifiée de vulgaire fleurie. Ses prétentions ont été moquées, ses excès d'avant-garde parodiés, et bien que les livres aient été des triomphes commerciaux, il n'a plus rien écrit d'aussi populaire.

Mais l'ensemble lui-même, cette immense construction imaginaire, a résisté à l'épreuve du temps et du goût, et n'a jamais été épuisé – ne le sera probablement jamais. Un demi-siècle après son achèvement, ces vulgarités fleuries, ces prétentions modernistes ne semblent plus qu'accessoires en égard à sa saveur unique, qui persiste dans l'esprit longtemps après que ses intrigues labyrinthiques (car elles sont innombrables et confuses) ont été oubliées.
On lit le quatuor, soit à Alexandrie, ou bien à Corfou, ou encore à Sommières dans le Gard ou Lawrence termina są vie, en buvant – je n'aime pas les boissons anisées, mais cela peut le faire, pour moi ce sera des kilos de retsina.
Lien : http://holophernes.over-blog..
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Ce pourrait être la ville d'Alexandrie l'héroïne de ce roman, tant elle est présente physiquement et dans l'esprit des protagonistes tout au long du récit. Ce roman est composé de quatre histoires ( Cléa, Justine, Balthazar, Moutolive), toutes liées entre elles. Les relations des personnages issus de milieu et d'horizon différents sont mise en avant, l'occasion pour l'auteur de philosopher sur la vie qui s'écoule, avec ses heurts, ses cicatrices.
Un long roman, parfois indigeste, tant l'auteur nous éloigne vers des développements infinis.
Il n'y a pas vraiment une histoire, mais des histoires qui s'entremêlent et qui crées une cacophonie qui ne semble pas avoir de fin. Je n'ai pas ressenti l'émotion qui transforme une oeuvre en chef-d'oeuvre.
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Parti pris très étonnant que celui de Durrell : raconter quatre fois la même histoire avec des points de vue différents qui obligent le lecteur à réviser complètement son opinion et sa vision des événements et des personnages.
L'écriture est déroutante, non-chronologique, menée par les souvenirs. Elle se fait lyrique dans la description de la ville d'Alexandrie et des paysages égyptiens (m'a fait penser aux Voix de Marrakech de Canetti).
Qu'on apprécie ou pas l'histoire contée, les personnages psychologiquement et affectivement torturés, ces romans constituent tout de même une expérience de lecture à mille lieues du tout-venant actuel.
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Les quatre tomes du quatuor d'Alexandrie ont été publiés séparément mais ils constituent un seul et même roman qu'il est indispensable de lire intégralement pour apprécier toute la subtilité et l'ambition du projet littéraire.

Comment appliquer la célèbre équation d'@Albert Einstein en littérature ? C'est le pari fou et réussi de @Lawrence Durrell mais ce serait faire injure au roman que de le résumer à cela car @Le quatuor d'Alexandrie est un livre où la richesse et la beauté du style n'ont d'égal que l'intelligence du propos.
Mais qui mieux que l'auteur peut définir l'intention. A la fin du premier tome, @Justine, @Lawrence Durrell écrit à son ami @Henri Miller et donne cette définition du roman « C'est une sorte de poème en prose adressé à l'une des plus grandes capitales du coeur, la Capitale de la mémoire… »


Dans @Justine nous découvrons Darley, le narrateur, sur une île des cyclades. Il se souvient de la ville d'Alexandrie et raconte le quatuor amoureux qu'il composa avec Justine, Melissa et Nessim. le lecteur déambule dans le récit comme Darley le faisait dans le dédale des rues d'Alexandrie qui devient un personnage à part entière. La chaleur moite et palpitante, les senteurs de fruits pourris, de jasmin et la sueur musquée des corps accentuent cette impression d'immobilisme qui règne durant les ¾ du tome. Les souvenirs émergent par bribes, sans repère, sans aucune chronologie et il faut se laisser porter par la beauté du texte, sa musicalité, faire confiance à @Lawrence Durrell pour entrevoir « la vérité » de Darley sur cette histoire où l'amour et le désir se croisent, se mêlent et se démêlent brisant toutes certitudes.


Dans @Balthazar, second tome du quatuor d'Alexandrie, on retrouve Darley sur son île qui reçoit la visite de Balthazar à qui il avait envoyé son manuscrit de Justine. Balthazar a entièrement annoté le manuscrit de Darley qui s'aperçoit alors que la situation politique de l'Egypte et le passé des différents protagonistes, qu'il ignorait complètement, l'ont complètement fourvoyé.

@Balthazar raconte donc la même histoire que @Justine mais elle n'est plus du tout la même histoire. Des personnages secondaires, de @Justine, deviennent principaux tel Narouz le troglodyte à la gueule cassée, frère de Nessim ; voire primordial comme l'écrivain désabusé Pusewarden aux maximes cyniques et drôles. Nous faisons également connaissance avec Mountolive qui sera au centre du troisième tome.

La société anglaise est bien égratignée par @Durrell qui incorpore de nombreuses références à @D.H. Lawrence et @Henri Miller qui partagent avec lui la vision d'une Perfide Albion sclérosée.

@Justine se terminait par une grande scène épique de chasse, cette fois c'est le carnaval d'Alexandrie et le bal masqué simultané qui se déroule chez les Cervoni qui constitue la grande scène épique au cours de laquelle un meurtrier se trompe de victime.

Si le personnage de Pusewarden apporte beaucoup d'ironie au roman Scobie est le point d'orgue de l'humour également très présent chez @Durrell.

Au cours de ce second livre, toutes les images des personnages ont bougé, toutes les interprétations ont été mises en doute, et toutes les certitudes ont vacillé. La lettre de Clea, qui vient clore le livre, comprend une autre lettre, de Pusewarden, et constitue, là encore par ses divergences d'interprétation, une ultime figure de mise en relativité.


@Mountolive est le troisième tome du quatuor d'Alexandrie. @Durrell le qualifiait de roman orthodoxe qui recoupait les deux premiers en plusieurs endroits. le narrateur erratique est cette fois-ci remplacé par un point de vue extérieur plus neutre.

Le roman s'ouvre sur une incroyable scène de pêche à laquelle participe David Mountolive dont la vie nous est partiellement contée. Notamment sa liaison avec la solaire Leila, la mère de Nessim qu'il rencontre alors qu'il est envoyé en Egypte par le Foreign Office pour se perfectionner en arabe. Au cours de son long séjour dans la demeure familiale Hosnani, le mari paralytique de Leila, Falthaus lui expliquera la position délicate des Coptes dans la société égyptienne et de la grande responsabilité des anglais dans ce déclassement avec la perte du contrôle du Moyen Orient qui mettra à mal toutes les minorités jusqu'alors très présentes en Egypte. L'histoire récente lui donnera malheureusement raison.

Nous suivons ensuite le jeune diplomate en Russie, à Berlin, mais également en Angleterre où Mountolive rencontre pour la première fois Liza, la soeur aveugle de Pusewarden, dont il s'éprend. Puis c'est le retour en Egypte où il vient d'être nommé ambassadeur.

De nombreux épisodes des livres précédents sont narrés pour la seconde ou troisième fois et les cartes sont à nouveau complètement rebattues. C'est le temps des révélations, les faux-semblants et les fausses pistes égrenées lors des deux premiers tomes implosent pour laisser place à la vérité incontestable dévoilée avec une grande dramaturgie. C'est le temps du contre-espionnage britannique et de ses luttes intestines, celui de la corruption et de la politique avec en point d'orgue la Palestine, celui des trahisons.


@Cléa est le dernier tome de la rhapsodie Durrellienne d'Alexandrie.

Darley redevient le narrateur mais non plus de la mémoire mais du présent. Mnemjan est venu les chercher sur l'île, lui et l'enfant. Alexandrie les accueille sous le feu d'artifice d'un bombardement. C'est la guerre, et pour la première fois Darley ne scrute plus uniquement le même passé, l'histoire progresse, le temps a fait son oeuvre, les traces de la déchéance sont visibles : Nessim a perdu un oeil, la beauté de Justine s'est flétrie, Balthazar n'est plus que l'ombre de lui-même. La mélancolie est omniprésente.

Certaines énigmes trouvent leurs réponses grâce au journal intime de Pusewarden ou par les confessions de Cléa.

Mais comme le cours du temps a repris, d'autres histoires s'écrivent : la réhabilitation de Balthazar, le nouveau nez de Samira, le mariage de Mountolive avec Liza.

Darley et Cléa deviennent amants mais hantés par le passé ils se séparent et Darley fait ses adieux à cette Alexandrie qu'il perd et retourne sur son île. L'histoire se termine et recommence avec l'écriture du récit par Darley.

Le style est baroque, riche et d'une beauté absolue, combien de fois suis-je revenu en arrière pour relire des passages entiers, parfois plusieurs pages, pas question d'accélérer la lecture, la ralentir, profiter de chaque mot, du souffle inouï instauré par @Durrell dans son histoire.

C'est avec une grande mélancolie que je laisse derrière moi l'Alexandrie de Durrell, ce ne fut pas un voyage de tout repos avec ses nombreuses ellipses mais quel voyage dans la relativité littéraire de Durrell. Un énorme coup de coeur !


Challenge solidaire
Challenge pavé
Challenge XXème siècle
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Comme l'ont fort bien relevé les babeliautes dans les critiques précédentes, impossible de résumer ce roman, ses quatre livres et leur densité extraordinaire, à moins d'y consacrer des pages et des pages.

C'est tellement long, dense et foisonnant que ça en devient irréel. L'interrogation sur ce qu'est la réalité et la vérité est d'ailleurs un des nombreux thèmes du roman. La compréhension que le lecteur peut se faire des personnages et des situations n'est pas la même dans chacune des quatre parties.

Dans la construction de son quatuor, Durrell a été inspiré par les théories d'Einstein et en particulier la notion d'espace-temps. C'est finalement le meilleur moyen de vous faire un peu comprendre ce qu'est ce roman.

Le premier livre (Justine) présente une galerie de personnages et une histoire telle qu'ils sont racontés par le narrateur Darley. C'est la première dimension. le deuxième livre (Balthazar) reprend quasiment les mêmes personnages et la même histoire, toujours racontés par le même narrateur mais sa première version s'est modifiée et s'est enrichie des commentaires apportés par un des protagonistes. C'est la deuxième dimension. Comme en mathématique, on est encore dans le même plan. le troisième livre (Mountolive) quitte le point de vue du narrateur Darley, on est cette fois dans une narration neutre, plus linéaire, plus objective et plus classique par rapport aux deux premiers livres. le plan s'est élargi et si je garde la comparaison mathématique, il est devenu espace: on suit à travers l'Europe la carrière d'un des protagonistes rencontrés précédemment pour finalement revenir à Alexandrie et retrouver une partie des personnages et des évènements des livres un et deux. Mais la perspective est tellement différente que tout ce que le lecteur tenait pour acquis jusqu'à présent est remis en cause. Dans le dernier livre (Clea) , le narrateur redevient Darley mais l'action se situe plusieurs années après celle des trois premiers livres. Durrell introduit ici la quatrième dimension : le temps, le souvenir, la mémoire.

Au travers du destin de plusieurs personnages (le narrateur Darley, l'écrivain espion Pursewarden, l'écrivain Arnauti), ce quatuor est aussi une réflexion poétique sur la particularité et le rôle de l'artiste et de l'écrivain, sur sa capacité à accéder à la véritable connaissance et à la profonde compréhension du monde et de la vie.
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Découverte mitigée de ce roman classé parmi les meilleurs du XXe siècle qui nous emmène à Alexandrie. On y rencontre Darley, le narrateur, parti se ressourcer sur une île avec la fille de Mélissa... Mélissa c'est celle qu'il aime, ou a aimé, ou peut-être pas d'ailleurs ... Rien n'est clair et définitif dans ce roman et à plusieurs titres : tout d'abord il s'agit de sentiments et les personnages du quatuor ne savent pas trop! de plus, quatre tomes composent ce pavé (oui plus de 1000 pages) et chacun étant le point de vue d'un personnage, ils lèvent tous le voile, différemment, sur la relation entre les protagonistes.
Les principaux : Darley et Mélissa mais aussi un couple marié Justine et Nessim ... et une pléthore d'autres qui eux aussi complexifient la trame du récit.
Bref on se laisse perdre dans le labyrinthe de leurs liens et dans les rues d'Alexandrie, véritable personnage en elle-même, tant la ville est présente et semble influencer l'atmosphère du roman.
C'est donc l'aspect que j'ai aimé dans le roman, mais en effet mon avis reste partagé car finalement, en arrivant à la fin, je me rends compte que je suis restée une spectatrice de leurs histoires et que je n'ai pas apprécié ces personnages que je trouve dans l'ensemble assez lointains, froids, peu décrits en fait. Ils sont restés des archétypes peu sympathiques !
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On ne ressort pas indemne de la lecture de cet énorme pavé appelé "Quatuor d'Alexandrie" . Il y a du Proust et de la Comédie Humaine là-dedans . On est embarqué dans un univers plein d'aventures entrecroisées , de personnages pittoresques et souvent très attachants .
La présentation est tout à fait déconcertante . D'où le titre avec cette référence musicale . Il y a des thèmes , des chorus , des arias . Aucune chronologie . On procède par coups de projecteurs successifs . On part en avant , on retourne en arrière sans prévenir , bien sûr . On s'attache à un personnage , on le quitte . On le retrouvera beaucoup plus tard dans un autre tome . Rien de classique . Nous ne sommes pas dans une saga , mais dans une narration kaléidoscopique , un peu difficile pour le lecteur qui doit prendre des notes au début , mais qui finit par se laisser gagner par la petite musique symphonique de Durrell .
Avec cela , une grande maitrise du style , de la description . Un ton unique . Pour ceux qui aiment la grande littérature , celle qui se mérite , mais fatigue quelquefois un peu les neurones ....
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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