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C'est l'hiver à Sokcho, et tout est assez froid dans ce livre, que ce soit la température extérieure ou les relations entre les personnages. C'est le premier livre que je lis qui situe son action en Corée, c'est assez intéressant. L'histoire nous raconte la rencontre entre une femme coréenne née d'un père de passage français et d'un auteur de BD normand. Malgré le peu de pages, beaucoup de thèmes y sont abordés, pile mêle: le rapport à la nourriture, le poids des traditions familiales et de l'Histoire, les diktats de la beauté, la solitude, les regrets…
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Hiver à Sokcho est un court roman d'une qualité rare. Je remercie mon amie Sachka pour m'avoir donné l'envie de découvrir cette jeune auteure formidable.
La narratrice est une jeune coréenne métissée qui travaille dans une pension décrépie à Sokcho. Sokcho est une station balnéaire à quelques encablures du no man's land qui sépare les deux Corée. C'est la morte saison. Pas grand monde. Un occidental débarque à la pension, "perdu dans son manteau de laine". Son regard la traverse sans la voir. Il est Français comme ce père qu'elle n'a jamais connu. Elle l'observe, l'épie et découvre qu'il est dessinateur. Elle essaye de deviner ce qu'il tente perpétuellement de dessiner et puis aussi d'attirer son attention. Pas facile.

Ce n'est pas un roman confortable ni serein qui se lit rapidement. Non, c'est un roman dur et cruel avec une écriture épurée. Peu de dialogues, les personnages n'arrivent pas à se parler. Une construction très cinématographique en courts plans-séquences. Des descriptions sensorielles révélatrices des émotions et des sentiments . L'atmosphère générale grise et glacée est zébrée de couleurs en particulier de rouge et de noir. La mère outrageusement maquillée travaille à la poissonnerie du marché. Accroupie au dessus des seaux remplis de tripailles. La tante s'empiffre de nouilles dégoulinantes. Elles la dégoutent littéralement. Elles espèrent la caser à un garçon qui veut devenir mannequin à Séoul. Ils sont tous obsédés par leur apparence,, voudraient qu'elle fasse disparaître son long nez. La narratrice est en total décalage avec cet univers factice et trivial. C'est une romantique, profondément seule, en quête d'identité, rêvant d'un ailleurs, rêvant de se reconnaître dans le dessin d'un homme qui la regarderait.


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C'est un très court roman, le premier d'Élisa Shua Dusapin, elle-même franco-coréenne, qui prend son temps et qui se déguste. Il prend le temps donc d'installer les deux personnages principaux. Chacun dans sa personnalité et dans sa solitude. Ils vont chercher à se rencontrer, maladroitement, lui par ses dessins : il tâtonne, cherche, hésite, jette beaucoup. Elle par sa cuisine qu'il ne goûte pas. Ils ne se rejoindront pas vraiment, mais un peu quand même, chacun prenant de l'autre pour avancer.

L'écriture est fine, précise, douce, un peu comme si quelqu'un nous murmurait le texte à l'oreille. Elle décrit brièvement les paysages pas très jolis de cette ville l'hiver. Elle est sensuelle également, parle des corps, des lignes, celles que cherche le dessinateur, celles de la jeune femme, de son amoureux mannequin qui n'hésitera pas à recourir à la chirurgie si on le lui demande, d'une cliente qui se remet doucement d'une opération esthétique... Élisa Shua Dusapin aborde les thèmes de la rencontre, de la solitude, de l'identité notamment lorsqu'on a une double culture.

Un très beau texte qu'il faut prendre le temps de découvrir, ne point trop se presser pour n'en rien rater. Il débute ainsi :

"Il est arrivé perdu dans un manteau de laine. Sa valise à mes pieds, il a retiré son bonnet. Visage occidental. Yeux sombres. Cheveux peignés sur le côté. Son regard m'a traversée sans me voir. L'air ennuyé, il a demandé en anglais s'il pouvait rester quelques jours, le temps de trouver autre chose. Je lui ai donné un formulaire. Il m'a tendu son passeport pour que je le remplisse moi-même. Yan Kerrand, 1968, de Granville." (p.5)
Lien : http://www.lyvres.fr/
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 Jai beaucoup aimé ce livre. Il est très original comme histoire et comme écriture. On a une impression d'immobilité du temps dans ce coin perdu de Corée, au bord de la mer, très animé l'été mais qui en hiver tombe dans une sorte de torpeur, d'épaisseur de silence. Silence entre les êtres, la mère, sa fille qui est la narratrice, son ami, son patron qui tient la Pension Park, un peu minable et le nouveau pensionnaire, Kerrand, un Français, auteur de Bandes dessinées à la recherche d'inspiration.
Silence et attente. Attente de la petite ville, de la Corée, d'une paix qui n'arrive jamais, une situation d'entre-deux qui secrète cette atmosphère d'ennui, de manque de vie. Attente de la jeune femme qui a fait des études à Séoul et est là en hiver dans cette station balnéaire humide et ventée. Pas vraiment là... en attente de ce qu'elle fera après. de passage, comme Kerrand en attente lui aussi de quelque chose ou de quelqu'un, inaccessible.
Deux êtres qui se rapprochent par moments, elle, de mère coréenne et de père français inconnu, partagée entre deux cultures, entre deux aspirations et qui ressent, plus que de la curiosité, une sorte de fascination pour ce Français indéchiffrable, lui qui a besoin de voyager, d'être dans d'autres lieux pour dessiner. Avancées, reculs, besoin d'être vraiment regardée de l'intérieur par l'autre, peur de sentiments possibles, d'être repoussé(e) aussi, tout le livre fait ressentir cette indécision, leurs difficultés peut-être à vivre la réalité.
Son écriture est écrite au couteau, élaguée jusqu'à l'os. Aucune fioriture, des phrases, courtes, rapides qui décrivent bien le côté minimaliste des actions (le livre commence avec l'arrivée de Kerrand et se termine avec son départ) et pourtant l'auteure arrive à nous faire ressentir l'atmosphère de la ville, le froid, la cuisine, les odeurs de poulpe et de mer. Par de nombreux dialogues également, les jeux des regards, les mouvements physiques et intérieurs des personnages, leurs désirs ou sentiments non dits, les rapprochements et les reculs.
Une belle découverte!
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Le froid et l'odeur du poisson se font ressentir tout au long de l'ouvrage d'Elisa Shua Dusapin dans la petite ville portuaire de Sokcho, en Corée. Une fille franco-coréenne, la vingtaine, travaille dans une pension où séjourne notamment un auteur de bande dessinée français. Ces deux-là vont subtilement se rapprocher, tantôt pour visiter la ville, tantôt pour évoquer le dessin. Est-ce une attirance physique qu'ils perçoivent l'un pour l'autre ou une attirance plus exotique ? Il n'est pas simple de se comprendre lorsqu'on vient d'univers culturels si différents.
Ce roman délicat éveille nos sens, ravivés par les coutumes et odeurs coréennes. On y découvre par exemple la culture des jimjilbangs, ces complexes centrés autour de bains publics où l'on peut dormir, manger et jouer. L'opportunité d'un voyage littéraire en Corée est assez rare pour ne pas se laisser volontiers embarquer par cette agréable et envoûtante virée.
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Corée du Sud, dans une petite ville portuaire à une encablure de la frontière Nord-Coréenne, c'est là qu'une jeune femme de vingt cinq ans est employée comme réceptionniste et femme de chambre dans un petit hôtel de standing très moyen. D'un père français, qu'elle n'a pas connu puisqu'il est parti avant sa naissance et de mère coréenne, la jeune fille fréquente un jeune homme qui cherche à partir à Séoul pour y être mannequin. La vie de cette jeune franco-coréenne s'inscrit dans une certaine monotonie, bientôt bousculée quand s'installe pour quelques jours Yan Kerrand, arrivé de Granville, un dessinateur de BD et qui cherche le sujet de son prochain projet. Commence alors une curieuse relation entre ce français qui cherche l'isolement et dessine toujours le même modèle de femme idéale, fantasmée et cette jeune femme, inspirée par ses ébauches qui a peu confiance en elle, marquée par le ressentiment de sa mère pour les hommes et spécifiquement vis à vis des français.

Grâce à l'écriture d'Elisa Shea Dusapin, Hiver à Sokcho est un récit poétique et mélancolique, évoquant la rencontre de personnes un peu perdues, en recherche d'elles-même, en mal de rencontres mais qui se retiennent. par pudeur ou par manque de confiance en elles. En se côtoyant, ils apprennent à se déchiffrer et la jeune fille peu à peu se découvre, parvient à faire des choix, décide d'une rupture, espère une relation et apprend à mieux connaître ses désirs, ses envies pour savoir qui elle est réellement.
Une belle découverte pour ce premier roman, une plongée intimiste dans la vie de cette jeune fille et une découverte des coutumes et habitudes Sud-Coréennes.
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Doux et poétique, parfois cruel, j'ai adoré.
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Malgré peu d'introspection, j'ai beaucoup aimé la poésie qui se dégage de ce livre. L'histoire nous permet d'imaginer le ressenti des protagonistes, dans cette ville balnéaire coréenne au coeur de l' hiver. Lu en quelques heures, comme un instant suspendu au dessus des toits colorés de Sokcho.
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C'est l'histoire d'une rencontre à la frontière entre les deux Corées entre une jeune femme qui travaille dans une pension et un dessinateur français, l'histoire d'une rencontre entre deux cultures, entre deux arts, le dessin et la gastronomie. Une histoire triste et mélancolique racontée dans un style allusif, dépouillé et pourtant très visuel. C'est l'histoire d'une rencontre manquée.
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Un premier roman et une belle découverte !

Une unité de lieu : une pension bien modeste à Sokcho, ville portuaire à proximité de la Corée du Nord.

Deux personnages principaux : une jeune femme franco-coréenne qui cuisine pour les visiteurs et un français auteur de bandes dessinées.

Un huis clos intimiste où il ne se passe presque rien. L'auteure, d'une écriture pure, croque le portrait des deux personnages qui vont se chercher tout en ne se trouvant pas complètement. Subtil et poétique, cet ouvrage nous laisse "en suspension" une fois la lecture terminée.

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