J'ai eu, plus jeune, des engouements pour certains auteur-e-s ; je ne peux quasiment plus lire aujourd'hui.
Marguerite Duras fait partie de ceux-ci. Je ne parle pas de ses meilleurs crûs, comme Barrage contre le Pacifique,
Moderato Cantabile,
La douleur ou
Savannah Bay, mais du « reste », les textes marketés en forme d'auto pastiche.
Une chose que j'ignorais est qu'un journaliste, en 1992, a envoyé un des ouvrages de Guite à ses trois principaux éditeurs ; il n'avait modifié que le titre et le nom des personnages ; toutes ces « grandes maisons », d'une seule voix, ont refusé de publier ladite prose.
Comme le disait fort justement
Pierre Desproges, «
Marguerite Duras n'a pas écrit que des conneries, elle en a aussi filmées … ».
Pourquoi parler de
Duras ? Parce que je viens de finir la lecture ultrarapide d'
Hiver à Sokcho, de Élisa Shua Dusapin ; j'ai eu l'impression de replonger dans le même type de littérature. Vide, creuse, descriptive au point que je devienne experte en manière de cuisiner le poisson, les coquillages et autres poulpes…
J'exagère ? Un peu, forcément, comme toujours !
Puissant ? Bof, il faut le dire vite ! Bien sur, tout cela n'est qu'une question d'échelle, chacun la sienne. Un style « clinique » n'est pas pour me déplaire. Par exemple, celui d'
Annie Ernaux me paraît prodigieux, tellement, par l'absence de fioritures langagières, il laisse advenir la psychologie des personnages et l'environnement social des situations.
Dans
Hiver à Sokcho, l'usage des phrases courtes, l'écriture abondamment descriptive, n'apportent rien, si ce n'est une impression de creux et d'ennui profond. Je peux vous raconter mes réveils et brosser chacun de mes gestes, vous aurez Hiver à Sarzeau 🤣. Bon, la Bretagne peut sembler moins originale que la Corée, mais rien ne ressemble plus à un port qu'un autre port.
C'est un livre sur l'inutilité de la vie, l'impossibilité de parler, le choix inconscient que font nombre de gens de se retrouver liés à des obligations, des devoirs de toutes sortes, la décision qu'ils prennent de
se perdre dans un quotidien asservissant et une vacuité mortelle.
Tout plutôt que de remettre en question.
Sauf qu'ici, c'est le lecteur, en l'occurrence la lectrice, qui s'ennuie ferme et bâille à n'en plus finir ! Les dialogues sont d'une platitude consternante ; les chapitres très courts s'enchaînent sans qu'aucun n'apporte quoi que ce soit au récit ; les personnages sont ternes et quelconques : une je
une femme soumise à son environnement, en conflit avec sa mère, on ne saura jamais bien pourquoi ; un touriste introverti et quasiment mutique, qui a apparemment un véritable problème avec les femmes.
OK ! Ce n'est pas facile de se comprendre lorsqu'on vient de pays, de cultures, d'univers différents. Tout le monde en a bien conscience. Rien de nouveau sous le soleil !
Car dans
Hiver à Sokcho, il ne se passe rien, et quand je dis rien, c'est RIEN ! Aucune émotion ne transparaît, nul sentiment, pas l'ombre d'une accroche littéraire, c'est d'une platitude atterrante.
Le pire est que ce roman a été encensé par la critique et honoré de plusieurs prix.
D'où ma comparaison avec
Annie Ernaux, qui par-delà la froideur ciselée de sa prose, fait passer tellement de chair et d'intelligence narrative dans ses textes.
À moins que l'auteure ait écrit ce livre pour nous dissuader de partir en voyage en Corée, là où le paraître, la chirurgie esthétique et la réussite sociale semblent être les seuls objectifs d'une jeunesse en mal d'idéal et d'ambition. Dans ce cas uniquement, elle a atteint son but… Mais de là à en faire un roman aussi banal et ennuyeux !
Bon, je retourne à mes lectures. Fille de révolutionnaire, de
Laurence Debray, qui se présente comme plus conséquent et « charnu » !
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