Pauline s'insurge : « Parce que c'est la guerre là-bas, je n'aurai plus de chambre à moi ? » Elle est furieuse parce que ses parents ont décidé d'accueillir une famille de réfugiés syriens, un couple, Ahmed et Farah, leur « presque bébé », Syrine, et leur petite fille de 8 ans, Zein. Bien sûr, pour Pauline, c'est dramatique : elle va devoir ranger sa chambre et la partager, comme elle devra d'ailleurs partager son chien Pooja, ses jouets, son école, sa maîtresse... L'horreur, quoi ! Elle n'est pas d'accord du tout et le dit haut et fort. Et puis la famille arrive. Zein va dans la même école que Pauline, apprend petit à petit le français ; Pauline réussit à expliquer à toute la classe comment a commencé la guerre en Syrie. Bref, les choses se passent infiniment mieux que ne le laissait présager l'attitude butée de la petite fille. La présence de cette famille sera l'occasion de tenter de répondre à beaucoup de questions que l'on n'aborde pas si fréquemment avec les enfants : pourquoi y a-t-il des guerres ? que faire pour y mettre fin ? est-ce que Dieu existe ? à quoi sert-il ? à quoi ça sert d'être mort ?, etc.
***
J'ai adoré ce petit roman plein d'humour qui traite intelligemment de sujets sérieux : la guerre, l'immigration, la tolérance, la mort et Dieu, par exemple. On ne fait pas dans la facilité, mais je crois que les enfants adoreront ce livre grâce au ton adopté par l'auteure, Myren Duval, et par l'illustrateur, Charles Dutertre. La très bonne idée, à mon avis, c'est que, à cause de sa franchise et de son absence d'inhibition, la petite fille prend le contrepied de la bienséance habituellement prônée : accueillir des réfugiés, pour elle, c'est nul ! Grâce à cet angle de vue à l'opposé de celui des parents, le ton est donné, l'humour est partout, et le message passe dans les questions impertinentes de l'enfant et dans les réponses mesurées de ses parents. En plus d'aborder tant de sujets graves, je crois que ce roman peut faire comprendre à des enfants de 7-8 ans et plus qu'il existe des questions sans réponse et que plusieurs vérités devraient pouvoir cohabiter, ce qui n'est pas simple à cet âge où les choses se doivent d'être tranchées… Les illustrations soulignent la complicité progressive des enfants et l'entente des deux familles. Une totale réussite à mon avis !
Commenter  J’apprécie         292
Pauline, la narratrice, commence par râler parce qu'elle doit partager sa chambre. En effet, ses parents accueillent, pour un certain temps, une famille syrienne. Zein a son âge et seront donc aussi dans la même classe. Pauline, avec ses yeux d'enfant, posera des questions sur les guerres et les religions et en relèvera l'absurdité.
Commenter  J’apprécie         210
Lorsque Pauline, 8 ans, apprend qu'une famille de réfugiés syriens va s'installer chez elle, elle n'est pas du tout, mais alors pas du tout ravie… « On me vole ma vie ! » s'alarme-t-elle au début du roman. Puis, au fil des pages et des jours, entre une boule à neige du Petit Prince, un fou rire, un exposé sur la Syrie et quelques parties de Pokétrucs, l'amitié se tisse entre Zein et Pauline, et les fillettes font plus que s'apprivoiser. Tout au long du texte, l'héroïne interroge le monde et les adultes avec la spontanéité d'une Fifi Brindacier… avant d'avouer, au moment de quitter sa « presque-soeur » : « Quand je pense que c'est grâce à la guerre que j'ai rencontré Zein, ça me donne des frissons. C'est la seule chose bien pendant les guerres : les gens s'aident. »
Un roman court empli d'émotions et d'humour qui, sous ses allures d'une simple histoire d'amitié, soulève des questions profondes, terriblement d'actualité.
Commenter  J’apprécie         70
Pauline, 8 ans, ne comprend pas pourquoi elle doit partager sa chambre avec Zein, jeune syrienne du même âge. Ce n'est pas de sa faute à elle, si la Syrie est en guerre !
Tout au long des 60 pages, les interrogations de la petite fille seront nombreuses (mais très souvent pertinentes) et son jugement évolutif. Son regard naïve sur la situation des migrants est plein de justesse et proche de celui des enfants.
Un court roman très original pour aborder le thème des migrants, mais aussi de la religion et de la politique internationale, avec les lecteurs débutants, de manière dédramatisée et très juste.
Commenter  J’apprécie         60
Avec un langage enfantin sans limite ni retenue, l'héroïne évoque la guerre et ses dommages collatéraux, s'agissant ici de l'émigration. A l'aise avec les adultes, cette petite fille pose les bonnes questions et y répond avec une justesse d'analyse déconcertante.
Lire la critique sur le site : Ricochet
Finalement, comme d’habitude je n'ai pas eu le choix, et comme j'ai un peu râlé, on m'a dit que j'étais une enfant gâtée et égoïste.
Alors "enfant", d'accord ; "gâtée", certainement pas puisque je n'ai pas la machine pour faire des bracelets en élastique, et "égoïste" encore moins puisqu'une fois j'ai prêté mon déguisement de citrouille à ma cousine Philaé.
-Parce que ça fait quoi de croire [en Dieu] ?
-Ca peut te guider dans la vie, t'aider à faire des choix, parce que tu penses que Dieu te surveille et qu'il apprécie telle ou telle action.
-Ah, non merci, il y a déjà assez de gens sur terre qui me surveillent !
Marielle, libraire au rayon Jeunesse & Adolescent, présente Délit de Solidarité de Myren Duval paru aux éditions du Rouergue.