Ainsi s'achève La trilogie du Losange, une série dont ce qui frappe en premier, c'est la capacité à se réinventer.
Je m'explique: ici, vous ne trouverez pas un tome 2 qui suit bêtement le tome 1, reprenant les mêmes personnages dans une situation pas possible, et les collant dans une encore pire! le tome 1 présentait le résultat, la civilisation d'Anima, à l'occasion d'une mission d'exploration spatiale dont la responsable s'interrogeait sur leur société, ses racines, ses raisons. le tome 2 était le résultat des recherches de celle-ci, une fois revenue sur terre, le récit de la grande guerre qui aurait donné naissance à Anima: une guerre sans pitié entre les sexes. Et le tome 3 à nouveau se réinvente: il s'agit ici d'un journal, écrit juste à la fin de la guerre par l'un des plus terribles adversaires, le chef de la dictature australienne où les derniers bataillons masculins se sont réfugiés, juste avant le dernier assaut d'Anima, un récit qui présente donc le point de vue adverse, et contient aussi, en clin d'oeil, le germe du coup de théâtre à la fin du tome 2.
Un bonheur viril est le plus dur à lire, car si
Les Bergères de l'Apocalypse nous parlait des horreurs de la guerre, ce sont ici les horreurs que l'espèce humaine est capable d'infliger en soi-disant temps de paix! Pas seulement les horreurs du patriarcat, poussées dans la dictature australienne de plus en plus l'extrême à mesure qu'ils comprennent qu'Anima est plus coriace qu'ils le pensaient, mais aussi les horreurs de la société moderne poussées à l'extrême, et ne parlons pas de la destruction de la nature! Soyez donc prévenus avant d'ouvrir ce roman: il y a des passages vraiment difficiles à encaisser.
Dur ou pas, il n'en reste pas moins que cela conclut cette excellente trilogie avec talent. Je me demande ce qu'elle imaginait pour la suite de son utopie, la société d'Anima deviendrait elle meilleure après le renversement des Bergères de l'Apocalypse, mais une seule est sûre: cela n'aurait pu être que mieux que ce qui est décrit ici, les derniers soubresauts d'Animus, où nous retrouvons tant d'horreurs de notre monde à nous, dont il est simplement le trait forcé pour faire passer le message.