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3,26

sur 725 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Bon, ne lisez pas cet ouvrage si vous espérez une visite de Prague : on n'y fout jamais les pieds, dans ce cimetière. L'action se déroule en Italie et à Paris dans toute le seconde moitié du 19ème siècle. On y suit la vie pathétique de Simon Simonini, un Piémontais qui déteste tout : les femmes, les étrangers, les francs-maçons, les juifs, les anarchistes, les Illuminés de Bavière... C'est un notaire minable, doué pour la contrefaçon et le mensonge. Il va donc devenir espion pour le comptes de différentes factions car c'est dans cette profession que ses défauts sont le plus appréciés. La campagne garibaldienne puis le Paris de la IIIe république vont être pour lui une fange dans laquelle il va se vautrer goulûment, trahissant et inventant des menteries à tour de bras. Il inventera tant de mensonges que certains deviendront vérités. Mais surtout, surtout, il laissera à la postérité un document qui fait encore saliver les pires crapules : le Protocole des sages de Sion, une foutaise antisémite notoire qui passe encore pour parole d'évangile chez les imbéciles les plus notoires. Simonini érige l'antisémitisme en complot ultime. Tous les malheurs du monde s'expliquent : c'est la faute des juifs.

Sans surprise, on retrouve donc dans ce Cimetière de Prague toutes les marottes d'Umberto Eco. La construction d'un complot. le travail de faussaire. La passion pour les romans à feuilleton. L'histoire italienne. L'ésotérisme... Et son affreux Simon Simonini est une sorte de creuset où se mélangent tous ces composants. Empruntant à la construction des oeuvres de Dumas et Sue (l'ouvrage est même parsemé de gravures), Eco tricote une vie de petit espion mal dans sa peau mais surtout mal dans sa tête. Rien ne va alors il faut un coupable, si possible judaïque car c'est ce qui se vend le mieux. Cette imbécillité crasse dans le racisme systématique est tellement exagérée qu'elle est en par moment risible. Combien de contradictions et les retournements de veste moraux il faut accepter pour que ce genre de thèse branlantes tienne, l'espace de quelques secondes, en équilibre précaire dans le cerveau asphyxié de ce malade. Certains passages sont tellement outrés dans la justification qu'ils en sont savoureux de crétinisme, car comme toujours avec Umberto Eco, l'ironie vient soutenir le travail d'érudition pour le rendre supportable. C'est délicieusement malsain car Simon Simonini est indéfendable quand il parle de Charcot, d'un certain docteur Froïde ou de Dreyfus. Sa logique est tellement foutraque que pas une seconde on ne peut croire que ce livre est une apologie du racisme, de l'homophobie ou de la misogynie.

Pourtant, il se trouve tout un tas de cornichons pour voir un danger dans ce livre sur la création du mensonge. On argue que les gens moins équipés moralement pourrait puiser dans ce roman du carburant pour alimenter leur petite chaudière haineuse interne. C'est possible, les cons ont des ressources insoupçonnées quand il s'agit de se distinguer dans la nigauderie. Mais interdire à tous cette histoire savante et rigolarde sur les vidocqueries chafouines de toute cette époque rocambolesque, c'est à mon sens niveler l'intelligence par le bas. Il faut dire tout haut comment ces faussetés sont nées et quels bas instincts nous poussent à croire le nègre fainéant, le juif accapareur et la femme hystérique (et l'auvergnat radin, le 62 alcoolique et l'anglophone demeuré). Car ce livre, même daté dans son intrigue façon Mystères de Paris, reste d'actualité, surtout quand je lis, au pif, que les binationaux sont suspects, que les noirs jouent un football différent du notre ou que ce n'est pas pour rien si un juif priapique contrôle le FMI et cherche avec une mauvaise foi jésuitique à se faire passer pour un type de gauche. La tentation du complot est toujours la plus forte, ce livre vous le démontre page après page.
Lien : http://hu-mu.blogspot.com/20..
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Livre très bien écrit, avec du suspense, mais dur : il s'agit en effet, entre autres, de l'histoire de l'élaboration du protocole des sages de Sion, d'un insoutenable antisémitisme. Ce roman couvre la fin du XIXème siècle. Tous les complots de l'époque sont évoqués et les personnages ont réellement existé, sauf le personnage principal, fruit de l'addition de plusieurs autres caractères? Ceci est l'annonce des horreurs du XXème siècle.
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Les Auvergnats ? D'une cupidité légendaire. Les Italiens ? Peu sûrs, menteurs, vils, traîtres. Les Espagnols ? Vaniteux. Les Croates ? Ignorants. Les Maltais ? Ingrats. Les Gitans ? Insolents. Les Anglais ? Sales comme chacun sait. Les Prussiens ? Impérieux, évidemment. Les Français ? Méchants, paresseux, arnaqueurs, orgueilleux, jaloux et persuadés que le monde entier parle français. Quant aux Allemands, ils sont proprement à chier étant entendu que, produisant le double de matières fécales que les autres, ils leur sont inférieurs physiologiquement puisque leur activité intestinale s'exerce aux dépens de leur activité cérébrale. Alors les Juifs, vous pensez !
Alors oui, le livre commence sur cet air là, assez léger et amusant, on ne sait pas où va nous mener cette lecture et on est titillé… Mais tout de suite après, le ton change et je dois avouer que j'ai très vite décroché et survolé des paquets de page en diagonale… On se perd dans l'intrigue et la construction alambiquée du roman, on se lasse des longs passages érudits et touffus, on se mélange les pinceaux et c'est vraiment dommage. Dommage parce que le sujet est intéressant, j'aime bien l'idée des journaux intimes complémentaires et le climat très bien rendu du XIXème siècle, mais voilà, je dois l'admettre, je n'ai vraiment pas aimé cette lecture…
Je me faisais un telle joie de lire un roman d'Umberto Eco, quelle déception !
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Dans le méli-mélo du XIXème siècle, nous croisons des personnages historiques, d'autres créés de toute pièce, et cette aventure complexe prend forme, petit à petit.
Parfois dur à suivre, ce roman ne fait pas exception à la règle, et met en lumière l'extraordinaire érudition d'Umberto Eco.
Accrochez-vous, le livre en vaut la peine !
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Un roman dans la lignée du Pendule de Foucault, que l'on pourrait même qualifier de doppelganger, tant il reprend le même thème, mais avec une facette sombre. Là ou le Pendule nous amène, à travers des personnages attachants sur la piste ubuesque d'un complt, le Cimetière nous place intimement au sein d'un complot. Avec des personnages dans différentes teintes de gris. Il y a, comme toujours chez Umberto Eco, la truculence liée au fait de jouer sur les anecdotes d'époque pour rendre plus mordant, et amusant, certains passages. Un roman que je conseille toutefois aux amateurs d'Eco.
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lecture terminée... compte-rendu sur mon blog prévu dans la semaine...
Très intéressant au point de vue historique sur le XIXème siècle, gros coup de coeur en début de lecture... mais je me suis lassée vers les cent dernières pages...
Lien : http://mazel-annie.blogspot...
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Umberto Eco, dans une forme narrative subtile et captivante, nous livre ici un roman historique d'une richesse extrême. Situant la narration au XIX ème siècle, l'auteur nous entraîne dans l'Italie de Garibaldi (l'un des « pères de la patrie » italienne, pour citer wikipédia), dans les territoires et « sous terrains » de la Commune de Paris, puis de finir sur l'affaire Dreyfus : nous assistons à ce qui aboutira quelques dizaine d'années plus tard à la « solution finale ».
Montée de l'antisémitisme, guerres, espionnage et « contre-espionnage », le narrateur décrit la fin d'un siècle mouvementé où le héros est un véritable fil conducteur de l'Histoire contemporaine.
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Impressionnant, Erudit. Incontournable. Les adjectifs et les superlatifs ne manquent pas pour décrire l'effet produit par ce livre.

Eco nous mystifie à plusieurs reprises dans un livre dense, touffu et parfois chaotique. Sa lecture des événéments historiques est brillantes. Complots, trahisons, faux-semblants... toutes les armes d'Umberto Eco font florès.
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A une époque où l'idée de conspiration (re)gagne du terrain, voici un roman salutaire. Comme toujours, chez Eco, l'intrigue est placée dans un contexte historique terriblement bien documenté, et l'on voit sous nos yeux se créer une conspiration sous la plume d'un faussaire.
C'est terriblement bien écrit, dense, et passionnant.
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J'ai adoré ce livre, qui, comme d'habitude, est empli de savoir, sagesse, humour jusqu'à la provocation.
De multiples horizons s'ouvrent où tout est à découvrir, tout ? à vérifier?
C'est du grand Eco comme je l'aime.
Sa seule erreur, ou provocation, c'est d'avoir pris les juifs comme centre de son livre avec un narrateur au premier degré. Ce que tout le monde ne comprend pas.
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