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3,7

sur 356 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'est l'histoire d'un gars devenu un étourdi en étourdissant des bêtes.
Pas franchement rigolo, son récit marqué d'oralité, mais ce qu'il nous fait rire, Joël Egloff !
D'ailleurs, il « oublie » de donner un nom à son personnage.
Il pourrait s'appeler très bien « pupille de l'abattoir », comme on dit « pupille de la nation ».
Mais au bout de trois pages, on sait qu'on pourrait lui dire, par exemple, Vladimir. Ou Estragon. C'est vrai qu'il attend, il attend quelque chose, notre héros, mais la vie lui a enlevé les mots de la bouche, et il ne saurait nous dire ni qui, ni quoi, ni pourquoi.
On sent qu'il est le petit frère de Macha, d'Olga et d'Irina, bien que Moscou soit pour lui encore plus loin qu'il ne l'était pour elles.
De son paysage pas franchement bucolique – il a comme voisine la déchetterie – il voudrait parfois s'échapper.
Et pas vraiment : parce qu'au fond, on s'attache à tout, nous dit-il. A l'odeur d'oeuf pourri quand le vent vient de l'ouest, à l'odeur de souffre qui apparaît avec le vent de l'est, à ses propres « souvenirs qui ressemblent à des oiseaux mazoutés » (EFL 2006 : p. 12), aux matins pâteux qu'il faut apprendre à différencier de la nuit.
C'est un bon gars.
Fichtrement gentil : il n'arrive pas à annoncer la mort de son collègue (étourdi mortellement, celui-là : accident de travail) à sa jolie veuve. Pourtant, il s'était préparé un tas de phrases possibles. Sauf qu'aucune ne lui vient, et ce n'est jamais le bon moment. Alors il temporise entre un verre de liqueur et une collection de timbres. La visite se prolonge sans raison, mais c'est un peu comme tout ce qui nous arrive, n'est-ce pas, on ne peut pas lui en vouloir. Et puis, dehors, il y a les meutes de chiens errants qui attendent et te reniflent de loin, et quand ils sont sur tes traces, t'as plus le choix, tu fais comme tous les jours : tu cours, tu cours, tu cours, si tu veux sauver ta peau. Il vaut donc mieux se retrouver encore un peu à l'intérieur, quelque part.
Il porte aussi des jolies conversations avec l'instit qui amène les enfants faire des visites pédagogiques à l'abattoir : ils s'embrassent, s'assoient sur l'herbe, échangent des gentillesses et s'entraînent au bonheur – tout ça dans sa tête. Ce n'est pas sa faute que les jours passent si vite et qu'il n'arrive pas à aborder la jeune femme qui finira par ne plus y apparaître. Il gardera quand même ces bons moments passés avec elle par la pensée. Ça en fait des réserves de tendresse pour les longs hivers gris à côté de sa grand-mère qui n'a presque plus, elle, de souvenirs.
Il aimerait bien, lui aussi, un peu d'ambiance de Noël. Alors, il fait semblant et feint de sentir quelques flocons de neige, une trace de blancheur, un petit reste d'enfance même quand « une pluie chaude et grasse », « comme de l'huile de vidange » (p. 180) lui tombe dessus à grosses gouttes.
L'abattoir, pour notre Vladimir (ou Estragon), c'est comme la boîte noire qu'il trouve après le crash d'un avion : « c'est plein de malheur ».

Je remercie l'anonyme qui m'a laissé ce livre dans une boîte à bouquins d'une station de tram.
Je le prêterai avec plaisir à droite et à gauche, mais il ne passera plus la nuit dehors.
Parce qu'on finit par s'attacher à tout.
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Un vrai coup de coeur pour ce livre, bizarrement le deuxième que je lis en moins de deux semaines où le héros travaille dans un abattoir. A la différence du roman "Cadavre exquis" d'Agustina Bazterrica, dont la violence de plusieurs scènes en rend la lecture difficile, ce livre-ci est un vrai régal, usant d'un humour du désespoir qui fait penser à certains Chaplin tels que Les lumières de la ville ou Les temps modernes. Suivre les non-péripéties de la vie de cet homme sans âge, qui vit avec sa Grand-mère dans un pays où une des plus grandes distractions consiste à aller se baigner dans le bassin de la station d'épuration fut pour moi une des lectures les plus réjouissantes de ces derniers mois. Je pense que je reviendrai très bientôt vers ce Joël Egloff.
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Après avoir rencontré Joël Egloff au 34éme Festival International du 1er film à Annonay (07) qui présentait en compagnie de Gérard Pautonnier, le réalisateur, le film : "GRAND FROID" (le scénario de ce film est inspiré du livre de J. Egloff "Edmond Ganglion et fils"), j'ai eu très envie de relire " L'étourdissement" de ce même auteur. J'avais déjà lu ce livre ( Prix du livre INTER 2005) lors de sa parution.
C'est un superbe bouquin à l'humour irrésistible et d'une réelle poésie.
L'auteur décrit le quotidien d'une micro-société coincée entre un abattoir et un aéroport. Malgré les horreurs de la société industrielle poussées à l'extrême, le narrateur reste debout et digne quoiqu'il advienne.
C'est un roman sombre qui se déroule dans un décor sinistre, glauque, lugubre, morose, déprimant. Pourtant, la lecture de " L'étourdissement " nous emballe, nous fait rire, nous séduit, nous bouleverse... Je l'ai lu d'une seule traite!
Humour et poésie décrivent à merveille ce roman. Un petit bijou !
Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Malgré le lieu sordide, un travail horrible, ce roman est plein d'humour, j'ai adoré ce bouquin pour le personnage et ses jeux de mots, son perpétuel optimisme. Un livre qui fait du bien, décontractant, et qui nous fait prendre conscience qu'il y a toujours plus mal loti que soi. Car pour rien au monde j'aurai voulu partager la vie de ce personnage.
Carrément barré, loufoque et pourtant certainement qu'une population vit ce no man's land.
N'hésitez pas à lire ce livre qui a reçu le prix Inter et il le mérite.

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Il y a du L.F Celine chez cet écrivain en témoigne cette citation qu'on aurait très bien pu retrouver dans "voyage au bout de la nuit" : « je me suis dit qu'il devait quand même bien avoir quelques qualités, Pignolo, pour l'avoir séduite et affublée d'un nom aussi ridicule. Nous qui l'avons si souvent vu nu sous la douche, ça sautait pas aux yeux, en tout cas, ou alors c'étaient des qualités de coeur. »
D'ailleurs si je devais donner un autre titre à ce livre je l'appellerai voyage au bout du brouillard. Il y a en effet un passage dans le livre où notre héros se perd en vélo pour aller à son travail à l'abbatoir.... à cause du brouillard. Bref j'adore cet écrivain et j'adore son style
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Que dire de plus après cette critique très juste de Tombetoile ?sauf que moi,je souris,mais n'arrive pas à rire,tant ,malgré un humour noir,le désespoir est présent à chaque page tournée. C'est un univers bien étrange un mal de vivre ressenti, que le monde de Joël EGLOFF, en résumé :un zeste de R.Queneau,une pincée de R.Fallet et une bonne dose de Boris Vian ,vous mélangez ,vous obtenez un cocktail Joël EGLOFF et je vous conseille de le boire sans modération !
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J'ai adoré ce livre, j'ai de la chance en ce moment, je prends les livres au hasard et ils me ravissent tous.
J'ai pensé à l'univers toxique de Scintillation mais là nous avons l'humour et l'absurde en plus.
J'ai pensé à l'île aux déchets dans l'oeuvre des trois vies chinoises de Daï Sije mais avec le ton potache et le style si familier en plus.
Ce livre est une description de l'apocalypse une métaphore de la confusion existentielle des individus ponctué de critiques sur la condition naturelle et animale, avec une cruauté et un cynisme graves.
Un cadre horrible, des personnages glauques ou loufoques, une inertie générale où le temps n'existe plus, l'espace est un bocal, et où seuls les déchets peuvent pleinement exister.
Il y a du Ionesco, il y a du Kafka, en moins subtile, certes, mais cela ne laisse définitivement pas indifférent.
Un super moment de lecture.
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Autant le dire tout de suite la première fois que j'ai vu la couverture de ce petit roman je n'ai pas été emballée mais il s'agissaits d'un challenge dans mon lycée j'ai donc pris ce livre en me disant qu'il serait lu rapidement. Et là qu'elle surprise de découvrir un véritable coup de coeur il a été mon livre favoris pendant un certain nombre d'années. il figure toujours dans mon top cinq c'est simple c'est un livre que j'adore je trouve qu'il est particulièrement bien écrit et quand on aime l'humour noir c'est vraiment un must. Tout ici frôle l'absurde tout en côtoyant de très près le réel voir même le quotidien morose et monotone. La banalité presque saugrenue du personnage principal est ici un atout indéniable et il faut prendre les choses qui s'y passe au troisième voir quatrième degré . c'est simple on ne sait pas si l'on doit hausser un sourcil ou tout simplement éclater de rire ce que j'ai fait de nombreuses fois pendant la lecture. Je l'ai même lu et relu depuis un certain nombre d'années et je le conseille très franchement je pense qu'on aime ou qu'on aime pas mais moi c'est clair j'adore !!!
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Le pari d'être drôle au pays de la sinistrose est réussi.
Les personnages sont si attachants qu'on en oublierait presque la crasse dans laquelle ils évoluent. Presque car l'auteur n'a de cesse de nous y ramener.
Le style est un peu abrupt mais insuffle un peu plus de fangeux au climat.
Bon roman.
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Dans notre petit cercle d'Incorrigibles Joël Egloff est un auteur qui divise, en ce qui me concerne je fais partie de l'équipe qui apprécie beaucoup son style et ses romans.
J'avais aimé « Edmond Ganglion et Fils », j'avais adoré son recueil de nouvelles « Libellules ». Avec « L'étourdissement » je n'ai pas été déçue.
Dans ce roman j'ai tout aimé, les personnages, les décors, l'ambiance sordide, les situations complétement absurdes. L'auteur ne tombe jamais dans le misérabilisme.
Entre l'abattoir, les odeurs et la misère humaine rien n'est perçu comme négatif. le verre est toujours à moitié plein : les vacances au bord de la décharge sont extraordinaires, les décollages des avions sont réussis grâce à notre héros, il y a un trou dans le toit mais ce n'est pas grave on peut voir les étoiles ….
C'est bien écrit, plein de tendresse et d'humour.
J'ai hâte de me replonger dans un nouveau Egloff j'en ai un ou deux en tête …. Affaire à suivre.
Lien : http://le-club-des-incorrigi..
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