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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Texte fondamental du féminisme paru en 1973, cet essai présente certes des inexactitudes sur le plan historique - les auteures, d'ailleurs, le reconnaissent dans leur préface rédigée pour cette nouvelle édition/traduction. Il y a quarante ans, on disposait de moins d'informations sur la chasse aux sorcières ou sur l'histoire de la médecine, et certaines études ont depuis cette époque été contestées, voire démontées de bout en bout. Lesdites erreurs sont donc compréhensibles. Mais le propos de ce "Sorcières, sages-femmes et infirmières" n'en demeure pas moins incisif et important. le long processus de confiscation du domaine médical par les hommes et par la classe dominante est une réalité, et le dire en 1973 demandait un courage certain. Cela manifestait aussi une volonté forte de redonner aux femmes un rôle de premier plan dans l'univers du soin et de la médecine, alors qu'elles avaient, en particulier aux Etats-Unis, été reléguées aux emplois subalternes.
Pour tous ceux qui s'intéressent au féminisme ainsi qu'à l'histoire sociale, cet essai est donc à découvrir absolument.
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Sorcières, sages-femmes et infirmières est présenté comme un incontournable de la réflexion féministe. Et pour cause, il s'agit du premier ouvrage à ouvrir la voie de la recherche historique sur le corps médical, et en particulier sur la manière dont les femmes traditionnellement porteuses de soins ont été évincées de la médecine telle que nous la connaissons aujourd'hui. Ce récit historique est à replacer dans le contexte des chasses aux sorcières qui débutent à la fin du Moyen-Âge et se perpétuent jusqu'au XVIIe siècle. Les sages-femmes et soignantes sont progressivement remplacées au chevet des parturientes et des malades par des médecins soi-disant formés, des hommes imbus de savoirs théoriques et dont les remèdes (saignées et autres usages de sangsues) se sont avérés dans les premiers temps plus nocifs qu'autre chose.
Le pamphlet de Barbara Ehrenreich et Deirdre English, rédigé dans les années 1970, est très court - 120 pages à peine - et accessible à tous. Il a l'intérêt de poser les bases de travaux tels ceux de Silvia Federici - nettement moins digeste mais beaucoup plus complet ! Il permet d'amorcer une réflexion sur l'histoire oubliée des femmes soignantes. Malgré tout, je l'ai trouvé un peu "léger" au regard du prix proposé par l'éditeur et je regrette que la bibliographie originale n'est pas été complétée par des écrits plus récents. J'ai lu dans la foulée Fragiles ou contagieuses : le pouvoir médical et le corps des femmes, également intéressant mais avec les mêmes types de réserve. Je regrette - pour nos pauvres bourses - que Cambourakis n'ai pas pris le parti de publier les deux volumes en un seul.
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Extrait de chronique :
"Postulat. La médecine moderne, masculine et élitiste pose la science en dogme et mystique et sert depuis toujours la classe dirigeante. Elle s'oppose à une médecine empirique, féminine et ancestrale au service du peuple, du voisinage. Histoire. Au fil des siècles, un mythe se créé : la science, religion des hommes, est hors de portée pour les femmes, enclines à la superstition. Aux sorcières puissantes et malveillantes qui forniquent avec le diable succèdent les praticiennes incapables et irresponsables, puis les infirmières maternelles et dociles. Stéréotypes élastiques – condescendance, mépris et répressions fixes. Un écart hors du droit chemin ? Au bûcher ! Au foyer ! A l'usine ! Accès fermé, infantilisation : noyées, la tête dans la cuvette de l'ignorance et de la dépendance. Face à l'erreur, mieux vaut interdire qu'enseigner. En jeu, le monopole politique et économique de la médecine qui a « le pouvoir potentiel de déterminer qui doit vivre et qui doit mourir, qui est fertile et qui est stérile, qui est “fou” et qui est sain d'esprit ». Science critique et critique de la science médicale, de la séparation des fonctions de prescriptions et de soin, du lobbying des médecins contre les pratiques alternatives – qui est proche de l'état pèse sur la loi." (...) suite e la chronique sur le blog.
Lien : https://lesfeuillesvolantes...
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Si cet essai me semble essentiel à lire pour comprendre les avancées sur le sujet, il est loin d'être complet (mais les autrices en sont tout à fait conscientes et l'évoquent dans une préface faite pour la seconde édition de l'ouvrage, des années après sa première publication).

Le principal souci de cet ouvrage est le manque de données chiffrées et d'exemples concrets qui donne un rendu un peu hypothétique et sert plus à dégrossir le sujet et lancer des pistes sur l'histoire des femmes dans la médecine. Ce qui est dommage mais compréhensible à cause des données manquantes ou peu accessibles à l'époque de l'écriture de cet essai. il aura au moins permis à d'autres d'approfondir le sujet.

J'ai quand même beaucoup apprécié cette lecture puisqu'on nous montre comment le savoir des femmes a été effacé, comment elles ont été silenciées puis utilisées par les hommes.
Car oui, c'est de ça qu'il est question ici : un savoir-faire féminin gommé pour que les hommes assoient leur prétendu supériorité sur un corps et un savoir qu'ils n'ont pas en invoquant des excuses bidons (sorcellerie), en rendant le savoir seulement accessible aux hommes et aux élites (par la promulgation de lois interdisant d'exercer sans diplôme, d'écoles payantes/avec des critères sélectifs hyper restreints), en faisant des femmes des assistantes dociles pour qu'eux ne s'occupent que du “vrai travail” (bonjour la méthode Nightingale ou devrais-je dire la méthode “fais la serpillère pour servir monsieur le savant”).

Cet essai répond en partie à cette question : pourquoi le corps des femmes est si méconnu aujourd'hui. A vouloir asseoir leur pouvoir, les hommes ont proposés des théories vaseuses sur l'appareil génital féminin et sur tout ce qui l'entoure, menant encore aujourd'hui à des découvertes qui auraient pu être faites bien avant, si les femmes avaient été écoutées au lieu d'être réduites au silence.

Un ouvrage qui renforce ma conviction qu'il y a encore beaucoup de choses à faire évoluer !
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Enfin, je l'ai lu ! Merci à ma médiathèque qui vient de l'acheter. Publié il y a 50 ans (!), et traduit en France en 2014, c'est tout simplement un "essai" culte pour qui s'intéresse aux questions de féminisme et de santé. Il s'agissait à la base d'une brochure auto-éditée, qui a tant voyagé de mains en mains et eu tant de succès qu'elle a fini par devenir un livre.

L'édition de 2014, dans son introduction, redonne la parole aux autrices et leur permet d'ajouter des informations sur leurs recherches de l'époque ; car de l'eau a coulé sous les ponts depuis, et elles peuvent ainsi clarifier et/ou modifier certains passages. La recherche a depuis beaucoup évolué sur ces thématiques, aussi il s'agit d'un vrai point de départ pour qui souhaiterait approfondir les thèmes de la chasse aux sorcières ou de la professionnalisation du statut de médecin.

Lecture aisée et très intéressante, qui démontre l'importance du regard croisé : le patriarcat était à l'oeuvre, mais également la religion (bien sûr), la domination de classe, le racisme et même les femmes de droite - qui ne sont pas nos alliées !

Même sans être proche des mouvances de "sorcières" modernes, j'ai beaucoup appris et apprécié le propos des autrices.
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Publié en 1973 par deux militantes féministes américaines, cet essai s'intéresse à l'effacement des femmes dans le milieu médical aux Etats-Unis et à l'origine de ce phénomène. Si Barbara Ehrenreich et Deirdre English ne sont pas historiennes, leurs travaux ont permis une réflexion essentielle autour du sujet, pointant du doigt le système patriarcal et dominateur qui s'exerce (encore aujourd'hui) sur ce domaine.
Sciemment évincées par les hommes blancs, les femmes et les minorités ethniques ont fait l'objet d'une véritable discréditation de la part de la classe blanche dominante, qui a vu dans la médecine l'occasion de mettre la main économiquement et politiquement sur toute une partie de la population, au détriment de la santé de cette dernière.
Si la première partie, concernant la chasse aux sorcières, ne m'a pas appris davantage, j'ai en revanche adoré la seconde, qui se concentre sur une histoire un peu plus récente, avec par exemple, la naissance de la méthode Florence Nightingale, souvent reconnue comme la pionnière des soins infirmiers modernes. Je vous conseille d'ailleurs de regarder le documentaire Arte consacré à son histoire.

Bien sûr, l'essai, publié sous forme de brochure accessible au plus grand nombre, est à remettre dans le contexte de l'époque, et une nouvelle préface des autrices accompagne cette édition de 2015. Depuis, les recherches, sur les chasses aux sorcières notamment, ont évolué, et certaines des affirmations des deux militantes ont été remises en cause (elles s'en expliquent justement dans cette préface inédite). Néanmoins l'essai a le mérite de révéler , une fois de plus, comment le système patriarcal efface les femmes au détriment de l'ensemble de la société. En prenant le médical comme point de départ, Barbara Ehrenreich et Deirdre English ouvrent la voie à une réflexion sociale beaucoup plus large sur le conflit de classes qui a bien sûr divisé au sein-même du mouvement féministe.

Accompagné de nombreuses sources visuelles, l'ouvrage est très pédagogique et facile d'accès. J'ai maintenant très envie de lire le second : Fragiles ou contagieuses, le pouvoir médical des femmes, sur les discriminations dont les femmes peuvent être victimes au sein du corps médical.
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Très bon résumé du rapport de force et d'autorité dans le monde médical. Les autrices expliquent aussi très bien le manque de possibilités pour accéder à l'information et les originaux de la du "conflit". Il est écrit de façon très simple et concis. J'ai beaucoup apprécié qu'elle ai corrigé leur texte et expliqué le contexte dans lequel elle l'avait écrit. Je le recommande à tous celles et ceux qui veulent commencer à s'intéresser au lien entre le sexisme et la médecine.
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