Ce tome comprend les épisodes "Vertigo resurrected", "Hellblazer" 144 & 145, 245 & 246 et 250.
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- Shoot (1 épisode, 1999, scénario de
Warren Ellis, dessins de
Phil Jimenez, encrage d'
Andy Lanning - Jenny (une agente du gouvernement) enquête sur une série de meurtres de sang froid de lycéens dans différents établissements. Un lycéen apporte un pistolet, en abat un autre et se suicide. Sur les vidéos dont elle dispose, elle finit par constater la présence répétée d'un même individu : John Constantine.
Cet épisode fut écrit par
Warren Ellis en 1999, dans la suite de ceux qu'il a écrit pour la série (voir Haunted et Setting sun). La fusillade de Columbine (20 avril 1999) étant intervenue avant la parution de ce récit, DC Comics (Vertigo) avait pris la décision de ne pas le publier.
Cet épisode constitue une preuve éclatante du génie d'Ellis. En 22 pages, il raconte une horreur très réelle, sur la base d'un suspense implacable, prenant le lecteur à la gorge, sans image choc, sans en appeler aux sentiments les plus bas (voyeurisme ou chantage émotionnel). Il expose les faits, fait naître l'empathie par le biais de Jenny (personnage adulte et expérimenté, sans être cynique), augmente le malaise du fait de la natu
re des victimes (des adolescents ordinaires), et de l'obsession de Jenny pour le suicide collectif de Jonestown, en Guyane le 18 novembre 1978 (914 victimes).
Les dessins de Jimenez et Lanning s'inscrivent dans un registre réaliste et détaillé, méticuleux. Eux non plus n'ont pas recours au sensationnalisme. Ils montrent des gens normaux, des adultes effectuant leur métier d'enquêteurs, sur la base d'enregistrements de caméra de surveillance, d'entretiens. Ils permettent au lecteur de se projeter dans ce bureau ordinaire, aux côtés de cette femme qui regarde, qui analyse, qui émet des conjectures, qui discutent avec son collègue.
Avec cette histoire,
Warren Ellis,
Phil Jimenez et
Andy Lanning réalisent une histoi
re d'horreur parfaite, une courte nouvelle sans gros monstre surnaturel, sans voyeurisme, avec un regard pénétrant et inéluctable sur un des aspects de l'horreur de la condition humaine, se confondant avec l'une des composantes les plus horribles de la société humaine. Parfait et indispensable.
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- Ashes & honey (épisodes 144 & 145 parus en 2000, scénario de
Darko Macan dessins et encrage de
Gary Erskine) - En Angleter
re, dans une banlieue de Londres, Constantine est venu se recueillir sur la tombe de Kemal, le grand-pè
re de Samir dont la famille est issue de l'immigration (vraisemblablement d'origine afghane, ayant connu la guerre). Il entame la discussion avec Samir au sujet des bottes de son grand-père, mais aussi de phénomènes surnaturels inexpliqués.
Darko Macan est un auteur de livres et de bandes dessinées, d'origine croate. Il incorpore un élément surnaturel (des résurrections) qu'il traite avec précaution, en l'intégrant dans un contexte réaliste, aidé en cela par les dessins de
Gary Erskine, minutieux et plausibles (mais moins détaillés que ceux de Jimenez). le lecteur plonge doucement dans une ambiance glauque, qui aboutira sur un questionnement sur le déracinement et la préservation de la cultu
re d'un immigrant. Il n'y a pas de réponse facile ou toute faite, juste une mise en évidence d'une situation complexe, et d'individus qui méritent le respect.
Macan et Erskine respectent les conventions de la série "Hellblazer", se les approprient et réalisent un récit s'inscrivant dans le gen
re de l'horreur, comprenant un commentaire social délicat et pertinent. 5 étoiles.
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- Newcastle calling (épisodes 245 & 246 parus en 2008, scénario de
Jason Aaron, dessins et encrage de
Sean Murphy) - Un groupe de 4 jeunes d'une vingtaine d'années, a décidé de réaliser un documentaire sur les groupes punks oubliés et méconnus de la toute fin des années 1970. Ils se sont déplacés à Newcastle pour filmer sur le site du concert tragique des Mucous Membrane, le groupe de John Constantine.
Aaron et Murphy racontent une histoire bien noi
re de Constantine, avec apparition d'un démon, et individus torturés par leurs névroses et leurs obsessions. Aaron se repose sur une horreur plus traditionnelle, plus littérale que les 2 récits précédents. Murphy sait doser ses images, trouvant le juste équilibre entre suggestion et dessin explicite, pour un récit bien glauque. Mais après les 2 précédents récits, cette histoire fait figu
re de juste une bonne histoi
re d'horreur, sans ce regard dépourvu d'illusion sur l'humanité. 4 étoiles.
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- Épisode 250 - Il comprend 5 récits courts.
En 8 pages,
Dave Gibbons (scénario) et Sean Philips (dessins et encrage) racontent comment Constantine sauve un bébé d'un illuminé voulant le sacrifier à un démon oublié. Cela donne un récit haletant et horrifique de bonne facture, avec un Constantine cynique à souhait, se permettant un soupçon d'espoir, le soir du nouvel an. 4 étoiles.
En 8 pages,
Jamie Delano (scénariste) et
David Lloyd montrent Constantine assistant à une partie de poker, où les 2 joueurs ont des motivations fort différentes. Delano fait naître une tension du fait de la motivation du père, sur la base d'une horreur aussi insoutenable que réelle pour le père vis-à-vis de sa fille. Lloyd n'a pas son pareil pour faire apparaît
re des sentiments complexes sur les visages des protagonistes, ne laissant pas le lecteur indifférent. 5 étoiles pour un récit court, dense, et émotionnellement chargé d'une horreur très humaine.
En 8 pages,
Brian Azzarello (scénario) et
Rafael Grampá (dessins et encrage) racontent comment Constantine réalise un exorcisme sur une chèv
re dans un bar.
Azzarello narre son récit qui s'apparente à une farce bien noire, en vers peu faciles d'accès. Grampá réalise des dessins détaillés, à l'esthétique étrange mêlant réalisme et une forme de noirceur moqueuse. du fait de l'originalité de la narration, le lecteur pourra éprouver des difficultés à rentrer dans le récit. 3 étoiles.
En 6 pages,
Peter Milligan (scénario) et
Eddie Campbell (dessins et encrage) racontent comment Constantine venge le fantôme d'un politicien mort d'une malédiction. Il s'agit d'un récit bref et agréable utilisant de manière basique un élément surnaturel pour montrer les dommages collatéraux de l'ambition. 4 étoiles pour la noirceur et le cynisme du récit.
En 8 pages,
China Miéville (scénariste),
Giuseppe Camuncoli (dessins) et
Stefano Landini (encrage) racontent comment Constantine intervient dans un hôpital de fortune pour enfants ayant été victimes d'une pollution industrielle et voyant des apparitions. Cette histoire fait regretter que
Miéville (auteur de romans comme The City & The City) n'ait pas eu l'occasion d'écrire plus pour la série mensuelle. Il combine avec adresse horreur surnaturelle, et horreur d'un fait divers (de type explosion de l'usine AZF de Toulouse, le 21 septembre 2001). Les dessins et Camuncoli et Landini sont compétents et détaillés, avec une capacité déconcertante à retranscrire la morgue condescendante de Constantine. 5 étoiles.