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4,16

sur 194 notes
Le décor des Appalaches, un officier de policier sauvagement écrasé, des meurtres de jeunes filles et un shérif solitaire un peu essoré par la vie (cette faculté à construire des personnages d'enquêteurs au passé compliqué, constante des romans policiers, ne cesse de m'étonner ..)

Un thriller noir où défilent des photos de l'Amérique profonde, avec ses innombrables comtés et shérifs, ses populations agrippées à leur rocher où tous se connaissent et refusent l'étranger,
Des dialogues qui percutent, à la tonalité originale, mais une narration qui traîne en longueur dans la première partie. Si la fin du roman s'accélère dans une chasse à la vérité et aux très « méchants » impliqués, je reste déçue par une lecture qui piétine, une légère sensation de noyade dans trop de personnages et trop de descriptions géographiques, et une finalité assez logique.

J'ai connu R.J. Ellory plus inspiré dans la création d'une intrigue. le contexte d'une Amérique modeste et rurale est en revanche très pertinent.
Lecture en demi-teinte…
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J'ai eu la grande chance, grâce à La Librairie Noire, de pouvoir lire en avant-première, le roman de mon auteur favori RJ Ellory, roman qui paraîtra en français le 21 mars.

Une fois de plus, l'auteur m'a embarquée dans cette histoire, très sombre, impeccablement construite. J'aime vraiment cette façon de bâtir peu à peu pour nous, minutieusement, une intrigue sans hâte, vue par les yeux du personnage principal (je me lasse un peu, je crois, des romans frénétiques qui reposent sur une construction avec de multiples personnages/points de vue). le protagoniste central, Victor, est magistralement campé, tout en nuances. Je me suis prise d'affection pour lui, même si, par moments … il est loin d'être le “bon” parfait. Un humain, en somme. Les personnages secondaires sont également très travaillés et leurs motivations vraisemblables.

Je ne peux que vous conseiller de suivre Victor au coeur des Appalaches pour une enquête tortueuse, angoissante, avec quelques retournements de situation sidérants, une fin que je n'avais pas anticipée et une bonne dose d'émotion en prime.

Précommandez-le vite, il est excellent!
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Coup de Coeur !

"Au nord de la frontière" est un thriller magistral qui évoque autant "True Detective" que "Top of the Lake" !

R. J. Ellory cumule une intrigue complexe au suspense implacable et une histoire familiale d'une émotion rare qui cache un secret de famille bien gardé. Prenant pour cadre les Appalaches, région la plus pauvre des États-Unis, personnage à part entière du récit, l'auteur de "Seul le silence" et d'"Une saison pour les ombres" entraîne le lecteur dans un voyage aussi palpitant qu'inoubliable.

Victor Landis est shérif dans une petite ville de Géorgie. C'est un homme solitaire et taciturne qui a voué son existence au travail. Pour toute famille, il ne lui reste que son frère, Frank, avec qui il a partagé une enfance misérable avant qu'une brouille ne les sépare. Un frère qu'il n'a pas revu depuis onze ans...

Lorsque Frank est retrouvé mort dans des circonstances étranges, Victor décide de se rendre dans le comté de Dade, près de la frontière avec le Tennessee, afin d'en savoir plus. Là, il découvre que son frère avait une ex-femme, Eleanor, et une fille, dont il ignorait l'existence. Pour Jennifer, sa nièce âgée de dix ans, Victor doit tenter d'en savoir plus sur la mort de Frank.

Le voilà immergé au coeur des communautés isolées des Appalaches, où la drogue, les trafics en tout genre et la corruption sont omniprésents. Bientôt, sa piste le conduit à une série de meurtres inexpliqués de jeunes adolescentes…

Je remercie les @EditionsSonatine et @NetGalleyFrance de m'avoir permis de découvrir ce thriller que j'ai adoré.

L'intrigue complexe nous dévoile peu à peu deux enquêtes que Victor va mener en parallèle : celle sur l'assassinat non élucidé de son frère et celle sur le meurtre en série de trois jeunes adolescentes. Peu à peu, Victor va découvrir qu'il existe un lien entre les deux.

La structure narrative est très bien maitrisé, le suspense est omniprésent et le rythme va crescendo avec une première moitié de roman plutôt lente et une seconde qui accélère de plus en plus jusqu'au dénouement explosif.

La psychologie tourmentée de Victor est très bien détaillée : au début, il semble victime d'aveuglement à cause du ressentiment qu'il éprouve encore envers son frère, ce qui l'amène à faire fausse route dans son enquête. Progressivement, il prend conscience qu'il a sa part de responsabilité dans la dispute qui a mis fin à la complicité avec son frère et il comprend enfin qu'il s'est fourvoyé complètement.

J'ai beaucoup aimé le lien touchant qu'il va développer avec sa nièce qui l'aide, du haut de ses dix ans, à ouvrir les yeux. Tout comme la complicité qu'il entretient avec sa secrétaire, Barbara, qui est un personnage à l'humour décapant irrésistible qui m'a fait beaucoup rire.

Une belle palette de personnages adorables ou détestables, un style fluide et une plume addictive font de cette lecture un moment très agréable que je recommande vivement !
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Deux frères, Frank et Victor Landis, deux shérifs dans deux comtés différents. Une brouille vieille de dix ans qui les a séparés de façon irrémédiable. Mais lorsque Victor Landis apprend la mort de son frère Frank, c'est tout un passé qui ressurgit. Celui-ci a été assassiné, cela ne fait aucun doute, au vue des différents éléments réunis. A l'enterrement, Landis découvre l'ex-compagne de Frank et surtout une nièce dont il ignorait l'existence. Landis va vouloir faire la lumière sur ce crime tandis que dans un même élan il voit surgir une affaire sordide, le meurtre de trois adolescentes retrouvées dans la région. Il est chargé de l'affaire et comme à chaque fois avec R.J. Ellory, les différents fils de cette histoire vont faire peu à peu sens, nous plongeant dans une atmosphère anxiogène et paranoïaque. le point fort de R.J. Ellory réside dans cette capacité à tisser des histoires très sombres tout en offrant une densité psychologique passionnante aux différents personnages. Une tension, un rythme, qu'il maîtrise à la perfection. Ici, la relation qui se tisse entre cet oncle Landis et sa nièce est très belle. Tout d'abord gêné voir réticent face à l'affection de cette enfant de onze ans, Landis prend peu à peu sa place dans cette famille qu'il ne connaissait pas. La sensibilité est aussi présente lorsqu'il doit annoncer aux parents des adolescentes qu'elles ont été assassinées. Cela nous offre quelques très belles pages, pleine de pudeur et d'émotions mêlées. Landis va découvrir ce qu'il ne soupçonnait pas. Les ramifications d'une histoire qui prend sa pleine mesure dans les cents dernières pages du thriller. R.J. Ellory lâche alors les coups et l'histoire de prendre une tournure très violente que l'on ne soupçonnerait pas au début de celle-ci. La description des liens unissant Victor Landis à sa nièce nous offre également de beaux moments. Ce frère qu'il pensait connaître, en mal, il le découvre peu à peu dans sa complexité d'homme. Victor aussi chemine, lui qui est veuf depuis dix ans, d'une compagne qu'il a laissé tomber alors qu'elle était malade. Chacun porte les stigmates des choix faits au cours d'une existence. En voulant enquêter sur la mort de Frank, Victor doit fait preuve d'introspection. « Au nord de la frontière » est un excellent thriller, un véritable page-turner doté d'une fin captivante. On lit R.J. Ellory pour ressentir toutes ces émotions. On ne le présente plus car c'est une valeur sûr, depuis une quinzaine d'années déjà, que le public français l'a découvert avec « Seul le silence. » Alors je ne vais pas vous surprendre si je vous dis que je recommande cette nouveauté « Au nord de la frontière » de R.J. Ellory chez Sonatine.
Lien : https://thedude524.com/2024/..
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RJ Ellory nous propose cette année un bon polar dans lequel 2 enquêtes vont se chevaucher. Victor Landis, le shérif d'un comté de Géorgie, se voit attribuer l'enquête d'une jeune femme retrouver morte près d'un lac. Il va vite s'apercevoir que ce meurtre est lié à d'autres meurtres de jeunes femmes qui ont eu lieu ces derniers temps sur plusieurs autres ressorts que sa propre juridiction. Il va les prendre en charge et va devoir ménager son réseau de bureaux de shérifs pour mener à bien son travail.

Mais l'enquête qui va le plus l'atteindre est celui du meurtre de son propre frère. Ils ne s'étaient plus adressé la parole depuis une dizaine d'année et on va comprendre pourquoi vers la fin du roman. le savoir mort dans de telles circonstances l'émeut bien sûr, même après une si longue période.

Seulement, il pense qu'il va pouvoir vite tourner la page. Mais il va découvrir lors de l'enterrement de son frère qu'il était père d'une petite fille, née d'un précédent mariage. Celle-ci va lui faire promettre de résoudre l'enquête pour qu'elle puisse comprendre pourquoi son papa n'est plus là.

Les polars ont ceci de particulier que les inspecteurs/commissaires/policiers en tout genre/shérifs ont souvent un passé lourd (traumatismes,…), qu'ils sont célibataires, pas d'enfants, qu'ils ont mis leur vie de côté pour se consacrer à leur boulot et qu'ils ne sont pas drôles, pessimistes, … bref, ce n'est pas la joie. L'auteur nous propose un personnage de ce style, en tout cas, c'est ce que la lectrice que je suis a pu ressentir au départ. Finalement, l'auteur dépeint un personnage sensiblement différent en lui donnant un caractère attachant, d'une part, par la proximité qu'il cultive avec son équipe et avec les habitants de son ressort, et d'autre part, par les émotions grandissantes qu'il ressent vis-à-vis de sa nièce. Cette petite fille va lui parler très directement et cela va le toucher car peu de personnes lui parlent aussi directement qu'elle, de manière certes naïve, mais avec beaucoup de sincérité et de générosité. Elle va s'attacher à lui et demandera régulièrement à sa mère de le voir. Et il va le faire, mais avec beaucoup de réticence au départ. C'est vraiment le fil rouge de ce roman : l'émotion d'un homme qui avait tiré un trait sur sa vie personnelle et qui se remet en question face à cette petite fille. L'auteur fait évoluer son personnage principal au regard de cette relation qui se créé entre eux et le lecteur ne peut que s'attacher à ce shérif.

Au-delà de cette rencontre, j'ai apprécié que l'auteur nous rappelle régulièrement le cheminement de pensée du shérif lors de ses enquêtes : les personnages sont relativement nombreux et les rencontres entre le shérif et les potentiels témoins se succèdent, sans que l'on puisse parfois déceler ce qu'il a pu en retirer. J'ai eu parfois la sensation que les enquêtes n'évoluaient pas et ce rappel m'a permis de ne pas me perdre. Je n'ai pas été plus surprise que cela du résultat de l'enquête mais en réalité, la montée en tension de cette fin de roman est très prenante : je n'ai plus quitté le roman jusqu'à la toute dernière ligne pour savoir le fin mot de cette histoire.

En bref, un roman émouvant, sur le bouleversement de la vie, somme toute monotone d'un shérif d'un petit comté isolé. Des enquêtes qui vont le marquer et qui va le sortir de sa zone de confort. Un remise en question que le lecteur ne peut que suivre avec attachement et émotion.

Je remercie les Editions Sonatine pour leur confiance.

Lien : https://letempsdelalecture.w..
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Comme le mentionne l'éditeur, Au nord de la frontière est un « thriller magistral [qui] cumule une intrigue au suspense implacable et une histoire familiale d'une émotion rare [ayant] pour cadre les Appalaches, région la plus pauvre des États-Unis, personnage à part entière du récit. » Meurtres, corruption, trafic de drogue, enlèvements, violence… sont au rendez-vous dans une atmosphère sombre et oppressante. Mettant en scène Victor Landis, shérif taciturne de Blairsville, presque asocial, tourmenté à cause du ressentiment qu'il éprouve envers son frère Franck, shérif à Trenton, dont on découvrira sur la tard la raison de ce conflit.

Dès les premiers chapitres, l'auteur décrit ainsi, en deux paragraphes, leur contexte familial :

« Frank et Victor Landis descendaient d'une lignée de personnes dures et laconiques. Leurs ancêtres se méfiaient des mots qui excédaient trois syllabes, des banques, des assureurs, des machines automatiques, des végétariens, des choses faites rapidement quand elles demandaient de la patience et du temps. Leurs grands-parents et arrière-grands-parents avant eux venaient du Midwest, où les granges monolithiques - maladroitement inclinées entre un paysage desséché et un ciel vide - étaient souvent le seul signe que l'homme avait foulé la terre. Leur père, Walter Landis, avait été un homme aux espoirs illusoires, constamment certain que l'avenir effacerait le passé. Il avait les épaules étroites et la charpente anguleuse, n'avait jamais dansé et ne le ferait jamais. Il portait une montre achetée dans une boutique de prêteur sur gages, la trotteuse mal fixée bougeant librement derrière le cristal rayé. Pas besoin des secondes, disait-il. Même pas des minutes. Les heures peuvent servir, parfois les jours pour les anniversaires et tout, mais ici c'est les saisons qui comptent. Il était rompu au travail et trimait à toute heure. Et le reste du temps, il se tenait silencieux et emprunté comme s'il attendait des instructions. Ou bien il demeurait sur le porche, les yeux tournés vers le ciel comme s'il estimait la distance entre la Terre et quelque autre monde où il trouverait plus aisément sa place. »

« Au nord de la frontière » nous entraîne dans le quotidien des forces de l'ordre de la Géorgie et du Tennessee à l'automne 1992. Ce qui donne lieu à mettre en lumière les relations, les territoires et les champs de compétence entre shérifs, département de police, Unité de collaboration judiciaire et FBI. le tout reposant sur un travail de recherche poussée que R.J. Ellory a dû effectuer sur les rouages administratifs des comtés, sans oublier le repérage des différents lieux où se déroule l'action.

L'enquête de Victor Landis progresse lentement au rythme du cheminement et de l'évolution psychologique de ce dernier prenant progressivement conscience de sa part de responsabilité dans la dispute qui l'a opposé son frère pour finalement reconnaître son erreur.Les hypothèses qu'il formule de façon ponctuelle, refaisant périodiquement le fil des événements en cours de progression de son enquête, alimentent un suspense efficace en crescendo jusqu'à la dernière portion du roman où les choses s'accélèrent pour nous faire assister à un dénouement violent et sanglant.

Tout au long du scénario où évoluent un très grand nombre de personnages complexes sympathiques ou détestables, R.J. Ellory fait à l'occasion baisser la tension en insérant des scènes plus légères comme la description d'une fête foraine à Trenton :

« le croissant de tentes avait dissimulé la foule qui s'était réunie. Il était un peu plus de 10 heures, mais des centaines de personnes étaient déjà présentes. Des stands de nourriture débordant de pickles, de viandes séchées et de bocaux; une franchise de hot dogs avait attiré une file de dix bons mètres de long; il y avait des ateliers de peinture sur visage, une troupe de jongleurs, un type sur des échasses vêtu comme Abraham Lincoln, une jeune femme portant une panoplie de clown et tenant tellement de ballons de baudruche qu'elle semblait devoir faire un gros effort de concentration pour ne pas décoller du sol. […] Loin sur la droite se trouvait un chapiteau, au-dessus de l'entrée duquel une banderole annonçait ‘' SAUVAGES ET SENSATIONNELS ‘'. »

Et cette réflexion sur le destin parfois dramatique des gens ordinaires :

« Landis regardait les gens sur le trottoir. Un millier d'histoires différentes qui défilaient, et ces histoires changeaient chaque fois qu'elles étaient racontées. La vie était tout sauf une ligne droite. Parfois les choses s'emmêlaient tellement qu'il était impossible de les démêler. Les mauvais souvenirs avaient le don d'évoluer au fil du temps, comme si l'esprit s'arrangeait pour les rendre plus acceptables. Personne ne se remettait jamais vraiment du passé; on trouvait juste un moyen de s'en sortir avec aussi peu de dommages que possible. Et rien n'était jamais oublié non plus. On choisissait juste de ne pas se souvenir. »

Ainsi que celle-ci sur le dilemme auquel peut être confronté un policier :

« Nous prêtons serment. Nous nous engageons à faire respecter la Constitution et les lois de l'État. Nous défendons les citoyens contre tous les ennemis, à l'étranger comme sur le territoire. C'est ce que nous promettons de faire. Qu'est-ce qui se passe quand les ennemis sont à l'intérieur? Qu'est-ce qui se passe? Si nous violons une loi pour en faire respecter ou appliquer une autre? de quel côté sommes-nous? Ou, plutôt, comment cela sera-t-il perçu? »

Ajoutons que la complicité qu'entretient Victor Landis avec Barbara, sa « standardiste », ponctue le scénario d'un humour incisif qui contribue à rendre le shérif sympathique.

L'auteur excelle également dans les descriptions de lieux et de personnages. À titre d'exemples, j'ai retenu les trois extraits suivants :

« La voûte des arbres ressemblait à un tunnel, et il parcourut bien quatre cents mètres avant d'atteindre une large maison basse à l'avant de laquelle courait une véranda dont la rampe et les marches étaient pourries par endroits. La peinture était craquelée; des morceaux de blanc s'étaient arrachés de la façade. La pelouse devant la maison n'était constituée que de pans d'herbe desséchée, avec ici et là des petits arbustes, deux troncs d'arbres, plus un chemin de terre irrégulier qui reliait la maison à une grange sur la droite. »

« Cette nuit-là, un froid brutal s'abattit. Les vêtements sur le fil à linge étaient aussi raides que de la viande séchée. »

« Les signes révélateurs [de Victor Landis] se trouvaient dans ses yeux, son langage corporel, ses manières, sa façon de parler. Tout comme le père de Landis, c'était un homme qui avait atteint un point dans sa vie où il savait qu'il ne serait jamais ni plus ni moins que ce qu'il était déjà. Et vivre avec une profonde déception en soi n'était pas une vie. »

Il n'hésite pas à aborder et à justifier des scènes horrifiantes de torture et son impact sur le supplicié :

« […] était maintenant effrayé; c'était évident. Il avait fallu qu'un shérif et un inspecteur de police fassent silencieusement et méthodiquement preuve d'un degré considérable de violence pour qu'il comprenne qu'il n'y avait que deux issues possibles. Soit il leur disait ce qu'ils voulaient savoir, soit il mourait. Son instinct de survie s'était réveillé, et avec force. »

Ou sur la description dans les moindres détails de l'exécution par électrocution d'un condamné : « Je vais vous expliquer exactement comment ça se passe. » Coeurs sensibles soyez avertis.

Quoiqu'il en soit, Au nord de la frontière nous fait découvrir certaines réalités locales. Comme lorsque Victor Landis apporte « une bouteille de rye et un paquet de viande fumée » ou « cuissot de cerf enveloppé dans du papier paraffiné » pour faciliter son contact avec un interlocuteur.

Et qu'un shérif a « légalement le droit de traverser n'importe quel comté à la poursuite d'un criminel. »

Et cette aventure culinaire appalachienne : la fricassée de « boomer » :

« Un croisement entre un tamia et un écureuil gris. Faites-le frire avec des patates. » « Et aussi des oignons, peut-être des poivrons. » « Même si [la faim de Victor Landis] fut assouvie, il ne pensait pas en manger une seconde fois. Passe encore que la viande soit coriace, mais elle avait une texture qu'il n'appréciait pas trop. »

« Parfois il faut faire ce qu'on sait juste, sans se soucier des conséquences. » Cette phrase pourrait résumer à elle seule le thème de cet autre excellent roman de R.J. Ellory qualifié par Michael Connelly de « magnifique et envoûtant. Un tour de force ».

Ce 15e roman publié aux éditions Sonatine est un tourne-page étalé sur 93 courts chapitres dont il vous sera difficile de décrocher grâce au style percutant de l'auteur. Bien que la traduction française des dialogues ne témoigne pas de la langue parlée dans cette région du sud-est des États-Unis.

Roger Jon Ellory est originaire de Birmingham, en Angleterre. Orphelin très jeune, il est élevé par sa grand-mère qui meurt alors qu'il est adolescent. Il est envoyé en pensionnat et c'est à cette période qu'il se découvre une véritable passion : la lecture. En dehors des périodes scolaires, il est livré à lui-même et se livre à de petits délits dont le braconnage, ce qui lui vaudra un séjour en prison. Cherchant une façon de s'exprimer artistiquement, R.J. Ellory monte d'abord un groupe de blues avant de se lancer dans la photographie.

Son goût pour la lecture l'amène également à s'intéresser à l'alphabétisation et à faire du bénévolat dans ce domaine. Parallèlement et alors qu'il n'a que 22 ans, il commence à écrire. La vingtaine de romans qu'il écrit entre 1987 et 1993 ne trouvent, malgré ses tentatives acharnées, aucun éditeur des deux côtés de l'Atlantique. Il devra attendre 2003 pour que Papillon de nuit soit publié par Orion.

Le succès est quasiment immédiat. Il obtient le prix Nouvel Obs/BibliObs du roman noir 2009 pour « Seul le silence », son premier roman publié en France qui devient rapidement un best-seller. À travers toute son oeuvre, Roger Jon Ellory met en scène dans de sombres fresques une Amérique meurtrière et rongée par la culpabilité, loin de l'Angleterre qui l'a vu naître.

Merci aux éditions Sonatine pour le service de presse.


Originalité/Choix du sujet : *****

Qualité littéraire : ****

Intrigue : *****

Psychologie des personnages : *****

Intérêt/Émotion ressentie : *****

Appréciation générale : *****

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Quand on a écrit un livre comme "Seul le silence", un de mes coups de coeur éternels, je ne peux que rester fidèle à cet auteur.

Ici, j'ai été le témoin muet qui a suivi Victor dans sa quête pour comprendre qui a tué son frère flic et pourquoi, qui s'est découvert une ex-belle soeur et une nièce attachante, qui va enquêter sur des jeunes filles mortes retrouvées dans plusieurs comtés voisins.
On est dans les années 90, il réfléchit Victor, et il interroge les policiers, les familles, les mauvaises personnes...

Dans les livres de R.J. Ellory, pas de tueurs sanguinaires, pas d'analyses d'indices, de pathologies psychiatriques, d'ADN ou de police scientifique.
Non, c'est un peu du policier à l'ancienne, pas d'effets de manches, on est plus dans le fond que dans la forme.
C'est lent, très lent, mais je cligne des yeux et j'ai lu cent pages... Cette ambiance... Et qu'est-ce que j'aime ses personnages, c'est selon moi son atout majeur !

Bon ben plus qu'à attendre le prochain maintenant...
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Lors de ma lecture de « Au nord de la frontière », j'ai ouvert une carte des États-Unis. Si vous me suivez depuis quelque temps, vous savez que c'est quelque chose que je fais régulièrement, car je veux comprendre le chemin qui est pris, les routes empruntées et savoir si chaque mention s'emboîte parfaitement dans la précédente. Je ne sais pas comment fait R.J. Ellory du fond de son Birmingham natal pour ne jamais se perdre sur les routes américaines, mais il est sans doute le plus américain de nos auteurs british ! Venez vivre un voyage fascinant au coeur de régions désertifiées et isolées où vivent deux frères fâchés.

« Au nord de la frontière » raconte l'histoire de Victor Landis, shérif de son état à qui l'on annonce la mort de son frère cadet Franck Landis, également shérif de son état. Les deux hommes ne se parlaient plus depuis des années, une brouille sibylline qui a commencé par les poings et s'est soldée par le silence. Lorsque Victor entreprend le voyage qui va le mener jusqu'à lui, dans le comté de Dade, près de la frontière avec le Tennessee, il ne sait pas encore que son frère a été écrasé, qu'il était marié et avait une fille. Son corps, retrouvé tout près de la frontière avec le Tennessee alors qu'il allait vers le Nord, laisse entrevoir les tréfonds d'une enquête dont il n'a parlé à personne : une série de disparitions et de meurtres de plusieurs jeunes filles. C'est au nord de cette frontière, près des Appalaches, dans des villes isolées habitées par des communautés pauvres où certains individus sont prêts à tout pour remplir un peu leur portefeuille, que RJ Ellory nous entraîne.

« Au nord de la frontière », c'est d'abord l'histoire de Victor, personnage phare du roman. Voilà bien des années que Victor s'est barricadé de l'intérieur et ne laisse personne entrer dans son cercle intime. Pour éviter de souffrir ou d'être déçu, Victor range ses émotions dans une boîte et jette la clé. Quiconque pourra pénétrer dans la vie de cet homme et se targuer de connaître ses émotions n'est pas encore né. Ce mécanisme de défense trouve sa source des années auparavant dans la relation qu'il avait son frère. Depuis cette brouille, au seuil d'une vulnérabilité tangible, Victor a choisi de garder une distance émotionnelle avec toute chose. Certes, il se protège des autres, mais surtout de lui-même et son métier de shérif l'aide bien : il garde à distance les êtres et les faits, travaille de manière autonome, et aime beaucoup cette indépendance qui lui permet de prendre de la hauteur et de ne pas s'engager émotionnellement.

Or, lorsqu'il se rend « Au nord de la frontière » pour identifier le corps de son frère, des souvenirs qu'il avait enterrés au plus profond de lui refont surface. Ses émotions se réveillent et rallument une flamme qu'il croyait définitivement éteinte. La violente dispute qui l'a opposé à son frère refait surface. Au fil de son enquête, quelques révélations viendront secouer ses certitudes sur les origines de cette brouille, les conséquences désastreuses sur le devenir de leur relation et l'impossibilité de réparer. Car, Franck est mort. Il n'y a plus d'explication, de pardon, de réconciliation possible. Il faudra à Victor le courage de vivre avec ce fardeau.

C'est toujours intéressant d'analyser l'oeuvre d'un auteur dans son intégralité. Si vous lisez régulièrement Ellory et connaissez un peu l'histoire de sa vie, vous aurez certainement constaté que la résilience, la remise en cause des certitudes, le fait de toujours s'interroger sur soi-même fait partie de ses thématiques récurrentes. « Au nord de la frontière » ne fait pas exception à cette règle. Qui peut se targuer d'avoir toujours eu raison dans ses choix et ses réactions ? Pas les personnages d'Ellory en tout cas ! L'examen intime du passé est une récurrence dans son oeuvre et la remise en cause des événements se fait toujours grâce et par les autres. Il me semble que nous partageons tous les deux la conviction que nous tirons toujours profit des interactions avec l'Autre. C'est grâce et à travers les autres que nous apprenons le plus sur nous-mêmes et que nous nous enrichissons. C'est à travers l'Autre que nous interrogeons nos certitudes et que la balance conviction-doute s'équilibre.

L'arrivée inespérée de la fille de Franck, Jennifer qui séduit par son franc-parler en est une jolie preuve. Elle possède la spontanéité des enfants, de son âge, et la franchise toute américaine de ces êtres en devenir. (c'est d'ailleurs finement observé de la part d'Ellory : les enfants américains sont très différents des enfants français dans leur capacité à dire sans filtre ce qu'ils pensent.) Parallèlement, Victor a un bras droit, Barbara, qui a une sacrée répartie et qui ne le laisse jamais se reposer sur ses lauriers. Elle est franche, très directe, et s'autorise une liberté totale dans ses paroles. Ces deux portraits féminins, chacun à leur manière, autorisent une remise en question régulière, des actions ou des émotions de Victor. Cette mise en abîme de l'obsession pour les liens familiaux ou amicaux interroge régulièrement l'auteur dans l'ensemble de son oeuvre.

« Au nord de la frontière » regroupe à la fois un lieu et une ambiance, aussi importants que les personnages ou que le fil rouge de l'enquête. À peine quelques kilomètres séparent les deux frères, mais les choses et les êtres ne sont pas aussi gangrénés d'une région à l'autre. Il faut comprendre comment vivent les gens dans les lieux isolés, à quel point ils sont soudés, par choix ou par peur. Si quelque chose dérape, personne ne viendra les sauver, ils sont trop loin de tout. Ces longues routes interminables pour se rendre d'un point à un autre laissent le temps de se pencher sur soi-même, d'analyser des situations, de se remettre en question. « Le Road trip » américain a ceci de fascinant qu'il déclenche l'introspection. Ainsi, au fur et à mesure de ses aller-retour et de son enquête, Victor Landis fait le point sur ce qu'il a dit à son frère, et sur ce qui a été asséné sans possibilité de le rattraper « Landis se rappelait les derniers mots qu'il avait adressés à son frère. Pour toi, il n'y aura jamais de lumière à ces fenêtres. Tu ne seras jamais le bienvenu ici. Tu es peut-être de ma famille, mais à partir de maintenant et jusqu'à la fin des temps tu n'existes plus pour moi. »

Dans les romans de R.J. Ellory, il y a toujours des paroles qui font écho et que je garde en moi. Dans « Au nord de la frontière », au-delà des apparences, existe une vérité que Victor n'a pas voulu voir. N'avons-nous pas tous cette propension à nous voiler la face ? Que faire lorsque l'on décide de faire rejaillir les souvenirs pour déconstruire tout ce que l'on croyait savoir de l'autre ou de soi-même ? « Le passé est le passé. On ne peut pas le changer, quoi qu'on fasse. La seule chose qu'on puisse faire, c'est modifier la façon dont on le voit. » Ou encore : « Il avait beau essayer, le passé ne pouvait être réparé. le passé était une marque nette qui remontait jusqu'au début de sa vie. Il pouvait continuer dans la même direction, ou s'inventer un chemin différent dans l'espoir que la destination serait meilleure. » Ce passé qui nous hante, nous obsède, nous fait dévier de nos routes, peut-être est-il temps de le laisser tranquille….

« Au nord de la frontière » est à la fois une plongée profonde dans l'âme humaine, une exploration des liens familiaux et une réflexion sur la résilience face au passé. R.J. Ellory sait toujours autant me toucher…

« Au nord de la frontière », The last Highway est le dernier roman traduit par Fabrice Pointeau, la seconde voix de RJ Ellory. Qu'un hommage sincère lui soit rendu ici.

Traduction révisée par Pierre Delacolonge
Lien : https://aude-bouquine.com/20..
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R. J. Ellory embarque ses lecteurs au fin fond de la Georgie, vers Trenton, dans le Comté de Dade, au plus au nord de l'Etat, touchant le Tennessee et l'Alabama. C'est cette position, au carrefour de plusieurs droits judiciaires particuliers à chaque état fédéré, que se situe la grande criminalité décrite dans ce nouveau thriller, Au nord de la frontière. Ici, les manoeuvres illicites en tous genres sont habituelles, de la drogue à la prostitution en passant par l'alcoolisme.

Seulement, l'écrivain ne s'en contente pas ! Il accompagne son thriller de la renaissance de son enquêteur, un simple chérif, aux prises avec des souvenirs biaisés qui l'ont pourtant aidé à vivre mais qu'il devra remettre en question devant d'autres évidences. le thriller de R.J.Ellory Au nord de la frontière est presque un alibi à la complexité psychologique, toujours aussi fouillée.
Brins d'histoire

À l'occasion du décès de son frère, Franck, Victor s'attelle à comprendre ce qui lui est arrivé. À peine deux cents kilomètres les séparaient et pourtant onze ans, qu'ils ne s'étaient vus ! Un an les séparait à leurs naissances, tout un univers à l'âge adulte. Tous deux ont consacré leurs vies à l'application de la loi en étant shérifs de leur communauté. Lorsque Victor apprend la mort de Franck, le samedi 15 août 1992, il ne peut que partir découvrir ce qu'il lui est arrivé.

Seulement, une autre enquête démarre aussi : la découverte du cadavre d'une jeune fille sur son territoire va absorber aussi toutes ses pensées. Retrouvée morte dans un lac, s'est-elle noyée ou a-t-on transporté son corps ? Elle s'appelait Ella May Rayford et présentait des traces de ligatures sur les chevilles et les poignets et semblait avoir été droguée. Elle n'avait que seize ans ! Deux meurtres d'adolescentes suivront dans d'autres états, de quoi déclencher des investigations d'envergure !
Une atmosphère !

Ce thriller est d'abord une ambiance, celle des bourgades du nord de la Georgie. Peu d'habitants aux kilomètres carrés, les montagnes des Appalaches forment une toile de fond et la forêt nationale Cherokee du Tenessee plonge les lecteurs dans une nature luxuriante. Peu d'affaires de meurtres dans ce pays où les habitants sont coutumiers à s'entraider. Élu par les habitants pour une durée de quatre ans, le shérif connaît particulièrement bien les problèmes de son comté. Ici, le fait que cette partie de l'Etat soit voisine avec plusieurs comtés et plusieurs Etats, rend l'administration d'affaires délictueuses plus complexes.
Un métier spécifique !

La mode des westerns nous a fait connaître les shérifs, Ici, R. J. Ellory appréhende à travers un beau portrait d'homme d'âge mûr, ses fonctions. Victor 46 ans, veuf sans enfant est un homme intègre, qui conçoit son métier comme un sacerdoce. L'écrivain le décrit en policier, teigneux, un peu taiseux mais si humain et bon qu'on s'en étonne. Pourtant, rien ne le relie à la vie, uniquement sa rectitude à la loi et un haut sens moral de l'intérêt de son travail.

Tout au long de cette enquête, la peur sert le ventre du lecteur. Que toutes les destructions qu'il ne cesse de découvrir sur sa route, ne mettent pas à mal ce caractère droit. Les voeux les plus chers sont que R. J. Ellory l'épargne, car nous et lui, on aime, on espère, que le monde n'est pas si mauvais et que personne n'essayera de l'atteindre, même par ses proches. Et lentement, l'étau se resserre jusqu'à en devenir insupportable !
De façon plus concise

Sur fond d'une double enquête, R. J.Ellory décrit la renaissance d'un homme, enfermé dans sa solitude, qui apprend petit à petit à revivre, à sortir les fantômes de sa vie passée pour retrouver le goût des autres. Un long cheminement parfaitement raconté sans en avoir l'air, tant le héros est occupé à résoudre un triple meurtre, et trouver l'explication du décès de son frère.

Comme à son habitude, le style et l'intrigue sont parfaitement maîtrisés. Au nord de la frontière est un thriller qui se déguste lentement, comme un bonbon en bouche !
Hommage au traducteur

Que serait un écrivain sans son traducteur. Celui de R. J. Ellory, François Pointreau a collaboré à la traduction d'Au nord de la frontière et à bIen d'autres titres de l'éditeur Sonatine. Il est décédé en avril 2023.

Au cours de ma lecture, m'est venue l'idée de lui rendre hommage en relevant les aphorismes que R. J. Ellory a parsemés Au nord de la frontière. Aucun relevé exhaustif, juste un clin d'oeil a des expressions qui m'ont fait sourire, quelques fois plus, en tout cas, toujours exprimant beaucoup la sagesse d'un terroir.

Si un gars traîne avec des mouflettes, il finira à coup sûr par sentir comme elles.
Quand on va dîner avec le diable, on prend une grande cuillère.
Grattez le mensonge vous trouverez le truand !
Autant essayer de tire du sang d'un navet !
Et bien, pendant que vous y serez occupé à tousser, assurez-vous de ne pas vous étouffer, hein.
le sentiment qu'il avait attaché son cheval à un piquet qui n'existait pas.
La pauvreté poussera un singe à manger du poivre.
C'est le cheval qui tire le pus fort qui reçoit le plus de coups.

Lien : https://vagabondageautourdes..
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Coup de coeur pour ce polar poignant et palpitant. Voilà un roman policier comme je les aime, il y a des méchants et des gentils, des méchants-gentils et des gentils-méchants dans une atmosphère lourde et sombre mais d'où jaillissent des points de lumière. L'auteur maitrise parfaitement son art. le roman commence lentement puis va crescendo jusqu'au final où les scènes d'action, brillamment menées, s'enchaînent.
-Victor Landis est shérif dans une petite ville de Géorgie. C'est un homme solitaire, qui a dédié son existence au travail. Pour toute famille, il ne lui reste que son frère, Frank, avec qui il a partagé une enfance misérable avant qu'une brouille ne sépare les deux hommes. (Pendant tout le roman je me suis demandée quelle était cette brouille, je l'ai su à la fin de l'histoire et j'ai été scotchée). Lorsque Frank est retrouvé mort dans des circonstances étranges, Victor décide de passer la frontière du Tennessee afin d'en savoir plus. le voilà immergé au coeur des communautés isolées des Appalaches, où la drogue, les trafics en tous genres et la corruption sont omniprésents. Bientôt, sa piste le conduit sur une série de meurtres inexpliqués de jeunes adolescentes...
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