Il y avait deux types à la radio en 1967, des types nommés Gragni et Rado, et ils disaient que la conscription, c' était des Blancs qui envoyaient des Noirs se battre contre des Jaunes pour protéger une terre qu' ils avaient volée à des Rouges. ( p 149)
Donc, en tant que soldat, John Gaines avait vu bien assez de morts pour toute une vie. Mais en tant qu’agent de police, il n’en avait pas vu assez pour savoir par quel bout prendre l’affaire Nancy Denton. Les gens compteraient sur lui – pour recevoir des ordres, avoir des réponses, mener leur enquête, obtenir des résultats. C’était une affaire locale. Personne en dehors de Whytesburg ne s’intéresserait à un meurtre vieux de vingt ans. Les ressources qu’il possédait seraient les seules qu’il pourrait utiliser. Richard Hagen, son adjoint, et deux agents en uniforme – Lyle Chantry et Forrest Dalton, âgés respectivement de 26 et 24 ans. Il n’y aurait qu’eux quatre, et ils devraient gérer chaque aspect de l’enquête.
Il était désormais deux heures de l’après-midi. Il leur avait fallu près de quatre heures pour libérer la fille de la vase.
Bientôt, une fois le cadavre livré au légiste, Gaines s’attaquerait à la pénible tâche de l’identification. Après quoi, il faudrait retrouver ses parents et leur apprendre la nouvelle. Il n’y aurait pas de drapeau plié en triangle. Il n’y aurait pas de télégramme. Il y aurait juste John Gaines, shérif de Whytesburg, survivant des neuf cercles de l’enfer qu’avait été le Vietnam, debout sur un perron face à une mère, les yeux baissés et son chapeau entre les mains.
Il voulait y croire car ici rien n'avait de sens.
Le monde n'avait pas de sens, les gens n'avaient pas de sens - ce qu'ils se faisaient mutuellement, ce qu'ils disaient : la manière dont les hommes se traitaient entre-eux, pas simplement à la guerre, mais aussi en temps de paix, car la paix ne semblait être rien d'autre qu'une comédie pour passer le temps entre deux déchaînements de violence.
Peut-être que quand les gens sont en deuil, ils ne pleurent pas ce qu'ils ont perdu, mais ce qui aurait pu être. Ils pleurent un avenir qui n'existera jamais.
- Vous savez ce qu'a dit Hemingway ? demanda Webster
- Non, Mike, qu'est ce qu'il a dit ?
- "Qu'elle soit nécessaire, ou même justifiée, ne croyez jamais que la guerre n'est pas un crime". Voilà ce qu'il a dit
Gaines croyait fermement - quand il était question de pactes avec Dieu - que l'une des deux parties ne respectait pas sa part du contrat. p. 113
Platon avait raison. Seuls les morts voient la fin de la guerre. (p.258)
Les dieux de la guerre étaient capricieux. Ils se foutaient de savoir qui ils supprimaient et pourquoi.
La plupart du temps ils étaient froids et indifférents, mais parfois ils supprimaient la bonne personne. (p.563)
Il semblait entouré d'un épais halo de stupidité, qui donnait l'impression que quiconque y pénétrerait se retrouverait à prononcer des âneries et à faire des remarques déplacées. Cela ne pouvait être vrai, mais la profondeur et l'immensité de l'ignorance de Lester étaient telles que ça semblait plausible. (p.103)