Écume
Une vague expire et, d’écume,
Tisse et peuple son blanc linceul
Mais le soleil qui la consume
Meurt deux fois de mourir tout seul.
Fantôme
Le même fantôme s’avance
Dans la forme où tu m’apparais
Lorsque, avec ton cœur, ton enfance
Appréhende en lui tes secrets.
Grotte
La grotte de ma solitude
A la transparence de l’air
Mais est-ce moi qu’elle dénude
Dans les profondeurs de la mer ?
Horizon
De l’autre côté de la ligne
Qui décapite l’horizon
Une sirène me fait signe :
Je n’ai pas choisi ma prison…
Il n’est d’autre île dans ton âme
Qu’obsède un espoir sans espoir
Que celle, flamme entre la flamme,
Que tu découvres sans la voir.
[Ile]
Un oiseau chantait dans les branches
Et les branches pleines d’oiseaux
Faisaient gémir des ombres blanches
Dans la musique des roseaux.
[Oiseau]
La nuit voudrait changer d’étoiles
Comme toi qui changes de ciel
À mesure que tu dévoiles
Dans l’ombre un visage irréel.
[Nuit]
Algèbre, à tes pas je m’attache
Et donne à mon cœur mis à nu
Le nom le plus beau que je sache,
Dont tu chiffres mon inconnu.
[X]
Suite des Poèmes intimes de Louis Emié.