Il y a des livres dont on ne peut se faire une opinion définitive tant qu'on n'a pas lu la dernière page. Celui-ci en fait partie. Et l'émotion, la colère et la frustration nous tombent dessus, à la toute fin, sans prévenir…
Ann Lindell est commissaire à la police d'Uppsala. Célibataire, sans enfant, entre deux âges. Elle a eu dans l'opus précédent -
La terre peut bien se fissurer - une liaison avec Edvard Risberg. Mais elle a rompu. Pendant tout le récit elle essaye de renouer avec lui, sans être bien sûr que c'est ce qu'elle veut. L'un des freins à la réussite de cette deuxième chance est la différence de mode de vie entre eux deux. Lindell, l'urbaine toujours active et Edvard qui vit seul dans une maison isolée entre mer et forêt, sur l'île de Gräsö . Seule activité : la pêche. Deux modes de vie que tout oppose. Mais leur amour est réciproque même s'ils ont bien du mal à l'exprimer. Qui des deux est prêt à faire des concessions pour mener une vie commune? Cette nouvelle tentative est-elle condamnée d'avance?
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Il y a d'abord une femme et sa fille trouvées mortes sur le bord de la route renversées par un véhicule. Puis le suicide de Sven Erik Cederén, un des dirigeants d'un labo pharmaceutique suédois. Ce sont sa femme et sa fille qui ont été les victimes du chauffard. Ann Lindell enquête sur les deux affaires. Mais l'enquête est vite close : la police conclut que
Sven Erik a tué sa famille, puis s'est donné la mort, par asphyxie, dans sa voiture. Point final. Mais bien des choses ont été laissées dans l'ombre. Pourquoi Sven Erik Cederén avait-il acheté un terrain à Saint Domingue (avec l'argent de la société)? Est-ce bien lui qui a renversé volontairement avec sa voiture sa femme et sa fille? Pourquoi l'aurait-il fait, alors qu'il adorait sa fille? Et pourquoi se serait-il suicidé alors qu'il avait une liaison avec une femme qu'il aimait?
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Un évènement médiatique soudain vient relancer l'enquête qui prend alors un tournant inattendu. Les investigations se focalisent sur des expériences illégales sur des animaux que le laboratoire de
Sven Erik mènerait, dans le cadre de la mise au point d'un nouveau médicament contre la maladie de Parkinson. Et dès lors, le roman (écrit en 2001) s'aventure dans un sujet d'une actualité internationale très sensible : tout ce qu'un laboratoire pharmaceutique est capable de faire d'illégal pour gagner beaucoup d'argent. C'est un militant de la cause animale qui dit à Lindell : "On ne peut rien contre les mégastructures. Vous voyez, il existe comme un réseau de puissants de ce monde, de politiciens, de banquiers, d'industriels, de chercheurs et de journalistes qui nous manipulent en secret. Nous croyons vivre dans une société démocratique et ouverte, mais ces gens-là nous mettent en condition." C'est Eduardo, qui en traduisant un document interne du laboratoire s'exclame :"C'est un crime contre l'humanité". Et c'est finalement Ottoson le supérieur d'Ann Lindell qui lui répond : "C'est l'argent qui mène le monde". Un sacré visionnaire ce
Kjell Eriksson!