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Citations sur Les années (347)

L'arrivée de plus en plus rapide des choses faisaient reculer le passé. Les gens ne s'intéressaient pas sur leur utilité, ils avaient simplement envie de les avoir et souffraient de ne pas gagner assez d'argent pour se les payer immédiatement...
La profusion des choses cachait la rareté des idées et l'usure des croyances.
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"Tout s'effacera en une seconde. Le dictionnaire accumulé du berceau au dernier lit s'éliminera. Ce sera le silence et aucun mot pour le dire. De la bouche ouverte il ne sortira rien. Ni je ni moi. La langue continuera à mettre en mots le monde. Dans les conversations autour d'une table de fête on ne sera qu'un prénom, de plus en plus sans visage, jusqu'à disparaître dans la masse anonyme d'une lointaine génération."
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On changeait la télé. Sur l'écran couleur, le monde était plus beau, les intérieurs plus enviables. La distance qu'instaurait le noir et blanc avec l'univers quotidien, dont il était le négatif sévère, presque tragique, disparaissait.
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Et les jeunes arrivaient, de plus en plus nombreux. Les maîtres d’école manquaient, il suffisait d’avoir dix-huit ans et le bas pour être envoyé dans un cours préparatoire faire lire Rémi et Colette. On nous fournissait de quoi nous amuser, le hula hoop, Salut les copains, Age tendre et tête de bois, on n’avait le droit de rien, ni voter ni faire l’amour ni même donner son avis. Pour avoir le droit à la parole, il fallait d’abord faire ses preuves d’intégration au modèle social dominant, « entrer » dans l’enseignement, à la Poste ou à la SNCF, chez Michelin, Gillette, dans les assurances : « gagner sa vie ». L’avenir n’était qu’une somme d’expériences à reconduire, service militaire de vingt-quatre mois, travail, mariage, enfants. On attendait de nous l’acceptation naturelle de la transmission. Devant ce futur assigné, on avait confusément envie de rester jeunes longtemps. Les discours et les institutions étaient en retard sur nos désirs mais le fossé entre le dicible de la société et notre indicible paraissait normal et irrémédiable. Ce n’était pas même quelque chose qu’on pouvait penser, seulement ressentir chacun dans son for intérieur en regardant A bout de souffle.
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Sauver quelque chose du temps où l'on ne sera plus jamais.
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Il (le progrès) était dans le plastique et le formica, les antibiotiques et la Sécurité sociale, l’eau courante sur l’évier et le tout-à-l’égout, les colonies de vacances, la continuation des études et l’atome.
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Le sexe était le grand soupçon de la société qui en voyait les signes partout,, dans les décolletés, les jupes étroites, le vernis à ongles rouge, les sous-vêtements noirs, le bikini, la mixité, l'obscurité des salles de cinéma, les toilettes publiques, les muscles de Tarzan, les femmes qui fument et croisent les jambes, le geste de se toucher les cheveux en classe, etc. Il était le premier critère d'évaluation des filles, les dépatargeaient en " comme il faut" et " mauvais genre".
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Le " devoir de mémoire", c'était une obligation civique, le signe d'une conscience juste, vun nouveau patriotisme. Après quarante ans de consentement à l'indifference envers le génocide juif _ on ne pouvait pas dire que le film Nuit et brouillard ait attiré la foule, non plus que les livres de Primo Levi et de Robert Antelme _ on croyait ressentir de la honte mais c'était une honte retardée. C'est seulement en regardant Shoah que la conscience contemplait avec effroi l'étendue possible de sa propre inhumanité.
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Et nous qui n'étions pas dupes, qui examinions gravement les dangers de la publicité avec les élèves, donnions un sujet sur " le bonheur est-il dans la possession des choses ?", nous achetions à la FNAC une chaîne Hifi, une radiocassette Grundig, une caméra super-huit Bell et Howell avec l'impression d'acheter la modernité à des fins intelligentes. Pour nous et par nous la consommation se purifiait.

Les idéaux de mai se convertissaient en objets et en divertissements.

(p.123)

Avec Giscard d'Estaing on vivait désormais dans la "société libérale avancée" Rien n'était politique ou social seulement moderne ou non. Tout était affaire de modernité. Les gens confondaient libre et libéral...

(p.129)
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Les garçons et les filles étaient partout séparées. Les garçons, êtres bruyants, sans larmes, toujours prêts à lancer quelque chose, cailloux, marrons, pétards, boules de neige dure, disaient des gros mots, lisaient Tarzan et Bibi Fricotin. Les filles, qui en avaient peur, étaient enjointes de ne pas les imiter, de préférer les jeux calmes, la ronde, la marelle, la bague d'or. Les jeudis en hiver, elles faisaient la classe à de vieux boutons ou des figurines découpées dans L'Echo de la Mode, disposées sur la table de cuisine. Encouragées par les mères et l'école, elles étaient rapporteuses, " je vais le dire ! " constituait leur menace favorite.

(p.42)
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