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EAN : 9782259251327
306 pages
Plon (06/04/2017)
3.42/5   12 notes
Résumé :
Bienvenue à Marseille, où un étrange phénomène se produit. Dès qu'un élu prononce un discours, une horde d'activistes l'en empêche en se lançant dans une véritable " foire à la baston ".
Derrière ces happenings d'une rare violence, il y a plusieurs hommes et femmes aux parcours et aux motivations bien différents. Paolo, l'inventeur du concept et le meneur du groupe ; Lang, ancien photographe de guerre au passé peu clair. Olivia, l'ex de Lang ; Awa, qu'il a c... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Le type qui a inventé le roman noir et le type qui a inventé Cedric Fabre, ils ont dû en boire des coups, ensemble… forcément ensemble

Voilà un livre et surtout un auteur qui n'oublient ni d'allier forme et fond ni de penser autant à ses personnages qu'à son histoire… rendant les choses toujours plus touffues et étoffées qu'il n'y paraît.

Grégoire Lang, après un obscur passé de photo-reporter de guerre ayant essentiellement bourlingué en Afrique, se consacre maintenant à une sorte de fightclub socio-artistique dont la forme reste la bagarre mais dont le fond dépasse largement le simple défoulement et vire à la critique politico-sociale. Il s'est plus ou moins lié d'amitié avec Paolo qui organise ces « fightmobs » et partage avec lui une relation sentimentale avec Olivia, la fille d'Old Maurice, tuée dans un attentant sur une plage de Tunisie.

Lang est contacté par Awa, une black qui déboule dans sa vie en faisant valoir une dette qu'aurait Lang envers elle pour ne pas l'avoir sauvée d'un viol en Afrique. Sans avoir besoin de pousser très loin les négociations, Awa obtient de Lang qu'il aille récupérer son fils dont la garde lui a été retirée il y a quelques mois.

Ce livre est d'abord un livre hautement politique. Marseille et sa faune ne sont qu'un décor familier à Cédric Fabre mais n'importe quel autre contexte (plus ou moins urbain tout de même) pourrait accueillir son récit : la déshumanisation de la vie sociale est partout.

Au-delà de cette chronique de la décrépitude du lien social, « un bref moment d'héroïsme » est donc un livre hautement humain, à travers la galerie de personnages dépeints par Cédric Fabre, au premier rang desquels Lang, Old Maurice, Awa, son fils Arsène. Humain, ce livre l'est assurément à la fois dans les passions qui tissent les relations entre les personnages mais aussi dans les manipulations, les mensonges et les ultimes vérités que les protagonistes se jettent au visage pour mieux découvrir leurs propres vérités. C'est un livre sur l'apprentissage du deuil des autres et de soi, en tout cas du soi qu'on expose aux autres pour se protéger quitte à se perdre soi-même.

Dans ce récit, il y a toujours une personne qui en utilise une autre : Awa utilise Lang pour récupérer Arsène, Lang utilise Paolo pour se donner un but, Lang utilise Arsène pour essayer de contrecarrer les envies de suicide de son ami et accessoirement père de son ex-petite amie, etc… On se met alors à chercher le point commun entre tous les fils de cette histoire jusqu'à saisir tout le génie de Cédric Fabre qui fait d'Olivia, une morte, la pierre angulaire de son récit, sans en avoir l'air.

Il y a des livres, sans que tu saches vraiment comment (et puis parfois, il ne faut pas chercher à comprendre, ne pas trop vouloir décortiquer au risque de perdre une certaine spontanéité), qui te prennent et ne te lâchent plus : ils t'emmènent dans leur bulle et tu te laisses porter et par l'histoire et par les personnages et par toutes ces petites choses, ces petits moments d'existence, ces petites réflexions sur l'existence qui parsèment le récit et que l'auteur t'offrent , parce que ce livre est une offrande. Après, toi lecteur, tu en fais ce que tu veux mais il y a plein de petites pépites et richesses, de petites leçons, de petits fragments qui te restent à jamais.

Alors certes, l'auteur t'emmène dans sa bulle narrative et tu t'y sens bien. Mais il ne te propose pas pour autant un long fleuve tranquille. Tu es balancé à droite, à gauche, dans cette bulle, tu te cognes aux parois comme les personnages se cognent à la vie que leur réserve Cédric Fabre, tu t'égratignes sur les aspérités de la bulle, sur ses défauts comme les personnages sur les aléas de leurs existences, sur les embûches de leurs parcours.

Cédric Fabre fait preuve d'une générosité sans faille et d'un véritable amour pour ses personnages en leur offrant à chacun un destin digne de leur statut d'héros. Tragique pour certains, magnifique pour d'autres, ces destins ne sont surtout pas des fatalités, en tout cas je ne crois pas. C'est une des forces de ce roman noir, de ne pas croire à la fatalité mais en la réalisation par chacun du pouvoir qu'il détient en lui-même sur lui, sur les autres et sur le monde qui l'entoure.

Si le récit de Cédric Fabre n'invite pas forcément à l'optimisme, son regard sur la société étant ce qu'il est, il invite en tout cas à l'humain, à la vie qui par définition contient déjà en elle la notion de mort.

Bref, vous l'aurez compris, ce livre, je lui ai kiffé sa race, je vous souhaite la même. Ce livre est aussi ma première lecture de la nouvelle collection noire de chez Plon, Sang neuf, et si bon Sang Neuf ne saurait mentir… vivement la suite des parutions !

Lien : http://wp.me/p2X8E2-Pp
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Le début de l'ouvrage démarre sur les chapeaux de roues.
De grosses doses de testostérone entre les lignes, où règnent les bastons entre mecs, l'hémoglobine de l'arcade éclatée, et les accolades de satisfaction, le combat accompli.
C'est des mecs, des vrais, des durs, des tatoués.
Mais ils ont une particularité : mettre le foutoir dans les lieux publics.
J'ai eu peur. Celle de ne pas trouver ma place dans ces pages, moi, lectrice à la peau laiteuse, aux yeux de biche et talons hauts.
Puis tout est parti en sucette dans l'histoire. La brute, Lang, a laissé entrevoir un coeur, en caramel. Qui fond à la moindre chaleur, mais qui peut redevenir un bloc cassant au moindre coup de froid, de colère, de dépit.
Sous les pavés, la plage.
Sous la vie de Lang, ancien photographe de guerre qui a tout largué le jour où c'est allé trop loin, la poésie de la vie qu'on nous impose, malgré nous.
A coups de lois, de remplissage de ciboulot, de parfum de mensonges promulgués par des politiques robot.
La plume de Cédric Fabre est douce, cruelle, acerbe, cynique, vraie. C'est rock , c'est brut, c'est rond, c'est pointu. J'ai pas deskotché du livre.
C'est tellement beau que j'ai envie de dire Putain, les mecs, on n'a qu'une vie.
Mais il nous reste quoi à nous ?
La rébellion ?
C'est comme pisser dans un violon.
Consommer ?
On nous vend des emballages.
Le bonheur ?
Ça n'existe que dans les séries.
Puis l'existence se déroule, et on finit par se dire qu'après tout, c'est pas si mal d'être vivant.
On est tous le héros d'un jour. de chaque jour.
Le mec qui a inventé les émotions, et celui qui a inventé l'imprimerie, je leur ferai une statue de bisounours que je poserai en haut du monument à la République.
Elle est belle la vie, suffit de suivre son chemin.
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Un roman sur des personnes qui ce découvre avec chacun sont histoire. Entre fight (foire à la baston) amour, sex et vie à Marseille. Des histoire touchantes avec du rythme et des secrets. Vous aimé Marseille avec sont ambiance vous allez aimer.
A lire (presque un polar à la marseillaise)
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Un Fight Club à la française, mi-polar, mi-farce marseillaise, du polar quand même, assurément Marseillais. Dans cette ville la fiction doit beaucoup à la réalité, "un bref moment d'héroïsme" est construit sur ce fil. D'un côté il y a Marseille, post-capitale européenne de la culture, avec son maire foireux, sa canebière-monde, son MUCEM à touristes et sa fracture sociale, et de l'autre côté, une poignée de personnages bien frappés, épris de vie, de violence, de tristesse, de paix et de rédemption. Il s'agit d'activistes, une bande de potes, qui débarquent en plein meeting politique et se castagnent entre eux, rien qu'entre eux, au milieu de la foule. La violence n'est pas gratuite, elle dénonce ici d'autres formes de violence, larvées et sociales. Elle accuse une municipalité, et maintenant une métropole, qui maltraite ses habitants. On appelle cela un happening, une "foire à la baston" ou, plus vraisemblablement, une fuite en avant. Alors que les personnages évoluent, se rapprochent, se perdent parfois, autour du souvenir d'Olivia, tuée un an plus tôt dans un attentat de l'autre côté de la Méditerranée, l'histoire nous entraîne fatalement, Marseille oblige, vers le règlement de compte ultime. Un final violent à la manière d'un western, sur le toit du MUCEM - le musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée - ici associé à un décor de "western-chawarma". Des situations mais surtout un style d'écriture qui navigue assez bien entre l'émotion, la dérision et l'humour. Un point à soulever car à très haute dose, l'humour dans le polar, c'est (presque) toujours barbant. Bref, un bon moment de lecture à passer.
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Un bref moment d'héroisme de Cedric Fabre
IL s'agit là d'un des premiers romans édités chez Sang neuf nouvelle collection de Plon, choix il est vrai là très judicieux.
En effet c'est un roman noir, traitant de la difficulté de faire son deuil, mais aussi de la misère sociale, de la politique, une vraie critique de la Société dans laquelle on vit !
Chacun trouve un moyen de se rebeller contre elle d'une manière assez originale, adieu les manifestations puisqu'on a là des free fights, bien orchestrés, et idée assez originale de l'auteur je dois dire !
Régler ses comptes avec son passé finalement c'est aussi cela le sujet du livre, et chacun des personnages n'est pas toujours ce qu'il parait, prisonnier d'un rôle qui va le dépasser totalement !
Le livre est sombre, l'écriture simple sans fioriture et les personnages très bien dépeints, attachants…
Je ne connaissais pas Cédric Fabre c'est là une vraie découverte et moi qui préfère le noir je n'ai pas été déçue… Bien au contraire, je lirai son prochain avec un grand plaisir et je vous invite vivement à le découvrir!
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Les claquements des pétards s’étaient arrêtés net, les cris de joie des enfants et le bruit des éclaboussures venant de la piscine aussi, une nappe de silence épaisse avait tout recouvert et il lui semblait que ce silence s’était mis à couler dans ses veines et l’engourdissait soudain. Un des pétards avait dû lui pénétrer dans l’oreille, remonter comme un ver ou comme un spermatozoïde en remuant la queue jusqu’à une de ces cavités qui se trouvent au-dessus de la tempe pour y exploser puis la rendre sourde. Elle ouvrit les yeux, elle vit du sable, des tonnes de sable sur des tonnes de kilomètres, elle distingua des corps inertes sur les fauteuils de plage et, autour, des gens qui couraient dans tous les sens, jamais dans la même direction. Comme s’ils cherchaient tous à échapper les uns aux autres, mais ça ne ressemblait pas à un de leurs jeux ; elle lisait l’affolement sur leurs visages. Elle vit José, qui était penché sur le corps de sa femme, Elsa, et il pleurait et il hurlait peut-être mais elle n’entendait pas le son. Elle avait pris un sacré coup de soleil, Elsa. Elle était contente de l’avoir rencontrée, le premier soir, elle était douce, et si pleine de joie et de bienveillance. Elles avaient bu des mojitos assises dans le sable toute la soirée, pendant que José était resté au comptoir du bar pour voir le match de foot avec des copains. Elles s’étaient fait draguer par le maître nageur, il était soûl, il voulait absolument leur apprendre à nager à 11 heures du soir. Elle savait déjà nager, de toute façon, mais rien qu’à l’idée de se baigner, la mer lui avait paru lourde, compacte, elle pouvait l’engloutir.
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e hais cette place, Castellane, avec sa fontaine au milieu et son basson toujours vide au centre duquel s’élève sur plusieurs mètres une colonne coiffée d’une statue de femme portant un navire dans les bras alors qu’en bas, c’est un flot ininterrompu de bus et de voitures qui tournent autour d’elle sur trois voies. Un navire dans le nuage de pollution au-dessus des bagnoles ? L’histoire de cette ville, c’est une succession de malentendus avec des accessoiristes, sans même parler des responsables du casting. La place est gorgée de cafés-bars et de restaus, des terrasses pleines à péter de càcous, avec leurs gourmettes et leurs chaînes plaquées or autour du cou, leurs pantacourts et baskets de marque, maillot de l’OM ou chemisette rose et des tas de doigts qui triturent en permanence des tas de clés de bagnole ou de scooter à trois roues comme si c’étaient des chapelets. Le càcou, indéboulonnable, c’est une sorte de version postmoderne et postindustrielle de l’idiot du village, genre un modèle sérialisé, la figure à la fois ultime et has been du néofolklore antipop de notre métropole tiersmondialisée, la preuve à lui seul que la fabrication d’utopies dans cette ville et dans ce monde est un artisanat en faillite.
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Un policier était en train de tirer José en arrière, en l’empoignant sous les aisselles pour l’aider à se remettre debout et, derrière eux, deux gars tenaient un transat qu’ils s’apprêtaient à utiliser comme brancard. José pleurait toujours, il secouait la tête dans tous les sens, les belles boucles de ses cheveux noirs étaient pleines de sable, il y en avait aussi dans les poils de sa barbe de trois jours. Il tourna le dos au flic, fit quelques pas avant de se laisser tomber assis à l’ombre d’un parasol, et il enfouit le visage dans ses mains. Il était probablement dans l’eau quand le type avait commencé à tirer, parce qu’il était encore trempé.
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C'est complexe, vous savez, le monde animal. Perdez votre angélisme et n'oubliez jamais que détruire une ruche équivaut aussi à abattre une monarchie.
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Un souvenir lui revint en mémoire, il venait de loin, de son ancienne vie. Il lui avait chanté ces mots d’une voix douce, comme un refrain, le soir où il l’avait embrassée pour la première fois, c’était dans un de ces bars rock où, en général, elle n’allait jamais : « Honey, maintenant que le monde est à tes pieds, dansons dessus. » Contemplant mentalement son si beau visage, aux traits fins et délicats, il lui sembla moins triste et douloureux, soudain, de réaliser que dans quelques secondes probablement elle allait rendre son dernier souffle. Elle s’efforça, sans assez de conviction, de chercher de l’air une ultime fois.
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"Un roman audacieux et espiègle, d'une réjouissante originalité." pour Cédric Fabre de Livres Hebdo.
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