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EAN : 978B0092SAMFY
(26/08/2012)
3.17/5   9 notes
Résumé :
"Le sort des hommes est ceci :
Beaucoup d'appelés, peu d'élus.
Le sort des livres, le voici :
Beaucoup d'épelés, peu de lus."
Il n'est pas toujours facile de comprendre ce qu'on lit.
La faculté de compréhension peut dépendre de notre instruction, mais aussi du type de livre. Pour résoudre cette difficulté, on adaptera notre lecture en conséquence. C'est ce que dévoile cet ouvrage.
Il existe donc un Art de lire, dix secrets p... >Voir plus
Que lire après L'art de lireVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Je vous mets tout de suite en garde, ne lisez pas cette critique si vous désirez lire ce livre. C'est en effet la grande recommandation que nous fait Emile Faquet de ne jamais lire une critique avant d'entreprendre une lecture, le critique étant « un homme qui sert à vous faire lire un auteur à un certain point de vue et dans certaines dispositions d'esprit qu'il vous donne... Ce point de vue où le critique m'aura mis, c'est le sien ; cette disposition d'esprit où il m'aura mis, c'est la sienne. de sorte que lire le critique avant l'auteur, c'est m'empêcher de comprendre l'auteur moi-même ; c'est me forcer à ne l'entendre que d'une oreille préparée et presque formée par un autre. » Un peu paradoxale me direz-vous de la part d'un critique, mais vous voilà prévenu.

Voilà un petit ouvrage étonnamment riche, écrit avec beaucoup de subtilité où l'auteur nous enseigne l'art de lire. Premièrement : peindre d'abord une cage... non c'est pas ça... ! Savoir d'abord le but que nous poursuivons : nous instruire ? nous faire plaisir ? ou encore juger des ouvrages ? Dans tous les cas : lire lentement « Ah ! Ces hommes du XVIIe siècle ! Comme ils savaient le latin ! Comme ils lisaient lentement ! » Mais l'art de lire en dehors de lire avec lenteur et attention diffère selon les ouvrages, suivent alors différents chapitres dont l'ordre importe peu où l'auteur aborde les différents genres : livres d'idées, les livres de sentiments, les pièces de théâtre, la poésie, et les auteurs : les mauvais, les obscurs, qu'en penser ? qu'en faire ?
Et puis si la lecture est avant tout un plaisir y a-t-il quelque chose qui s'oppose à ce qu'il soit parfait, qui le gâte, oui : les ennemis de la lecture qui ne sont sans doute pas ceux qui vous viennent à l'esprit. 
Et, pour finir, avant le chapitre de la lecture des critiques où vous noterez bien la différence qu'il convient de faire entre historien littéraire et critique, vous vous poserez la question de savoir s'il convient de relire, quoi, et comment.
Tout ça dans « un petit livre » (comme le qualifiait modestement son auteur lui-même), à la fois cours littéraire, mine d'idées et de dissertations, écrit avec verve et érudition, sans pédanterie aucune, .. un régal pour l'esprit, à mettre dans les mains de tout étudiant en littérature, passionnés de lecture, en tout cas, je suis ravie qu'il soit tombé dans les miennes.
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Conseils de l'auteur:
_ lire lentement pour le plaisir et pour s'instruire
_lire des livres d'idées pour comparer et donc développer notre intelligence
lire des romans sentimentaux pour se découvrir et découvrir les autres
_lire les pièces de théâtre en les imaginant
_lire les poètes pour la musicalité en particulier
_lire les écrivains obscurs pour vaincre la paresse intellectuelle
_lire des mauvais auteurs avec parcimonie pour admirer les bons
_vaincre les ennemis de la lecture: le temps, la timidité en osant donner son avis, qu'un seul genre.
_lire les critiques mais jamais avant d'avoir lu l'ouvrage
_relire pour mieux comprendre et apprécier les détails, le style et s'apercevoir de sa propre évolution.
A vous de picorer dans toutes ces recommandations.
Pratique et efficace.
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Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
Supposez un homme, de nos jours, qui ne lirait que de l’Anatole France, du Loti, du Lemaître, du Bourget, du Régnier… Il me semble qu’il serait exactement dans la situation de cet humaniste dont je parlais plus haut : il n’aurait que le sentiment de l’excellent, avec une certaine étroitesse dédaigneuse d’esprit.

Aurait-il même le sentiment de l’excellent ? En vérité, je ne sais. C’est par comparaison que l’on a le sentiment de l’exquis. Ce n’est pas seulement par comparaison, sans doute, et la beauté nous frappe par elle-même et c’est-à-dire par un accord soudain entre notre façon de sentir et la façon qu’un autre a de créer. Mais il n’en est pas moins que mesurer les distances aide singulièrement à évaluer les hauteurs et, s’il n’est pas mauvais de connaître les prédécesseurs et les contemporains de Corneille pour bien entendre, pour entendre distinctement combien il est nouveau et combien il est grand, à toutes les époques il en est de même, et il faut pousser des reconnaissances dans le pays des médiocres pour revenir aux grands avec une faculté renouvelée d’admiration.

Chateaubriand parle d’un auteur de son temps qui, chaque année, allait faire sa remonte d’idées en Allemagne ; un homme sage doit aller faire de temps en temps chez les mauvais auteurs la remonte de ses facultés d’admiration.
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il y a une catégorie d'auteurs qu'au point de vue de l'art de lire il faut considérer très attentivement : ce sont, comme on les a appelés, "les auteurs difficiles", c'est-à-dire ceux qu'on ne comprend pas du premier regard, ni même du second, les Lycophron, les Maurice Scève, les Mallarmé. Ces auteurs jouissent toujours d'une très grande réputation. Ils ont un ban et un arrière-ban d'admirateurs. Le ban est composé de ceux qui prétendent les entendre, l'arrière-ban de ceux qui n'osent pas dire qu'ils ne les comprennent pas et qui, sans les lire, déclarent qu'ils sont exquis. Ceux du premier ban sont tout à fait fanatique, leur admiration étant faite de l'admiration qu'ils ont pour leur intelligence et du mépris qu'ils font de l'inintelligence d'autrui.
...
Ils veulent que la pensée se garde tout d'abord du lecteur profane par l'obscurité, pour attirer par elle les raffinés, les divinateurs, ceux qui sont intelligents d'une façon exquise. Ils veulent que la pensée fasse le vide autour d'elle pour avoir le plaisir, eux, de franchir la zone déserte, d'entrer dans le sanctuaire, d'y séjourner et surtout d'en sortir en déclarant qu'ils ont compris, mais qu'il s'en faut que tout le monde en puisse autant faire.
...
Ainsi se forme, autour de certains auteurs, des élites qui se savent gré de le pénétrer et lui savent gré d'être impénétrable.
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Le critique ne sait pas lire pour son plaisir et n'apprend pas aux autres à lire pour le leur. Il apprend au lecteur à lire en critique. Or lire en critique n'est pas un plaisir ou du moins est un plaisir très particulier, mêlé de beaucoup de sécheresse. Sarcey me disait... « Comme je suis las de lire les livres pour savoir ce que j'en dirai ! Ce n'est plus lire, cela ; ce n'est plus s'abandonner ; c'est réagir ; c'est lire en soi beaucoup plus que dans l'auteur. » Il avait bien un peu raison. A quoi donc sert le critique ? A faire lire l'auteur à un certain point de vue. Son article est une sorte d'introduction à l'auteur dont il s'agit, introduction, qui, du reste, peut être fort utile. Selon que le lecteur a lu déjà ou n'a pas lu l'auteur, le critique l'invite à lire dans telle disposition générale ou à relire (ou repenser) selon telle orientation nouvelle. Dans le premier cas, il lui dit : « songez à ceci » ; dans le second : « avez-vous songé à ceci ? ». ….. Mais le critique est un homme qui ne sait lire qu'en critique et qui n'apprend à lire qu'en critique, qui n'enseigne que la lecture critique, dont, du reste, je ne songe à dire aucun mal.
Mais voulez-vous lire seulement pour jouir de vos lectures ? Voulez-vous apprendre à lire comme on apprend à jouer du violon, c'est-à-dire pour savoir en jouer et pour prendre le plus grand plaisir possible en jouant ?
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Il faut s’armer de sagesse même contre les passions les plus innocentes, parce qu’il n’y a pas de passions innocentes, et même en parlant de la lecture il faut dire : Le sage qui la suit, prompt à se modérer, Sait boire dans sa coupe et ne pas s’enivrer.
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On demandait à Massillon, très honnête homme : « Où prenez-vous donc la matière de toutes les peintures de vice que vous faites ? » Il répondit : « en moi-même ». Il est ainsi. Chacun de nous se suffirait presque pour peindre tous les vices et aussi toutes les vertus, s’il savait peindre ; pour reconnaître, du moins, la vérité de toutes les peintures de toutes les vertus et de tous les vices. Chacun de nous est un petit monde où le monde entier se voit en raccourci et est véritablement comme en germe, et le proverbe italien cité par Pascal est très exact : « Le monde entier est fait comme notre famille » et même comme nous.
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