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Citations sur Paris au mois d'août (63)

Il lui paraissait tout à coup impossible que fussent perdues, de l'âme, l'essentiel, la quintessence, les seuls instants d'égarement où l'être aime un autre être enfin plus que lui-même. Si Pat ne l'aimait pas, ce n'était pas lui le plus à plaindre, mais elle.
Il ne lui communiqua pas cette illumination. Il n'aurait pas su l'exprimer. Il était heureux. Il se disait qu'il ne mourrait pas tout à fait, si cet amour flottait encore, plus tard, sans lui, sans elle, sur ce Paris au mois d'août qui l'avait vu courir et brûler dans les rues.
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Il avait pris de l’argent, ce matin. S’il n’en avait pas assez, il vendrait jusqu’à la montre en or de son père. Les morts se soucient peu de ce que devient leur montre, objet inutile s’il en fut pour le métier qu’ils font. Il emprunterait si besoin était quelques billets à Gogaille. Il se priverait d’être pauvre pendant ces trois semaines. Il en aurait toute la liberté après. Après.
(…)
Il avait une peur que tout homme eût éprouvé à sa place : celle de voir Pat s’installer dans une camaraderie confortable, incolore et sans danger. Quand les femmes s’épatent, béates, dans ce fauteuil à bascule, il est bien difficile de les déloger. Elles se demandent alors quelle mouche vous pique d’ainsi abîmer à coups de mots d’amour ou de gestes peu fraternels «une merveilleuse amitié». Sans trop les connaître, Henri pressentait le côté mouvant de ces sables.
(…)
Pat. Il ne la reverrait plus. Avec l’humilité des petites gens, il ne se révoltait pas. Il fallait payer. Il se «saignerait aux quatre veines», mais il paierait ces trois semaines-là. Comme il avait payé son réfrigérateur et sa voiture
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Rosenbaum n'avait pas encore la télé, qui réduit à zéro la couleur et la vie des cafés. On en savait gré à Rosenbaum, dans le quartier. En ces temps-là, une grillade au feu de bois ou un beaujolais sans mascara étaient aussi recherchés que l'ami rétrograde qui se contentait de vous parler, comme ça, tranquille, au lieu de vous planter à ses côtés devant une boîte à images.
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Si la France s'octroie, de temps à autre, en rugby, le tournoi des Cinq Nations, ce n'est pas au hasard qu'elle le doit, mais aux congés payés. Ceci n'est pas une boutade, mais une interprétation historique des faits. Avant 36 nous étions, quant au ballon ovale, d'une insigne médiocrité. Si nous avons progressé en ce domaine, c'est essentiellement au départ en masse des vacanciers que nous le devons. All Blacks et autres springboks ne tiendraient pas une mi-temps dans la mêlée farouche d'une gare parisienne un jour de fin juillet-début août. Alors qu'enfants et femmes et chats et chiens et canaris français parviennent à grimper dans leur train après des corps à corps qui ne sont pas sans rappeler au monde les fortes heures de Verdun.
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Moi, je vais vous dire ce qu'ils veulent détruire, c'est pas les vieux quartiers. Les taudis, ça les empêche pas de dormir, vu qu'ils ont jamais dormi dedans. Ce qu'ils veulent détruire, c'est plus subtil : c'est l'amitié. Oui l'amitié. Dans les H.L.M., au moins, il y en a plus, il y a plus de conversation, plus rien. Les types se voient pas, se connaissent pas, leur reste que la famille, et c'est pas toujours primesautier, pas vrai ?
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J'ai vu à ce feu rouge un moineau se poser sur un capot pour y faire son nid.
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Je n'aime que la belote " tout atout-sans atout " , l'autre, la simple, est celle des ploums ou des tarés.
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Le vice, c'est la santé. C'est l'eau des plantes, le vin de pas mal, les femmes de beaucoup, l'éther de quelques-uns, la politique d'autres encore. Moi, c'est la pêche. Je suis gâté. De la Samar, je vois la Seine, et je vends des hameçons toute la semaine. Je suis un voyeur qui serait machiniste au Mayol. La planque.
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Une si jolie romance, au goût de légèreté et d’impossible. C'est sûr, on va se demander ce que cette jolie anglaise (si, si, il y en a) va aller s'acoquiner avec ce type au physique médiocre, pâle vendeur d'article de pêche à la Samaritaine. Mais pourquoi pas, justement? Et de toute façon, si elle a envie de s'acoquiner, ce n'est pas nous qui allons y faire obstacle. Car en réalité, avec ce roman, le lecteur a envie de tout, sauf d'être dans le jugement. Et c'est bien cela qui fait sa force (au roman, pas au lecteur) : on vit l'histoire avec tendresse et bienveillance. On se doute qu'il n'y aura pas de happy end (encore que..) mais on s'en fout ; nous aussi, on veut vivre cet instant préservé, on veut notre mois d'août dans un Paris déserté. Nous aussi, par substitution, on réclame notre part de baisers d'outre-manche et de frissons de bonheur. Et tant mieux si le type n'est même pas beau, ça pourrait être encore plus nous...
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C’est un atroce arrachement que celui des trains, le plus atroce car l’on peut, jusqu’à la dernière seconde, sauter sur le marchepied. On ne saute jamais, mais on le peut toujours.
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