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3,78

sur 2817 notes
Le problème, c'est qu'on m'avait vendu ce fameux chien stupide comme hilarant. Et je suis restée de marbre pendant le premier tiers du roman, avec le sentiment de le lire trop tard, à devoir supporter des blagues éculées d'un vieil humoriste sur le retour. Le dialoguiste poivrot en panne d'inspiration : déjà vu! Le gros chien envahissant, priapique et homo: déjà vu! La descendance nombreuse et égoïste qui fait tourner chèvres les parents: tellement convenu!
Et ensuite, il s'est passé un truc étrange: déjà, j'ai été prise de compassion pour une mère de famille raciste, ce qui n'était pas franchement gagné. Et j'ai été bouleversée par ce récit poignant d'une ultime tentative pour faire famille. Le père morfondu par son échec, qui fuit ses enfants pour éviter d'affronter leur départ; la mère accablée qui ne supporte pas le goût de son fils aîné pour les Noires délurées (comme s'il signifiait que son garçon ne veut rien retenir d'elle, pas même sa couleur de peau); les enfants qui partent sans partir, impitoyables et détachés.
Pour Harry, c'est retour vers le passé, toute! Vers son pays d'origine, avec un nouveau chien pour remplacer celui qu'il a perdu. Mais ça ne marche pas comme ça. Le passé n'efface pas le présent et l'espoir d'un nouveau départ est d'autant plus vain que Harry n'en a pas envie le moins du monde.
Et cette défaite intime illustre au plus haut point cette vieille formule qui pour être éculée n'en est pas moins vraie: la politesse du désespoir. Harry nous la joue détaché et ricanant mais la mort de son chien est d'une cruauté absolue et la dernière phrase du livre remet définitivement les choses en place:
« Soudain, je me suis mis à pleurer. »
Quoi, j'ai dit la fin? Ben comme ça, tout le monde est au courant. « Mon chien stupide » n'est pas un roman comique et si vous avez le moindre enfant âgé de plus de 15 ans, vous risquez fort, vous aussi, de ressentir l'irrésistible besoin d'adopter un quelconque clébard, voire une truie sur le retour, pour tenter d'oublier qu'il va bientôt partir.
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Dans la famille Molise, je demande :
- le père, Henri : fils d'immigrés italiens, écrivain raté qui essaie encore de se faire une place dans le milieu de l'écriture et qui prend tout ce qui lui passe sous la main, rêve de tout quitter pour aller vivre en Italie, aime ses enfants d'une façon disons, assez peu démonstrative.
- la mère, Harriet : bonne à tout faire dans cette maison, se dévoue corps et âmes pour ses enfants et supporte tant bien que mal les caprices d'Henri.
- l'aîné, Dominic : a tout plaqué pour s'engager dans l'armée, a un hobby bien particulier : ne coucher qu'avec des femmes noires.
- le deuxième, Denny : se croit acteur et fera tout pour rejoindre Hollywood et ses beaux studios, fait faire ses devoirs par maman et tente d'échapper par tous les moyens possibles et inimaginables à la conscription militaire.
- le petit dernier, Jamie : se démarque de tous ses frères et soeurs car justement, il a l'air un peu plus normal, a fait des études supérieures... ou du moins, c'est ce qu'il essaie encore de faire croire à ses parents.
- la fille, Tina : s'est entiché d'un ancien militaire, surfeur blondinet, un peu niais aux dires d'Henri, ne fait que passer chez ses parents pour vider le frigo, le whisky d'Henri et laver le linge.
- le chien, Stupide : énorme chien japonais, que Harriet prenait pour un ours et qui a élu domicile, par hasard, chez les Molise, affublé de ce joli sobriquet parce qu'il est l'est... justement, stupide ! Et ne s'intéresse qu'à la gent masculine.
Au jeu des 7 erreurs, ils ont tous une bonne tête de vainqueur ! Au gré des retrouvailles et des disputes familiales, on assiste à cette drôle de vie de famille...

C'est l'intrusion inattendue de ce chien dans cette famille qui est à la base de toute cette remise en questions de chacun, mais surtout du père, qui semble bien mis à l'écart du reste de la famille et du monde. John Fante décortique d'une écriture acerbe, cinglante et piquante le quotidien de chacun. D'une façon dérisoire, toujours avec de l'humour, parfois noir, il n'épargne personne, même pas le chien. A la fois touchant et plein de tendresse, entre rires et larmes, ce roman se laisse lire agréablement... Une bonne entrée en matière pour découvrir l'univers de Fante.

Mon chien Stupide... je me suis bêtement laissée avoir...
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J'avais déjà eu l'occasion de découvrir la plume de John Fante avec la lecture du très bon « Bandini ».
Depuis, même si je possède plusieurs livres de cet auteur dans ma Pal, je ne m'étais plus lancée dans la poursuite de la découverte de l'oeuvre de cet auteur. La faute une fois de plus à mon côté super dispersée dans le choix de mes lectures.
Et puis là, j'ai ouvert le savoureux « Mon chien Stupide » et je ne regrette qu'une seule chose : ne pas avoir entamé cette lecture bien plus tôt.
J'avais oublié (honte à moi), combien le style de Fante est enlevé. Et là, franchement, j'ai été gâtée ! J'ai adoré cette histoire à la sauce caustique avec comme personnage central ce chien qui a tout pour ne pas plaire. Bon, j'ai toujours été l'amie de la gent canine, mais il faut avouer que au vu du comportement de ce chien ci, je ne suis pas sure que j'en voudrais vraiment comme compagnon.
C'est ce que pense aussi Molise, écrivain plutôt raté, qui ne supporte plus sa vie. Et malgré toutes ses réticences, Stupide va devenir assez rapidement le centre de son univers.
Une plume féroce, un style caustique, et le résultat est là : j'avoue que j'ai du rire à plusieurs reprises à la lecture de certaines situations et les dialogues ne sont pas en reste ! Cette lecture m'a vraiment fait du bien, et d'autant plus que c'était inattendu et aussi au vu de l'ambiance actuelle plus que morose.
Une chose est sure à l'issue de cette lecture : je n'attendrais plus aussi longtemps pour continuer à lire du John Fante : « Demande à la poussière » est en très bonne place dans mes prochains livres à lire.


Challenge Multi-Défis 2022
Challenge ABC 2021/2022
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Un romancier, pas au mieux de sa forme, vit dans une grande maison près de la mer, et se trouve dans une situation peu enviable : Rien ne va plus dans sa famille, ni le couple, ni les relations avec ses quatre enfants, ni la carrière, ni, bien sûr les finances. A la cinquantaine, c'est une occasion un peu forcée de faire un bilan, relativement peu brillant, de sa vie.

Un jour, il voit apparaître dans sa vie un grand chien un peu moche, un peu fou, un peu obsédé, et qui va cependant nouer une relation particulière et privilégiée avec lui.

Le style est décalé, provocateur. Et je dois avouer que quand j'ai abordé ce petit roman, j'étais tellement au premier degré (Attendant peut-être une histoire de chien ?) que je suis totalement passé à côté du texte.

Heureusement, quand-même intrigué, je lui ai donné une seconde chance et, sans doute mieux armé, l'ai lu avec des yeux différents, et surtout le recul nécessaire pour l'apprécier.

En réalité John Fante, derrière l'histoire de ce personnage un peu paumé et de cette rencontre avec ce chien, propose une peinture de la société (Américaine en l'occurrence) en pleine crise de maturité, avec ses excès, ses doutes et les difficultés de son évolution.

Nous en sommes tous là, oscillant entre l'envie de changer et le sentiment plus ou moins "réac" et confortable de la stabilité.

Mais quelle originalité et quel culot dans le choix de la forme du récit !
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Au final le seul personnage que j'ai vraiment adoré dans ce roman c'est Stupide !
Sa philosophie se résume : à dormir, manger et se faire plaisir sans aucune contrainte sur tout ce qui bouge et qui a un taux de testostérone élevé ^^
Sauf bizarrement sur son maitre …
Il est préférable donc d'éviter de l'avoir sur le dos …car avec ses 60 kg ça pèse lourd !
Les autres personnages m'ont déprimé !
Henry Molise, un cinquantenaire qui s'attache à ce monstre car sa vie est aussi pourrie qu'une mauvaise sitcom hollywoodienne…
Se prendre d'affection pour un chien…
Qu'a donc ce chien que sa femme et ses 4 enfants n'ont pas ?!?
Probablement que ce chien s'autorise à être lui-même sans vouloir s'adapter à qui que ce soit.
Ce chien ne lui demande rien ,n'exige rien, ne lui prend pas la tête comme sa femme , ne l'exaspère pas comme ses enfants ,ne le mets pas en colère.
Il existe …et cela suffit à son bonheur !!!
Vie de chien ,pas si mal que ça finalement.
Si un Wharffff suffit pour rendre heureux un humain alors
aboyons donc tous à la pleine lune à l'unisson ^^
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Le style percutant de Fante est à déguster sans modération. Il raconte sa propre vie de fils d'immigré italien au moment où, à 50 ans, le succès et le bonheur s'en vont. Et, avec une histoire de chômage de longue durée dans une famille au bord de l'implosion, avec un chien, Stupide, il en fait une pépite d'humour grinçant.

Il transforme cette morosité familiale en farce où il devient jubilatoire de lire les problèmes de Henry J. Molise, scénariste en panne d'inspiration à Hollywood , la cinquantaine, marié, avec 4 grands enfants, des "parasites" toujours à la maison.
Et le chien bien sûr... Ce que vient faire ce chien dans cette histoire tiendrait de la gêne occasionnée par un caillou dans la chaussure- on peut encore s'en débarrasser- ou par une météorite qui écraserait leur habitation et là, il faut tout refaire.
Tout refaire. le héros parle obsessionnellement de tout quitter pour repartir à Rome. Histoire de se revigorer.
Et finalement, c'est ça ce que nous conte John Fante: un récit revigorant qui casse le kitsch de la famille modèle américaine.
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Une nouvelle oeuvre largement biographique de Fante , peut être la plus jubilatoire .
Il y a ici un humour noir corrosif qui ne peut que faire rire .
C'est une oeuvre délicieusement cynique , drôle , qui donne une autre idée de l'ampleur du talent de cet auteur dont l'on parle trop peu .
Il dresse un tableau explosif d'une famille pas comme les autres , cela en prenant un plaisir jubilatoire à exploser les normes narratives classiques.
Il jongle avec bonheur entre la chronique réaliste , très autobiographique comme souvent chez lui et un aspect beaucoup plus frondeur , très drôle et corrosif.
Une autre oeuvre qui démontre combien il est urgent de découvrir Fante .
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Henry Molise est écrivain de 55 ans ans, désabusé et en mal d'inspiration. Quant à ses rapports avec sa femme et ses enfants ... ils sont loin d'être idéaux. D'origine italienne, né dans le Colorado, les valeurs de sa communauté sont pourtant bien ancrée. Mais il est ici est pas là-bas... Alors souvent son coeur balance.
C'est l'arrivée d'un gros chien lubrique - attiré davantage par ses congénères du même sexe que par les femelles - qui vient pertuber son existence morne dans laquelle il s'est enfermé , mais bien réglée.

En avançant dans le récit, on se rend compte très vite que le chien et l'écrivain raté sont tout deux des "outsiders", des personnages qui ont du mal à rentrer dans le grand moule "wasp mainstream". Certes, il m'a fallu dépasser les 60 premières pages que j'ai trouvé assez ennuyeuses pour rentrer dans ce livre et le dévorer en une nuit ! Une fois qu'Henry laisse tomber son masque de beauf, on découvre un antihéro assez touchant. Un personnage qui incarne ce que les ratés ou autres personnages frustrés de ne pas avoir fait les bons choix ont d'attachant !
Lorsqu'on découvre ce personnage qui ne sait plus trop e qu'il veut et qui est tellement désespéré de ne pas savoir aimer ou montrer son amour à ses proches de manière saine, on apprécie beaucoup mieux l'humour de John Fante !

La présence de Stupide, le fameux chien, met en lumière le manque de communication et les relations superficielles dans cette famille dont Henry est le pivot branlant. A cause de son comportement incontrolable et ultra libidineux, Stupide cristallise très vite tout les conflits de la maisonnée et force Henry à se remémorer des épisodes de son passé qui pourraient enfin répondre à la question "mais où est-ce que ça a merdé?!!"

Pas étonnant que Charles Bukowski vouait un culte à cet auteur. Certes c'est un roman facile à lire, sans grande prise de tête, avec des chapitres courts. Mais derrière l'humour parfois un peu graveleux sur les bords, l'oeuvre est bien plus profonde qu'elle n'en a l'air.
Ce fut pour moi une superbe découverte, j'ai maintenant hâte de découvrir d'autres ouvrages de ce romancier.


Challenge USA 2019
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« Tu pues, P'pa, tu pues vraiment. »
« Ça fait un sacré bien de se sentir respecté par ses enfants. »
Faut dire que Papa Molise est un cas. Écrivain reconverti dans les scripts -c'est plus facile de dire quand un film fait un flop que c'est de la faute des autres-, « réputé cinglé » il « marche sur la plage avec un gros chien stupide et dangereux » en rêvant de Rome et du départ des enfants. Mais la famille n'est pas en reste. Selon Papa Molise : « L'aîné rejette la race blanche et va épouser une négresse. le cadet profite de son sursis pour se lancer dans une vague carrière d'acteur. le troisième est trop jeune pour participer à la désintégration de la famille. La fille est amoureuse d'un clochard des plages. L'épouse loyale s'occupe des affaires personnelles de son mari, prépare des repas sains qui consistent en oeufs à la coque et crème au caramel, aide souvent Molise à rejoindre les toilettes. »
Voilà le panorama familial. Je récapitule : Un couple et quatre enfants. Mais les enfants sont grands.
Donc : Six moins quatre égale deux. Et à deux, on a beau essayer toutes les chambres vacantes de la maison (Papa et Maman ronflent), deux c'est zéro. Alors on cherche ce putain de chien qui s'est encore fait la malle. Pourvu que cette fois il ne se soit pas encore ''attaqué'' à un uniforme. A croire qu'il est stupide.
Un livre qui m'a enchantée par l'humour noir, la répartie du père, sa lucidité et sa veulerie, n'hésitant pas à prendre la tangente dès qu'il peut pour faire du golf. Une écriture qui mord, mais sous la douleur se cache une émotion palpable.
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J'avais envie de le lire mais j'hésitais. Je ne comprenais pas le titre. Chien et stupide, c'est antinomique. Comment ça, j'aime trop les chiens pour être objective?

Enfin bref, Stupide est son nom, d'ailleurs en anglais, le titre n'est pas my stupid dog mais my dog stupid. du grand Fante, qui finit toujours par agir mieux que ses intentions ne le laissent espérer. Ce type est fou! Je l'adore!
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