La bio qu'ont consacrée les deux auteurs à Agnès Troublé, fondatrice de la marque Agnes b. tend à l'hagiographie. On comprend que la générosité (presque) sans limite d'Agnes b. lui attire bien des sympathies.
Au delà du concert élogieux sur la personne, le livre et le parcours d'Agnes b. m'ont intéressé car il met en lumière, même involontairement, un certain nombre de questions, qui n'appellent d'ailleurs pas nécessairement de réponses et qui montrent qu'il est difficile d'appliquer à la réalité des raisonnements manichéens et simplificateurs.
Agnes b. fait partie de ces soixante-huitards convaincus, devenus patrons d'entreprise et membres de l'élite sociale (sur la base du capital économique et du capital culturel). Le livre montre le parcours d'une personne qui a essayé de conserver les idéaux de sa jeunesse, que ce soit à titre personnel ou pour son entreprise. Ces idéaux ont parfois dû être 'oubliés', quant il a fallu par exemple songer à délocaliser une partie de la production hors de France pour assurer la survie de l'entreprise. L'exemple d'Agnes b. montre l'étroitesse de la ligne de crête entre le refus du système (en particulier celui de la mode) et l'acceptation entière des règles du jeu, notamment de la futilité inhérente à ce métier. Il montre l'étroitesse de la ligne de crête entre les bienfaits de la philanthropie, d'actions humanitaires généreuses ou de mécénat et la dispersion de soutiens financiers multiples qui avant tout flattent l'ego d'une bienfaitrice égocentrique et des bénéficiaires.
Commenter  J’apprécie         60
L'histoire du style agnès b. commence donc rue du Jour en 1975, au tournant d'une décennie où tout est est encore possible. Imaginons un lieu où l'on vendrait des vêtements, on écouterait du rock, on parlerait politique.