Dix fois, j'ai interrompu ma lecture, et posé ce livre.
Dix fois, je l'ai reprise.
"L'Atlantique en rond" est un ouvrage à ne pas mettre entre toutes les mains.
Son propos, qui heurte parfois, souvent même, vient entacher l'image d'un écrivain englué dans de graves contradictions.
Et, au final, je ne suis pas sûr d'avoir voulu y découvrir le vrai visage de l'officier de marine, de l'homme qui se cache derrière son élégante et riche plume.
"L'Atlantique en rond" embarque son lecteur, à bord d'une frégate à grandes voiles carrées, dans un superbe voyage au cours duquel le guide, même s'il sait se rendre indispensable par son érudition, se révèle pourtant au final être importun.
Quelques heures après le départ de Brest, de cette rude ville de granit gris, l'île de Sein, la baie d'Audierne et le phare géant d'Eckmühl déjà ont disparu.
C'est le grand large ... l'Atlantique ...
L'écrivain, dans ce voyage à travers le temps et l'espace d'un océan, mélange Histoire et Géographie.
Heureux qui, comme Ulysse, ou Claude Farrère, semble partir pour un beau voyage :
Porto-Santo, Madère, les Canaries, l'île de Ténériffe, les îles du Cap Vert, la Nouvelle-Orléans, le pays Basque, l'Andalousie ...
Il semble au lecteur qu'il n'a qu'à se laisser agréablement porter par les alizés ou conduire, dans le sens inverse, par le Gulf-stream, ce courant si cher à nos climats tempérés.
Le propos de l'auteur est riche, varié et passionnant.
Il n'oublie pas que le seul point de vue qui intéresse son lecteur est l'imaginatif.
Il évoque le vieux continent de l'Atlantide dont il pense apercevoir les derniers vestiges dans les îles volcaniques qui émergent de l'océan.
Il condamne la vieille civilisation européenne qui, après y avoir massacré les populations indigènes, porte une tache indélébile de sang.
Pourtant le propos est parfois poisseux.
Claude Farrère s'y déconsidère, s'y montre indigne.
Derrière l'élégant écrivain, le savant marin, se dessine la silhouette du sombre colonialiste, voire même de "l'esclavagiste".
L'affaire est grave.
Pour lui "le crime ne réside pas dans la traite mais dans les massacres qui l'ont précédé".
A de nombreuses reprises, le propos est martelé et répété.
Il salit gravement son auteur.
Il est parfois des bons livres que l'on aimerait mieux ne pas avoir lu ...
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Le baptême rituel est indispensable.
Quel que soit le bâtiment qui vous transportera du nord au sud de la fameuse Ligne, vous aurez à figurer, avec plus ou moins d'éclat, dans la cérémonie antique, magnifique et vénérable dont la tradition se perpétue ...
Voilà novembre qui s'achève. C'est le plus gris, le plus maussade de nos mois d'Europe ; il nous donne l'envie de nous sauver vers les pays où le soleil daigne encore se montrer.
Ils sont nombreux, ces pays-là, et bien des gens se contentent d'aller tout bonnement en Algérie, en Tunisie, ou en Sicile ; parfois, même, jusqu'en Égypte ...
Je me propose de vous entraîner plus loin et, même, de voyager un peu dans le temps tout en voyageant dans l'espace ...
Qui oserait encore parler du bleu de la Méditerranée après avoir vu l'Atlantique équatorial, celui qui s'étend de la Madère jusqu'au delà du Capricorne ?
Là, vraiment, c'est du bleu ...
Le suffrage universel n'est assurément nulle part quelque chose de bien admirable à contempler ...
Claude Farrère :
La maison des hommes vivantsOlivier BARROT, installé dans une chambre, présente une réédition de "
La maison des hommes vivants" en poche Librio ; une histoire
fantastique écrite par
Claude FARRERE, auteur populaire, élu à l'Académie française.