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EAN : 9782226032119
251 pages
Albin Michel (19/01/1988)
3.45/5   11 notes
Résumé :
Le Vitriol de lune parut en 1921, et c'était le premier roman de Henri Béraud. Un roman historique, genre alors réputé peu «vendeur». Autre circonstance peu banale : le livre obtenait quelques mois plus tard un Goncourt «jumelé», avec Le Martyre de l'obèse. Près de soixante-dix ans après, ce Vitriol de lune n'a pas une ride : sûreté de l'information et justesse du rendu historique, sobriété et beauté de l'écriture. Un roman d'une efficacité toute moderne, avant la ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique

En 1757 a eu lieu en France le dernier écartèlement, celui de Robert-François Damiens, originaire d'Arras et âgé de 42 ans. Son nom est moins légendaire que celui de son prédécesseur, François Ravaillac en 1610 (âgé de 33 ans), mais 34 ans après son supplice atroce, cette peine médiévale fut abolie, en 1791. Cette punition était sous l'Ancien Régime réservée aux régicides. Ainsi, Damiens avait planté dans le dos du roi Louis XV..... son canif !

Comme le héros du roman "Le vitriol de lune", Blaise Cornillon, un jeunot de 20 ans, a le douteux privilège d'assister à ce lamentable spectacle à Paris, j'ai le regret de vous informer, chères lectrices et chers lecteurs, que vous n'y échapperez, hélas, pas non plus. Question donc de tourner en vitesse quelques pages (de la 140e à la 149e pour être précis).

Bien que Louis XV le Bien- ou le Mal-Aimé crût que son heure finale avait frappé, la blessure causée par un petit canif n'était évidemment pas de nature à craindre pour la survie de la dynastie des Bourbons.


Le récit démarre à Lyon en 1749, à Pâques, par la mort d'un bête froid d'Anita, originaire de Gênes, mère du galopin Blaise, qui a 12 ans, et l'épouse du boulanger exemplaire François Cornillon, qui ne supporte pas la mort de son grand amour et commence à mener une vie de débauche qui le fait mourir la même triste année.

Le petit Blaise n'a plus que son oncle Giambattista Badalaccio, qu'il adore parce qu'il lui raconte toujours des histoires absolument faramineuses et fantastiques. Or, le tonton chéri disparaît aussitôt à Montbrison et le gamin se trouve sous la garde de monsieur Farge, marchand de soie et capitaine de la milice, un bienfaiteur, qui le passe au père Marion, jésuite, de qui il devient le laqueton. Plus tard, le bon Farge amène le jeune Blaise à Paris dans une jesuitière, où il devient l'aide du père Walzer, bibliothécaire. Malgré la présence de personnages hauts en couleurs, tels le père Blas de Hoyios, un Portugais original et le père Etapier, un japonologue méritoire, notre jeune ami se sent solitaire et abandonné.

En fait, il rêve de retrouver son tonton fantaisiste. Et "miracoli"... ce cher Giambattista refait surface, mais pour impliquer son neveu dans des drôles d'histoires, où il est entre autre question de Louis XV, la marquise de Pompadour et Damiens. Après l'attaque royale, la vie devient difficile pour nos héros, qui sont obligés de se contenter de jobs subalternes, et se voient même contraints de choisir le large et la haute mer.

Ils naviguèrent de sorte pendant 3 longues années et passèrent 5 fois les tropiques. En 1772, las de battre les mers, "ils prirent terre à Bordeaux" et se rendirent au pays de Ravaillac, où Blaise tombe éperdument amoureux de Manlibe, une superbe huguenote.

Le goût prononcé pour les intrigues n'a pas abandonné le signore Badalaccio, qui engage lui et son neveu dans le camp du duc de Choiseul pour, après la mort de la Pompadour en 1764, soutenir la candidature de la duchesse de Grammont contre Madame du Barry, comme favorite royale. Mission délicate qui implique pour notre duo leur installation au Palais de Versailles.

Henri Béraud connaît très bien l'histoire de la France de peu avant la Révolution et a dû disposer d'un plan détaillé de la ville de Paris de cette époque. Il nous trimballe dans plein de ruelles qui n'existent plus depuis belle lurette.

La grande qualité de cet auteur constitue probablement son énorme vocabulaire. Son emploi de mots disparus et d'expressions abandonnées ont eu comme effet que j'ai dû plonger à plusieurs reprises dans mes grands dictionnaires pour en saisir toute la portée et la finesse. Si son lexique est légèrement périmé, son style, en revanche ne l'est nullement, bien que le livre date de 1921. Il est vrai qu'il s'agissait de son premier ouvrage qui lui a valu, ensemble avec son second roman "Le martyre de l'obèse", le Prix Goncourt 1922.

Quelques petits exemples : en caractérisant un fabricant qui avait mené une vie chaste avant de se ruer au plaisir : "Il chut bientôt dans la crapule." (page 38) et " de tous, le plus surprenant était Marin, un gredin de l'écritoire, bas de figure comme un gabelou." (page 155). le père Etapier, qui, selon la comtesse Baschi, était trop beau pour rester jésuite." (page 66).

Comme le premier mai dernier, j'ai fait une critique de l'ouvrage biographique par Jean Butin "Henri Béraud ou le journalisme en littérature" et la dramatique implication de cet auteur dans le suicide du ministre de l'Intérieur de Léon Blum, Roger Salengro, en 1936, je ne vais pas répéter sa vie ici, ni par ailleurs cette ténébreuse affaire.

Quoique je tiens à répéter qu'à mon humble avis cet écrivain, trop longtemps boudé, mérite une redécouverte et un regain d'intérêt littéraire !
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Un roman historique et une curiosité car Goncourt 1922 « jumelé » avec un autre roman et du même auteur. « Le Martyre de l'obèse » a-t-il été l' adjuvant nécessaire pour que le prix soit discerné à Béraud ?Bizarre ! Bizarre ! La qualité du récit et de l'écriture toutefois très sobre, se suffisent largement à eux- même surtout pour un premier roman.

Un livre qui malgré son âge vénérable se lit très bien. Il est très moderne dit-on et c'est le cas car avec ses phrases courtes et un style léger il ne pose pas de problèmes de compréhension de d‘attention. Agréable donc à lire et intéressant par quelques termes et formules de l'époque, notamment celles du parler de guignol à Lyon et par l'intrigue quasi policière rondement menée.
le vitriol de lune est un poison, nous n'en donnerons pas la formule a cause du ® et pour ne pas engendrer de nouveau Ravaillac ou Damiens faisant partie de la pharmacopée génoise qui administré donne la vérole à la victime. Un bien beau nom pour une mort affreuse

Le génois Giambattista, républicain de coeur, anarchiste avant la lettre initie son neveux, ténébreux introverti, à l'art du meurtre politique. Tous deux sont musiciens mais la musique n'a pas adouci leurs moeurs du moins la politique a pris le dessus. le roi Louis XV en fin de règne est détesté et les intérêts des uns et des autres notamment, les demi-mondaines et maîtresses, la Pompadour « maman putain », la comtesse du Barry, les courtisans le duc de Choiseul, les congrégations religieuses jésuites et autres justifient l'assassinat du monarque.
Une leçon d'histoire qui nous rappelle une période un peu oubliée et dans laquelle nous plonge Henri Béraud en toute simplicité.
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Un Goncourt de 1922 plein de mots oubliés mais avec un style en phrases courtes plutôt moderne. Une page d'histoire entre Lyon et Paris, sur les pas d'un fils de boulanger et de son oncle, italien de Gênes. Un destin qui ira jusqu'au vieux roi Louis XV et sa favorite.
Quelques descriptions - une atroce mise à mort - assez dures pour les âmes sensibles, quelques références historiques qui m'ont manqué pour apprécier toute la lecture.
Une découverte intéressante.
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Un roman historique qui a reçu le prix Goncourt en 1922, très bien écrit, qui nous plonge dans ce siècle de Louis XV. Surtout que venant de terminer il y a quelques jours « Paris au XVIIIe siècle », j'étais en terrain connu.
Quelques invraisemblances me laissent néanmoins sur un avis mitigé. J'aime l'Histoire et les libertés prises par l'auteur ne m'ont pas convaincu.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Blaise partait. Il courait le long des boutiques, ses petits poings enfoncés dans les poches de sa culotte. À côté de lui, son image bondissait en ombre rapide dans les carreaux plombés des devantures ; et quand il sautait les flaques de la rue, l’enfant riait de se voir traversant, la tête en bas, ce ciel de nacre et de fumée qui est le ciel de Lyon.
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