Relu pour nécessités professionnelles. J'avais gardé un souvenir ému de ma première lecture faite à l'occasion d'une rencontre de classe avec
Patrice Favaro. Cette seconde lecture m'a saisie par la qualité de l'écriture de cet auteur qui peint par petites touches les scènes de vie quotidienne d'une famille italienne installée à Nice. On s'installe nous aussi dans l'immeuble de ce quartier populaire, on y sent la brûlure du soleil et l'odeur du café. La Tosca, grand-mère maternelle à la baffe facile, nous fait trembler et l'on se laisse charmer par le français zozotant du petit Gino. Quand Carlino, le grand frère provocateur de 10 ans, qui ne craint ni les raclées de la Tosca, ni les réprimandes parentales, se met à raconter les brimades qu'il fait subir à ce petit frère adorable, notre coeur se serre. Entendre parler le « méchant » qui témoigne de ses sentiments et de ses motivations nous accapare et l'on plonge dans le drame familial que l'on sent tapi au bout du couloir. Carlino a senti lui aussi le vent tourné et c'est bientôt sa culpabilité qu'il va confesser. En quoi est-il responsable de la maladie qui va affecter son petit frère ? Peu importe au final car c'est tout ce qu'il lui a fait et dit autant que tout ce qu'il n'a pas fait et tout ce qu'il n'a pas dit qui va peser lourdement sur le coeur de l'ainé.
Patrice Favaro nous attrape par le coeur et ne nous relâche qu'au point final, ému et secoué. C'est un très joli roman qui parle de maladie et de mort mais aussi du lien fraternel et de la préciosité des éclats fugaces mais scintillants du bonheur. Une petite pépite éclatante de lumière malgré la difficulté du thème principal.