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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Il suffit de traverser la rue. Ce titre ne rappelle-t-il pas la phrase d'un certain EM ? Il est donc évident que ce livre parle du monde du travail et du chômage. Un journaliste va accepter la reconversion sociale que propose l'entreprise dans lequel il travaille. Aurélien, 57 ans, a un bon salaire, est dans le genre un employé modèle. Comment réagir face à ce qui semble du grand n'importe quoi ? C'est absurde, drôle, triste et tellement actuel ! Bien apprécié le ton de l'auteur mais trop attendu, après l'avoir fini, pour faire dans le détail.
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En dix chapitres incroyablement justes, l'auteur narre le destin d'Aurélien Babel, 57 ans , journaliste à Mondonews , depuis presque toujours ———-hypersensible, froussard et poète,—— une entreprise de presse «  mondialisée » , se retrouvant au chômage à l'issue d'un plan social, licencié avec trente de ses collègues, pourtant correctement rémunérés , à l'image de notre héros ( une certaine classe moyenne voire supérieure ).


Je ne suis pas coutumière de l'économie ni familière des histoires du Grand Capital et pourtant j'ai été séduite .
L'auteur pointe avec justesse et sans complaisance les enjeux de la mondialisation de l'information et de la précarisation du métier .

Mais ce roman ne s'adresse pas seulement à l'entre - soi de cette profession , bien au contraire , mais plutôt à l'ensemble du système social .

Au fil du roman l'auteur décortique avec grâce , drôlerie , ironie savoureuse la chronologie de la perte d'emploi , vécue au jour le jour, pas à pas , par Aurélien et ses collègues.
Les signes annonciateurs, apparemment bizarres , comme l'externalisation de l'assistance informatique à Chandannagar en Inde,

l'ambiance exécrable dûe aux rumeurs fondées ou non , les ravages , l'abattement , la stupeur lorsque le couperet tombe , la volonté , bien vite oubliée de se rebeller , l' obsession du profit envers et contre tout , les grandes et toutes petites lâchetés afin de tenter de s'en sortir mieux que ses collègues, la course aux indemnisations, les pires méandres de l'accompagnement dans la reconversion professionnelle , la formation au Pôle Emploi, des séances de coach irrésistibles de drôlerie , nimbées pourtant de tristesse.

La galerie de personnages ——victimes collatérales de la mondialisation ——-sont dépeintes de façon très précise, observées avec minutie , cette classe moyenne, en fait très peu armée pour faire front , incapable de se mobiliser, face à ce type de méthode , résister à cet asservissement volontaire.

Et n'oublions pas la réponse du Président de la République face à un jeune chômeur , lors des journées du patrimoine 2018 : «  Je traverse la rue et je vous en trouve , du travail » .
C'est ce titre qui m'a fait emprunter ce livre à la médiathèque.
J'avais lu avec bonheur en 2017 : «  Eclipses-japonaises  » .

Un roman brillant , éclairant , sur un mode grinçant , drôle , un tantinet désespéré à propos de la vie au travail, l'ordinaire néo - libéral..
Rien de bien neuf, dans le monde décrit par Éric F.
La presse, le cinéma nous racontent , chacun à leur façon, comment beaucoup d'entreprises démantelées , délocalisées, contraignent leurs employés à changer de métier
C'est d'une tristesse terrible …. ….
Un ouvrage social, grinçant, avec ce qu'il faut d'humanité et de retenue qui souligne l'absurdité des situations et ces mécanismes implacables .

Le héros dit «  À ma façon , je suis la foule » .
«  Cette foule qui a perdu le sens du combat . Elle s'est résignée » .
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C'est un regard plutôt triste mais aussi terriblement juste que pose Eric Faye sur notre société à travers le prisme d'une entreprise de presse "mondialisée" et de ses employés basés en France. Il ne s'agit pas ici du monde ouvrier plus souvent pris pour thème par les écrivains, ni même des contrats précaires mais d'une certaine classe moyenne (voire moyenne supérieure) matérialisée ici par des journalistes confirmés, ancrés dans leur entreprise depuis des années, correctement rémunérés, à l'image du héros, Aurélien Babel rédacteur chez Mondonews depuis presque toujours et qui observe de façon assez léthargique les transformations de son environnement. de toute façon, lui, ce que l'intéresse c'est de préserver du temps pour écrire des poèmes, alors il a savamment écarté toute opportunité de progresser. Depuis l'entrée en Bourse de l'entreprise de presse, la pression budgétaire se fait sentir. Des petites choses qui agrémentaient le quotidien sont supprimées, comme la livraison hebdomadaire de la corbeille de fruits ou l'arrosage des plantes. Plus ennuyeux, le support informatique est regroupé en Inde. Et puis, plus grave, les rumeurs font état de transferts de services entiers vers la Roumanie ; il y avait déjà eu le coup de la jeune recrue envoyée sur la côte ouest des Etats-Unis pour éviter de passer une partie de la veille en horaire de nuit (malin). On commence à parler de plan de départ, d'indemnités... Classique.
Classique mais ce sur quoi Eric Faye met l'accent c'est le renoncement d'individus pourtant habitués à manier l'information, à la challenger, bref à faire travailler leurs neurones. le renoncement face à la grosse machine capitaliste mondialisée et ses méthodes de management bien rodées et surtout repérables de loin. Et si tout le monde refusait ? se prend à rêver Aurélien, si on se mettait tous en grève ? Ce qui se dessine est bien loin du combat. Chacun calcule, se prend à rêver d'un break voire d'une pré-retraite déguisée - après tout on l'a bien mérité après toutes ces années à jouer les bons petits soldats - et la compétition s'engage même entre les volontaires puisque les places sont limitées. le système avance, droit dans ses bottes, sûr de lui. Et ça marche...
Oui, le constat est triste, cette résignation a quelque chose de moche et d'emblématique d'un état d'esprit général ; c'est très justement mis en musique de la part de l'auteur (le côté gentiment kafkaïen du parcours entre cabinet d'aide à la conversion et conseiller pôle emploi, le cynisme assumé du système), son Aurélien Babel est terriblement humain dans ses faiblesses et sa façon de se convaincre qu'il fait pour le mieux. Tous ceux qui ont un jour travaillé dans une grande entreprise avec ce type de pilotage et d'enjeux financiers ne pourront que reconnaître la troublante ressemblance avec des situations ou des personnages ayant existé. L'exercice littéraire permet d'en souligner les contours et de donner à percevoir les émotions et sentiments contradictoires face à ce type d'environnement. C'est parfaitement réussi.
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A travers le portrait d'un journaliste qui va être licencié après 30 ans de bons et loyaux services, Eric Faye porte son regard à la fois ironique , lucide et désespéré sur le monde du journalisme et les turbulences que connaît ce secteur d'activité aujourd'hui.
Aurélien Babel subit de plein fouet la mondialisation
« A ma façon je suis la foule,
Je suis une part de la foule, cette part qui, dans les années 2010, forme sans doute la première génération à avoir aussi peur en temps de paix »

Dans ce récit Eric Faye s'attaque au capitalisme contemporain et l'étrange « passivité » qu'il suscite.

Son entreprise va changer ses méthodes de gestion :
La plupart des services supprimés et certaines activités journalistiques délocalisées dans des pays de l'Est de l'Europe ou en Inde.

« Arrêtons nous un instant sur Constanta, qui soit dit en passant, se prononce quelque chose comme « Constandza ».
Le grand port roumain sur la mer noire et la deuxième agglomération du pays, après Bucarest. Depuis quelques années, considérant que Chandannagar ne pouvait remplir la totalité des missions touchant l'Europe, MondoNews avait créé un hub dans la partie orientale du vieux continent, appelé à traiter de plus en plus de tâches retirées aux gros salaires d'Europe de l'Ouest. « Le Chandannagar de la mer Noire », comme on l'appelait déjà… Ceux qui nous dirigeaient du haut des tours de Seattle ne semblaient s'intéresser à cette région du monde que pour ses salaires de misère et son droit du travail magnifiquement préhistorique. Les faire trimer pour rien, ces Untermenschen d'ex-communistes, les faire trimer bien plus que ces avachis de Frenchies… »

Eric Faye met en scène la manière dont la méfiance infuse entre les différents salariés : chacun craint pour sa place…

Suivra le plan social très « conditionné » et agrémenté de critères de départage …

« j'ignore pourquoi il ne s'est rien passé ce jour-là.
Pourquoi aucun des recalés n'a allumé la mèche de la connotation.
Je ne me l'explique toujours pas. Faut-il l'imputer à notre propension au mimétisme - j'entends par là une forme d'inertie en vertu de laquelle si les uns ne bougent pas, les autres les imitent ? "

Cette tragédie moderne est dénoncée avec beaucoup d'humour mais aussi du désespoir face au renoncement
à se battre...












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C'est un livre très factuel et pourtant je l'ai trouvé poignant. le pitch ? le démantèlement d'un grand groupe de presse, la délocalisation de ses services en Inde et en Roumanie, le plan de départ prévu pour 30 journalistes alors qu'ils sont beaucoup plus à vouloir en bénéficier...

A 56 ans Antoine Babel l'un de ceux-là, il travaille pour le même titre depuis trente ans et s'y sent plutôt bien. Alors que de petits signes avant-coureurs ont eu lieu - ah les joies du service informatique situé en Inde, celui des archives en Roumanie, la fin de la corbeille de fruits, la disparition de l'homme qui arrosait les plantes, l'engagement de journalistes qui ne sont plus journaistes - lui comme ses collègues n'a rien voulu voir venir. Rien prévu de la panique qui s'emparerait de lui alors qu'il n'est pas certains de faire partie des 30 élus, ni de l'absurdité de la formation qu'il est obligé de suivre, même si elle ne sert à rien alors qu'il est si près de la retraite... Comme son nom l'indique Antoine Babel va vivre dans un stress immense et une grande confusion cet épisode douloureux et pourtant si fréquent dans notre société kleenex.

Si comme moi vous avez travaillé dans une grande entreprise, vous sourirez ici et là devant ses pratiques - le ticket informatique, l'entretien d'évolution. Mais l'ensemble est nimbé d'une tristesse terrible. Tristesse devant un monde dont on détruit la presse, devant la culture et l'intelligence qui ne sont plus appréciées à leur juste valeur, devant de pseudo journalistes ignorants...

Il suffit de traverser la rue est un roman social avec ce qu'il faut d'humain pour qu'on s'attache à ses personnages.
Lien : https://www.instagram.com/bc..
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La boîte qui emploie le narrateur, Aurélien, réduit ses effectifs en transférant une partie de ses activités quelque part en Roumanie. La décision a été prise par un état-major lointain sis à Seattle.
Le "cost killer" débarque. (Pardon pour l'anglicisme, mais je suis plutôt heureux que cette activité barbare n'ai pas trouvé sa traduction française, ici plutôt évidente. Il nous reste encore un peu de décence. Ou bien c'est de l'hypocrisie. Passons...). le tueur va sabrer dans les effectifs : qui va faire partie de la charrette ? Qui va pouvoir bénéficier d'un reconversion payée ? Qui va devoir ou pouvoir rester dans l'entreprise ? Chacun commence à regarder chacun de travers. Dans ces circonstances les uns et les autres se révèlent tels qu'ils sont.
Voilà un livre savoureux, parfois drôle, malin, bien écrit. Un peu attendu et superficiel.
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Aurélien Babel, 57 ans, passe une dernière fois la porte de MondoNews, le media d'information pour lequel il travaillait. Il revient alors sur les mois qui ont précédé son "départ volontaire" suite à un "plan de restructuration". Premières craintes avec les délocalisations de services, puis avec les licenciements en Angleterre et en Espagne, espoirs d'un maintien de leur groupe, puis désillusions des négociations syndicales, toutes les mesquineries du monde de l'entreprise sont mises à nu, avec leurs répercussions sur les êtres humains concernés. Même lorsque l'employeur veut se séparer de ses salariés, c'est encore à eux de justifier qu'ils ont un autre projet, qui les mène tout droit dans les bras de consultants et chasseurs d'opportunités, pour suivre de nouvelles formations, avant de repartir pour un tour avec les conseillers de Pole Emploi.
La critique est mordante, et méritée, Aurélien ne cesse de s'interroger sur la perte de sens ce qu'il fait, les contradictions auxquelles il se plie et les conséquences absurdes de l'ensemble.
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Humour grinçant autour d'un fait de société hélas peu reluisant : la disparition progressive du monde des "travailleurs" au bénéfice des actionnaires de multi-nationales.
Parti d'une phrase devenue célèbre, Eric Faye nous invite à suivre la lente descente aux enfers d'un journaliste
quinquagénaire, lorsque celui-ci fait partie du wagon que son entreprise débarque pour être absorbée par un groupe puissant.
Heureusement, notre homme est aussi poète ! Il y a peut-être encore un peu d'espoir.
Si ce n'était si proche de la réalité, ce roman est une vraie mine de "sels" et j'y aurais pris encore plus de plaisir !
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Tout le monde a encore en mémoire la petite phrase de Macron, qui, en 2018, durant les journées européennes du patrimoine, avait répondu à un chômeur, lui expliquant ses difficultés pour trouver du travail : « je traverse la rue, et je vous en trouve un d'emploi ». Une petite phrase restée tristement célèbre, qu'a repris à son compte l'écrivain Eric Faye comme titre pour son 12e roman, Il suffit de traverser la rue.

Un titre, on l'aura compris, plutôt ironique pour raconter l'aventure professionnelle d'Aurélien Babel, un journaliste de l'agence (fictive) MondoNews, au moment où une restructuration va avoir lieu dans son entreprise. Notre homme de 57 ans apprend ainsi que des services vont être supprimés ou délocalisés dans des pays de l'Est, ou même en Inde, là où le coût de production est beaucoup moins élevé.

Durant tout le roman ou presque, le personnage principal, inquiet de l'évolution de sa situation, raconte ses états d'âme, la manière dont il voit ces changements dans son entreprise et plus largement dans le Monde actuel, contraignant certains employés à quitter le navire… mais pas les mains vide, si possible. Quant aux autres, ils vont devoir se plier aux nouvelles méthodes, accepter un management plus pervers, des réductions budgétaires et ne plus compter sur tous ces petits plus qui agrémentent le quotidien de chacun. Comme beaucoup, les salariés de MondoNews vont devenir des victimes collatérales de la mondialisation et du capitalisme forcené qui gangrènent petit à petit la planète.

Rien de bien neuf, dans le Monde décrit par Eric Faye, tant depuis des années, la presse, les médias ou le cinéma nous racontent, chacun à leur manière, comment des tas d'entreprises sont démantelées, délocalisées, avec des employés dépossédés de leur outil de travail et contraints de changer de métier dans le meilleur des cas.

Ce qui fait tout le sel et l'originalité du roman d'Eric Faye, c'est le ton avec lequel l'auteur décrit de façon très précise et avec un certain humour – qui pourra rappeler par moment l'univers de Houellebecq mais aussi celui de Jean-Paul Dubois – combien tous les secteurs sans exception peuvent être touchés par ces restructurations. Un métier comme le journalisme, que l'on a longtemps pensé à l'abri de ce genre de mésaventure avant qu'internet s'installe dans tous les foyers, est, lui aussi, touché par des problèmes liés à la productivité et la rentabilité. Un domaine que l'auteur connaît évidemment bien puisqu'il a été par le passé journaliste dans une agence de presse internationale.

Eric Faye montre aussi combien ces employés, issus d'une classe moyenne supérieure, peu armés pour lutter face à ce type de méthode, sont incapables de se mobiliser, de se rassembler, de s'unir pour faire front. Et dans ces cas-là, c'est souvent le chacun pour soi qui prime. Un roman à la fois drôle et tellement réaliste qu'il en devient désespérément absurde.
Lien : https://www.benzinemag.net/2..
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Tout d'abord, je tiens à remercier les éditions du Seuil pour ce livre envoyé dans le cadre d'une masse critique.

J'ai bien aimé ce roman dans lequel le narrateur, Aurélien Babel, nous conte ses péripéties dans un groupe de presse en pleine restructuration.

La première partie, consacrée à la période précédent le licenciement collectif, est la plus réussie. J'ai beaucoup ri l'orque le narrateur nous dresse le portait de ses collègues ainsi que ses déboires avec le service informatique délocalisé en Inde. le plan des départs volontaires quant à lui est presque un vaudeville.

Dans la seconde partie, on suit notre narrateur dans sa reconversion professionnelle. Aurélien et sa formation avec Bonze précieux est un moment désopilant.

En tous cas, je ne sais pas si c'est le but de l'auteur mais moi ça m'a fait rire. Néanmoins, je m'y suis
retrouvé ayant vécu certaines de ces situations.

J'ai également trouvé que le personnage avait des accents houellebecquiens.

Une bonne lecture donc et qui m'encourage à découvrir l'oeuvre d'Éric Faye.
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