AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,75

sur 73 notes
5
8 avis
4
7 avis
3
3 avis
2
3 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Nous parlons depuis les ténèbres est une anthologie dirigée par Estelle Faye et Floriane Soulas, parue aux éditions Goater. Je me suis procuré ce recueil à Ouest Hurlant; c'était, un des bouquins sans lequels je ne voulais pas quitter le festival. J'avais assisté à la table ronde dédiée à l'anthologie, qui m'avait mis encore plus l'eau à la bouche. Malheureusement, je peux dire que la rencontre est loupée.

Je ne vais pas passer en revue les différentes nouvelles ici. Si vous le souhaitez, je vous invite à lire la chronique complète sur le blog, je mets le lien en-dessous.
En revanche, je vais plutôt livrer mon ressenti global et quelques remarques d'ensemble.

La déception vient d'abord de mes attentes, en fait. Cette anthologie promettait du lourd et du sombre. J'attendais un dépassement de l'imagination, des textes sans limites, des prises de risques. Mais finalement, je n'ai rien eu de tout cela.

D'abord, « aucune limite », avait dit Estelle aux autrices. Malheureusement, c'est la sensation que j'ai eue en lisant Nous parlons depuis les ténèbres. Certains textes ne sont pas suffisamment aboutis, d'autres se révèlent assez timides. J'ai senti de la retenue à plonger franchement dans les ténèbres, comme si les autrices avaient souhaité rester sur le seuil. Et j'ai même ressenti une sorte de froideur, de réticence à parler depuis les ténèbres. Comme un manque d'entrain, ou un texte écrit parce qu'il le fallait. Je n'ai pas ressenti le plaisir qu'ont eu les autrices à écrire ces nouvelles.

Ensuite, je n'ai pas vibré dans ces pages. Je n'ai pas frémi, je n'ai pas eu de frissons, rien ne m'a vraiment bousculée, dérangée ou mise mal à l'aise durablement. Et c'est surtout ça que je reproche au recueil. D'être mollasson, de manquer de punch, de volonté, de coeur à l'ouvrage, de fougue, de saut à pieds joints dans la noirceur collante des ténèbres. Il y a quand même la nouvelle de Morgane Stankiewiez, qui se détache très clairement des autres textes. Mais ça ne suffit pas; les nouvelles ne sont pas mauvaises, d'ailleurs j'ai bien aimé quelques textes (celui de Louise le Bars avec sa prose poétique, celle de Cécile Guillot, très mélancolique...). Mais en termes de coup de poing dans la tronche, le compte n'y est pas. Et ça, c'est vraiment, vraiment dommage.

Est-ce parce que notre conception française de l'horreur est beaucoup plus restrictive que celle anglo-saxonne ? Peut-être, mais dans ce cas, il me semble que le recueil ne se positionne pas très bien, tant dans son projet littéraire que vers son lectorat. Il aurait peut-être fallu, dans la préface, réancrer l'anthologie dans un héritage plus marqué afin que les attentes soient en concordance avec les textes proposés. C'est juste une hypothèse, que je développe davantage dans mon billet, mais je me suis posé la question, en tout cas.

Enfin, quelques remarques sur la forme. J'ai trouvé dommage qu'il n'y ait pas davantage de liens entre les nouvelles. J'ai plus eu la sensation de lire une addition de textes qu'un ensemble harmonieux tissé de bout en bout, avec échos et clins d'oeil. Je regrette aussi que la forme finale n'ait pas été plus soignée, avec une relecture performante éliminant les coquilles, oublis de ponctuation et maladresses de langage dans une nouvelle. Ce beau projet aurait mérité à mon avis de mûrir davantage.

Alors voilà, j'espérais un feu d'artifice, un océan de malaise, de frissons et de vertiges, un puits de noirceur sans fin, mais ma lecture a davantage ressemblé à un pétard, une promesse de nuits tranquilles et des nuances de gris. Je suis un peu déçue, il faut bien le dire...
Lien : https://zoeprendlaplume.fr/c..
Commenter  J’apprécie          150
J'ai longuement hésité entre trois et quatre étoiles. J'ai beaucoup aimé la plupart des nouvelles, jusqu'à l'avant dernière, et je vois dans les autres commentaires que je ne suis pas la seule.
Je ne comprends pas ce que cette histoire fait là, elle est complètement hors sujet et est venue gâcher le plaisir que je prenais à lire de la littérature de l'imaginaire sombre.
Ce recueil m'a quand même permis de me réconcilier avec Morgane Caussarieu, et m'a donné envie de creuser la SF de Floriane Soulas.
Commenter  J’apprécie          20
L'anthologie Nous parlons depuis les ténèbres se présente comme une plongée dans les voix horrifiques d'autrices francophones d'aujourd'hui. Une façon de remettre au goût du jour celles qui furent les pionnières de ce genre, que l'on a pourtant tendance à ne pas associer au féminin. Je ne pensais pas à la lire au départ, car l'horreur et moi, ça fait deux. Ou plutôt : ça ne le fait plus. Fut une époque où j'engloutissais les romans d'horreur avec délices, et un jour, il y a eu l'étalage de tripailles de trop. Depuis, je n'y parviens plus quand c'est trop gore ou lorsque certains sujets sont abordés. En revanche, je continue de raffoler de l'horreur psychologique !

Par ailleurs, l'horreur a, en France, une signification différente de celle des pays anglo-saxons. Ce qui explique certaines confusions – par exemple, ma novella Sang d'écume, pourtant conçue comme un texte fantastique à l'ambiance lovecraftienne, auteur horrifique bien connu, je ne la classais pas d'emblée dans ce genre-là. Mais des lecteurs et lectrices lui ont donné cette étiquette – qui est, avec le recul, en effet appropriée, que ce soit au texte ou à l'intention que j'y ai mise.

Bref, revenons à nos moutons – ou plutôt nos monstresses – j'ai fini par me lancer dans cette anthologie suite à plusieurs retours déçus, qui estimaient que l'anthologie n'était pas aussi horrifique que promise.

Elle s'ouvre sur Petite soeur des fauves de Aurélie Wellenstein. On retrouve une thématique chère à l'autrice – le lien avec l'animal – et le contexte déliquescent, post-apocalyptique, m'a rappelé Mers mortes (avec un fléau différent). Malheureusement, ce texte qui m'a accrochée laisse un goût d'inachevé. Beaucoup de questions me sont restées : comment la population en est-elle arrivée là ? Qu'est-ce qui fait que certains sont atteints du mal et d'autres non ? Et le lien avec les animaux de l'héroïne, d'où vient-il ? Que veut-il dire ? Bref, je pense que l'autrice aurait eu matière pour un texte plus long, en l'état je suis restée frustrée.

Vient ensuite Un arrière-goût d'éternité de Morgane Caussarieu. L'autrice ayant la réputation de faire dans l'horreur qui tache – soit précisément celle que je n'aime pas – j'avais quelque peu d'appréhension en me lançant dans sa nouvelle. Au final, elle n'est pas trop « crade » et elle est l'une de mes préférées de l'anthologie ! Morgane dépoussière en effet le mythe de la sirène de façon jouissive (et horrifique, bien évidemment).

Isadora de Micky Papoz est un autre texte parmi mes favoris ! Il est très bref, aussi sera-t-il difficile de le résumer. J'ai particulièrement aimé sa chute, référence à un thème qui me passionne (et je n'en dis pas plus !)

J'attendais avec beaucoup d'impatience Val d'errance de Lizzie Felton. En effet, j'adore sa plume! Ce fut très agréable de lire sa nouvelle diabolique. Cependant, si c'était un texte fantastique sympathique et émouvant, il m'a manqué ce frisson qui court sur l'échine. de ce côté-là, je l'ai trouvé plus efficace dans sa duologie À l'ombre du manoir, que je vous recommande !

Vient ensuite une autre plume que j'apprécie, avec Âme soeurs de Louise le Bars. Un texte des plus originaux ! le concept des âmes soeurs est vraiment surprenant, nous ne sommes pas là dans l'habituelle signification qu'on leur prête, mais il m'a encore manqué le frisson.

On passe à Planète 9 de Floriane Soulas. Je crois que j'ai un problème avec la plume de cette autrice… Je n'avais déjà pas accroché son roman Les oubliés de l'amas (et j'ai l'impression d'être la seule 🫢), et si j'ai apprécié l'aspect science-fictif de cette nouvelle – c'est la seule de ce genre dans cette anthologie - notamment par l'atmosphère que l'autrice a su créer, j'ai trop vite su ce qu'il était advenu, car on est sur du déjà-vu. Entre cette absence de suspense, et la fin qui ne cherche même pas à répondre à certaines hypothèses ébauchées pourtant prometteuses, je ne suis pas certaine d'avoir envie de persévérer (mais je tenterai tout de même de lire son dernier-né, Tonnerre après les ruines, jamais deux sans trois. Peut-être que cette fois sera la bonne ? ).

Barbara Cordier nous entraîne ensuite, avec La boutique, dans une histoire de bonbons ensorcelés. Honnêtement, c'était très bien parti pour que ce texte figure dans mes préférés de l'anthologie. L'ambiance est là, le ton caustique, le suspense, la tension qui monte… et bam, alors que l'on s'apprête à atteindre le comble de la tension, tout retombe comme un soufflé à cause d'une ellipse fort peu judicieuse. Quelle déception !

Arrive la nouvelle qui figure parmi mes préférées de l'anthologie, j'ai nommé Pas de deux avec les ténèbres de Cécile Guillot, dont la plume avait déjà fait mouche avec sa novella Lullaby. Une histoire de danse, de deuil et de refus de la mort. Ici, la plume de Cécile, bien que tout en douce poésie, est au service d'un texte percutant. Tellement que j'y pensais encore longtemps après avoir refermé l'anthologie. Car c'est, malgré son apparence anodine, un texte frappant, qui prend sa place dans notre tête comme une sombre ritournelle qui ne nous quitte plus.

Je n'ai pas lu le texte suivant, Tu aimes les enfants de Morgane Stankiewiez. L'autrice me connaît bien et me l'avait déconseillé – j'ai lu quelques paragraphes en diagonale qui m'ont confirmé que non, ce texte n'était décidément pas fait pour moi !

L'anthologie se conclue sur une nouvelle d'Estelle Faye, autrice qu'on ne présente pas. Si j'aime toujours retrouver sa plume, si évocatrice – ici, un texte plein d'embruns et d'horreur bien humaine – je n'ai pas éprouvé autant de frissons qu'avec son roman Widjigo, l'intrigue étant somme toute prévisible. Mais cela reste une lecture agréable, que j'ai lu avec plaisir.

Dans l'ensemble, l'anthologie est sympathique à lire et je pense qu'elle peut offrir une bonne porte d'entrée au genre horrifique ou convenir aux personnes qui, comme moi, ont un rapport compliqué avec ce genre. En revanche, elle risque de ne pas convenir aux aficionados. Elle comporte peu de textes marquants pour être véritablement considérée comme une anthologie horrifique – en tout cas, pour les habitués du genre.
Lien : https://lullastories.wordpre..
Commenter  J’apprécie          20



Lecteurs (196) Voir plus



Quiz Voir plus

L'île au manoir (Lou)

Où est enfermée la fille?

dans un hôtel
dans un manoir
dans une maison

9 questions
26 lecteurs ont répondu
Thème : L'île au manoir de Estelle FayeCréer un quiz sur ce livre

{* *}