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EAN : 9782375681725
114 pages
Le Chat noir éd. (06/06/2021)
4.32/5   47 notes
Résumé :
États-Unis, années 20.
Hazel aime écrire des histoires horrifiques et rêve de devenir écrivain. Son cœur bat pour sa jolie voisine, Blanche. Mais quand ses parents découvrent ses diverses inclinations, ils s’en indignent et décident de la faire interner à Montrose Asylum.

Là-bas, elle rencontre la fougueuse Jo et la fragile Lulla. Toutes les trois vont suivre la mystérieuse berceuse qui s’élève la nuit, les menant au sein d’un jardin abandonné…
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Critiques, Analyses et Avis (29) Voir plus Ajouter une critique
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Dans l'Amérique des années 20, il est des sujets et des attitudes qu'il vaut mieux éviter.

La condition de la femme dans la société étant ce qu'elle est, il valait mieux faire profil bas et quelque part, donner raison au système et cantonner les femmes dans des rôles et fonctions de base, généralement assignés au foyer et à la procréation.

Alors quand les parents de la jeune Hazel Bloom découvrent que leur fille passe sont temps à écrire des histoires horrifiques dans un journal intime, et y détaille ses penchants sexuels pour Blanche, une jeune fille française, c'est la frasque de trop.

Elle refuse en effet de se plier à leur volonté de se marier à un bon parti, et pis encore, s'arrange pour que toutes les entrevues ou diners pour la présenter à ses potentiels prétendants tourne au fiasco le plus complet.

Sans le vouloir, elle va alors les convaincre de considérer une option radicale, l'envoyer dans un asile pour lui remettre les esprits au clair.

Un internement indéterminé, où à force de côtoyer les fous, on risque tout simplement de le devenir soi-même, ou qui sait... d'en sortir avec un esprit plus clair et déterminé qu'en y entrant.


Une très belle claque et un livre que j'ai littéralement dévoré d'une traite !

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Si j'ai déjà lu plusieurs textes de Cécile, Lullaby m'a incontestablement le plus plu et parlé ! Il s'agit d'une novella dont l'intrigue se déroule dans les années 20. Nous allons suivre le récit de Hazel, seule enfant d'une famille engoncée dans une normalité figée. À cette époque, vous vous en doutez, les femmes ne sont guère considérées autrement que des « potiches » : elles ne savent pas raisonner, ne sont utiles que pour tenir la maison et donner naissance aux enfants.

Malgré le conformisme prêché par ses parents, Hazel sort du moule, entre son amitié trouble avec la fille de la voisine, Blanche, et ses écrits sanglants. En découvrant ces derniers, ses parents font appel à son oncle pour prendre les choses en main. Ainsi, la voilà envoyée à Montrose Asylum, un établissement psychiatrique pour les filles et femmes de bonne famille.

Sur place, Hazel découvre un environnement hostile, entre l'infirmière méprisante, les traitements lourds et violents. On peut toutefois l'estimer assez chanceuse, car le médecin qui la suit est davantage psychanalyste que son collègue qui pratique des traitements barbares ; l'autrice mentionne bien sûr l'hydrothérapie ou l'insulinothérapie.

Hazel va se lier avec Jo, une jeune femme moderne auprès de laquelle elle va se sensibiliser à la cause féminine : pourquoi les femmes ne peuvent pas accéder à davantage de métiers ? pourquoi sont-elles moins bien payées que les hommes ? Jo lui apprend également l'existence de Margaret qui parle de contraception.

Cécile montre de nombreux décalages. La plupart des pensionnaires de l'institut présentent de véritables troubles psychiques, alors que Hazel et Jo ont juste des pensées différentes de la norme : l'envie d'être indépendante, de ne pas se marier et de travailler en tant que bibliothécaire pour continuer d'écrire pour Hazel. Il y a également la diaphane Lulla, internée pour une raison grotesque, rejetée par sa famille. Contre toute attente, une patiente a fait de l'institut sa nouvelle demeure : au moins elle ne se mariera pas et ne sera plus confrontée à sa famille.

Jo a pris Hazel sous son aile, lui dictant la conduite à tenir pour sortir au plus vite. Pourtant, une nuit, Hazel, Jo et Lulla se retrouvent dans le couloir, elles entendent une berceuse, chantée par une petite fille. Les trois amies vont alors découvrir un jardin abandonné, onirique. Mais dans ce paradis, un monstre rôde et cherche à s'en prendre à Hazel. Et si ce jardin était lié à Hazel ? Il faudra qu'elle en perce le mystère pour (re)trouver sa liberté.

Aujourd'hui, l'approche psychiatrique a, heureusement, changé, pourtant cela fait toujours froid dans le dos de savoir, de voir, que les personnes différentes sont encore rejetées, stigmatisées, discriminées. Tout comme le combat pour l'équité n'est pas terminée. D'ailleurs, l'autrice ne rapproche-t-elle pas les fleurs létales du jardin de Hazel à la figure féministe des Sorcières d'aujourd'hui, suggérant le symbole de la femme sauvage ?

Cette novella questionne des sujets actuels par le biais du traitement des femmes, plus particulièrement via la psychiatrie. L'autrice nous livre une bibliographie à la fin de son texte, pour approfondir le sujet.

En bref : mêlant psychiatrie dans les années 20, fantastique et féminisme, Cécile signe avec Lullaby une novella à la fois douce et cruelle. Interrogeant les dérives du conformisme, la misogynie latente des milieux médicaux/psychiatriques, le regard est braqué sur notre société actuelle, qui, malgré des « améliorations », répètent le schéma égocentré du rejet. Au 21ème siècle, il est malheureux d'écrire que le combat concernant l'équité continue. le féminisme s'est approprié la figure symbolique de la Sorcière, femme indépendante, femme sauvage, qu'esquisse Cécile, via Hazel, Jo et Lulla, à l'époque des balbutiements du féminisme.
Lien : http://maude-elyther.over-bl..
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Le dernier roman de Cécile ouvre la nouvelle collection du Chat Noir F. Nigripes, qui regroupe des « novellas fantastiques, teintées d'horreur, d'étrange ou de mystère, pour un concentré d'émotions et de sensations ». Un format et des thèmes qui, personnellement, sont mes favoris de lecture : je sens que je vais souvent craquer pour les ouvrages de cette collection !

Hazel fait partie de la bourgeoisie. Ces parents souhaitent la marier au plus vite avec un autre membre de la haute société, mais elle ne rêve qu'à écrire des histoires d'horreur. Quand sa mère découvre son penchant pour les récits horrifiques, elle traite sa fille de monstre et le couple décide de l'envoyer à Montrose Asylum pour traiter ses penchants déviants et la faire revenir à la raison en jeune femme modèle. Hazel va alors être obligée de sortir de sa bulle dorée et de se confronter à la réalité de son époque.

Alors qu'elle commence à peine à trouver sa voie, Hazel est stoppée net dans ses ambitions par ses parents conservateur qui ne voit pas d'un bon oeil sa volonté de vivre seule et d'exercer un métier dans une grande ville. L'autrice met en avant la difficulté d'être une femme et de faire entendre sa voix à cette époque. Son destin est tout tracé pour ses parents : elle doit se marier et faire une bonne épouse, qui portera des enfants et tiendra la maison. Hazel rêve à bien d'autres choses et c'est son ambition et sa volonté d'indépendance, de liberté, qui vont la mener à Montrose Asylum.

Lors de son arrivée, Hazel fait la connaissance de Jo, une jeune femme qui a eu le malheur d'accepter un mariage arrangé et qui souhaite maintenant s'en dégager. Elle fait partie des femmes qui se rebellent et manifestent dans la rue contre la société qui ne leur donne aucun droit à part celui de servir l'homme. Leur amitié va ouvrir les yeux d'Hazel sur ce qui se passe à l'extérieur de son cocon de privilèges. Elle fait aussi la connaissance de Lulla, être fragile et taciturne, qui a bien du mal à s'ouvrir à cause de ce qu'elle a vécu.

La nuit, les trois femmes entendent toutes une douce berceuse qui s'élève derrière une porte du couloir. Elles vont la suivre et explorer les mystères de cette douce-amère comptine. S'agit-il d'un rêve commun ou de la réalité? Au cours d'une de leurs excursions nocturnes, une infirmière les surprend, et les traitements médicaux se durcissent : on se situe au temps des débuts de la psychanalyse, mais aussi des thérapies chocs qui laissent peu de chance aux patientes…

Cécile explore aussi la romance entre femmes à une époque où l'homosexualité était très mal vue. Encore une fois, le rôle de la femme est d'être épouse et mère, et une relation entre femmes va à l'encontre de ce principe même de la « nature ». La description du sentiment amoureux passe par la plume tout en douceur et poésie de l'autrice, mais aussi par des extraits de poèmes de Renée Vivien, que j'ai pris grand plaisir à lire.

Mina M a réalisé une magnifique couverture pour cet ouvrage, avec douceur et onirisme. La mise en page interne est tout aussi soignée, agrémentée de paillons de nuit et de lierre. Un petit plus qui rend la lecture encore plus agréable !

Un roman court qui explore l'émancipation féminine à une époque où les femmes se battent pour leurs droits. Une protagoniste attachante qui rêve de voler de ses propres ailes, mais que le poids de la société retient au sol. Une histoire tout en douceur et poésie dans un contexte sombre de répression.
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Lullaby expose les concepts que j'aime. Il dénonce les abus patriarcaux et les comportements anormaux envers les femmes qui ne rentrent pas dans le moule. Les années 1920s pendant lesquelles se déroule l'intrigue de cette novella sont un choix d'autant plus judicieux que cette décennie symbolise l'une des ruptures avec le modèle instauré (ou devrais-je dire imposé ?) au XIXe siècle. Cette période d'essor industrielle et de changements de régime politique a été dévastatrice pour la condition de la femme qu'on enferme entre les murs du foyer, la mode les étouffant dans des corsets et les immobilisant dans des robes inconfortables. Je n'évoque pas ici des dames issues de la classe ouvrière, car Lullaby place son contexte dans le monde des riches.

Hazel provient d'une famille aisée dont les traditions lui pèsent. Aventureuse et créative, elle écrit des histoires d'horreur et rêve de devenir romancière. En totale contradiction avec ses parents qui ne la considère que comme une poule pondeuse gardée dans l'ombre de son futur mari. Alors que l'émancipation féminine revendique des droits, les cheveux courts et habillée des tenues pratiques, ils symbolisent le rejet de la modernité libératrice des années 1920s. On ne peine pas à imaginer la souffrance et la rébellion qui couve entre les lèvres scellées d'Hazel. Une jeune femme dont la lecture de son carnet va l'enfermer. Apprenant les penchants de leur fille, devenue monstre à leurs yeux, les parents l'envoient à Montrose Asylum.

Cette novella n'est pas ma première incursion dans le monde des asiles pour femme. Des documentaires sur Nellie Bly et cette pauvre Rose Marie Kennedy (la soeur du président américain) m'ont renseignée sur les horreurs perpétrées envers les femmes, pour la majorité saine d'esprit que les hommes veulent purifier ! Des femmes brisées et amenées vers la folie ou l'état de légume après des traitements que l'on ne peut qualifier autrement que de tortures. Les asiles incarnent la perfidie masculine qui a réussi à détourner le système pour continuer ses féminicides et assouvir sa dominance. Si les bûchers ont été interdits, les hommes ont trouvé le moyen légal de poursuivre leur vilenie sous couvert médical. le mot hystérique remplaçant celui de sorcière.

Plusieurs des méthodes cruelles sont évoquées et certaines sont légèrement décrites dans Lullaby sans pour autant verser dans le voyeurisme. Cécile Guillot dénonce ces tortures avec justesse et en évitant d'enlever la dignité des femmes qui les subissent. Elles sont victimes et en même temps héroïnes.

Hazel rencontre Joséphine Foley incarcérée, car elle milite pour les droits des femmes. À son contact, Hazel se sent à la fois comprise et honteuse en raison de son ignorance sur les combats menés pour l'égalité, elle qui pensait pouvoir trouver un travail et en vivre sans aucun souci. Sa candeur morcelée par le traitement de ses parents va encore en prendre un coup. Une amitié profonde naît entre les jeunes femmes rejointes par une certaine Lulla.

Un soir, le trio est réveillé par une berceuse entonnée par un spectre du passé. Il découvre un jardin secret dans un couloir désaffecté. Un monstre y rôde. Entre rêve et cauchemar, Hazel doit démêler le vrai du faux pour éviter de sombrer dans la folie. J'ai adoré la manière dans l'autrice insère le fantastique dans la réalité brute et cruelle.

Si les personnages ne sont pas développés à fond, l'histoire reste accrocheuse par ses thématiques et la dynamique engendrer par le format court. La romancière emploie des citations de Renée Vivien pour illustrer les sentiments amoureux d'Hazel, renforçant son lien avec le monde des livres, l'écriture étant un véritable exutoire pour la jeune femme. N'étant pas du tout fan de poésie, je ne connaissais pas cette poétesse, parlant de son amour pour une femme, sur laquelle Cécile Guillot lève le voile. Une manière de contrer l'invisibilisation des femmes menaçantes par leur créativité et de rajouter une case à cocher sur la liste des combats féministes.

En bref, j'ai adoré Lullaby. Malgré un manque de profondeur chez les personnages dû au format court, la mise en scène des dénonciations des pratiques psychiatriques et médicales des asiles destinés aux femmes qui brisent les chaînes imposées par les hommes est percutante. Les épisodes s'enchaînent sans accro et nous plongent dans cette démence où la révolte ne se bat pas à armes égales avec la domination masculine. L'imagination s'allie à l'émancipation pour survivre à la cruauté patriarcale.
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Dans les années 20, il ne fait pas bon être femme surtout si vous avez des envies d'indépendance.
Hazel est conduite à Montrose Asylum (institut psychiatrique) après la découverte d'un journal de nouvelles d horreur qu'elle écrit mais aussi après que sa mère ayant perçu un penchant "contre nature" chez sa fille qui rêve de travailler, ne pas se marier ni d'avoir d'enfant.
A son arrivée, elle rencontre Jo, hospitalisée pour ses idées féministes mais aussi par un mari qui en profite pour la spoiler. Jo met en garde Hazel et l'invite à jouer le jeu du médecin Broomfiled qui privilégie la thérapie aux expériences scientifiques sur les patientes.
Un soir, Hazel est réveillée par une comptine qui semble venir d'un couloir Barré par un "défense d'entrer". Jo est là aussi. la curiosité les gagne et elles franchissent les portes pour se retrouver dans un jardin automnal où se trouvent une petite fille terrorisée par un monstre mais aussi Lulla, une autre pensionnaire... mais c'est matériellement impossible.
ce jardin serait la projection de l'inconscient de Hazel, et dans ce cas quel est le monstre qui habite ses pensées ?

Cécile Guillot nous propose de le découvrir au travers d' une petite centaine de pages. ça peut sembler court et pourtant le récit est bien construit, les personnages denses et je finis avec la nausée alors autant dire que le pari est réussi.

Qu'il fait bon être née à la fin des années 70 dans un pays libre où les combats ont été menés, charges à nous de pas reculer sur la conquête des droits et à rechercher enfin une égalité voir une justice.

bonne lecture à tous.je vous laisse faire votre propre opinion.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Ce qui était le plus triste, c’était le ton avec lequel elle avait parlé. Comme si c’était une évidence. Comme si c’était normal. Comme si tout ce qui la définissait, c’était cette main. Elle était tellement plus que ça. Elle était la lumière au sein des ténèbres, le souffle doux de la brise sur les pétales fragiles de cette existence à Montrose. La candeur et la pureté incarnées.
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J'éteignis ma lampe, le cœur apaisé. Lorsque des histoires me venaient, il me fallait les coucher sur papier sous peine d'être hantée par mes personnages. Qu'il fasse jour ou nuit, peu leur importait, ces vils individus se montraient aussi exigeants et impatients que des enfants gâtés. L'image me plaisait bien. J'étais en quelque sorte la mère de mes œuvres romanesques. (9)
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Travailler. Tu n'y penses pas. Pourquoi travailler alors qu'un mari peut subvenir à tous tes besoins ?
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-Écrire? Tu peux oublier. C’est interdit.
– Quoi ?
Comment allais-je rédiger mes histoires, celles qui palpitaient sous mon crâne, menaçant de faire exploser ma tête?
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C'est toujours l'automne dans mon jardin intérieur...Une nature en pleine agonie...Ce lieu où tu m'as enfermée tant d'années, mais maintenant je suis libre.
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Videos de Cécile Guillot (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Cécile Guillot
L'aube de la Guerrière de Vanessa Terral, Un roman aux éditions du Chat Noir Troisième tirage maintenant disponible www.editionsduchatnoir.com
Musique : L'ombre du groupe Kells (avec l'aimable autorisation du groupe) Illustrations : Cécile Guillot & Miss Gizmo
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