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Puzzle de destins de citoyens japonais, arrachés à leur quotidien et leur identité par la Corée du Nord.

Dans ce roman paru en août 2016 aux éditions du Seuil, Éric Faye s'empare d'une histoire connue et fascinante, la multiplication dans les années 1970 et 1980 de disparitions anormales de citoyens ordinaires au Japon (et dans d'autres pays dans une moindre mesure), dont on découvrira, des décennies plus tard, qu'ils ont été enlevés par la Corée du Nord, pour enseigner les subtilités de la langue, les codes vestimentaires et la culture japonaise à ses espions, et servir la propagande du régime au coeur de la guerre froide.

Adam Johnson racontait en 2012 dans un roman extrêmement documenté, saisissant et monumental, «La vie volée de Jun Do», la vie de Park Jun Do, un quidam devenu espion du régime nord-coréen et chargé au début de son étrange carrière des enlèvements sur les côtes japonaises. Les «Éclipses japonaises» d'Éric Faye font se croiser les trajectoires inouïes des kidnappés et celle d'une jeune femme nord-coréenne brillante, surdouée pour les langues étrangères et devenue agent secret du régime.

La suite sur mon blog ici :
https://charybde2.wordpress.com/2016/09/12/note-de-lecture-eclipses-japonaises-eric-faye/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Plusieurs jeunes femmes, voire très jeunes filles japonaises sont kidnappées et jamais retrouvées. A la frontière entre les deux Corée, un GI américain s'évapore.

Je retrouve les jeunes japonaises sur un bateau direction…. La Corée du Nord où elles sont chargées, pardon, obligées d'apprendre le japonais et la vie japonaise à des coréens du nord… espions bien entendu ; le GI américain, après plusieurs mois de détention est soumis à la même sauce.

« Oui, parfois, elle se persuadait qu'elle enseignait des comptines à des tueurs ». C'était leurs rôles, faire connaître la vie japonaise, entre autres, à des espions nord-coréens. C'est ainsi que Chai Sae-Jin perçoit sa nouvelle vie de recluse coréenne.

Eric Faye traite ce sujet que je ne connaissais pas en le faisant courir sur cinq décennies, ce qui permet de suivre l'itinéraire de vie et de pensée des prisonniers japonnais, américains. Les japonnais doivent inculquer aux futurs espions la langue, sans accent étranger, le code vestimentaire, la société nippone afin qu'ils puissent aller faire leur sale boulot sous couverture nippone.

S'il n'y avait eu l'explosion en plein vol, en 1987, d'un avion de la Korean Air et la sagacité d'un journaliste japonnais proche de la retraite, ces rapts n'auraient jamais été découverts.

J'aime le Japon vu à travers le regard d'Eric Faye, (Nagasaki) peut-être parce qu'il décode la civilisation nippone qui est un mystère profond pour moi où je peine à entrer.

L'impossibilité d'aller dans ma librairie, la maladie font que je sors les oubliés de ma bibliothèque à lire (oui j'en suis là!) et j'y fais de belles découvertes, comme Eclipses japonaises.
Lien : https://zazymut.over-blog.co..
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La Corée du Nord faisant malheureusement la une de l'actualité en ce moment, on ne peut pas passer à coté de ce roman (qui est en fait un documentaire romancé) absolument sidérant !
Il y est question de ces jeunes japonaises enlevées très jeunes pour aider à la formation d'espions ou comme ce soldat américain pris au piège de sa désertion, séquestré à des fins de propagande.
Dans un style neutre et dépouillé, Eric Faye décrypte la terreur, le désarroi , le désespoir de ces enfants, adolescentes ou jeunes adultes qui perçoivent confusément qu'ils ne reverront peut-être jamais leurs familles.
Voici un roman haletant qui fait froid dans le dos et laisse songeur sur la dictature la plus hermétique monde...
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Dans les années 70 des jeunes filles disparaissent mystérieusement au Japon. Elles sont enlevées et "embrigadées" en Corée du Nord, avec des missions particulières.
En lisant la 4ème de couverture, je ne m'attendais pas du tout à découvrir cette histoire, ou plutôt ces histoires, car on suit plusieurs personnages différents. On découvre alors, la dictature, la mésentente Corée du Nord-Corée du Sud, la haine de la Corée du Nord envers son voisin le Japon et envers les USA....C'est très instructif pour l'ignorante que je suis concernant concernant cette Corée et son histoire, qui malgré tout n'est pas si lointaine...
C'est ahurissant d'apprendre que des personnes ont vécu 30 ans là-bas complétement déracinés...
J'ai beaucoup aimé la plume de l'écrivain que je ne connaissais pas.
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Un beau roman sur un pan méconnu (de moi) de l'histoire entre le Japon et la Corée .
Entre la fin des années 60 et le courant des années 70, des japonais, une fille d'Europe de l'est, une orientale, un américain disparaissent mystérieusement sans laisser de trace. Pas de corps, pas de suicide, pas de demande de rançon. Aucune trace, aucune piste. ‘ Cachés par les dieux ‘ est l'expression alors utilisée. Evaporés.

Nous suivons le parcours surprenant et hors du commun de certains de ces personnages inspirés de vraies disparitions. Quand l'Histoire se trouve intégré à la fiction, nous plongeons dans la face cachée d'un conflit mondial de la guerre froide.
Une découverte intéressante.
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Éclipses japonaises est le récit absolument incroyable mais pourtant affreusement réel de "disparitions" de dizaines, voir de centaines de Japonais dans les années 70, enlevés par la Corée du Nord pour servir ses intérêts.
Sujet totalement inconnu pour moi, ce livre d'Eric Faye m'a donné envie de me documenter d'avantage sur cette tragédie et c'est en partie ce que j'attend d'un livre que de m'apprendre des choses.
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Je découvre avec ce roman la jolie plume d'Éric Faye, qui nous raconte le destin de femmes japonaises enlevées par la Corée du Nord afin qu'elles enseignent la langue et la culture nippone à des agents secrets nord coréens, ainsi que l'histoire de ceux ou celles qui ont pu croiser leurs chemins. Inspiré de faits réels, l'auteur imagine quelles auraient pu être leurs vies, avec beaucoup de sensibilité et de justesse. L'auteur joue habilement avec les non dits et les ellipses pour illustrer encore mieux ces "éclipses" de vies, volées, brisées, manipulées par un régime totalitaire qui suit des règles bien différentes de celles du reste du monde. Mais des vies malgré tout...
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Naoko, Setsuko, Shigeru et Jim. Des prénoms derrière lesquels existent des personnes, aimées par leur famille, appréciées par leurs amis, avec des projets d'avenir, des passions, des agacements, des dégoûts, des rires et des larmes. Et puis un jour comme les autres, un jour qu'absolument rien ne distingue des autres jours, Naoko, Setsuko, Shigeru et Jim s'effacent totalement. Disparus sans laisser de trace. Gommés de leur existence pour réapparaître dans une autre qui leur est imposée en Corée du Nord. Pendant des décennies ils demeurent transplantés dans une vie qui n'est pas celle que leur naissance laissait présager. Leurs souvenirs sont à la fois toxiques et réconfortants dans cette trajectoire forcée. Otages d'une déraison d'état, ils doivent ramasser tout ce qui constitue leur culture d'origine pour la déverser dans l'esprit de futurs espions infiltrés. Une double torture en quelque sorte.
J'ai lu le roman d'Eric Faye comme on lit un thriller, sans reprendre souffle. La très habile et audacieuse construction a suscité un effroi glacé, une désespérance d'autant plus saisissante que les faits sont inspirés d'une réalité probablement encore plus monstrueuse que celle qui nous est racontée ici. Des repères brouillés du début jusqu'au déchirement de l'espoir toujours déçu, en passant par les enquêtes en impasses, l'écriture nous porte au coeur des situations et nous amène à en ressentir toute l'absurdité et toute la cruauté. En refusant tout procédé mélodramatique, elle donne au récit la dimension d'un document sans en avoir la froideur ou l'impassibilité. "Eclipses japonaises" possède à la fois l'intégrité d'un témoignage et une force romanesque remarquable.
Ces "Eclipses japonaises" n'ont pas fini de me hanter !
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Eric Faye, né en 1963 à Limoges, est un écrivain français. Il publie nouvelles et romans depuis 1991. Nagasaki, roman paru en 2010, a obtenu le Grand prix de l'Académie française. Eclipses japonaises, son dernier roman, date de 2016.
Des années 1960 à 1980, la Corée du Nord enlevait des étrangers pour les obliger à former de futurs espions. Les kidnappés devant transmettre leur culture autant que leur langue à des Coréens afin de faciliter leur immersion en pays ennemi. de ces faits avérés et cités en postface avec leurs sources, Eric Faye a tiré une fiction, ce très beau roman.
Pour servir son projet l'écrivain orchestre magistralement une série d'enlèvements ou de faits divers mêlant plusieurs personnages, la trame du roman s'ingéniant à les relier adroitement les uns avec les autres pour créer une émotion démultipliée tout en restant sobre dans la forme. Nous suivrons donc, entre autre, les destinées de Naoko une fillette japonaise enlevée près de chez elle au Japon ou bien, autre cas de figure, le sort réservé à Jim, un soldat américain en poste en Corée du Sud, déserteur de l'armée US en passant au Nord pour s'éviter une mutation au Vietnam alors en pleine guerre…
Construction habile alliée à une remarquable écriture. Dès les premières pages le lecteur est pris par le rythme paisible, l'empathie de l'auteur pour ses acteurs, sa douce bienveillance, ce style qu'on associe volontiers aux écrivains japonais classiques. Eric Faye aurait pu s'étendre plus longuement sur certains passages, s'attarder sur des scènes, engluer ses lecteurs dans un pathos lourd, non, il préfère nous laisser imaginer ce qui tombe sous le sens. J'appelle ça de la délicatesse car le fond du roman est effroyable : ces gens kidnappés durant plusieurs dizaines d'années, rebaptisés d'un nom coréen pour leur faire oublier leur propre personnalité, leur culture.
Au début des années 2000, la Corée du Nord a reconnu après des années de dénégation, l'enlèvement de treize citoyens japonais, un chiffre sans doute largement sous-estimé et qui n'a cessé d'être contesté depuis. Pour ceux qui seront libérés, le plus dur peut-être ( ?) reste à venir, quand on a vécu toute sa vie (mariage, enfants) dans un pays en tant que captif, est-il possible de revenir auprès des siens dans son pays natal ? Et les vôtres, peuvent-ils vous accueillir comme si de rien n'était ?
Un roman étourdissant et poignant à voir ces vies confisquées, falsifiées, pour les victimes des rapts ; vies en suspension éternelle à ne pas savoir ce qui est arrivé, pour leurs proches. Un roman en apesanteur dont on redoute à chaque instant qu'elle ne cesse, ce qui serait synonyme de chute brutale.
P.S. : On notera que l'écrivain semble connaitre parfaitement la culture japonaise et sa langue, et par ailleurs qu'il avait déjà utilisé des sources réelles pour écrire Nagasaki.
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Au cours des années 1970, plusieurs japonais(es) se volatilisent sans laisser de traces. L'explosion du vol 858 de la Korean airlines en 1987 par des terroristes à la solde de la Corée du Nord rouvre des pistes qui pourraient expliquer les disparitions mystérieuses dans un pays où des milliers de personnes « s'éclipsent » chaque année.
Dans ce roman choral, chaque protagoniste donne à entendre sa vision et son vécu d'une histoire où s'entremêlent la manipulation physique et mentale individus, le conditionnement d'une population aux aspirations d'une liberté individuelle. Accepter une situation inique pour assurer sa survie, tenter de s'en affranchir et renouer avec son passé sont autant de voies possibles envisagées par les personnages.
Basé sur des faits réels, ce roman est d'autant plus effrayant qu'il est raconté sur un ton contenu parfois poétique. Nulle révolte, aucun cri ou éclats vengeurs mais la détermination d'une mère et le désespoir d'une jeune fille mezzo vocce. Terrible et poignant.
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