A Paris, au commencement d'avril 1813, Lamartine souffre encore de la poitrine et de la gorge; son mal, à la vérité, l'attriste, l'effraye un peu, par moments; mais dès que la santé semble revenir, il va délibérément aux plaisirs.
Il se promène en flâneur; il va au manège, monte à cheval, conduit, fréquente les filles et joue aux cartes... non par amour du jeu, mais parce qu'ainsi il se procure quelquefois des louis supplémentaires; il peut alors mieux satisfaire ses désirs devenus passions : les femmes, les livres et les chevaux.
Vers sa quinzième année, Lamartine traversa une crise décroissance qui l'obligea d'interrompre ses études ou tout au moins d'alterner les heures de classes avec des promenades qu'il faisait dans la campagne en compagnie du Père Varlet. Parfois tout le collège partait pour quelque grande excursion. C'est ainsi que, dès son adolescence, le poète parcourut le Bugey et la Savoie. Il vit le Bourget, où devait se jouer quelques années plus tard le grand drame de sa jeunesse, les gorges de Yenne et du Fier, la Chartreuse, le Mollard, le lac d'Aiguebelette, le col du Chat, l'abbaye de Haute-Combe, le château de Châtillon. Hauteville, etc.
Lamartine montrant les événements révolutionnaires, les journées tragiques, l'emprisonnement des siens, sa mère seule veillant sur son enfant, fait cet exquis rapprochement : « Je me souviens d'avoir vu un jour une branche de saule séparée du tronc par la tempête et flottant le matin sur un débordement de la Saône. Une femelle de rossignol y couvait encore son nid à la dérive, dans l'écume du fleuve, et le mâle suivait du vol ses amours sur un débris.
Devant ces solitudes sereines ou tourmentées, le jeune homme sentait la poésie jaillir en lui comme une source vive. Sur le modèle des livres sacrés, il s'exerçait à composer des psaumes et des invocations au créateur de l'univers. Il montra timidement ses essais au Père Varlet. Mais la poésie n'avait pas droit de cité au collège, et après quelques compliments, les manuscrits furent oubliés dans un coin quelconque.
L'année 1806 fut glorieuse pour l'élève Alphonse de Lamartine. Il eut tous les premiers prix; discours latin, discours français, version latine, poésie latine.