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sur 684 notes
Une nouvelle fois, Caryl Férey m'a emporté dans un pays déchiré, la Colombie, après l'Afrique du Sud (Zulu), l'Argentine (Mapuche) et le Chili (Condor). Cette paix annoncée par le titre, Paz, est loin de régner mais attention à ne pas confondre avec la capitale bolivienne, La Paz, un autre pays d'Amérique latine, situé bien plus au sud de celui dont la capitale est Bogotá.

Avec son talent unique d'écrivain maîtrisant parfaitement le thriller politique et social, il m'a permis de plonger dans les affres d'une société gangrénée par tous les trafics mais avant tout par celui de la drogue auquel s'ajoute celui, moins connu, des mines illégales.
La violence terrible et pourtant atténuée, comme le confie l'auteur dans ses notes de fin d'ouvrage, est omniprésente. Au travers des échos que nous avons dans notre lointaine Europe, il est difficile, voire impossible d'imaginer un tel degré de mépris de la vie humaine. Pour cela, peut-être faudrait-il remonter aux dégâts irréversibles causés par les conquistadores ?
Dans Paz, tout tourne autour de la famille Bagader. Saúl, le père, est un éminent personnage, Procureur général de la Fiscalía, il tire les ficelles afin que le pouvoir serve au mieux ses intérêts. Pour cela, il a placé Lautaro, son fils cadet, à la tête de la police criminelle de Bogotá.
Si son épouse, Lorena, est très troublée psychiquement, il y a des raisons que je découvre au fil des pages. Lautaro a un frère aîné, Angel, qui a choisi, par idéal, de rejoindre les FARC (forces armées révolutionnaires de Colombie) pour tenter d'abattre un pouvoir corrompu. Hélas, pour lui, bien avant que les négociations tenus à La Havane pour ramener enfin la paix (Paz) dans le pays, Angel a été capturé après que tous ses compagnons aient été massacrés. Il a vécu cent vingt jours cauchemardesques aux mains des paramilitaires puis passé huit ans en prison.
Au moment où se déroule l'histoire, il est en pleine réinsertion, travaille dans une librairie de Carthagène et côtoie Flora Ibanez, travailleuse sociale. Angel et Valeria, sa compagne à l'époque des FARC, ont eu une fille, Lucia, confiée à Rafaële, sa grand-mère, afin qu'elle ait la vie sauve.
Retrouver sa fille est l'unique but que poursuit Angel mais, pour cela, il doit faire la lumière sur l'histoire très complexe de sa famille. de plus, une vague de crimes atroces, mis diaboliquement en scène, secoue le pays. Pourquoi ? Pour qui ?
C'est ce que j'ai voulu absolument savoir en dévorant ce roman de la série noire de Gallimard, passant au travers de crimes plus atroces les uns que les autres, d'une misère noire poussant les paysans des montagnes à abandonner la culture du manioc pour la coca. Cette cocaïne dont le trafic enrichit des puissants se voulant très respectables afin que, dans les cités nord-américaines ou européennes, beaucoup trop de nos semblables décollent de la réalité, fassent la fête… Quelle fête ? Quelle réalité ? Pour combien de vies gâchées ? Pour en savoir plus sur ce thème, il est indispensable de lire Extra-pure de Roberto Saviano.

Paz m'a complètement emporté dans ce pays lointain, la Colombie, pour lequel Caryl Férey réussit de magnifiques descriptions qu'elles soient urbaines ou en pleine nature. C'est un fameux roman noir, plein, toutefois, d'humanité.
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Dès les premières pages, le décor est planté et notre curiosité aiguisée.

Un homme voit sa nuit - auprès d'une belle jeune femme brune Diana rencontrée sur Tinder, sous pseudo - écourtée suite à un appel téléphonique. Il doit rejoindre d'urgence le lieutenant Dunque, son bras droit. Diana se voit éjectée de l'appartement, sans explication. Elle a le temps de repérer sur la boite aux lettres le nom de celui qui vient de la virer de façon si peu élégante. Elle, qui est journaliste d'investigation pour le deuxième journal du pays El Espectador découvre qu'il n'est autre que Lautaro Bagader chef de la police criminelle et se dit que ce départ précipité doit cacher quelque chose d'important.
En effet, le cadavre d'une jeune fille nue, membres découpés et agencés selon la technique du "vase à fleurs" vient d'être trouvé quartier de la Candelaria. "Trente-six corps non identifiés retrouvés en morceaux aux quatre coins du pays dans la même semaine...", cette façon de procéder rappelle cruellement les massacres de la « Violencia », la guerre civile des années 50 qui a fait tant de morts et de déplacés. L'accord de paix signé récemment avec les FARC va-t-il devoir être remis en question ?
Un autre personnage entre en scène, Angel, frère de Lautaro, ex membre des FARC. Il vient de sortir de prison et a trouvé un emploi dans une librairie de Carthagène grâce à Flora Ibanez, la coordinatrice du centre de réinsertion. Il découvre ou plutôt son chien découvre une tête humaine, à demi ensevelie dans le sable mouillé de la plage.
L'enquête parviendra-t-elle à résoudre tous ces crimes abominables perpétrés dans un pays déjà en grande souffrance ?
Si Caryl Férey avait situé Mapuche en Argentine, Zulu, en Afrique du Sud et Condor au Chili, pour Paz, il a donc choisi comme décor la Colombie, pays gangrené par la violence et la corruption.
Avec Paz, Caryl Ferey nous offre encore un excellent thriller, richement documenté, radiographie d'un monde violent, sans concession, mais hélas bien réel, en l'occurrence la Colombie, où certains hommes politiques coopèrent encore avec des groupes de narcotrafiquants et paramilitaires, malgré l'accord de paix récent avec les FARC.
Outre ce volet culturel hyper enrichissant de quasi reportage journalistique, c'est également le génie de Caryl Férey pour construire un thriller à l'intrigue très sombre, basé sur une tragédie familiale, au sein d'un conflit qui n'en finit plus de récidiver, que je salue. Sur plus de 500 pages, il maintient un suspense extraordinaire où la sociologie, la politique et l'amour sont étroitement mêlés. Paz est une grande fresque captivante de bout en bout portée par des femmes intrépides auxquelles l'auteur donne une place de choix.
On est très loin des romans à l'eau de rose et c'est souvent sombre, mais l'auteur a su apporter quelques touches d'humour et parfois de poésie, beaucoup de psychologie dans ses personnages. Ce polar à l'intrigue haletante m'a permis de découvrir un tableau de la Colombie, très documenté, loin des cartes postales.
Quant au titre Paz, n'est-ce pas ce que l'on souhaiterait, d'abord pour les personnages du roman et à plus grande échelle, pour la Colombie et pour le monde tout entier ?

Pour moi, Caryl Férey est le maître incontestable du polar sociologique et politique. Un vrai coup de coeur que j'ai pu ressentir grâce à Lecteurs.com dans le cadre des Explorateurs du polar et aux éditions Gallimard / série noire.
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Carl Ferey. Vraiment ,un bon , un très bon auteur de polars .Enfin , pour certains d'entre nous , nombreux tout de même , car je connais nombre de lecteurs aguerris qui " voudraient bien , mais ...ne peuvent point ." C'est qu'il ne fait pas dans la dentelle , notre ami Caryl , des morts , y'en a et c'est souvent , comment dire , " pas toujours très poétique " oh,non, c'est plutôt genre " massacre à la tronçonneuse " , du lourd , du glauque , du violent .Un monde de mecs dans lequel évoluent aussi quelques femmes " qui en ont "...Des gros bras , pas toujours d'une "exquise finesse " chez des personnages que rien n'effraie ....Avec eux , je pense que même le coronavirus aurait eu peur ...Enfin , je suppose , hein , parce que je devais le rencontrer vendredi dernier , notre ami Caryl, invité qu'il était à s'exprimer devant notre club de lecteurs ...Las , vous savez ce qu'il advint de toutes ces réunions....Le coronavirus , force est de l'admettre , a fait reculer ce brillant auteur, partie juste remise , espérons- le , tant l'événement était attendu....
Bon , je m'égare et je résume, si vous n'aimez pas nager dans le sang ou marcher sur des morceaux de cadavre en décomposition, passez votre chemin ! Par contre , si vous avez passé avec succès les épreuves de " Mapuche ,Zulu , Utu , Aka..." alors vous allez vous plonger avec intérêt dans ce nouveau roman.Comme l'indique le bandeau de présentation, il sera question d'un père, de ses deux fils , d'un drame familial dans un pays plus qu'agité, un pays où règnent les trafics de drogue , d'êtres humains , un pays de luttes pour le pouvoir et la puissance , un pays fascinant sans doute , mais tout de même à éviter, oui , oui, même lorsque la pandémie qui s'abat sur nous se sera calmée et éloignée . Ce pays , c'est la Colombie dont l'auteur , dans un récit fort bien documenté, va nous présenter le pire...Car Caryl Ferey , c'est ça aussi , une grande érudition et un immense travail de recherches sur le contexte économique et social du cadre de l'action . Là encore , cet aspect du roman peut s'avérer fastidieux à la lecture , mais est un élément essentiel pour la compréhension de l'intrigue .Et on en apprend , des choses....Comme je vous l'ai dit , " il faut aimer " , c'est vrai , mais quand on aime, comme moi ....
L'intrigue est construite avec une implacable rigueur , écrite avec habileté, la syntaxe sert au mieux le récit, tout comme , d'ailleurs , le vocabulaire choisi pour s'adapter aux événements, d'où , parfois ,certains propos un peu...... comment dire ....." sans filtre "
J'ai pris l'habitude de " suivre " Caryl Ferey " , j'ai passé " l'épreuve " et je me réjouis chaque fois que paraît un nouvel ouvrage . Celui -ci s'inscrit parfaitement dans la lignée de ses prédécesseurs, comme le montrent les avis de nombreux ami(e)s babeliotes .
Mais , bien entendu , vous n'êtes pas obligé(e)s de me croire....
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Caryl Férey, indiscutablement, traduit des centaines d'idées et un foisonnement de personnages, avec une plume trempée dans une encre d'acier et de sang, dans un livre qui ne porte ni la paix dans les familles ou dans une Colombie déchiquetée par la guerre civile, ni l'amour durable dans les coeurs et les corps car ceux-ci sont très vite anéantis après les premiers ébats ou sentiments.

Son livre est extrêmement documenté sur la période des FARC en Colombie, sur la vie si dure des paysans, sur la corruption, la politique des profits, le mal sous toutes ses formes.

Il dit lui-même dans sa conclusion avoir atténué dans son texte les drames subis par le peuple colombien! Et pourtant, Paz est d'une violence extrême, avec des descriptions précises de toutes les découpes pouvant être pratiquées sur un corps, vivant ou mort. Les "bons" meurent, les "méchants" finissent par disparaître également dans des bains de sang ou d'une simple balle dans la tête évoquée en une ligne, telle la mort d'une policière que le lecteur aurait pu imaginer jouer un rôle plus conséquent.

En effet, Caryl Férey sait camper ses personnages, les faire aimer ou haïr par ses lecteurs auxquels il ne dévoile jamais leur brève espérance de vie dès l'instant où ils apparaissent dans l'histoire.

Moins de cinq d'entre eux tiennent les premiers rôles, particulièrement deux frères que tout semble séparer, Caïn et Abel aux mains chargées de sang, mais aussi d'amour, maladroit, malheureux, destructeur.

Quelques longueurs supportables avec l'histoire des FARC, du trafic de la drogue, de la prostitution des adolescentes, n'entament cependant pas trop le rythme de cette épopée sanglante au terme de laquelle subsiste quand même une leur d'espoir.
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Tout avait bien commencé entre Paz et moi : une maison d'édition sérieuse, un auteur dont j'avais entendu parler en bien et puis au beau milieu du livre : plouf , le soufflé est retombé !
Caryl Ferey est un écrivain français qui, après avoir roulé sa bosse à travers le monde, (entre autres pour le Guide du Routard) a décidé de "se la rouler "solo , et part en pensée dans le pays qu'il veut , et en fait le décor d' un de ses romans. Ainsi, après être " rentré" d'Afrique du Sud, il nous embarque pour ce thriller en Colombie...
On est dans la chambre à coucher d' un homme , Lautaro, . Il reçoit un coup de fil au beau milieu de la nuit . il faut qu'il sorte et pour cela, il va virer sa "rencontre Tinder". Seulement , Diana, la fille , ( accessoirement " le plus beau cul de Bogota " dixit le quarantenaire.... ), n'est pas née de la dernière pluie , elle est journaliste et va mettre le paquet pour identifier sa "rencontre Tinder", flairant un gros coup ... Elle ne s'est pas trompée : lui, c'est le chef de la police de Bogota. Son père est un homme politique puissant, et son frère, un combattant des Farc, récemment sorti de prison, vivant sous une fausse identité.
Entre ces trois hommes, des tragédies familiales, la violence d'un pays où la vie humaine ne vaut pas grand chose .
Oui, mais voilà, trop c'est trop...
Des problèmes familiaux comme s'il en pleuvait, des réactions à la Rambo qui m'ont fatiguée et des passages pas très subtils que n'aurait pas renié les éditions Harlequin, seulement eux, ils y vont franco ... le Colonel Lautaro Bagader est un homme d'expérience, quarantenaire , qui a du pouvoir, qu'aucune fille n'a réussi à ferrer, bon coup, belle gueule et belle caisse ... La fille ne résiste pas à sa froideur ... Brrrrrr .
Son père et son frère , eux aussi , ne sont, (ou ne vont ), pas être en reste... et la nouvelle copine de risquer sa vie pour les beaux yeux de son nouvel amoureux, [ Dans tes rêves Caryl !:-))
Bref, tout ça pour dire que je suis fatiguée des héros bourreaux des coeurs , je préfère encore les vieux flics portés sur la bouteille !]
Heureusement, ces petits défauts sympathiques sont noyés dans quelques phrases poétiques et dans les formidables connaissances de Caryl Ferey sur ce pays. Mafia, Farc, corruption, violences , on s'y croirait. Pas sûre qu'après cette lecture vous ayez envie de prendre un billet d'avion pour la Colombie...
Un roman un peu macho, très musclé, plein d'action et très dépaysant.
[ Si ce style de thriller est votre tasse de thé , (enfin, de café colombien..) , alors , oubliez mon avis : vous allez adorer Paz ].

Challenge Mauvais Genres
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Amateurs de thriller noir et violent ? Ce livre est fait pour vous... Voyez-vous, il y a des livres qui montrent ce que l'homme a de meilleur en lui, ceux dits pleins d'humanité et de sensibilité. Mais pas "Paz", non, lui il n'en fait pas partie, pas du tout. Au contraire, on y voit le pire du pire, et l'auteur ne prend pas de pincettes pour nous le raconter.

Son intrigue se déroule en Colombie, et pour qui connaît déjà un peu l'histoire de ce pays saura qu'il ne sera pas transporté au pays des Bisounours. Les paysages magnifiques et le bleu de l'océan ne font pas le poids face aux guerres civiles, corruptions politiques, cartels de la drogue et assassinats crados. Et c'est dans cette espèce de merdier âprement cruel que Caryl Férey nous jette tête la première. Ses protagonistes principaux, à une ou deux exceptions près, ne sont pas des tendres, juste le reflet de l'environnement brutal qui les a vus naître.

Une série d'assassinats a lieu. Des morceaux de cadavres sont retrouvés un peu partout, jetés sans doute d'un avion, là une jambe, ici un bras ou une tête. D'autres sont retrouvés entiers, mais préalablement découpés à la tronçonneuse et agencés dans des postures qui ne sont pas sans rappeler la Violencia. Ça dégouline rouge de partout, la putréfaction titille les organes olfactifs, le tout nourrissant de bonnes nuits de cauchemars.

Dans cette ambiance qui met en appétit (façon de parler), nous y suivons plusieurs personnages. Lautaro, chef de la police de Bogotá, chargé de cette affaire sanguinolante. Diana, journaliste d'investigation, qui enquête sur le passé trouble de Lautaro. Angel, ancien FARC, à la recherche de sa fille disparue juste après que sa grand-mère ait été assassinée (et dont des morceaux ont été retrouvés parmi tant d'autres). Voilà pour les principaux, mais il y a aussi un patriarche/homme politique et sa femme dépressive, quelques collègues prêts à aider, une femme amoureuse qui ne sait pas dans quoi elle met les pieds, quelques politiques corrompus, trafiquants sanguinaires et flics sans pitié.

Vous voilà parés ! le premier chapitre donne le ton dès le départ. Inutile de vouloir s'attacher aux personnages, on comprend bien assez tôt que, vu l'ambiance, tout le monde ne pourra s'en sortir. Et puis ils sont détestables au plus haut point, pour la plupart du moins. Travaillés ce qu'il faut pourtant mais à la psychologie abjecte, impossible donc de les aimer, même en prenant plaisir à les suivre dans cette intrigue tord-boyau hautement bien ficelée.

Intrigue dans laquelle tout se recoupe, tout est lié, tout se rejoint pour nous offrir un final explosivement sanglant. Intrigue qui ne manque pas d'action, de rebondissements et de révélations. Intrigue grâce à laquelle on visite un pays qu'on ne voudrait pas connaître de trop près.

Narcotrafiquants, gangs mafieux, pochards, escrocs et psychopathes nous servent de guides touristiques dans ce pays qui morfle au quotidien. Haine fraternelle, assassinats odieux, trafic de drogue et violence de haut niveau rythment nos visites à travers tout le pays. C'est cru, tendu, brutal, sanglant, quelque peu trivial, d'une violence inouie.

Et l'auteur de préciser dans ses notes en fin d'ouvrage qu'il a « choisi d'atténuer certains aspects particulièrement violents des drames vécus par le peuple colombien » parce qu'il estimait « que la coupe était déjà pleine » ... ...

J'ai rarement lu un roman aussi "crade", mais j'ai aimé. Il est foutrement bien écrit déjà, le contexte et l'ambiance carrément bien dépeints, l'intrigue ultra-violente mais prenante, les personnages abjects mais ambigus comme j'aime. C'est noir, cruel, inhumain. Je n'en lirai pas tous les jours des comme ça, mais il est certain que je reviendrai vers cet auteur qui ne fait pas dans la dentelle et fait pleuvoir les morts comme vache qui pisse ("Zulu" m'attend d'ailleurs bien sagement depuis quelques mois).
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Le mode opératoire de Caryl Férey est toujours le même : il se met dans la peau du journaliste qui enquête longuement et recueille un maximum d'informations pour combler les failles de l'investigation, livrant un portrait hyperréaliste du sujet exploité. Cette fois-ci on part en Colombie.

La Colombie toujours gangrénée par l'héritage de Pablo Escobar est le terrain de jeu sur lequel l'auteur français a jeté son dévolu.
Les drames vécus par le peuple colombien écartelé entre les cartels, la mafia, les guérilléros, les organisations criminelles, les milices d'extrême-droite et la guerre civile sont toujours d'actualité et la réalité dépasse souvent la fiction.

Corruption, trafic de cocaïne, prostitution des mineurs, les habitants de Bogota et Medellin notamment, sont pris dans les mailles de la barbarie et de la violence extrême.

Caryl Férey se sert d'un paysage familial sombre qui incarne à lui seul tous les vices et le mal qui pèsent sur cette contrée. Haine, vengeance, malversations, mensonges et violence sèment le chaos dans un pays au bord de l'asphyxie.

La lutte pour la paix est un encore un long chemin à parcourir.


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Le vase à fleurs, la chemise de flanelle, la coupe du singe... des images qui vous évoquent un tableau ? Une nature morte peut-être ? Vous y êtes presque, sauf que dans "Paz", ces tableaux figurent des cadavres bien réels, mis en scène de façon à évoquer la Violencia, cette guerre civile qui a causé plus de deux cent mille morts en Colombie, entre 1948 et 1960. Une époque que l'on pensait révolue, mais voilà que de nos jours une nouvelle explosion de violence secoue le pays, mettant à rude épreuve les nerfs de Lautaro Bagader, chef de la police criminelle de Bogota. Avec sa brigade secrète, il tente de résoudre le mystère de ces meurtres en série qui ont lieu aux quatre coins du pays, laissant derrière eux des corps suppliciés et démembrés.
C'est que les élections sont proches, et son père Saul, le Procureur Général de la Fiscalia, proche du candidat représentant la paix et la réconciliation du pays, est inquiet pour l'image de marque de celui-ci. Maintenant que le problème Farc est officiellement réglé, ce n'est pas le moment de faire face à une nouvelle crise !
Les FARC, justement : Les Forces Armées révolutionnaires de Colombie, cette guérilla rurale dont nous avons entendu parler en France suite à l'enlèvement d'Ingrid Bettencourt. Et bien figurez-vous que Saul a un deuxième fils, Angel (frère de Lautaro, si vous avez bien suivi) qui s'était engagé à leur côté, il y a vingt ans et qui a officiellement disparu lors des missions de "pacification" (les raids de l'armée). En réalité, Angel a été le seul rescapé de son unité, et il en a bavé...Aujourd'hui, sous une identité d'emprunt il est inclus dans un programme de réinsertion sous l'égide d'une jolie formatrice, Flora Ibanez, et occupe un emploi dans une librairie. Il n'a qu'un seul espoir dans la vie : retrouver la fille qu'il a eu avec Valeria, sa compagne abattue pendant les années de clandestinité, qu'ils avaient confié à la grand-mère de celle-ci. Luisa a maintenant 15 ans, son père ne l'a pas revue depuis dix ans, et il vient d'apprendre que la grand-mère a été assassinée à son tour dans le cadre de cette vague de violence qui déferle sur le pays.

Une dernière protagoniste manque encore à l'appel pour que le tableau soit complet, c'est Diana Duzan, une reporter d'investigation intrépide qui travaille pour le journal El Espectador, et s'est retrouvé par le hasard de Tinder dans le lit de Lautaro, un matin où celui-ci est appelé à l'aube par son bras droit, un nouveau cadavre de femme ayant été trouvé exposé en plein coeur de la ville. Diana va flairer le scoop, et va fouiller dans les petits secrets (nombreux) de la famille Bagader.

Maintenant que tous les acteurs sont réunis, l'action peut se mettre en place, et croyez-moi, vous n'allez pas vous en remettre ! C'était mon premier Caryl Férey, et je peux vous dire que pour un baptême, j'en ai pris plein la tête... Dire que j'avais eu du mal à digérer "Congo requiem" de Jean-Christophe Grangé, là on est clairement dans le registre au-dessus niveau violence, parce qu'en plus, on sait que ce n'est qu'une version "édulcorée" de faits réels, selon les notes de l'auteur en fin de volume. Les reportages ont beau vanter l'attrait touristique de la Colombie, soi-disant débarrassée des narco-trafiquants et des guerres civiles qui l'ont déchirée, je vous assure qu'après cette lecture je ne suis pas près d'y mettre les pieds. L'auteur est connu pour se documenter à fond, d'ailleurs il a voyagé dans le monde entier pour un éditeur de guides touristiques, et il connait bien tous les pays qu'il décrit dans ses romans.

J'ai eu vraiment du mal à certains moments, j'ai dû interrompre ma lecture parce que j'avais les images en tête (d'ailleurs j'en ai fait des cauchemars). On ne peut même pas dire que les descriptions sont complaisantes, elle reflètent les pratiques locales, c'est tout. Heureusement que les personnages font montre d'un peu d'humanité de temps en temps (enfin certains !), parce que sinon je pense que j'aurais abandonné. Et pourtant...on pourrait penser que j'ai détesté ce roman, mais ce n'est pas du tout le cas, au contraire j'ai été emportée par la narration et l'histoire de chacun des protagonistes, j'avais besoin de savoir comment tout ceci allait se terminer. Et j'ai été comme fascinée, sous emprise même pourrait-on dire, comme quand on ne peut détacher son regard d'une scène particulièrement glauque au cinéma.

Par moments je me suis sentie un peu perdue aussi, ne connaissant pas bien l'histoire de la Colombie et les multiples factions qui se sont affrontées lors du siècle écoulé, il faudrait presque se faire un vade-mecum pour différencier chaque groupe parmi les "bons" et les "méchants". En fait c'est loin d'être aussi tranché.... J'ai eu aussi un peu de mal avec l'écriture de Caryl Férey, je n'ai pas toujours compris ses métaphores ou certaines expressions jamais rencontrées ailleurs. C'est un récit foisonnant où l'on suit chacun des principaux protagonistes tour à tour, et ils sont loin d'avoir des personnalités lisses !

Je suis absolument incapable de mettre une note à ce roman qui m'a captivée-dégoûtée-ébahie et qui me donne quand même envie de découvrir d'autres oeuvres de l'auteur, mais pas tout de suite, oh non ! Je déconseille formellement aux lecteurs et lectrices sensibles ou impressionnables, vous en perdriez le sommeil. Par contre si vous aimez plonger dans la noirceur de l'âme humaine, foncez !


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Paz, c'est la paix, mais la paix n'existe pas encore complètement en Colombie. Et ce polar n'est pas qu'un polar, il nous entraîne aussi dans l'histoire d'un pays détruit successivement par la soif de l'or des colons espagnols, par les grands propriétaires terriens, puis par le trafic de drogue, avec guerres civiles, terrorisme et atrocités en sus.

C'est un thriller avec rebondissements, avec des gens idéalistes et d'autres, tout à fait machiavéliques. Si le conflit familial du roman est fictif, les horreurs ont réellement existé. En effet, il n'y a malheureusement pas que les auteurs de thriller qui ont de l'imagination, les tortionnaires aussi. Ils savent inventer des supplices et d'horribles façons de mourir. Ils pensent par exemple à utiliser une tronçonneuse pour débiter leurs victimes et en jeter les morceaux du haut d'un avion.

Le roman est aussi un rappel du triste sort des pays du Sud qui ont un climat agréable, des terres fertiles, tout pour être des paradis, mais qui sont trop souvent des enfers de misère que les populations cherchent à fuir.
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Tous les amateurs de polars ne jurent que par lui ou presque : Caryl Ferey, auteur de romans policiers se déroulant dans des pays éloignés et gangrénés par la violence, nous avait notamment livré son chef d'oeuvre "Zulu", d'une force et d'une puissance incroyable à l'image de ce pays particulièrement trouble est fascina que représente l'Afrique du Sud mais avait séduit avait sans virée dans .l'Argentine pour “Mapuche“ et le Chili pour “Condor“ et désormais la Colombie pour ce Paz sorti en octobre 2018.

A Baz art, on a quelques temps pensé, notamment après avoir lu son excellent roman Zulu, que Caryl Ferey vivait en Afrique du Sud et était un auteur étranger avant d'apprendre qu'il avait grandi en Bretagne.

Si l'écrivain se documente beaucoup et longtemps pour écrire ses romans, il a aussi et incontestablement besoin de partir sur place et de rencontrer des gens, de s'immerger dans les habitudes du pays qu'il a choisi comme cadre pour nourrir et donner sens à ses polars.

Dans Paz, qui se situe dans une Colombien en plein processus de paix ( le paz du titre), on y suit les affres de Saùl Bagader, chef de la Fiscalia, le procureur de Bogotá, un proche du peut-être futur président de la Pená, qui a réussit à frayer une place importante parmi les artisans de la paix, mais cette paix pourrait bien être menacée par les corps mutilés retrouvés aux quatre coins du pays...suite sur le blog



Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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