Franchement, vu la façon dont j'ai été traitée par les gens dits "civilisés", il me tarde finalement d'aller vivre chez les sauvages.
Les Cheyennes croient que toute chose ayant eu lieu quelque part - chaque naissance, chaque mort - s'y trouve toujours, de sorte que le passé, le présent et l'avenir cohabitent éternellement sur terre.
Tout notre contingent a été aussitôt mis à contribution au camp où nous nous acquittons des tâches les plus basses, à la manière d'enfants instruits par nos mamans indiennes, sinon d'esclaves, pour être plus proche de la vérité.
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De leur côté, ces messieurs sauvages donnent l'impression de passer un temps démesurés à paresser dans leurs tipis, à fumer et à palabrer entre eux... ce qui me pousse à croire que nos cultures, finalement, ne sont peut-être pas si différentes : les femmes font tout le travail pendant que les hommes bavassent.
Je respirai son odeur d'homme fort, semblable à une forêt d'automne. Les muscles de ses bras et de son dos donnaient l'impression de robustesse d'une maison aux murs solides. Le rythme de son coeur contre ma gorge me sembla le pouls de la terre elle - même.
page 117 [...] Le visage peint de mystérieux motifs, un grand nombre de nos visiteurs étaient vêtus de jambières et de tuniques de cuir resplendissantes, ornées de toutes sortes de parures fantastiques. Certains avaient les jambes et le torse nus, parcourus de curieuses peintures. D'autres, armés de lances décorées de couleurs vives, arboraient des plumes, parfois une coiffe entière. Leurs cheveux tressés étaient embellis de perles et de pièces d'argent frappé, ils portaient des colliers d'os et de dents d'animaux, mais aussi des boutons de cuivre et des clochettes d'argent, de sorte que leur magnifique apparition était accompagnée d'un tintinnabule mélodieux qui ne fit qu'ajouter au sentiment général d'irréalité. [...]
Si les Indiens ont peu contribué à la littérature et aux arts de ce monde, c'est sans doute qu'ils sont trop occupés à vivre - à voyager, chasser, travailler - pour trouver le temps nécessaire à en faire le récit ou, comme Gertie le suggérait, à méditer sur eux-mêmes. Je me dis parfois que c'est après tout une condition enviable...
La vérité était que j'aurais volontiers pris un aller simple pour l'enfer dans le seul but d'échapper à l'asile... et, pourtant, qui sait si ce n'est pas exactement ce que j'ai fait...
Je ne peux m'empêcher de penser une fois de plus que l'homme est bel et bien une créature brutale et imbécile. Est-il une autre espèce sur terre qui tue pour le plaisir ?
La vie est si imprévisible. Quelle sensation étrange de me trouver dans ce train, en route pour un long voyage, et de contempler la ville qui s'éloigne. Je me suis assise dans le sens contraire de la marche pour garder une image fuyante de Chicago, son épais nuage de fumée charbonneuse qui, à la manière d'un parasol géant s'étend au-dessus des rives du lac Michigan.
Je n'ai jamais connu d'enfant aussi heureux -- il ne pleure que rarement et, si cela doit lui arriver, Feather on Head lui pince le nez et il s'arrête presque instantanément. Les mères cheyennes apprennent aux petits à se tenir parfaitement silencieux comme des animaux.