Le seul, à New York, où les musiciens étaient blanc et le public pouvait être noir. Pourquoi ? Je n'en sais rien. Peut-être parce que le jazz, c'est tout le contraire, et qu'il fallait qu'un tel lieu existât pour confirmer la règle. En tout cas, s'était un endroit unique. Le Jazz Blanc.
Et voilà, ça commence tous les soirs comme ça, avec un air de blues, un morceau de Muddy Waters, de Big Bill Broonzy, de Sonny Boy Williamson, de Lightnin'Hopkins ou d'un autre grand, peu importe, mais toujours et uniquement du blues ! Parce que, ici, ce n'est pas la simple arrière-salle d'un club de billard à la noix, non, mais un lieu magique, tout au bout de la route du blues, à Chicago, au Septième Ciel de la musique noire, quelque part dans l'univers infini de la vraie vie, là où la musique se joue à tous les coins de rues … Et on y vient d'abord pour écouter du blues ! Pas n'importe quel blues. Juste celui qui arrache les tripes et fait couler les larmes, celui qui vous tient debout et vous fiche par terre en même temps. Le blues qui vient du Sud, de Louisiane, du Mississippi, et qui est remonté lentement vers le Nord, de guitare en harmonica, au rythme lancinant de ses douze mesures, passant par Memphis, Nashville, Saint-Louis et Chicago !