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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Après toutes ces critiques, une avis de plus dans la masse.
Je n'ai pas trouvé du tout le livre difficile à lire, mais je me suis un temps demandé où Jérôme Ferrari voulait aller. Pour moi les deux premières parties sont intéressantes, avec les discussions bien connues sur l'interprétation de la physique quantique, certains dont Einstein refusant d'admettre que la physique ne soit plus une compréhension du monde mais une "simple" mise en équations, et évidemment sur le principe. Mais j'ai surtout été pris par la troisième : huis clos après la guerre où les physiciens allemands ayant travaillé sur le nucléaire sont un condensé d'humanité, géniaux et caricaturaux, mesquins et philosophes, altruistes et ridicules, heureux de ne pas avoir donné à Hitler les moyens de soumettre le monde et frustrés que les américains (avec leurs anciens collègues émigrés) aient réussi où ils échouaient.
Devant ces sujets lourds, les actes du narrateurs sont des diversions que je ne suis pas arrivé à prendre au sérieux, et le portrait d'Heisenberg est tout en nuances, mais annexe... ou il y a quelque chose que je n'ai pas compris dans la construction du livre.
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C'est la mode des "livres mondes" ; mais des livres mondes non de 1000 pages, comme nous les avons connus, mais de 130 à 160 pages ; et qui demanderaient un an ou toute une vie pour en exploiter tout le riche contenu.
Ce fut le cas de "La guerre des pauvres" d'Eric Vuillard, qui relata les révoltes paysannes et urbaines contre les fastes ecclésiastiques et seigneuriaux qui émaillèrent les 14, 15 et 16 ème siècles jusqu'à la naissance du protestantisme ;
C'est le cas du "Principe" de Jérôme Ferrari qui évoque dans son ouvrage le terrible et décevant destin de ces hommes qui ont voulu "regarder derrière l'épaule de Dieu" et participèrent aux recherches sur la fission de l'atome et la mise au point de la l'arme nucléaire pendant la deuxième guerre mondiale sans quitter l' Allemagne nazie et aux frais de celle-ci. Ils échouèrent et furent devancés par les américains.
Si le narrateur suis plus particulièrement le trajet du physicien Werner Heisenberg, le père du principe d'incertitude et prix Nobel de Physique en 1932, ils furent en fait dix à poursuivre leur passion pour la recherche dans ces conditions sans adhérer ou si peu au grand mythe nazi. Dix à être capturés à la fin de la guerre et internés pendant six mois en Angleterre dans une maison mise sur écoute, Farm Hall, située à Godmanchester près de Cambridge. Puis ils furent libérés et retournèrent en Allemagne, ayant perdu leur innocence, leurs rêves et s'étant irrémédiablement compromis à leurs propres yeux. Leurs noms sont : Werner Heisenberg, Otto Hahn, Max von Laue, Carl Friedrich von Weizsäcker, Paul Harteck, Walther Gerlach, Karl Wirtz; Kurt Diebner, Erich Bagge et Horst Korsching.
Dix à avoir flirté avec la limite extrême de la matière, celle qu'on n'aurait pas dû voir, à avoir participé à produire un monstre dans le régime le plus infâme qui soit, et à n'y être pas parvenus.
Dix hommes extrêmement passionnés et intelligents. Dix perdants.
Jérôme Ferrari fait de cette triste épopée une tragédie grecque.
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Le principe est un court roman qui m'a interpelé par son thème scientifique très intéressant à mes yeux: le principe d'incertitude d'Heisenberg. le narrateur nous raconte ses recherches à propos de la vie de ce physicien allemand qui a connu la seconde guerre mondiale et ses corollaires.
Je ne connaissais pas Jérome Ferrari et il faut dire que sa plume est riche, son style très touffu. Pour ma part j ai beaucoup aimé cette écriture dense.

A lire donc pour les férus de sciences et d'histoire des sciences.
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Cet ouvrage m'a été remis dans le cadre d'un concours initié par un club de livres et comme j'aime beaucoup la prose de Jérôme Ferrari, je me le réservais pour une lecture ultérieure.
Werner Heisenberg, physicien allemand né en 1901, a côtoyé les plus grands scientifiques de son temps et a été l'un des fondateurs de la physique quantique. Il a établi le principe d'incertitude dans l'évaluation de la trajectoire et de la vitesse des électrons, allant ainsi à l'encontre des opinions en cours sur le sujet.
Jérôme Ferrari s'adresse à Heisenberg à travers les années, en le vouvoyant, se posant lui-même en néophyte, afin de comprendre le cheminement et les motivations de ce scientifique qui s'est constamment attaché à « voir au-delà des évidences ». « (...) ce qui vous motivait avant tout était la conviction qu'il fallait renoncer pour toujours aux représentations intuitives des phénomènes atomiques (...) »
Il n'y a pas de propos rébarbatifs ou barbants dans ce récit, malgré le thème plutôt pointu; Ferrari remet en perspective le contexte social et politique dans lequel Heisenberg et ses collègues ont évolué durant la montée du nazisme en Allemagne et comment l'issue de la Seconde guerre mondiale les a amenés à se remettre en question. L'explosion de la bombe atomique sur Hiroshima est venue ultimement sceller leur mal-être face à la fission nucléaire. Mon mari n'a pas apprécié comme moi la perspective empruntée par l'auteur pour parler de cet épisode sombre de la physique. Je persiste dans mon appréciation et lui accorde quatre étoiles.
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Un beau roman imparfait. En apparence, "Le principe" ressemble aux produits du marché français contemporain ; on y trouve tout ce qui plaît aux jurys et aux journalistes prescripteurs de livres : du nazisme, des Juifs (gentils et morts, car les vivants, aujourd'hui ...), des savants fourvoyés, les grandes responsabilités de la science dans la guerre, tous les sujets de classe Terminale. Ce stock idéologique devrait impliquer un style particulier : ces idées banales pour Prix Goncourt ou Nobel, doivent s'exprimer dans le dialecte adéquat et dans une langue à la portée des journalistes et de leurs lecteurs ("l'horizon d'attente", comme on dit). Or Ferrari écrit bien. Sa langue a de la dignité, parfois même un drapé, une sobriété dans l'image poétique, qui ne vont pas du tout avec le débraillé étudié de l'idéologie du Bien. Cette langue ne peut longtemps mentir : quand elle le fait, elle se relâche, se banalise, se charge de lieux communs, se "Virginie-Despentise". Voilà le premier accroc dans la toile. Ensuite, Ferrari s'intéresse à Werner Heisenberg, à son dynamitage de tout concept de réalité, à son Principe qui met fin à tous les principes, ce que nous n'avons pas encore compris aujourd'hui, englués dans les voiles de Maya, l'illusion éternelle. Ecrire sur le principe d'incertitude, ou d'indétermination, ce n'est pas seulement faire le pari audacieux d'un roman sur la physique, c'est mettre au centre du roman - comme de notre galaxie - ce "trou noir" qui remet tout en cause, tout langage et toute certitude, donc toute idéologie. L'autre Principe, le "Führerprinzip", est dans le roman la réaction des imbéciles à cette soudaine extension du domaine de l'incertain : paniqués, ils retissent une trame de mensonges rassurants et pervertissent le langage. Et si Heisenberg, qui a mis le feu à la maison, est effrayé de son acte, s'il n'est pas à la hauteur, c'est qu'il est un héros de roman, pas un justicier de produit bien-pensant. Ce livre est un acte de courage.
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Un drôle de petit roman dans lequel l'auteur semble avoir tenté d'appliquer à l'écriture et au travail romanesque les relations d'incertitude et/ou d'indétermination mises en évidence par le physicien allemand Werner Heisenberg, sorte de « héro » de ce court roman. Personnellement, je dirait plutôt « héraut ».

Incertitude et indétermination quant à l'identité du narrateur. Est-il l'auteur, un personnage fictif, un personnage réel, un peu de tout ça et d'autres encore.
Incertitude et indétermination dans la construction des phrases. Par exemple dans le premier chapitre mettant « romanesquement » en avant l'indétermination liée à la position (en regard de celle entre la position et la vitesse), la construction-même des phrases semble brouiller les frontières typographiques suscitées habituellement par les points en les métamorphosant en une sorte de flou incertain représenté par les virgules.
Incertitude et indétermination historique des vies et expériences des personnages « connus », dont Heisenberg. À ce niveau aussi les frontières de nos connaissances sont bousculées.
Ce roman ne semble pas seulement « parler » du principe d'incertitude d'Heisenberg, il l'applique à la forme littéraire. Il n'y a qu'à regarder les titres des 4 chapitres.

Ce roman est aussi, pour moi, un essai de retranscription, sur le papier, de l'essence-même de la pensée. J'ai voulu lire ce livre parce que j'avais cru y deviner que l'auteur aborderait ce rapprochement que je me plaît à faire (depuis que j'ai découvert Heisenberg et son principe cet été lors d'un MOOC) entre ce principe et la pensée. Pour moi, rien n'est jamais figé, tout n'est que « mouvement » (ce n'est pas le bon mot, mais je n'en ai encore pas trouvé d'assez précis, mais on en revient-là exactement à ce que je vais tenter d'exprimer après la fermeture de cette parenthèse). Dès qu'on regarde quelque chose, dès qu'on pense à quelque, on ne peut que « voir » un instant infime, une parcelle de cette chose mais pas sa totalité qui n'est que « mouvement », qu'indétermination pour reprendre ce terme. Il ne s'agit pas du mouvement au sens où on l'entend habituellement, déterminé et avec une direction et une origine précises. Pour moi cette notion de mouvement, que j'applique à le pensée à défaut de pouvoir l'exprimer autrement, est beaucoup plus vaste que ça. Elle comprend à la fois toutes LES origines et LES « orientations », qu'elles soient temporelles et géographiques, réelles et irréelles, connues et inconnues, accessibles et inaccessibles, imaginables et inimaginables, déterminées et indéterminées... des choses et des êtres.

Tout ça pour dire que j'ai vraiment apprécié ce petit livre.

Et aussi le hasard de la vie qui a fait que c'est une cousine habitant le Danemark qui l'a offert. Clin d'oeil fort plaisant.
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Un étudiant en philosophie dans les années 1980 rate son oral sur une étude d'Heisenberg qu'il n'a pas pris le temps d'étudier. Par le biais de ce jeune homme un brin impertinent mais fasciné par Heisenberg, Jérôme Ferrari revient sur la vie du physicien allemand qui a élaboré le principe d'incertitude.

Si Werner Heisenberg est l'un des pères de la physique quantique, Einstein a rejeté le résultat de ses travaux au début. Passionné comme bon nombre de ses collèges scientifiques, il continue et obtient le prix Nobel de physique à 32 ans.
1933 : Werner Heisenberg va-t-il quitter l'Allemagne comme d'autres de ses collègues ou rester ? L'attachement à son pays tranchera la question. Ce sont les années où la guerre atomique est dans l'esprit des dirigeants du monde. Heisenberg travaille sur un réacteur nucléaire capable de produire de l'énergie. Quelles sont les questions qui peuvent le préoccuper? "C'est inextricable. Toutes les histoires sont nécessairement cohérentes; les motivation les plus diverses, les plus incompatibles vous aurait conduit à adopter un comportement rigoureusement identique et à prendre exactement la même décision, et de toutes cette histoires cohérentes dans lesquelles vous vous parez tour à tour des visages de l'irresponsabilité, du renoncement, de l'intégrité, de la complaisance et de l'infamie, personne ne peut deviner laquelle est vraie".
La suite on la connaît trop bien : la bombe atomique créée par d'autre scientifiques et son utilisation. Plus tard, les mathématiques serviront à produire des algorithmes capables de jongler avec les prévisions financières. Et d'une certaine façon, l'histoire se répète quand la crise de 2008 éclate.

Sur un sujet qui aurait pu rebuter, on prend un véritable plaisir à lire ces pages où il question d'électrons et de vitesse. Et ces hommes de science la tête dans les chiffres et les équations ont pourtant la naïveté des enfants face à d'autres questions. La beauté et la poésie sont omniprésentes dans ce livre qui interroge subtilement sur la responsabilité du scientifique.
Servi par une prose éclatante et magnifique, il s'agit d'un roman intelligent, envoûtant. C'est beau, très beau !
Lien : http://claraetlesmots.blogsp..
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Pas facile ce roman de Jérôme Ferrari ! L'auteur tisse son récit sur deux plans : d'abord celui du narrateur (dans les années 80-90) que l'on devine corse aux prises avec une famille indépendantiste canal « violence » et sa propre vocation d'écrivain raté . Ensuite la vie de Werner Heisenberg (1901-1976) ,physicien allemand connu pour son célèbre (mais plus ou moins compris) « principe d'incertitude (d'où le titre) . Deux grands thèmes s'articulent autour du personnage , sa théorie (qui bouleverse la physique et notre conception du monde) , sa lutte pour l'imposer et le problème de la responsabilité du chercheur ( ses liens avec les nazis , et l'utilisation de ses théories pour élaborer l'arme atomique) . Les deux plans s'entremêlent et cela ajouté à la complexité des sujets ne fait pas de ce roman une lecture de plage . Un ouvrage ambitieux et écrit dans une langue soignée.
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Roman biographique sur la vie scientifique de Werner Heisenberg (1901-1976), l'auteur dépasse le cadre souvent un peu froid ou trop passionnel de la biographie en utilisant un troisième personnage, jeune philosophe, qui commente la vie d'Heisenberg et l'invoque pour commenter ponctuellement la sienne propre. Werner Karl Heisenberg y est ici dépeint d'une belle manière en ce sens que l'auteur apporte le sang et la vie chez un chercheur en physique. Chose, à ce qu'il me semble, est assez rare puisque les descriptions parfois succinctes des scientifiques portent le plus souvent sur leurs idées et non sur l'être humain travaillant à cette idée. C'est pour moi un premier élément d'étonnement positif sur le livre.
Werner Heisenberg est l'un des inventeurs de la mécanique quantique et de sa compréhension sous forme d'une matrice mathématique réunissant l'ensemble des possibilités des propriétés physiques des particules. Il est de plus l'inventeur du principe d'incertitude (d'où le titre) qui stipule que l'on ne peut connaître à la fois le positionnement ET la vitesse de la particule en question. Cette dimension du personnage est rendue de manière jouissive car elle met en abîme un scientifique enfin réifié...qui avait pourtant de bonnes raisons de penser le monde sensible comme une belle supercherie. Ou comment redonner vie à celui qui participa à l'édification d'un monde étrange où le probable est plus certain que la certitude sensible...
Etant donné que celui-ci a vécu la majeure partie de sa carrière scientifique en Allemagne, sa vie est non seulement parallèle mais aussi profondément intriquée dans les vicissitudes de la seconde guerre mondiale. Au contraire de nombre de ses collègues qui fuirent le régime nazi, il décida de rester. C'est peut-être là que l'auteur nous prend le plus au dépourvu. Il utilise le jeune philosophe pour interroger les motivations de W. Heisenberg. Si les motivations brandies sont présentées en premier (créer des ilôts de stabilité) c'est pour mieux interroger d'autres possibles motivations moins avouables. Cette utilisation du jeune philosophe permet à l'auteur d'éviter un manichéisme de bon aloi en rendant à Werner Heisenberg, mais aussi d'une certaine manière aux scientifiques en général, le simple fait qu'il fut un être humain, de chair, de sang et de pensées comme tout un chacun.
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Une très belle écriture au service des physiciens de l'atome et plus particulièrement d'Heisenberg (et de son fameux principe d'incertitude). L'avant-dernière partie du livre consacrée à Farm Hall est la plus touchante. Nous y retrouvons nos physiciens, égoïstes et désoeuvrés, dans la peine d'eux-mêmes et de leur siècle. La bombe a éclaté. Eclatés, aussi les rêves de domination et de puissance.
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