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sur 1043 notes
Désormais sur les rails du succès, le couple Ferry-Conrad signe ici son cinquième album d'Astérix, qui quoi qu'il arrive sera un immense succès en librairie, malgré la désaffection d'une partie des lecteurs à la disparition de Goscinny. le 39e album de la série sort comme prévu en octobre 2021. Il est tiré à cinq millions d'exemplaires par les Éditions Albert René.

L'événement déclencheur de l'aventure n'est pas existentiel pour le village qui n'est nullement concerné au premier chef. Tout comme dans Astérix et la Transitalique, le défi lancé par Jules César à son subordonné répond en effet à un problème de politique intérieure et de cote de popularité. César confie à Terrinconus, son géographe, l'organisation d'une expédition scientifique dans le Barbaricum, ayant pour objectif de ramener un Griffon vivant. Exhibé dans un cirque, cet animal mythologique devrait faire remonter la popularité de César. Terrinconus compte sur Kalachnikovna, une splendide Amazone sarmate capturée aux frontières du Barbaricum, pour le mener au Griffon. Pendant ce temps, Panoramix, Astérix, Obélix et Idéfix se portent au secours du chaman Cékankondine, qui a contacté via un rêve son ami Panoramix, pour lui faire part de la menace romaine concernant leur animal sacré.

Les traditionnels clins d'oeil historiques et culturels sont bien présents. Les auteurs vont surtout exploiter les références à la culture russe, voire même soviétique, plutôt qu'à la civilisation sarmate, beaucoup moins connue. A titre d'exemples, on retiendra : la lettre E inversée (Ǝ), dans tous les phylactères sarmates, évoquant l'alphabet cyrillique ; les noms des Sarmates se terminant en « ine » comme de nombreux patronymes russes ; les matriochkas ou poupées russes entre les mains des enfants sarmates (page 11) ; les balalaïkas, instruments triangulaires à corde d'origine russe (pages 46 et 48) ; l'étoile rouge soviétique peinte sur la croupe des chevaux sarmates (pages 13 et suivantes), qui rappelle dans un tout autre contexte la cocarde de l'US Air Force aperçue dans La Grande traversée ; les yourtes en peau (page 8) ; le lait de jument fermenté et le tambour chamanique, originaire de Mongolie (page 18 et suivantes).

Il ne faut surtout pas passer à côté des jeux de mots et des jeux d'esprits, qui font leur grand retour, certains sont excellents : « Une simple yourte nature en peau, amis gaulois ! » (tout à fait raccord avec le lait fermenté omniprésent dans l'album, page 8) ; « Pas de livraison gratuite d'Amazone ! » (page 13) ; « L'esprit de Koulibiak le Grand Saumon nous barre le passage ! » (page 25) ; « Comme tu l'as demandé, ô druide, une pince et deux selles » (Klorokine fait de son mieux pour aider Panoramix à préparer la potion magique, page 31) ; « Ah ouais ! Paraît que ça bouge bien, Pompéi… » (avant d'avoir été pétrifiée, page 31), « - Brrr ! Moi, ces confins, ça m'angoisse… – Ouais, vivement qu'on se déconfine ! » (allusion à la pandémie de Covid-19 de 2020, page 31) ; « Sûr ! faut pas prendre l'Helvétie pour des gens ternes ! » (page 36) ; « Les distances ! On respecte les distances ! » (autre allusion à la pandémie, page 36).

A ceux-là s'ajoute la répétition en métaphore filée concernant les Scythes servant de guides à l'expédition et qui s'expriment comme des dépliants touristiques : « Nos Scythes ont été attaqués… » (c'est déjà la cyberguerre, page 11) ; « Scythe bloqué » (page 15) ; « Oh ! Je ne suis qu'un Scythe de rencontre ! » (page 16) ; « – Bonjour. Identifiez-vous. – Mot de passe perdu ? oublié ? … » (page 34) ; « Vous les Scythes, tenez la corde et restez bien en ligne ! » (le centurion Dansonjus craint les déconnexions, page 39).

Enfin, une part importante des jeux de mots s'appuie sur le légionnaire Fakenius (fake news) et son appétence aux théories du complot (pages 23 et 35). On ira même jusqu'à évoquer la théorie platiste mentionnant l'existence d'un bord du monde (pages 24 et 37) et la malédiction de Toutankhamon (page 27).

Les auteurs font le choix dans cet album – et certains le regretterons peut-être – de rompre avec le merveilleux et le féérique introduits par Uderzo (des tapis volants et des fakirs dans Astérix chez Rahàzade, un dragon dans La Rose et le Glaive, des centaures et des vaches volantes dans la Galère d'Obélix) et poursuivis par Ferri (un monstre du Loch Ness dans Astérix chez les Pictes, des licornes dans le Papyrus de César). Retour au réalisme pragmatique des premiers albums, avec ce « coup de théâtre à l'envers » concernant l'explication scientifique du Griffon qui m'a enchanté, à défaut de me contraindre à l'enchantement. le surnaturel, au-delà de la potion magique et des petites trouvailles sympathiques des druides, m'a toujours semblé être une solution de facilité dans Astérix.

Le féminisme assumé de l'album tente de faire oublier les années de misogynie propre à la première période Goscinny-Uderzo de la série. Ici, il est clairement porté par les Amazones, farouches guerrières qui osent se mesurer aux irréductibles gaulois pour en découdre avec les Romains. Elles montent à cheval, tirent à l'arc, donnent des ordres, pendant que leurs maris un peu « déconstruits » s'occupent à la maison des tâches ménagères et de la garde des enfants.

Mention spéciale à Maminovna, épouse de Cékankondine, qui dirige cette tribu d'Amazones d'une poigne de fer mais ne supporte pas que les Gaulois puissent lui tenir tête : « Ils n'écoutent rien, ils m'énervent ! » (page 31), à Krakatovna, qui réussit à obtenir d'Obélix qu'il lui communique son adresse en Armorique (page 47), et à Kalachnikovna, la belle otage sarmate emblématique qui évoque toutes les créatures blondes fantasmées venues de l'Est. On pense à la fois aux James Bond Girls (Anya Amasova, Tatiana Romanova, Natalya Simonova… oui, bon, ça va…) et aux top modèles, sportives ou actrices venues du froid dont la liste serait trop longue à énumérer. Bizarrement, ce personnage, après s'être libéré, semble avoir été coupé au montage et n'apparaît plus dans l'album après la page 28.

Tout le monde aura identifié Michel Houellebecq, notre écrivain français contemporain le plus lu dans le monde, qui prête ses traits au géographe romain Terrinconus. Houellebecq aura décidément tout fait dans sa carrière d'écrivain, y compris devenir un personnage dans Astérix. Seul le métier de géographe rattache Terrinconus à son modèle réel qui obtient le Goncourt avec son cinquième roman La Carte et le Territoire. le centurion Dansonjus serait inspiré par l'acteur américain Burt Young.

Enfin, signalons deux allusions discrètes et un peu inutiles à Dalida (page 6) et à Stromae (page 46), ainsi qu'une apparition furtive des pirates, dont celui qui ressemble à Charles Aznavour aperçu dans l'album précédent, dans une seule vignette dont on aurait pu faire l'économie (page 46).

L'image du banquet final, qui réunit tous les personnages du village des irréductibles, n'oublie pas les femmes, la nouvelle équipe a semble-t-il définitivement rompu avec la tradition d'Uderzo de les exclure.

Cette dernière image montre Assurancetourix ligoté et livré à son sort habituel (mais en lot de consolation, il a reçu en cadeau une balalaïka ramenée du pays sarmate), et surtout, met en scène une dernière fois le petit hibou, dont j'avais déjà parlé dans mes précédentes chroniques, qui symbolise Uderzo (page 48). Uderzo décède en mars 2020 et ne connaîtra donc pas cet album. L'image du hibou qui quitte son arbre, baluchon à l'épaule, en versant une larme, alors qu'Idéfix hurle à la mort, rappelle celle du Lapin blanc qui s'éloigne figurant dans Astérix chez les Belges, dessiné par Uderzo à la disparition de son ami Goscinny.

Cet album est agréable à lire, il égrène à la fois son lot de surprises et ses clins d'oeil incontournables. le subtil équilibre entre l'audace de la nouveauté et le caractère rassurant des standards de la série est atteint, de façon à contenter le plus grand nombre de lecteurs. Les clichés trop gnian-gnian (comme l'énorme Afnor), trop fabuleux (comme le dragon et les licornes) ou trop mythologiques (comme les créatures de l'Atlantide) ont ici été évités, et on ne peut que féliciter Ferri d'être venu à bout de ce Griffon en lui imposant sa griffe.
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Cet opus parodie et dénonce à la fois les superstitions, les mythes et les légendes. Astérix et Obélix, nos deux amis, aussi espiègles que sympathiques, n'ont rien perdu de leur lustre et pourtant cette fois-ci, ils n'auront pas la vedette !
Publié le 21 octobre 2021, Astérix et le Griffon est le trente-neuvième album mais aussi le premier à avoir été édité après de décès d'Albert Uderzo en mars 2020. Sa fille aurait examiné le scénario initial de l'album et certains de ses premiers croquis avant la mort de son père.

Les dialogues sont cocasses et savoureux et les dessins toujours aussi humoristiques et caricaturaux. Jean-Yves Ferri et Didier Conrad ont pris la suite des regrettés René Goscinny et Albert Uderzo de manière talentueuse ; ils ne se privent pas d'égratigner et de parodier gentiment certains personnages issus du monde politiques et/ou du spectacle. La relève est donc assurée pour notre plus grand plaisir !
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Jean-Yves Ferri et Didier Conrad se sont associés pour redonner vie à notre célèbre camarade gaulois, mais au final c'est un album en demi teinte qui en ressort : en dépit de quelques touches d'actualité intéressantes, il faut cependant convenir que l'histoire ne décolle vraiment pas tout comme la mayonnaise. Quelques jeux de mots distillés par ci par là n'y changent rien.

Goscinny et Uderzo sont certes irremplaçables mais à vrai dire, le scenario parait sans intérêt ! Il n'est pas du tout évident de prendre cette suite de créations, même si les auteurs sont talentueux pour leur part ...
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Que ça fait du bien de lire un Astérix !!!!!!!!
Cela faisait il y a bien longtemps que je n'en avait pas lu !
Sans surprise je l'ai dévoré !!

Nous retrouvons Astérix, Obélix, Panoramix et bien sur le petit Idéfix pour cette nouvelle aventure !!!
Les Romains, veulent absolument trouver le fameux griffon sacré, pour ça ils ont capturer une amazone pour qu'elle puisse les aider, mais pour ça, il faudra qu'elle parle.
De leur côté, nos héros vont rendre visite à un ami de Panoramix dans un village assez loin du leur.
Mais il se trouve que c'est là qu'habite la fameuse prisonnière amazone, et donc l'endroit où les Romains vont se rendre pour tenter de capturer le griffon.

Bonne lecture !! :)
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Je rattrape mon retard dans la saga avec la lecture de ce tome. Dommage que je le fasse après la lecture de "L'iris blanc" car la comparaison est rude.

Non pas que ce tome soit mauvais mais j'ai moins accroché à l'histoire, il y a moins d'humour, le début de l'intrigue arrive un peu comme un cheveu sur la soupe. Les clins d'oeil féministes sont bienvenus mais ne suffisent pas à en faire une histoire mémorable.
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Ni très bon, ni très mauvais , un Astérix qui se lit … par contre le coup des « E » à l'envers … mieux vaut lire avec une bonne lumière ! Les jeux de mots ne sont pas trop envahissants ( comme dans le dernier tome ) , et j'ai trouvé cela appréciable .
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Beaucoup aimé cette aventure que je trouve très actuelle avec les modes actuelles d'enseignements dites "positives".

L'antagoniste a un réel background et le danger qu'il représente est bien réel.

Toujours les jeux de mots et autres autres "blagues" dans l'A.D.N des albums précédents (même si je n'ai pas trop accroché sur le précédent).

Bref la relève est assurée pour asterix
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Le 40e tome des aventures d'Astérix et Obélix sortant aujourd'hui, je me suis dit que je devais bien rattraper mon retard et lire le 39e.

Je n'ai pas été déçue, j'ai bien aimé cette aventure dans les étendues glacées de l'Europe de l'est. Des histoires de créatures légendaires et d'Amazones rebelles comme je les aime.

L'écriture de Ferri est à la hauteur des jeux de mots et de l'humour de Goscinny. Les dessins de Conrad viennent égaler ceux d'Uderzo. Beaucoup de détails cachés et une ambiance qui met en valeur le récit.

Bref, le duo Ferri et Conrad marchait parfaitement et j'espère que la suite sera à la hauteur.
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Je suis tombée, non pas dans la potion magique, mais sur ce tome 39 d'Astérix et Obélix.

Et pour changer de mes dernières lectures, j'ai décidé de me plonger dedans.

Un bon moment, avec des jeux de mots qui m'ont fait rire.

Par contre on sent l'influence post confinement et de vérité alternative à plusieurs reprises.

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Ah, les vacances ! On peut faire du sport, se reposer, et lire des BD !
J'ai avalé les trois derniers Astérix de Jean-Yves Ferri et Didier Conrad. Je suis fan de Ferri depuis son Retour à la terre et je le trouve gagnant dans son pari de reprendre une légende telle qu'Astérix. Conrad s'en sort bien, obligé qu'il est de suivre les codes visuels de Uderzo. C'est peut-être un peu moins percutant, mais si on garde des yeux d'enfant (grand ou petit) ça fait le job sans problème.

J'ai bien accroché à cette histoire de recherche d'un animal légendaire dans les terres sarmates, la rencontre avec les amazones (assez misandres quand même, vu qu'elles parquent les hommes aux tâches ménagères), le duo du romain géographe et du chasseur professionnel, les jeux de mots (ceux avec le mot Scythes et sites, sous-entendu internet, en particulier), les noms de personnages (surtout Trodéxès de Collagène), l'appel de la forêt que ressent Idéfix et bien d'autres choses.
Un très bon moment, et presque sans potion.
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