Avec délicatesse et subtilité, Marine fève nous entraîne, via ce roman, dans la Bretagne des années 50.
On pénètre non seulement dans l'une des plus belles villas de Dinard mais surtout au coeur de ses occupants : une famille américaine.
William, Wendy : autant de personnages attachants dépeints avec tendresse et acuité qui vont encadrer le destin de Claire, dont le cheminement initiatique est digne des meilleurs livres de suspense... Un livre remarquable à ne pas manquer.
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Ce beau roman nous invite à suivre le destin de Claire. Une très belle écriture qui nous emmène avec bonheur dans une découverte initiatique singulière et émouvante. En suivant les pas de William, de Wendy et de tous ces personnages (que l'on peine à quitter), c'est l'occasion de découvrir des moments de l'histoire de Dinard, et d'être plongé (ou replongé), au tournant des années 50, dans une atmosphère familiale magnifiquement restituée.
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La maison de Claire était située sur la hauteur légère du sentier dominant les rochers de la plage de l'Ecluse.
Quelque part entre la villa de la Reine Hortense et la pointe de la Malouine, avec au loin, Saint-Malo comme une île, elle présentait un aspect modeste en comparaison de la folie expansive des autres villas auxquelles Dinard, au début du siècle, servit d'écrin. Sa construction en avait été commandée par une américaine, Mrs Wendy Spencer, à cette époque que l'on disait belle.
Ce jour-là, elle commença au bout du couloir par la chambre qui portait le numéro quatorze. Cette chambre, Claire l'aimait entre toutes. Seule mansarde de la série, avec ses rideaux fleuris, roses rouges de Damas et feuillage vert sauge assorti au papier peint, elle avait l'allure d'un refuge littéraire. Bien que Claire soit attirée par davantage de sobriété, elle s'y sentait bien et rêvait, pour se distraire, de lui apposer une plaque: « Ici a dormi Colette ».
Elle prit la clé sur son chariot. Bien qu'à cet instant le geste n'eut pas plus d'importance que d'habitude, elle se souviendrait toujours, ensuite, du tintement surnaturel du porte-clés de la chambre 14. Magique. Et les autres insignifiants. Elle ouvrit la porte.
Ce fut immédiatement un éblouissement.
"Revenue depuis quelques jours de ma lecture de cet ouvrage envoûtant, j'entends encore le ressac de la mer à la plage de l'Ecluse à Dinard et l'écho des temps passés. Ce livre m'a bouleversée et totalement emportée, au point que les personnages et la maison font maintenant partie de ma famille littéraire. Martine Fève, à travers une écriture légère, précise et subtile, manie le suspense en virtuose et nous fait partager l'intimité profonde de chacun, dévoilant leurs pensées secrètes qui résonnent dans notre intériorité de lecteur. Ce pourrait être un film d'Eric Rohmer."
Si la réalité grandeur nature ne correspondait pas exactement à la vision de Wendy, il est évident encore aujourd'hui que l'illustration du petit livre en fut l'inspiratrice. Combien d'écrivains sont responsables de milliers de choix individuels ? Il n'y a peut-être pas de meilleur mot pour définir la littérature que celui d'impression. Au printemps 1926, Wendy emménagea. Meublant, décorant la maison avec non seulement une impression mais un tel enthousiasme que son mari, repartant seul en Amérique, commença à éprouver des regrets.
Ainsi, Claire appréhendait par la lecture, la réalité du monde avec une précision de bourdon. Elle ne faisait cependant aucun bruit, si légère, évitant de s’engager physiquement, elle dardait son esprit plus concentré encore qu’une armée de butineurs saisonniers. Tout lui était bon à prendre au cœur des livres en n’importe quel lieu, par tous les temps, tout lui parvenait avec une justesse fulgurante, se déployait en elle, elle comprenait du premier coup. C’était comme si elle révisait tranquillement de multiples vies antérieures.