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Anne Fine, c'est cette grande auteure britannique , principalement connue en France pour sa série du Chat assassin et le très célèbre Mrs Doubtfire. Après le très angoissant, inattendu, et réussi Passage du diable dévoré l'an dernier, ce roman également inscrit dans une veine très sombre avait de quoi titiller ma curiosité. le synopsis laissait d'ailleurs un sentiment de "déjà lu", évoquant fortement celui du Passage du diable! Anne Fine se plagiant elle-même? Non, impossible, il devait forcément y avoir autre chose à découvrir derrière ce résumé très succinct.

Et effectivement : exit le contexte rétro et l'atmosphère mi-hitchockienne, mi-fantastique (on s'amusera cependant d'un clin d'oeil plus qu'appuyé au Passage du diable, pour ceux qui avaient noté la similitude des synopsis). Ici, l'histoire n'a nul besoin d'effet de style ou d'ambiance, le glauque est celui d'une réalité tout ce qu'il y a de plus vraie, Anne Fine abordant cette fois le placement d'un enfant retiré à sa famille maltraitante.Anne Fine s'attaque à un sujet d'autant plus complexe qu'il se trouve au croisement de nombreux autres ( réalité sociale, famille, psychologie, adolescence, et même les addictions ) tout en parvenant à éviter les écueils classiques.

Alors certes, on pourrait lui reprocher de raconter une famille dont l'horreur touche à tous les extrêmes quand la réalité des situations de maltraitance s'exprime souvent de façon plus sournoise, mais l'image a le mérite de parler à tout le monde, surtout qu'elle traite le tout avec grande pertinence. Son regard, d'un grand réalisme, s'écarte progressivement de la situation initiale pour raconter au fil de plusieurs narrateurs l'évolution du jeune garçon au fil de son placement. La voisine curieuse qui a prévenu les travailleurs sociaux, l'éducateur chargé de placer l'enfant, la famille d'accueil, la psychologue, la soeur adoptive, l'institutrice, et évidemment Eddie lui-même. du personnage secondaire simplement de passage aux protagoniste récurents, cette polyphonie permet une pluralité des points de vue qui évite de tomber dans des raisonnements trop étroits.

Plus encore, Anne Fine vient aborder avec finesse la question du déterminisme biologique (mais si, vous savez, même Zola en parlait déjà!), une donnée qui entre en compte dans la parcours de ces jeunes sauvés in extremis de situations familiales pathogènes : quel héritage psychologique recevront-ils de ces parents violents? le mal se transmet-il, ressurgit-il d'une génération à l'autre? Pourquoi cette impression d'un destin auquel on ne peut échapper? le thème, d'autant plus risqué qu'on est en littérature jeunesse, est traité avec sagacité et profondeur, sans tomber dans les clichés vains comme on aurait pu le craindre.

En bref : Anne Fine montre ici l'étendue de son talent en abordant le parcours d'un enfant à vif, hanté par une histoire familiale violente. Perspicace et fin, son roman parvient à aborder le passage à l'âge adulte via l'épineuse question de l'héritage psychologique, et traite du placement de l'enfant en évitant les écueils propres au sujet. Aussi intéressant pour les plus jeunes que pour les lecteurs adultes, ce roman coup de poing est une réussite dans le genre.

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> https://booksandrap.wordpress.com/2016/01/05/blood-family-anne-fine/


Avis : Je n'avais jamais entendu parler de ce livre avant de le voir par hasard a la FNAC de ma ville et de le recevoir gentiment de la part des éditions L'école des loisirs. Un grand merci à eux pour leur gentillesse et leur rapidité, qui m'a permi de découvrir ce livre qui me tentait beaucoup et qui me permet de vous le faire découvrir !
Parlons un peu de la couverture avant de rentrer dans le vif du sujet. Je suis complètement fan de ce style d'images. Sobre, sombre et à la fois mystérieux. L'écriture rouge sang, les images énigmatiques qui nous poussent à lire la quatrième de couverture pour en savoir plus. Je n'avais jamais lu d'Anne Fine avant ce livre là, bien que « le passage du diable » me tente énormééééément !

« Blood Family » sa parle de quoi ? On va faire la connaissance d'Edward, un petit garçon de 7 ans, qui à vécu séquestré avec sa mère Lucy sous l'emprise d'un homme colérique, violent, alcoolique et manipulateur du nom de Bryce Harris, toute sa vie. Au fil des ans, il a appris à ne pas faire de bruit, à ne contrarier personne jusqu'a devenir quasi invisible. Un beau jour, sa voisine se doutant des sévices de cet homme décide d'agir et de contacter la police et les services sociaux. Une fois délivré d'Harris, le jeune Edward, dit Eddie, fût pris sous l'aile de Rob Reed, un homme rondouillard, travailleur social qui le confie à Allan et Linda Radlett un couple qui accueille ces enfants en difficulté le temps de leur trouver un foyer d'adoption. Ce couple va être une bénédiction pour le jeune Eddie, ils vont le rassurer, lui apprendre à lire, à écrire, à compter, à s'amuser et surtout à aimer. Mais un beau jour, il est temps de trouver une maison d'adoption et les ennuis ne font que commencer. Edward va-t-il réussir à s'entendre avec sa nouvelle famille, dans ce nouveau foyer ? Va t-il se reconstruire et oublier son passé ? Que devient sa mère ?
Tant de questions dont on à les réponses au compte goutte au fil du livre. le poids du passé est lourd et Edward deviens maitre dans l'art de jouer avec le feu, va-t-il basculer et devenir comme l'homme qu'il exècre le plus ? Ou va-t-il trouver la force de se reprendre en main ?

Je peux vous le dire maintenant, j'ai vraiment beaucoup aimé ce livre. Parmi tout les bouquins que j'ai pu dévoré depuis mon enfance, je n'avais jamais lu ou très peu de livres similaires, aussi poignant et à la fois dérangeant comme « Blood Family ». Vous mourrez d'envie que je vous dire pourquoi je suis sure hein haha.
Un des gros points positifs de cette histoire c'est la manière dont on est plongés dans l'histoire, j'assimile ça à un saut à l'élastique où on aurait oublié de mettre son harnais de protection. On est plongés dans un univers dont on a pas envie de croire que cela puisse exister, et on en prends plein la gueule. On vit l'histoire à 100 à l'heure, on à peur, on a de la peine, de la colère tout en même temps et tout est amplifier par les différents points de vues qu'on nous offre. En effet, le livre est découpé non pas en chapitre mais en acte. À chaque 2-3 pages on change de personnage et on voit son point de vue à lui. Par exemple, au début, on est Eddie, puis la voisine, puis Rob Reed ainsi de suite, et cela nous aide grandement à comprendre toutes les facettes de ce petit bouquin.

Pour parler maintenant des personnages car c'est sans conteste ce qui est le mieux travaillé dans ce petit bouquin. Je ne dénigre pas l'histoire bien qu'elle n'ai rien d'extraordinaire, un enfant dont la vie à été ruiné par un salaud qui se retrouve balloté dans des familles d'accueil ce n'est pas ce qui à de plus innovant mais la profondeur des personnages rend ce livre très bon.
Eddie, Eddie, Eddie. Je l'ai adoré. On voit son évolution de la première à la dernière page, il passe du stade de l'enfance à celle complexe de l'adolescence. Waou quel courageux petit enfant. On comprends toutes les horreurs qu'il a pu voir, qu'il à pu subir durant toutes ces années et pourtant c'est un garçon tout ce qui à de plus agréable, comment ne pas s'attacher à lui ? il est intelligent, profondément gentil, serviable. Malgré qu'il est passé de terribles moments, il arrive toujours à remonter la pente et à s'en sortir. Il veut plus que tout ne pas ressembler à Harris et je trouve que malgré ces erreurs de parcours il s'en sort très bien. Je l'ai parfois trouvé injuste tout de même, je peux comprendre qu'il en veuille à Lucy sa mère pour ne pas avoir levé le petit doigt toutes ces années, mais je ne pense pas qu'il réalise tout ce qu'elle a vécu en vivant avec cette brute. Il la rouait de coups constamment, lui arrachait les cheveux, lui enlevait toute liberté. Il lui disait quoi penser, elle n'était plus qu'une marionnette et j'ai eu beaucoup de peine pour cette femme vide et absente.

Parlons d'Harris maintenant… Quel enfoiré ! Excusez mon vocabulaire mais ce genre de personnes devraient être emprisonné. Et dieu sait que ce genre d'histoires n'est pas purement inventé, combien de personnes vivent des choses égales ? Combien de femmes sont frappés par le mari, abrutie par les coups et dépendantes de ces bêtes sans coeur ? Bryce Harris est un homme manipulateur et violent doublé d'un alcoolique qui ne prends plaisir qu'a tout contrôler. Je l'ai biensur haï, même si je n'ai pas vraiment fait sa connaissance à travers le livre, les pensées et les paroles des autres personnages nous le décrivent très bien.
Quant aux personnages d'Allan et Linda, ils sont géniaux, je les ai adorés et cela reste très dur pour moi de me dire que je ne les retrouverais jamais au fil des pages.

En résumé, « Blood Family » c'est une histoire poignante et éprouvante qui m'a bouleversée.
Ce livre est un message d'espoir et d'amour, que je ne conseille tout de même pas aux plus jeunes vu le caractère difficile du sujet. Ceux qui ont le coeur bien accroché, jetez-vous dessus il est terrible.

Pour la note : 16/20.

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Edward est découvert à 7 ans, cloîtré dans un appartement avec sa mère battue. Il n'a connu du monde extérieur que des vidéos pratiques faites par un professeur sorte de Geo Trouvetout. Recueilli par les services sociaux, il va connaitre une famille d'accueil puis va être adopté.

Comment se construire avec une non enfance ? Comment réussir à oublier la violence ? La peur ? Edward est fort mais un jour son passé le rattrape et il s'enfuit...

Comme à son habitude Anne Fine décortique finement la vie des familles, des personnages. Un héros fort, touchant, l'angoisse monte peu à peu et on prend peur pour lui.

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Recueilli par les services sociaux, puis balloté de famille d'accueil en famille d'adoption, Edward se construit en tentant d'oublier son passé.
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La police et les services sociaux, avertis par une voisine, libèrent Edward, 7 ans, et sa mère cloitrés dans un appartement insalubre, par Bryce Harris, un homme alcoolique et violent.
A chaque chapitre l'auteur alterne les points de vue : celui d'Eddie, celui des assistants familiaux, celui du travailleur social celui de voisines, celui de l'agent de police, celui du psychologue pour enfant, celui de professeurs, celui du psychothérapeute, celui de la famille d'accueil… Cela permet d'avoir une analyse fine du contexte, des événements et de l'affirmation de la personnalité d'Edward. Nous avons ainsi l'impression de recevoir le témoignage des différents protagonistes sur la libération d'Edward, son placement dans une famille, sa descente dans l'alcoolisme…
Ce roman aborde des sujets graves comme la violence conjugale, l'amour maternel ou encore les difficultés d'intégration des adolescents.
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Le récit poignant d'une résilience difficile. Alors qu'il a 7 ans, Edward et sa mère sont arrachés aux griffes d'un homme violent et alcoolique qui les séquestrait. Sa mère, abrutie sous les coups, ne s'en remettra pas. le jeune garçon est alors confié à une famille d'accueil bienveillante et à un réseau de professionnels compétents qui vont l'accompagner dans sa "rédemption". Puis, Edward sera adopté. Mais à l'adolescence, le jeune homme vit une grave crise identitaire qui le mènera au bord du gouffre... Sera-t-il assez fort pour la surmonter?
Un roman fort et lucide, au style fluide et sans fioritures qui pourra plaire aux ados assez mûrs pour le recevoir.
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Encore une histoire de famille. Cette fois, il s'agit du petit Edward qui jusqu'à l'age de sept ans a vécu enfermé dans un appartement avec sa mère, sous l'emprise d'un père autoritaire, alcoolique, violent, un tyran, un type malfaisant, un mari pervers qui bat sa femme la persécute sans arrêt Les coups pleuvent sans relâche sur cette mère soumise, craintive., « Cette pauvre chose toute terne,sans ressort ».Tout l'univers de cet petit garçon s'effondre, sa vie bascule dans l'horreur l'incompréhension, la peur, l'abandon les angoisses. Libéré de son bourreau, il peut enfin découvrir le monde extérieur. Recueilli par les services sociaux,Il est trimbalé de familles d'accueil en famille d'adoption.

Ce livre est noir, sombre, il prend aux tripes Dès les premières pages, nos poumons se compriment et la douleur devient intense. L'adrénaline envahit notre organisme, on cherche notre respiration, au fur et à et à mesure que l'intrigue progresse.l'histoire de ce jeune Edward nous glace le sang Impossible de rester de marbre face au traumatisme que subit cet enfant auquel on s'attache, Sa personnalité affirmée nous touche. Sa capacité d'attachement n'a pas disparu.

Ce texte s'adresse aux adolescents, Anne Fine y aborde des sujets douloureux,bouleversants, déchirants, qui nous serrent la gorge, nous donnent mal au ventre et surtout l'envie de vomir, dégoûtés de voir jusqu'à quel point, l'être humain peut commettre des atrocités. Malgré ces sujets douloureux, l'intrigue reste tonique.Sa construction est basée sur le témoignage non seulement de Edward ( Eddie) , ce petit garçon meurtri, blessé, mais aussi sur ceux des personnes qui sont intervenues pour le bien-être de l'enfant qui n 'a que sa solitude pour seule compagnie.
Ce livre est une très bonne approche pour les ados. Grâce à ce texte, ils peuvent se rendre compte que tous les enfants n'ont pas la chance de vivre au sein d'une famille aimante . Certains connaissent un itinéraire douloureux où l'amour n' a pas trouvé sa place.
Enfin, il peut leur faire prendre conscience qu'un passé douloureux ne s'oublie jamais. Les souvenirs d'une enfance meurtrie restent très violents. La douleur ne disparaît jamais. Elle est toujours présente, tapie dans l'ombre, prête à resurgir au moment où on s'y attend le moins et peut entraîner vers les portes de la drogue et de l'alcoolisme, voir même connaître le monde de la rue. A chaque étape de sa vie, il faut choisir: rester transparent et vivre ou s'affirmer

Si le sort de cet enfant est intolérable, celui de sa mère l'est tout autant. de plus ce n'est pas un cas isolé. Il peut se retrouver dans tous les milieux. Beaucoup de femmes sont coupées de leurs familles, de leurs amis, de leur boulot et de tout ce qui leur permettrait d'échapper à toutes ces brutes épaisses
le seul regret que j'ai éprouvé, à la fin de cette lecture c'est devoir dire adieu à Eddie. J'ai juste envie, avant de le laisser de lui souhaiter bonne chance pour sa vie future.

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Un bon roman choc mais noir (très jeunes lecteurs s'abstenir). L'alternance de point de vue est très bien construite et apporte vraiment quelque chose à la narration.
Le récit est haletant mais mais la seconde partie tourne un peu en rond jusqu'au final.
Une très bonne lecture tout de même.
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Cela faisait très longtemps que je n'avais pas lu de roman d'Anne Fine. Quand j'ai vu la couverture, quand j'ai lu le résumé, j'ai tout de suite eu envie de lire celui-ci. Et croyez-moi, j'ai vraiment bien fait ! Ce n'est pas un roman facile, ce n'est pas une lecture légère, et pourtant je peux dire que j'ai passé un excellent moment de lecture.

Edward est encore un petit garçon, quand les services sociaux débarquent chez lui, prévenus par une voisine inquiète. Sa mère, sous le joug d'un compagnon violent, ne lui était plus d'aucun secours depuis belle lurette, enfoncée qu'elle est dans son mutisme et sa souffrance. C'est donc un gamin meurtri, terrorisé, qui remet enfin un pied dehors après des années, et qui doit apprendre à vivre avec les autres, avec son passé, avec ses peurs.

A suivre sur le blog ....
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Il y a quelques semaines, j'évoquais avec une amie lectrice ce qui est probablement la plus grande contradiction de mon existence : je suis hypersensible – et ça me complique considérablement la vie, car c'est jugé inacceptable dans notre société de pleurer « pour un rien » à bientôt vingt-quatre ans … bonjour la tolérance – mais je n'hésite pas pour autant à me plonger dans des livres jugés « difficiles ». Bien sûr, il y a certaines limites que je ne peux pas dépasser – ce qui m'oblige parfois à refuser telle ou telle proposition de service presse, car je sens que le livre en question me perturbera beaucoup trop –, mais cela ne me fait pas particulièrement « peur » d'ouvrir un thriller, un policier ou un drame de temps en temps. Au fil des années, j'ai appris à garder suffisamment de distance avec l'histoire relatée pour la savourer sans qu'elle ne me dévore. J'en suis vraiment soulagée, car cela me permet de me plonger dans des récits qui m'intriguent et m'attirent même si ceux-ci abordent des thématiques très difficiles …

Les premières années de sa vie, Eddie les a passées recroquevillé dans un coin du salon, s'efforçant de se faire le plus petit possible tandis qu'Harris, alcoolique et tyrannique, s'acharnait sur sa mère. Son seul lien avec le monde extérieur, ce sont des cassettes vidéos sur lesquelles sont enregistrées de vieilles émissions, dans lesquelles Mr Perkins emmènent ses petits téléspectateurs à la découverte d'une caserne de pompiers, d'une ferme, d'une pizzeria, tout en leur rappelant qu'il faut toujours mettre de la crème solaire en été et qu'il faut bien se laver les dents tous les jours … le petit garçon a sept ans lorsque la police et les services sociaux défoncent la porte, mettant fin à son interminable calvaire. D'abord placé dans une famille d'accueil aimante, puis adoptée par une famille bienveillante, le petit Eddie s'en sort étonnamment bien pour un enfant séquestré et maltraité … Jusqu'au jour où une simple sortie scolaire vient remettre en question l'équilibre précaire de sa santé mentale …

Si je devais résumer en deux mots ce roman, je n'hésiterai pas bien longtemps : simplicité et dureté. Les premières pages donnent immédiatement le ton du récit : c'est incisif, brut, tranchant. Tout commence par l'irruption fracassante d'une unité de police dans un appartement saccagé, dévasté, ravagé : ils y trouvent une femme couverte d'hématomes qui semble ne même pas se rendre compte de leur présence, et un petit garçon vêtu de haillons qui se terre dans son coin. Il y a cette urgence qui vous prend aux tripes : il faut les sortir d'ici, immédiatement, avant que l'homme responsable de cette horreur revienne. En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, la mère et le fils sont exfiltrés de ce logement insalubre et conduits à l'hôpital. C'est ainsi que débute la nouvelle vie d'Eddie … Mais ne nous faisons pas d'illusions : la vie n'est pas un conte de fée, et contrairement à ce qu'on aimerait espérer, un peu d'amour et de douceur ne suffiront pas à effacer ces traumatismes infantiles. Et même si, dans un premier temps, notre brave et sensible petit Edward semble bien remonter la pente, on pressent que le passé va brutalement ressurgir un jour ou l'autre. Pour le pire plus que pour le meilleur …

A travers l'histoire d'Eddie, c'est le parcours de vie de centaines d'enfants placés et adoptés que nous invite à suivre l'autrice. Car irrémédiablement, une même question finit par surgir, parfois insidieusement, parfois violemment. Est-il véritablement possible de faire table rase de son passé, de son enfance, de sa famille biologique ? Peut-on véritablement se construire sereinement quand nos racines sont branlantes ? Et c'est alors que le titre du livre prend tout son sens : les liens du sang seraient-ils plus forts que ceux du coeur ? Une implacable malédiction se cache-t-elle dans nos veines, nous condamnant à marcher dans les traces de nos géniteurs bien malgré nous ? Alors qu'il grandit, Eddie est de plus en plus hanté par la crainte de ressembler un jour à son bourreau … Mais le plus terrible, finalement, c'est que c'est pour oublier cette peur que le jeune homme va progressivement sombrer dans les mêmes travers que cet homme qu'il craint et hait tant. Et le lecteur assiste impuissant à cette descente aux enfers, le coeur serré de voir ce jeune homme innocent ployer sous le poids d'un si cruel fardeau.

Simplicité et dureté, disais-je : comme vous l'aurez remarqué, c'est une intrigue « extraordinairement banale » que nous offre ici l'autrice, sans fioriture inutile, sans péripétie superflue, toute centrée sur la difficile reconstruction de ce gamin malmené par l'existence. Rien de plus, rien de moins qu'une tranche de vie. Relatée par Eddie et par tous ceux qui gravitent autour de lui : Rob le travailleur social, Eleanor la psychologue, Linda l'assistance maternelle, Alice la soeur adoptive … Chacun leur tour, ils nous dressent un portrait saisissant de cet enfant sauvé de l'enfer. Roman polyphonique dans toute sa splendeur, Blood Family ne se contente ainsi pas d'évoquer les conséquences « à long terme » des abus psychologiques et des déterminismes génétiques, mais aborde également la question de l'adoption du point de vue des parents. Avec justesse, en remisant au placard les grands discours bien-pensants, Anne Fine nous plonge au coeur des doutes et même des regrets de ces hommes et de ses femmes qui élèvent « les enfants des autres », qui tentent de leur apporter tout l'amour et le soutien possible pour les aider à rebondir, mais qui se demandent parfois s'ils ont fait le bon choix …

En bref, vous l'aurez bien compris, c'est un roman particulièrement poignant et émouvant que nous offre ici l'autrice. Sans jamais sombrer une seule fois dans le larmoyant à outrance ou l'apitoyant démesuré, Anne Fine n'épargne absolument rien au lecteur, le confrontant à la vérité dans toute sa rudesse : on ne ressort jamais indemne de ce genre d'épreuves, jamais, même avoir tout l'amour et toute la bonne volonté du monde. Il reste toujours quelque chose de ces douleurs, de ces peines, de ces peurs. On pourrait reprocher à ce récit d'être trop pessimiste … mais il faut se rendre à l'évidence et reconnaitre qu'il est tout simplement réaliste. La fin est à mes yeux particulièrement marquante de ce point de vue : elle nous laisse en plan, avec un grand point d'interrogation vu qu'on peut s'imaginer le pire comme le meilleur, la voir comme la preuve de la guérison d'Eddie ou comme les prémices d'une rechute à venir. Au lecteur de se faire sa propre opinion … En tout cas, c'est un roman certes difficile par moment, mais que j'ai énormément apprécié car il est si riche, si puissant, et si bien écrit, tout en finesse, vraiment une très belle lecture que je n'oublierai pas de sitôt !
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