Ce roman policier/thriller pour ado est très efficace dans son immense majorité. En effet, durant les 3 premiers quarts du roman, on tourne les pages avec vigueur car nous avons hâte de découvrir la suite : qui est la victime ? Que s'est-il passé ? Comment la traque va-t-elle se terminer ? de nombreuses questions auxquelles on souhaite avoir des réponses qui font oublier les éléments peu crédibles. Mais voilà, plus je pense à cette lecture avec du recul, plus je lui trouve des défauts, l'envie de connaître la suite n'étant plus là pour gommer certaines invraisemblances.
Premier souci, j'ai trouvé que l'auteur avait trop voulu tirer son récit en longueur. Pour moi, l'histoire aurait gagné à se terminer lors de la révélation de l'identité du coupable. La partie prise d'otages par le meurtrier et la course-poursuite qui s'ensuit était en trop. Elle servait uniquement à mettre en valeur l'héroïsme de certains personnages, notamment Jordan (le criminel en fuite qui a tué une fillette lors d'un accident de voiture) afin de le faire s'amender et de montrer que, certes, il a tué une petite fille mais il a permis de sauver plusieurs vies. Il n'est donc pas méchant le bougre, il a juste fait les mauvais choix et s'est très mal entouré. Il n'en reste pas moins qu'à mes yeux il a tué quelqu'un...et que de sauver des vies ne permet pas d'excuser le fait qu'il en ait pris une. Cela peut l'aider dans sa reconstruction mais je trouve qu'ici l'auteur a tendance à dédouaner un peu trop facilement son personnage. Montrer un prisonnier en fuite qui n'est qu'un humain imparfait et qui cherche à se reconstruire, oui, mais en profiter pour « excuser » son crime, non. Ce sentiment a en plus été renforcé par l'apparition d'un personnage medium sorti de nulle part qui affirme à Jordan « elle ne t'en veut pas ». Comme une autorisation à ne plus se sentir coupable donc... Bref, je trouve que l'auteur insiste trop sur cet aspect de l'intrigue, le simple fait que Jordan ait sauvé Ludovic aurait dû suffire à conduire le prisonnier sur le chemin de la rédemption, pas besoin d'en rajouter une couche. de plus cette partie prise d'otages donne lieu à une scène surréaliste où le meurtrier et sa complice discutent comme s'ils ne tenaient pas en joue un groupe de personnes. C'est bien pratique d'un point de vue narratif afin de faire comprendre au lecteur de quoi il en retourne, mais pour la crédibilité de la scène, on repassera.
Deuxième souci, plus l'intrigue avance, plus les facilités du scénario sont mises en exergue. L'enquêtrice cerne en effet un peu trop vite tous les éléments qui peuvent faire avancer l'enquête, elle est de suite sur la bonne piste, se rend exactement au bon endroit... etc Bref, elle fait preuve d'un instinct hors du commun. Encore une fois, bien pratique pour faire avancer l'intrigue mais pas pour rendre l'ensemble crédible. Je l'avoue, tous ces petits détails n'apparaissent pas forcément à la lecture car, comme je l'ai dit, on est pris par le suspens. Mais une fois que l'on en a repéré un (pour moi, la fin a été le catalyseur de ce phénomène) et que l'on repense à tête reposée aux scènes lues auparavant, on se rend compte des nombreuses petites faiblesses parsemées dans le récit.
Niveau personnage, je n'ai pas particulièrement accroché à celui de Carla, l'enquêtrice, mais j'ai bien aimé l'ado Ludovic. Quant à Jordan, c'est une bonne chose d'avoir son point de vue mais, pour moi, l'auteur guide trop le lecteur quant à l'image qu'il doit avoir de ce personnage. Il aurait dû le laisser se faire son propre avis plutôt que d'insister sur le fait que, grâce à sa présence, plusieurs vies ont été sauvées pour effacer le fait qu'à cause de sa présence, il en a pris une (mais ce n'était pas vraiment sa faute, car les freins de la voiture utilisée pour accomplir son activité de criminel étaient mal entretenus, on nous le répète bien...)
Mon sentiment vis-à-vis de cette lecture est donc complexe. A l'instant où j'ai refermé le livre, je vous aurais dit « c'était bien, très prenant, même si le dernier quart du roman n'était pas nécessaire ». Mais en y repensant au moment d'écrire cette critique, quelques jours plus tard, je vais vous dire : le suspens de l'histoire fait oublier les faiblesses ou incongruités de l'intrigue à l'instant T, mais, a posteriori, il est difficile d'affirmer que c'est un bon roman policier à cause des invraisemblances qui émaillent le récit. Par contre, c'est un thriller efficace dans le sens où l'on est pris dans l'histoire dès les premières pages.
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Jordan, la vingtaine, attend au tribunal de Pau d'être jugé pour homicide involontaire ; ce petit délinquant a renversé une petite fille. Sachant quelle peine l'attend, il décide de s'enfuir en Espagne. La jeune adjudant Carla Perugin, responsable de l'arrestation de Jordan, se lance à sa recherche et le localise au pied du Pic du Midi d'Ossau. C'est là où débarque le jeune Ludovic, 14 ans, censé passer une semaine de camping sauvage avec son père mais qui se retrouve seul à bivouaquer en pleine nature car son papa a préféré dormir à l'hôtel avec une « greluche ». Et c'est tout près, au bord du lac de Bious Artigues, que le corps d'une adolescente, poignardée, est retrouvé. Qui est le meurtrier ? Jordan, le chauffard fugitif ? Ludovic, qui joue aux Indiens ? Carla pense plutôt à un serial killer… Un excellent thriller pour grands ados et adultes, très bien documenté sur le milieu policier (toutes les tâches, souvent administratives, des policiers, sont décrites), et à la structure originale : c'est un roman choral certes mais avec de réels changements de points de vue pour la plupart des événements clés de l'histoire. Celle-ci est particulièrement prenante et on s'attache à tous les personnages. Et on aimerait d'ailleurs savoir quel lourd secret cache Carla…
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Le problème, avec les regrets, c'est qu'il est beaucoup plus facile de convaincre le juge que vous ne regrettez absolument rien que du contraire. En plus, il y avait le délit de fuite.