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EAN : 9782362664342
272 pages
Talents Hauts Editions (03/02/2022)
4.08/5   104 notes
Résumé :
1978. Myriam, 17 ans, est victime d'un viol. Traumatisée, craignant d'être enceinte, elle ne trouve de soutien ni dans sa famille, qui a peur du qu'en-dira-t-on, ni auprès de son amie Lili, enfermée dans une morale rétrograde. L'exemple d'une élève de sa classe, militante au Mouvement de Libération des Femmes et le retentissement du procès d'Aix, qualifié de « procès du viol » par Gisèle Halimi, va l'aider à porter plainte, aller en justice et faire entendre sa voix... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (39) Voir plus Ajouter une critique
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1978. Myriam est en classe de Terminale dans un lycée, à Lyon. Lors d'une soirée avec ses amis, elle rencontre Franck, la vingtaine. Les deux jeunes gens flirtent et Myriam accepte de le revoir en cachette de ses parents qui ont une éducation très rigoriste. Lorsqu'ils se revoient, le jeune homme la viole. Traumatisée, la jeune fille ne sait plus vers qui se tourner pour obtenir de l'aide. Dans le même moment se tient le « procès du viol » qui fait la une des médias. Cet événement, puis les actions militantes d'une camarade de classe au sein du MLF, encouragent Myriam à intenter un procès à son violeur.

Catherine Cuenca s'est emparée des événements de 1978 qui ont eu lieu autour du procès d'Aix pour raconter l'histoire de Myriam et livrer un texte militant autour du droit des femmes. Pour rappel, en mai 1978, Gisèle Halimi défend deux jeunes femmes qui ont été violées par trois hommes alors qu'elles avaient refusé leurs avances. Pour la première fois, le procès s'ouvre devant une cour d'assises. Ce procès, qualifié de « procès du viol » par Gisèle Halimi, est houleux. Les victimes, les femmes et le féministes y sont ouvertement attaquées.
Il faut donc se replacer dans le contexte de l'époque pour comprendre l'ambiance et les réactions des différents personnages du roman. La réaction des parents de Myriam est la conséquence d'une morale rigoriste, véhiculée par une société où la femme reste soumise à l'homme dans toutes les situations et est au final responsable de ce qui lui arrive. Et puis surtout, on ne veut pas parler de viol pour la sauver « réputation » de la famille. Les procès pour viol qui suivront celui d'Aix seront donc une totale révolution à cette époque car les femmes osent enfin se libérer d'un carcan patriarcal et affirmer leur liberté de dire non. Et il faudra beaucoup de courage à ces victimes pour affronter les injures et les menaces d'une société encore rétrograde quant à la place des femmes.
Tout le récit de Catherine Cuenca tourne autour de cette thématique. Si le sujet est bien sûr important et permet de montrer aux plus jeunes les combats qui ont eu lieu pour qu'enfin le viol soit reconnu juridiquement comme un crime, l'histoire en elle-même m'a quelque peu déçue. Trop de longueurs au début, puis lorsque l'action de Myriam contre son violeur est enfin engagée, le récit reste plat et ne décolle pas vraiment. Les personnages ne m'ont pas touchée.
« Nos corps jugés » est instructif mais j'en attendais un peu plus.
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Un roman young adult à la thématique forte qui m'a beaucoup plu.

1978, Myriam, 17 ans, est victime d'un viol. Traumatisée, craignant d'être enceinte, elle ne trouve de soutien ni dans sa famille, qui a peur du qu'en-dira-t-on, ni auprès de son amie Lili, enfermée dans une morale rétrograde. L'exemple d'une élève de sa classe, militante au Mouvement de Libération des Femmes et le retentissement du procès d'Aix, qualifié de "procès du viol" par Gisèle Halimi, va l'aider à porter plainte, aller en justice et faire entendre sa voix.

Une très belle découverte de l'autrice qui m'était totalement inconnue ! Avec ce roman à l'écriture très accès adolescents, elle nous propose un récit poignant, qui met en évidence toutes les épreuves dont doivent faire face les victimes de viol en 1978. Les lois ont changé certes, mais ce n'est pas pour autant qu'à l'heure d'aujourd'hui les victimes soient davantage considérées comme telles.

L'autrice a réussi à retranscrire à merveille les différentes émotions que peuvent ressentir les victimes suite au viol. de la honte, à la peur de porter plainte et d'en parler à ses proches en passant par le jugement des autres, sont les sentiments qui prédominent et emprisonnent Myriam dans une immense solitude.

Nous allons vivre avec cette jeune femme la souffrance au quotidien, l'abandon de ses parents qui ne pensent qu'au qu'en-dira-t-on, sa meilleure amie qui ne veut pas être mêlée à "tout ça"... Heureusement, sa grande soeur va prendre les choses en mains et la bataille va commencer ! Nous allons être spectateurs de cet incroyable procès qui m'a parfois outré au vu de certains propos...

Un roman un peu trop young adult à mon goût mais qui a été très bien écrit et très réaliste au vu du sujet abordé ! Je le recommande sans hésiter et surtout aux jeunes adolescents. Une autrice à découvrir !
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Nos corps jugés, de Catherine CUENCA, est un livre engagé pour la reconnaissance du statut de victimes des femmes ayant subis un viol, tant par la justice que par la société française de 1978.

La vie de Myriam, 17 ans, bascule, un soir de février 1978. Elle sortait avec un garçon, de quelques années plus âgé qu'elle. Malgré son refus clair et net d'avoir une relation sexuelle, Frank insiste, et la force.
Craignant d'être enceinte, elle se confie à sa mère. Sa propre famille, terrifiée par une possible exposition publique de "ce scandale", souhaite faire taire Myriam, plutôt que de courir le risque de voir la réputation de la famille salie.
Au lycée, Myriam découvre les affiches militantes de l'association Choisir. A la télé, elle suit "le procès d'Aix-en Provence", qui fait grand bruit et suscite le soutien de nombreux mouvements féministes.

Le lecteur suit le chemin parcouru par Myriam, de la souffrance aux traumatismes, du rejet de sa famille à la rencontre de soutiens, du silence à la plainte pénale, de l'attente au procès.

Catherine CUENCA indique, " à travers le parcours de Myriam", avoir "voulu évoquer cette période porteuse d'espoir pour toutes les victimes de violences sexuelles". Ces années 70-80 représentent, en effet, un tournant à la fois juridique et moral. Juridique, par la loi du 23 décembre 1980 qui reconnait le viol comme un crime, et non plus un délit. Moral, par l'évolution des moeurs, la libération de la parole, portée par les associations de défense du droit des femmes.
Ce double objectif de l'autrice est rempli avec sa fiction Nos corps jugés.

Néanmoins, je regrette un état des lieux incomplet des obstacles auxquels les victimes de viol doivent faire face. L'accent est mis sur la loi du silence et la peur du scandale : l'isolement de Myriam, rejetée par tous. Il n'est en revanche pas question des doutes et cheminement intérieurs, a fortiori dans ce contexte, du difficile dépassement de la honte, et du chemin vers la résilience - comme si les seuls obstacles étaient extrinsèques à la victime.

Je regrette également un manque de nuance, notamment dans la conclusion, à la fois positive et fermée, du roman. Comme si le combat sociétal et juridique contre les violences sexuelles était fini, et occultant de nombreuses thématiques associées (correctionnalisation judiciaire, cas des femmes qui ne portent pas plainte, question difficile de la preuve a fortiori lorsque la personne ne porte pas plainte immédiatement, résilience...).

Toutefois, je comprends ce choix de l'autrice, qui lui permet d'alléger son roman, et de le dédier pleinement à un public jeunesse.

En conclusion, nos corps jugés est un roman dont la vocation première est de rendre hommage aux combats menés dans les années 70-80 pour la reconnaissance des femmes victimes de viol - qui par son contenu et sa forme, convient à un public adolescent.
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Chaque combat que nous menons doit être défendu tous les jours de notre vie !

En 1978, Myriam en est l'exemple même, lorsqu'elle décide de se battre pour défendre toutes les femmes qui subissent et qui ont subi des agressions sexuelles ou bien des viols. En rencontrant un garçon, on ne s'attend pas à ce qu'il nous considère seulement comme un objet qui sert à satisfaire ses désirs. Myriam ne pensait pas non plus à ça. Elle se rend compte qu'il faut qu'elle parle lorsqu'elle voit des manifestes sur les murs de son lycée, appelant à la manifestation du 11 mai contre toutes les violences et agressions sexuelles. Surtout, il ne faut pas que l'on apprenne qu'une jeune fille de 17 ans avait couché avec un garçon, ou pire qu'elle était enceinte. Elle ne peut trouver de soutien ni auprès de son amie Lily, enfermée dans une éducation conservatrice, ni auprès de ses parents, qui, tout comme les autres, ont peur du qu'en-dira-t-on. Myriam n'a cessé de leur en parler et de leur faire comprendre que ce n'était pas de sa faute si ce garçon ne l'a pas écouté, et qu'il n'a pas compris lorsqu'elle avait dit NON !

En tant qu'adolescent qui a grandi en respectant autant les hommes que les femmes, il est compliqué de se mettre à la place des parents de cette époque qui conservaient une façon de penser très rétrograde. Pour une jeune fille, il est plus facile de s'identifier à Myriam, de comprendre pourquoi elle veut se battre, et surtout pour qui ! C'est une chose dont elle a été victime, mais elle n'est malheureusement pas la seule. Il y a également un sentiment d'incompréhension, puisque même ses parents ne comprennent ni sa tristesse, ni sa contrariété, ni son envie de se battre pour ses convictions. Voila un message de lutte contre des crimes qui, avant cela, n'étaient pas considérés comme tels, alors qu'un viol peut briser des vies entières. Il s'agit d'un roman émouvant et captivant, une histoire qui doit être racontée et entendue !

A la page 140, lors de la diffusion du procès du viol à Aix, Myriam ne peut décrocher son visage de l'écran de télévision ; elle voit une de ses camarades assister au procès. Lors de celui-ci, Gisèle Halimi, défend deux jeunes filles lesbiennes ayant été violées et frappées avec une violence extrême à la plage alors qu'elles campaient et voulaient simplement passer une soirée en bord de mer. Ces jeunes filles ont décidé de se battre pour défendre leurs droits et leur parole, et faire en sorte d'être un exemple pour de nombreuses jeunes filles dans le même cas. C'est également à cet instant que Myriam prend conscience que chaque femme est une victime et a peur de vivre comme elle l'entend. Un homme, lui, ne se posera jamais la question de savoir s'il sera en sécurité ou non, lorsqu'il sortira pendant la nuit, pour retrouver des amis ou en rentrant d'une soirée. Gisèle Halimi est une avocate et militante contre les viols et les agressions sexuelles, elle fait partie d'une association, « Choisir », qui tente de rendre justice aux victimes !

Enfin, pour noter ce livre, il paraît plus que logique de mettre 5 étoiles !
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C'est la mention de Gisèle Halimi qui m'a donné envie de lire ce roman. J'ai découvert l'avocate féministe grâce à ma fille lycéenne qui avait à étudier un extrait de son plaidoyer lors du "procès du viol" d'Aix-en-Provence en 1972 ("l'affaire Marie-Claire, une adolescente traduite en justice pour avoir avorté après un viol"). Il n'est pas question de grossesse ni d'avortement ici, mais le profil de Myriam est identique: une jeune fille qui, bien qu'elle ne soit pas responsable de ce qui lui est arrivé, vit dans la honte et la peur de parler et quand elle ose enfin le faire, n'obtient aucun soutien ("Elle est complètement seule"). Son amie Lili refuse de l'accompagner au commissariat pour le dépôt de plainte ("Les policiers noteront mon nom"); de toute façon, peu croient les victimes. Quant à sa mère, elle a peur du scandale ("Le qu'en dira-t-on la préoccupait plus que tout") et surtout n'ose pas aller contre la volonté de son mari "d'oublier" l'histoire; cette épouse s'est toujours pliée aux désirs de son mari, à ses choix et Myriam représente "une attaque au patriarcat" (on est en 1978).

C'est par une camarade de classe, Joëlle Dominguez, que Myriam entend parler du MLF (Mouvement de Libération des Femmes): l'adolescente sème en effet dans le lycée des tracts féministes réclamant "la dignité pour les victimes de viol, pour des femmes battues, abusées..."). C'est grâce à son aide et à celui de sa soeur aînée en visite que Myriam va oser prendre contact avec une avocate de l'association et aller jusqu'au procès. le tapage médiatique de celui-ci est parfaitement rendu, que ce soit au niveau de l'ambiance exaltée que des arguments avancés par les parties en opposition. Au final Myriam aura obtenue d'être entendue et pourra envisager de "revivre, enfin". L'épreuve lui aura permis de trouver sa voie: devenir psychothérapeute "pour aider ceux qui en ont besoin à surmonter leurs traumatismes".

Grâce à toutes ces jeunes filles qui ont eu le courage de défendre leur droit à disposer librement de leur corps, et à celles qui ont mis leurs compétences à leur disposition, le viol n'est plus un délit mineur mais bel et bien un crime depuis la loi du 23 décembre 1980. Malheureusement, il n'empêche que les femmes continuent de "subir des choses inacceptables tous les jours" ("Les attouchements du pervers ou le harcèlement d'un type en voiture. A elle de choisir.")...
Lien : https://www.takalirsa.fr/nos..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Elle était restée deux jours entiers dans son lit, à chercher vainement le sommeil, en voyant toujours passer les mêmes images devant ses yeux. Comme un film qu'elle était condamnée à visionner indéfiniment, sans aucune échappatoire. Pourquoi s'acharnait-elle à ressasser le passé? Il est impossible de le changer. Peut-être essayait-elle simplement d'apprivoiser ces images, ces sensations, pour qu'il lui soit plus facile de vivre avec. Comme ça, petit à petit, elle arriverait à sen détacher. Il le faudrait bien, si elle voulait continuer à vivre. Cela faisait plus d'un mois qu'elle errait entre deux mondes, comme une convalescente. Elle devait guérir pour pouvoir avancer.
P.38
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Le vertige la saisit à l'idée que les victimes ne soient pas entendues. Les renvoyer au silence, cela reviendrait à dire que les hommes peuvent continuer à violer impunément, que les femmes sont des proies qui doivent renoncer à leur liberté de circuler, de s'habiller comme elles veulent, pour ne pas tenter le prédateur.
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Pire que d'avoir été violée, c'est de parler de leur viol qu'on reproche aux victimes.
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