Révision de ma bibliothèque (13)
Un manuel à nul autre pareil.
De l'humour, des dessins, un dispositif en quatre questions/réponses, vous en disent plus long que la plus complète définition théorique. C'est fou !
Certes, c'est un pastiche. Néanmoins, ce guide est précieux pour identifier les failles mentales de vos partenaires de loisirs, de travail et pourquoi pas de vie sentimentale.
Neuf lieux (zoo, sur le bateau-mouche, au restaurant, l'arrivée à l'hôtel...)
accueillent une nonantaine de troubles, chacun cerné par un questionnaire avec réponses, annotées ou pas.
Le philosophe, le psychologue et le dessinateur montrent la grande richesse verbale du malade mental. Je n'en doutais pas, mais exposée ainsi, c'est flagrant.
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Le pervers a le souci d'en dire le moins possible dans le but de ne jamais se dévoiler et de laisser l'autre sur sa faim.
L'intention des fous n'est jamais de guérir, mais de transmettre leur propre folie aux autres. Celui qui entreprend de dialoguer avec les fous fera bien de conserver ce fait en mémoire. Il y va de sa santé comme de sa raison.
La folie étant donc essentiellement une affaire de langage, la première chose que doit faire celui qui désire s’instruire de ses arcanes consiste évidemment à apprendre ses dialectes respectifs.
Il est vrai que le langage des fous passe généralement pour rebutant, obscur, difficile et désorientant, ne serait-ce que par sa variété. Comment s’y retrouver, par exemple, lorsque dans un salon chacun vous interpelle de tous côtés, qui en schizophrène, qui en paranoïaque, qui en pervers ? On comprend que malgré toute sa bonne volonté, l’interlocuteur le mieux disposé finisse par se lasser et abandonner la partie.
On remarquera que, même lorsque les choses s’arrangent, l’humeur de l’hystérique s’aggrave. On notera aussi une différence entre la mauvaise humeur paranoïaque et la mauvaise humeur hystérique. La première est plus juridique, méthodique, contestataire ; la seconde plus féroce et instinctive. À noter aussi que l’agressivité hystérique s’oppose à la froideur paranoïaque, de même que l’incivilité hystérique s’oppose à la redoutable politesse du paranoïaque. Remarquons enfin que l’hystérique ne peut se retenir de faire souvent allusion aux attributs qui lui font défaut (« me les casser »).
PERVERS
1) De quoi souffrez-vous ?
2) Ouvrez la bouche et faites "A"
3) Détendez-vous
4) Voulez-vous que je vous fasse une ordonnance ?
1) Et vous-même ?
2) B !
3) A !
4) Bah !