AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,26

sur 27 notes
5
9 avis
4
5 avis
3
0 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Quelle gifle que cet « Honnête homme » que je viens de refermer ! Quel exercice de style que ce roman ! Quel beau texte aussi et quelle belle plume que celle d'Isabelle Flaten qui avec ce magnifique roman a réussi à rendre hommage autant à Gustave Flaubert qu'à Charles Bovary, l'époux falot et un peu niais, pour ne pas dire apparemment complètement crétin d'Emma !
L'exercice était risqué pour pas dire dangereux : se proposer de raconter l'histoire que tous les amateurs de littérature classique connaissent bien du point de vue de Charles, raconter sa vie à lui-même, c'était audacieux… périlleux. Et pourtant…
Moi qui suis férue de mes classiques et plus encore de toute la production romanesque de mon dix-neuvième siècle adoré, j'étais aussi curieuse que circonspecte, aussi pessimiste qu'attirée quand j'ai repéré l'ouvrage d'Isabelle Flaten paré de son beau bandeau rouge « Tout le monde connaît sa femme, mais l'histoire de Charles Bovary mérite d'être racontée ». Bien sûr, il est de splendides réécritures, des paris qui flamboient de leur première à leur dernière page. J'en veux par exemple pour preuve l'excellent « Belle Amie » de Harold Cobert… Mais il y a des ratés aussi, des échecs cuisants… Là, il s'agit quand même de Flaubert, de Monsieur salammbô lui-même ; il s'agit des Bovary, de ce roman acide et génial, culte et que moi j'adore…
Comme je venais de finir « L'Impératrice de Pierre » et que je n'avais plus rien à dévorer, j'ai pris le risque. Fureter dans une librairie quand on n'a pas décidé d'une nouvelle lecture, c'est comme faire ses courses quand on meurt de faim… Cela finit toujours par du chocolat, des pâtisseries … ou de nouveaux romans…
« Un honnête homme » m'a ferrée dès sa première page où le style très écrit, fluide et élégant de Flaten m'a happée. Un style qui n'est pas dénué d'un certain classicisme mais riche d'un je ne sais quoi d'ample, d'organique, de malicieux aussi. le texte ne manque pas non plus d'intelligence, de rythme et de verve. Un délice qui marie le gout de cette manière d'écrire cher au siècle de Flaubert à la saveur d'un rien de modernité.
D'emblée le ton est donné et on découvre Charles aux prises avec son premier mariage dans un récit où domine un point de vue interne extrêmement maîtrisé, d'une sensibilité déconcertante. le ton est donné, la focalisation opère son réajustement, la partie commence. C'est ainsi que là où Gustave Flaubert nous donnait à voir les pensées romanesques et torturées d'Emma, Isabelle Flaten, elle, se glisse dans les pas de son époux, comblant les blancs laissés par Flaubert, les nouant cependant habilement avec ce que son brillant prédécesseur avait écrit formant ainsi une trame aussi solide que cohérente. C'est là que réside l'exercice de style, mais le roman serait bien froid s'il n'était que cela. Or, il va au-delà en proposant des personnages qui s'ils demeurent fidèles à Flaubert (mention spéciale pour Homais et Emma !) s'en détachent. Ainsi Charles, que l'auteur n'avait guère épargné en 1857 , se révèle ici particulièrement touchant. C'est un homme simple, bon, naïf peut-être. « Un honnête homme » ne le réhabilite pas complètement toutefois et comme dans « Madame Bovary » on voudrait le secouer souvent, lui ouvrir les yeux, le voir un peu plus combattif qu'il n'est, mais il est vraiment touchant et cette perspective inédite sur l'affaire de Yonville le rend enfin intéressant. On a envie de le connaître, de le découvrir, de le comprendre… Il y a dans la plume d'Isabelle Flaten beaucoup d'empathie, de compassion voire d'affection pour ce personnage souvent mal-aimé : c'est ce qui donne de la profondeur au roman, ce qui en fait un très beau texte en plus de son virtuose travail formel.
Ainsi, j'ai adoré découvrir les personnages de « Madame Bovary » sous un nouvel angle, je les ai reconsidérés parfois, j'ai revu mon jugement pour certains et j'ai aimé être touché par Charles que, un peu comme sa belle épouse, je prenais de haut, j'ai adoré retrouver l'atmosphère étriquée de Yonville et sa cohorte de personnages tous plus petits les uns que les autres. L'ironie de Flaten est d'ailleurs à l'avenant de celle de Flaubert, pour mon plus grand plaisir !Un exercice de style donc, une pirouette mais des meilleures. Un hommage magnifique rendu à un auteur dont chaque ligne frôle toujours la perfection. Un personnage émouvant contre toute attente et une vraie fidélité à l'oeuvre originelle.
Maintenant, je n'ai qu'une envie : relire « Madame Bovary ».
Commenter  J’apprécie          112
Prodigieux, un livre-somme. Si vous voulez vous approchez du secret, lisez cette épopée digne d'un bovarysme éclatant.
Dans les plis de ce roman édifiant, l'ascension fabuleuse d'une autrice, Isabelle Flaten, remarquable et sublime, tant son intuition, ici, est une gageure.
« Un honnête homme » un portrait de constance et de bravoure, celui de Charles Bovary.
Le charme fou d'une écriture qui ensorcelle. Nous sommes en plongée dans l'immédiateté d'un chef-d'oeuvre.
Un récit intense, brillant, qui rassemble l'épars, la vie de Charles Bovary, réhabilitée, le double-cornélien d'Emma Bovary, l'inoubliable de Gustave Flaubert.
D'emblée l'ambiance est posée. le style résolument accrocheur, signifiant, surdoué. Un livre unique dont l'aura est le papier calque de l'époque-même. C'est ici, la beauté suprême de « Un honnête homme ». Écrire une mise en abîme en mimétisme absolu. le futur classique vient d'éclore.
« Entre Héloïse Dubuc et lui, les choses ne vont pas comme il l'avait prévu. Il s'était figuré le mariage telle une grande porte ouverte sur un lendemain prometteur. Il lui semblait qu'avec une épouse à son bras, il allait pouvoir emprunter la route commune, être de plain-pied parmi les autres. Jusqu'à ses noces, il avait été emmuré dans une forme d'exil difficile à identifier ».
« Et de la même façon, toujours aplati sur son caillou, il déplore ce triste sortilège qui a converti son propre mariage en punition et sa femme en succube. Quoi qu'il fasse, quelle que soit la manière dont il s'y prend, Héloïse le blâme, rien ne va comme il faut ».
Lui, jeune médecin, dont la mélancolie est un ricochet sur la rivière de ses jours. Mal-aimé, dont la nostalgie est désespérante. Héloïse est beaucoup trop âgée pour lui, aigrie et pernicieuse. Vieillissante, méfiante, voire méchante, la tendresse inexistante, les murs gris de leur antre donne le vertige à Charles. « Il escompte que demain sera un jour lumineux, un baume sur l'obscurité d'hier ». Il résiste, soigne ses patients avec cette bonté qui déborde de lui. Magnanime, jusqu'au risque de s'écrouler, l'abnégation au plaisir, les malades sont un garde-fou. On aime si fort ce jeune homme pétri d'humanité, triste comme la pluie en plein hiver, dans la disgrâce de ses jours. Héloïse va mourir. Il laisse le radeau voguer sur les flots. L'indifférence pourtant l'accable. Manichéen quelque peu, les persiennes closes, il ne connaît pas l'amour pour se plaindre. Jusqu'au jour où il rencontre une jeune fille puérile de dix-sept ans dans une ferme, son père s'est blessé. Charles, le docteur, tel le Phénix renaît. Il perçoit enfin l'envoûtant frisson de la connaissance.
« À peine a-t-il franchi le seuil de la ferme qu'Emma interrompt aussitôt ce qu'elle était en train de faire pour se consacrer entièrement à lui… Emma a des enthousiasmes d'une spontanéité qui le ravit, un rien l'exalte, un rayon de soleil comme la moindre anecdote issue de sa bouche. Elle rêve maintenant à voix haute de poursuivre la conversation ailleurs, impatiente d'échapper à la monotonie de cette fichue campagne ».
Ils vont se marier. Emma est une femme-enfant. Elle qui a connu le couvent, l'éducation stricte. le regard baissé sur le monde. Éprise de romans sentimentaux, elle idéalise sa vie. Charles est éveillé, vif, et attendrissant. Une soumission insidieuse, Emma qu'il aime plus que tout au monde, le piège se referme. Elle, secrète et introvertie. Rêveuse et envieuse voire chimérique. Bipolaire, égocentrique, elle est l'anti-héroïne de ce récit valeureux pour Charles. Lui, qui pourrait prétendre être notre contemporain. Avec les désirs d'un homme qui se voudrait père et maternant. le socle d'une famille ordinaire en quelque sorte. Charles, un homme juste, simple et intègre. le paradoxe avec Emma, frivole et inconstante. Lui, s'enferme dans le déni. Emma cherche le plaisir, la reconnaissance sociale. Frustrée et incomprise, capricieuse et qui sera pour la petite fille qui va naître une mauvaise mère. Comment Charles va-t-il affronter les épreuves ?
« Il sait qu'elle lui en veut de son inaptitude à se fondre dans le moule mondain, tout comme il lui en veut de s'épanouir sans vergogne dans les vanités ».
Emma vit une double-vie. Mirages et fantasmes, elle trompe Charles effrontément. Elle jongle avec ses propres mensonges. Les fondations vacillent. le foyer prend l'eau. L'argent fond comme de la neige au soleil. Charles est sur le fil. Un ange-gardien aux ailes coupées. le choc des vérités vont altérer ses sentiments. Emma est un oiseau blessé. Peut-il encore sauver son âme ?
Magnétique, grandiose, cinématographique, lucide, « Un honnête homme » rend hommage à Charles Bovary et remet d'équerre l'énigme bovarienne. Dans une langue époustouflante de justesse, le triomphe d'une histoire , la véritable présence humaine de Charles Bovary. Publié par les majeures Éditions Anne Carrière.
Commenter  J’apprécie          40
Quelle idée culottée que de vouloir écrire, en réponse au texte de Flaubert, la véritable histoire de Charles Bovary !!
Mais c'est mal connaître Isabelle Flaten que de la croire incapable de relever un tel pari.
.
Vous connaissez Emma Bovary ? Cette insupportable jeune femme qui n'en peut plus de changer d'avis et d'humeur, et que rien ne satisfait, une femme menteuse, infidèle et dépensière ? Certains la traiteront d'hystérique, d'autres de capricieuse, mais tous s'accorderont à dire qu'elle ne ménage pas son mari, le (trop) gentil et surtout un peu trop niais, Charles Bovary. (mais peut-on être qualifié de "trop" gentil ? En quoi serait-ce un défaut de vouloir rendre heureux et satisfaire ses proches ? Mais bref.... je m'égare, ceci est un autre débat).
.
Isabelle Flaten réussit l'exercice de raconter la même histoire (on y retrouve les jalons essentiels du roman de Flaubert), mais en plaçant au centre du propos ce fameux mari, donc. Elle nous raconte son enfance et sa mère qui lui dictera ses choix, son premier mariage avec Heloise, âgée de plus de 20 ans que lui,.... mais elle nous révèle aussi un secret que Flaubert s'était bien gardé de nous confier...
On découvre un homme qui ne sait décidément pas y faire avec les femmes, même s'il gardera toujours comme ligne de conduite deux choses : le respect et l'envie de rendre heureux. Un homme sensible, qui ne rêve que du classique combo mariage/foyer/enfant en vogue à son époque, bien loin des envies de grandeurs et de faste d'Emma.
.
Isabelle Flaten se permet aussi de donner le point de vue de Félicité, la bonne à tout faire du foyer Bovary, totalement lucide mais fidèle jusqu'au bout à ses employeurs...
Et puis, cerise sur le gâteau, on se délecte de ces passages où l'autrice laisse parler la rumeur : la rumeur qui enfle, qui ose, qui s'offusque, qui ne se rassasie jamais ! Ju-bi-la-toire !
.
La plume d'Isabelle est belle, simple et efficace, employant juste ce qu'il faut de mots pour servir son propos. Ni trop, ni pas assez. C'est rythmé, intelligent, et drôle !
.
Pas d'inquiétude, Un honnête homme n'est pas une réécriture de Madame Bovary, elle est son pendant, la mise en lumière de ce qui s'y passe dans l'ombre, de l'autre côté des projecteurs. Et cet exercice périlleux, dangereux, est ici pleinement réussi ! J'ai (re)lu Madame Bovary cet été et il me fallait absolument lire le texte d'Isabelle Flaten par la suite. C'est chose faite et j'en suis ravie !
.
.
Décidément, Isabelle me séduit toujours énormément lorsqu'elle place l'homme au centre de ses récits. Je me répète mais... lisez Adelphe ! Et je rajoute désormais à mes recommandations : lisez Un honnête homme !
Commenter  J’apprécie          20
L'honnête homme, c'est Charles. Charles Bovary. Isabelle Flaten a eu l'excellente idée de raconter le roman de Flaubert en adoptant son point de vue.
Il n'a guère eu de chance dans ses relations avec les femmes. Dorloté par sa mère, il s'est soumis à ses volontés mettant de côté ses rêves. Elle lui fait épouser une veuve, laide mais riche, elle est ruinée. Heureusement il tombe amoureux d'Emma. Amour réciproque semble-t-il, pourtant la vie harmonieuse ne dure pas longtemps. On revit alors tous les passages clés du roman. le brave Charles a beau faire, il ne satisfait jamais Emma . Il veut lui faire plaisir mais ne partage absolument pas ni ses goûts ni son besoin de paraître. Lui souhaite une vie de famille simple, prend plaisir à s'occuper de Berthe, n'a pas l'ambition d'un Homais ni la finesse d'esprit d'un Léon. Il aime sa femme, sa fille, les gens qu'il soigne, il vit aussi dans le doute et les remords pour les erreurs accomplies.
Une écriture travaillée, agréable à lire qui rend compte des moeurs de l'époque et de la complexité de cet homme dont on s'est tant moqué !
Une belle découverte.
Commenter  J’apprécie          20
Isabelle Flaten donne voix et vie à Charles Bovary
Quelle belle idée que de vouloir sortir Charles Bovary du flou où l'a positionné Flaubert, quel jeu difficile que de vouloir le faire vivre sans copier Flaubert ! Isabelle Flaten y arrive fort bien et son livre, d'une lecture très agréable, éclaire un homme attachant.

C'est le voeu de sa mère qu'il soit médecin, il ne sera qu'officier de santé, mais qu'importe, elle le marie avec une riche veuve plus âgée que lui, revêche pour augmenter le plaisir. Il passe de sa mère à sa femme sans qu'on lui demande son avis. Que voulez-vous, c'est un bon fils ! Mais attention, ce n'est pas un benêt, un niais, un sot… C'est seulement un bon fils qui apprécie la simplicité, une certaine tranquillité et, surtout, qui voudrait être heureux et…. qui laisse faire la vie.
Et puis vient Emma, fille d'un de ses patients. Dès le premier regard, il sait qu'il est amoureux, épris d'elle et que c'est pour la vie. « Au fil de leurs rencontres, cela se confirme, entre Emma et lui les choses se passent à merveille. »Pour une fois, il se sent acteur de sa vie. Il épouse la jeune fille une fois le délai séant passé. Après quelques mois d'un bonheur parfait, il se rend compte, sans se l'avouer, qu'il n'arrivera jamais à contenter son Emma. Il paiera très cher pour cela. Heureusement, partir au galop sur son cheval, visiter ses malades, les recevoir dans son cabinet le remplissent d'une joie pure et simple. Lui qui a embrassé l'état de médecin pour faire plaisir à sa mère, le devient par passion et s'abonne à plusieurs revues pour augmenter son savoir. Oui, c'est un bon médecin.
Lui qui rêvait d'une vie harmonieuse avec femme et enfants, se retrouve avec une seconde épouse bipolaire, des dettes abyssales, alors, qu'en épousant Emma, il pensait reprendre la main sur sa vie réglée par sa mère. La naissance de leur fille ne change rien au programme. Mauvaise épouse, elle sera mauvaise mère
Isabelle Flaten connaît très bien Madame Bovary, elle décortique les moeurs de l'époque, le mariage arrangé auquel Charles se plie parce qu'il ne connaît pas autre chose. Charles fait partie des notable de cette petite ville provinciale. de ce fait, il est suivi par tous les yeux des voisines qui cancanent à coeur joie lorsque tout va mal.
Gustave Flaubert, lorsqu'il écrit Madame Bovary dépeint les moeurs de l'époque avec une joie féroce, mais… en homme de son temps, y semble bien à l'aise.
J'ai aimé cette lecture, cette revisite côté Charles. L'écriture d'Isabelle Flaten est dansante, changeante, légère avec une touche d'ironie. Comme un impressionniste, elle dépeint Charles par petites touches, sans s'appuyer, tout en lui donnant de la profondeur. Elle fait le portrait d'un homme plus complexe, fragile, mais bien campé dans sa campagne normande. Roman miroir dont j'ai apprécié la pirouette finale malicieuse
Un livre, une écriture qui furent un grand moment de plaisir

Lien : https://zazymut.over-blog.co..
Commenter  J’apprécie          10
On pourrait qualifier ce livre de roman psychologique. Mené de façon vive et alerte, sans longueur, non dénué d'humour et riche de formules qui font mouche, il rend compte des états d'âme et des revirements de l'« honnête homme », Charles Bovary, de l'état d'esprit de Félicité, la bonne, ainsi que de la « rumeur » publique et de l'environnement sociologique d'une petite ville au 19e siècle.

J'ai trouvé simplement que dans les dernières pages, le clap de fin arrive de façon bien précipitée... les évènements sont relatés à la va-vite, sans qu'on n'aie plus aucune évocation du ressenti et des pensées intimes de Charles. Cette fin presque « en queue de poisson » est ma seule réserve.

Mais au total, un moment de lecture très agréable et addictif.
Commenter  J’apprécie          00
"Tout le monde connaît sa femme, mais l'histoire de Charles Bovary mérite aussi d'être racontée". Cette publicité pour le livre a tout à coup réveillé ma curiosité. Bien que la lecture du roman de Flaubert date pour moi déjà quelques années, j'ai conservé d' Emma Bovary l'impression d'une femme capricieuse, gâtée qui ne se contente de rien et essaye constamment d'appartenir à une couche sociale plus élevée ce qui lance elle et toute sa famille en désastre.
L'image que je me suis fait de son mari et celle d'un homme ennuyeux et dépendant de sa mère ainsi que de la volonté de ses femmes qui ne réussit pas à imposer la raison et c'est la raison pour laquelle il est aussi condamné à échouer.
L'image que Isabelle Flaten nous donne de Charles Bovary est complètement différente. Elle nous rapporte des pensées, ses sentiments et les raisons pour ses comportements tout en suivant l'histoire de Flaubert. Ainsi, le lecteur a vraiment l'impression que l'histoire est racontée encore une fois d'un autre point de vue. On a souvent entendu parler des femmes fatales mais c'est le premier livre évoquant les sentiments de leurs conjoints. de plus, contrairement à la version de Flaubert, l'histoire de Isabelle Flaten finit bien ce qui fait de la lecture un vrai régal. C'est un livre qui se lit très bien et qui peut être dévoré très vite.
Commenter  J’apprécie          00
"Charles Bovary, c'est moi !", a peut-être pensé Isabelle Flaten à l'issue de l'écriture de son livre. Son défi ? Réécrire l'histoire du roman de Gustave Flaubert en se plaçant du point de vue du mari 😮

Charles, qui se rêve géographe ou botaniste, devient finalement médecin. Peu de temps après, il rencontre, tombe amoureux et épouse Emma. Mais rapidement, voulant se montrer conciliant avec une femme désespérément envieuse, dépensière, menteuse et infidèle – bref, totalement ingérable émotionnellement –, le jeune homme court à sa perte.

"Un honnête homme" décrit, à la troisième personne du singulier, les joies (si rares) et turpitudes d'un homme sensible, naïf et blessé, levant le voile sur ses rêves et son jardin secret.

Pour le plus grand plaisir du lecteur ❤️, Isabelle Flaten respecte la trame du matériau originel (reprenant, à sa manière, la rumeur qui enfle dans le bourg de Yonville, le fameux rendez-vous annuel des comices agricoles ou encore l'amputation du garçon d'écurie après la légendaire intervention chirurgicale ratée de Charles) tout en introduisant des éléments inédits de la vie intime du médecin. Se profile ainsi discrètement, par exemple, la silhouette d'une jeune femme bienveillante qui le fera, peut-être, dévier de sa trajectoire malheureuse.

D'une écriture moderne, délicate et vive, l'autrice relève avec panache le challenge qu'elle s'était lancée. 220 pages de plaisir, aux éditions Anne Carrière !
Commenter  J’apprécie          00
Isabelle FLATEN est sacrément gonflée ! Forte de sa douzaine de romans derrière elle, elle s'attaque avec sa seule plume – mais aussi avec tout le talent qu'on lui connaît - à un monstre sacré de la littérature française : Madame Bovary. Ou plutôt, comme FLAUBERT a déjà fait le boulot, Isabelle FLATEN va s'occuper du mari, Charles, et dresser son portrait. Pas moins.

On se souvient de « Madame Bovary », le chef d'oeuvre de 1857 de FLAUBERT, beaucoup de nous connaissent le destin de cette femme mal mariée. Mais peu sont capables d'épiloguer sur son époux, c'est ce que propose ici Isabelle FLATEN.

Charles Bovary est encore un jeune médecin lorsqu'il est marié, un peu de force par sa mère, à l'étiolée Héloïse, vingt ans de plus que lui, acariâtre et pas vraiment faite pour assurer l'ambiance dans les soirées mondaines. L'idylle est brève, décor campagnard, Héloïse lève les bottines, au grand dam de maman Charles mais au grand soulagement de ce dernier qui vient de rencontrer Emma, une jeune femme qui a perdu sa mère deux ans plus tôt. Charles ne parvient pas à regretter Héloïse. Bien au contraire, il choie Emma, la dorlote, mais pour combien de temps ? le mariage est en vue, une grossesse peut-être, alors que Emma ne souhaite pas d'enfants…

« Pourquoi certains affrontent leurs erreurs les yeux dans les yeux, prêts à s'amender sans se soucier d'y laisser des plumes, tandis que d'autres se voilent la face, miment le sommeil, s'abritent derrière le mensonge pour tenter d'endormir leur mauvaise conscience ? Un piètre refuge en vérité ».

Isabelle FLATEN met le paquet, sortant la poudre à faire ricaner, car son récit original est d'une grande drôlerie, d'une jubilation certaine. Son lectorat – brièvement - inquiet se dit à chaque page qu'elle va quitter la piste, déraper dans cet exercice périlleux qui consiste à écrire la biographie d'un personnage célèbre de la littérature. Il n'en est rien. Choisissant des extraits (peu, quelle sage décision) du roman de FLAUBERT, elle les commente, les développe, imagine la suite.

L'écrivaine est une plume singulière du paysage littéraire français, par son style qui a bien digéré la littérature classique française du XIXe siècle, avec ses envolées drolatiques à la Jean TEULÉ avant que ce dernier ne s'auto-parodie dans des derniers ouvrages fort dispensables. Les dialogues intégrés dans la narration lui donne plus de souffle, plus d'homogénéité, de cohésion.

« Un honnête homme » n'est pas une réécriture de « Madame Bovary », c'est une réappropriation de son mari, une mise en lumière, un devoir de rétablir la fictionnelle vérité. Charles n'est pas celui que l'on croit, et Isabelle FLATEN lui rend ici ses lettres de noblesse. Elle fait revivre le naufrage d'un couple, cette histoire vieille de plus d'un siècle et demi, un peu d'ailleurs à la manière d'un BALZAC (mais sans son conservatisme je vous rassure), détaillant l'environnement, les vêtements, le décor et tant d'autres. Par son style, elle ne cherche pas à singer FLAUBERT, si bien qu'une fois le roman refermé, on ne sait pas ce qu'elle a bien pu penser du géniteur de « Madame Bovary ». Rien ni personne n'est encensé, sauf peut-être le bon Charles, puisqu'il est au coeur du drame, drame que Isabelle FLATEN rend presque léger par ses tournures de phrases, ses expressions, ses descriptions, ses « mouches dans le lait », sa malice toujours faussement naïve.

Il n'est pas nécessaire d'avoir lu le chef d'oeuvre de FLAUBERT pour se lancer dans « Un honnête homme », il n'en est ni une suite ni une copie conforme, il conte tout simplement une histoire différente, en tout cas une trame vue sous un prisme singulier, éloigné du texte de FLAUBERT. Notre honte ? Pouvoir rire du malheur des autres, Isabelle FLATEN en est la seule coupable, qu'elle se dénonce !

« Un honnête homme » vient de sortir chez Anne Carrière, il est à lire, à offrir, à cajoler.

https://deslivresrances.blogspot.com

Lien : https://deslivresrances.blog..
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (65) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3679 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

{* *}