Durant sept mois, l'anglais Peter Fleming et la suissesse
Ella Maillart (dite Kini) ont parcouru près de six mille kilomètres, de Pékin à la vallée du Cachemire, via Kashgar et l'Himalaya, ceci en 1935, et au moment où le Sinkiang (province nord ouest de la Chine) était réputé infranchissable, les étrangers risquant d'être refoulés ou emprisonnés. le tout sans vrais visas sur leurs passeports, sans savoir comment réagiraient les fonctionnaires chinois, russes ou que sais-je.
Quand j'ai parlé d'Oasis interdites, quelques lectrices m'ont assuré qu'il fallait lire
Courrier de Tartarie, la version du voyage par Peter Fleming, 'à se demander s'ils ont fait le même voyage, lui et Ella Maillart'. Bien évidemment je n'ai pas voulu jouer au jeu des ressemblances ou des sept erreurs, mais je confirme que les deux récits sont à lire!
Les deux ne se connaissaient pas vraiment, n'avaient pas prévu de voyager ensemble, mais comme ils se sont trouvés vouloir réaliser le même voyage au même moment, autant 'rester groupés'. Peter d'ailleurs est le seul racontant comment ils se sont rencontrés au fin fond de la Manchourie... Il évoque plus de détails en règle générale, les appareils photos, les armes, ou disons, les carabines, avec lesquels il s'éloignera souvent des campements pour chasser, Ella étant meilleure cuisinière. Ils formèrent une bonne équipe, chacun avec ses talents, à Kini les soins médicaux et vétérinaires, à Peter les négociations, par exemple.
Contrairement à certains européens de l'époque, ils voyagent léger, ce qui se révéla une bonne option. Ce n'étaient pas des voyageurs débutants, ni l'un ni l'autre, mais ils sont vraiment partis sans trop savoir ce qui les attendait (et ça a marché). Ils connaissaient peu des langues locales, et ne se livrent pas à un compte rendu exhaustif géographique et historique. Pourtant les récits fourmillent de mille détails.
"Pour une expédition comme celle que nous avions entreprise, nous n'avions le choix qu'entre deux méthodes : ou bien prendre toutes les précautions, ou alors n'en prendre aucune." (j'ai - toutes proportions gardées- le même penchant naturel : je préfère ne pas trop évoquer tout ce que j'ai bu et mangé au fin fond de l'Afrique)
Cerise sur le gâteau, à la fin se trouve une conversation entre
Ella Maillart toujours en pleine forme et Catherine Domain en 1989. Comment les deux voyageurs se sont-ils entendus? Lui le chasseur pressé, elle la voyageuse voulant prendre plus de temps à voyager? Quoiqu'il en soit, ils reconnaissent les qualités de l'autre, Ella pointant particulièrement l'humour de Peter (et ça je confirme!)
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