J'ai été un peu moins impressionné par ce roman de
Susan Fletcher que par les précédents. Il faut pouvoir entrer dans cette histoire où les personnages sont nombreux et ont tissé entre eux des liens complexes. Tout le monde se connaît sur l'île de Parla et les histoires familiales à découvrir sont faites d'amours intenses et flamboyants, mais aussi de violences psychologiquement lourdes à porter ... le lecteur n'est pas épargné par ces actes posés contre les femmes et les enfants.
Susan Fletcher nous avait habitués à des univers faits de paysages ouverts qui laissaient pulser l'énergie du monde. Son écriture ciselait la description des grands espaces et elle choisit dans ce nouveau roman un monde clôt marqué au coin de l'insularité. Certes, la mer est toujours présente, les embruns nous fouettent le visage et tracent des rides salées sur les visages. Fletcher sait comme nulle autre décrire l'univers de l'insularité et elle le fait avec talent, mais je pense que ce changement d'univers n'est pas sans rapport avec la moindre appréciation que je porte sur ce roman.
Ne soyons cependant pas négatifs. Les personnages, tout comme dans les autres romans de cette auteure sonts dotés d'une
véritable profondeur psychologique sans pareille. Son écriture reste très subtile et trace les grandes lignes de ces personnages qui s'expriment parfois sans mot, qui sont marqués par une pudeur des sentiments dans un univers où personne ne peut cacher sa vie à ses voisins, ce qui n'empêche pas les petits ou les grands secrets de naître ici ou là.
Il faudra l'intervention ou l'invention de l'homme poisson pour que chacun puisse se révéler à soi même. Cette créature représente à la fois la confrontation de l'homme à la mer, mais également une confrontation à sa propre histoire, à ses propres choix. Ce roman est aussi une histoire de deuil à surmonter et d'amour immortel.
Alors ne nous y trompons pas.
Susan Fletcher reste un écrivain majeur et ce roman est à lire impérativement.