Un enfant nourri au poison considère que faire du mal participe au bien-être.
Je me coupe, voyez-vous. Je me taillade la peau. Je l'incise. Je la creuse. Je la troue. Je suis un cas très particulier. Je n'agis pas ainsi sans raison : ma peau hurle. Elle est couverte de mots - cuire, bonbon, minou, boucles -, comme si un élève de cours préparatoire avait appris à écrire sur ma chair avec un canif. Parfois - parfois seulement - j'éclate de rire. Quand je sors de la baignoire et que, du coin de l'oeil, j'aperçois sur le flan d'un mollet ; "babydoll". Quand j'enfile un pull et que soudain, "nocive" flashe sur mon poignet. Pourquoi ces mots-là en particulier? Des milliers d'heures de thérapie ont inspiré quelques idées à de brillants cliniciens. Il s'agit souvent de mots à connotation féminine. Ou bien négative. J'ai gravé sur ma peau un certain nombre de synonymes pour "anxieux" : onze en tout. Tout ce que je sais, c'est que, sur le moment, c'était crucial de voir ces lettres sur moi - et pas simplement de les voir, mais de les sentir, aussi. Comme cette brûlure sur ma hanche gauche : jupon.
Le refus implique tellement plus de conséquences que la soumission.
J'éprouve toujours de la tristesse pour la petite fille que j'étais - cette petite fille qui n'a jamais pensé que sa mère pourrait la consoler.
Elle a souri, d'un sourire qui devait avoir été coquin vingt ans auparavant, mais qui aujourd'hui évoquait légèrement la démence.
Tu vois ce que je veux dire? Quand quelqu'un cherche à te bousiller, et que tu le laisses faire, c'est toi qui le bousilles encore plus. Et après, c'est toi qui as le pouvoir. Tant que tu ne perds pas la tête.
Le problème ne datait pas de la veille, évidemment. Les problèmes commencent toujours bien avant qu’ils ne vous crèvent les yeux.
Chaque tragédie qui frappe le monde frappe ma mère, et c'est, de tous les traits de sa personnalité, ce qui me retourne le plus l'estomac. Elle se fait du souci pour des gens qu'elle n'a jamais rencontrés et sur lesquels le mauvais sort s'est abattu.
Frank Curry croit que je suis du genre sensible. Peut-être parce que je suis une femme. Peut-être parce que je suis sensible.
on dit toujours quand on est déprimé qu'on a le blues,mais j'aurais été heureuse de me réveiller devant un horizon bleu pervenche. Pour moi la dépression est jaune, jaune pisseux. C'est un interminable filet de pisse décoloré, exténué