Vanité et égocentrisme au pays des moldus.
Il y a vingt ans, le monde découvrait un jeune sorcier avec une cicatrice en forme d'éclair sur le front, dont les aventures étaient racontées par un premier roman de
J.K.Rowling. Très rapidement, un film réalisé par Chris Colombus donnait un visage à ce nouveau héros. Ce visage, le destin a voulu qu'il soit celui de Daniel Radcliffe. Au regard de l'ampleur du phénomène tel que nous le connaissons,
David Foenkinos imagine la vie du "
Numéro deux", le garçon auquel cet acteur a été préféré, et qui a "failli" être Harry Potter : Martin Hill.
Voilà, tout est dit. Les 100 premières pages du roman ne vous en apprendront pas davantage, tant elles ressemblent à un reportage sur la saga et son adaptation dont on ne sent que trop qu'il est écrit une fois le phénomène connu. J'ai trouvé que l'écriture de cette première partie en faisait trop, ce qui rend la fiction entourant ces éléments piochés au réel, peu crédibles. Il est, en effet, tellement facile après coup de venir prêter une qualité visionnaire à tous ceux qui ont oeuvré de loin ou de près au développement de cet univers. D'un point de vue narratif, tout au plus apprend-on que les parents de Martin se sont aimé, puis ont divorcé.
Toute la première partie est écrite avec tellement de distance vis-à-vis des personnages fictifs qu'il est difficile d'éprouver la moindre empathie pour eux. Pire, certaines phrases nous dictent quoi penser et ressentir, au lieu de le suggérer. Résultat, Martin passe pour un enfant ingrat, qui vit mal le fait de "ne pas être devenu une star internationale". Et que dire des adultes qui l'entourent qui, sous couvert de pitié et de fausse bienveillance, alimentent l'image que l'enfant ce fait de ce refus : un échec. Comme si tout le monde savait (il y a 20 ans) qu'en n'incarnant pas ce rôle, cet enfant passerait à côté de la chance de sa vie. Sans vouloir refaire le roman, rien n'aurait empêché ce jeune garçon d'avoir d'autres opportunités, puisqu'il avait justement "tellement plu" aux producteurs. Mais non !
David Foenkinos a décidé que Martin Hill serait un martyr et il ne s'arrête pas en si bon chemin.
La seconde moitié du roman se consacre à l'adolescence et aux débuts dans la vie d'adulte de Martin, qui ne sont ni plus ni moins qu'une dégringolade aux enfers. D'un point de vue familial, les drames qu'il va vivre vont le rapprocher davantage qu'il ne le voudrait du jeune sorcier, qu'il finit malgré lui par incarner dans la "vraie vie". Et il va de soi que l'explosion du phénomène marketing Harry Potter lui rend la vie impossible, tant elle envahit son quotidien. A l'école, dans la rue, chez lui, il lui est sans cesse rappelé au nez qu'il suffisait d'un rien pour que cette vie soit la sienne.
Certes, ce livre n'est pas à prendre au premier degré (encore heureux!). Mais j'avoue être déçue par le style, mais aussi par le traitement que fait l'auteur sur la place du second et la capacité à rebondir, qui sont ici à peine effleurées. Il n'est question dans ce roman que de blessures narcissiques et on sent que l'auteur prend un malin plaisir à malmener son héros, quasiment gratuitement.
le traitement du décès du père de Martin, très clairement survolé, m'a particulièrement interpellée. le fils étant davantage attristé et obnubilé par l'échec du casting que la mort de son père. J'avoue rester dubitative quant au potentiel humoristique de cette situation...
Au final, j'en retiendrai une rencontre ratée avec un auteur et un roman qui a voulu lui-même surfer sur un phénomène marketing, sans plus.